I. Introduction. II. Les effets de la catégorisation sociale. A. Définition

Psychologie sociale. L’approche cognitive des préjugés. Cours 3.
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I. Introduction.
Le but est d’établir l’origine des préjugés, la nature des processus qui produisent le préjugé. Dan cette
perspective le préjugé est considéré comme un fait social : On tente de déterminer le processus particulier qui
pousse les gens à catégoriser et comment ils le font.
La question que pose cette approche est : Est-ce que la catégorisation sociale provoque un biais de formation des
préjugés ? On cherche les processus généraux, qui nous amènent aux préjugés. Le préjugé nous renvois a une
appartenance social, on cherche le processus selon lequel les sujets affectent d’autre sujet a un groupe ou à un
autre, et est ce que la catégorisation sociale ne provoque pas de biais de formation de préjuger?
II. Les effets de la catégorisation sociale.
http://www.psr.jku.at/psrindex.htm : Papiers sur la catégorisation sociale.
http://www.unige.ch/asso-etud/adepsy/socialeresume.doc : Cours de Mugny.
Une grande partie de cette section est tirée des notes de cours de Oliver Klein :
http://www.ulb.ac.be/psycho/psysoc/oldocs/Cours%202001-2002.pdf
A. Définition.
Catégoriser consiste à regrouper des objets dans différentes classes sur base d’un jugement de cohérence. On
placerait donc les individus qui nous entourent dans l’un des tiroirs que réserve notre cerveau au classement du
genre humain. La catégorisation sociale désigne spécifiquement la catégorisation des êtres humains qui nous
entourent. Les stéréotypes ne peuvent apparaître que si l’on place les individus dans des catégories. Pour
comprendre les stéréotypes, il faut donc comprendre pourquoi on catégorise.
B. Fonction de la catégorisation.
C’est Gordon Allport (1897-1967) qui, le premier, insiste sur les processus cognitifs impliqués dans la
catégorisation. Selon Allport (1954), la perception peut être guidée par des attentes et des croyances préconçues.
Dans ce cas, elle tend à sélectionner des éléments particulièrement pertinents par rapport à ces attentes, à les
accentuer et à les interpréter en accord avec celles-ci. Ainsi, une vieille dame repère-t-elle chez une jeune femme
légèrement bronzée des traits “négroïdes”, les “exagère”, et interprète ensuite son comportement (ramasser un
papier que la vieille dame à fait tomber) comme un indice de la servitude innée des Noirs ! Pour Allport, le
processus de catégorisation est une composante essentielle des stéréotypes. Les catégories désignent une “classe
accessible d’idées associées qui, dans son ensemble, nous permet de nous adapter quotidiennement”. Les
catégories rempliraient deux types de fonctions selon Allport (ces fonctions sont encore aujourd’hui reconnues
comme essentielles) :
1. Une fonction d’orientation et d’ajustement.
De même que la catégorisation des objets physiques nous aide à nous adapter à notre environnement, la
catégorisation sociale serait nécessaire à notre ajustement social. Elle permettrait d’interagir au mieux avec les
membres d’autres groupes. Ainsi, sachant que mon invité est musulman, je ne vais pas lui imposer de manger du
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porc. Savoir catégoriser correctement peut être vital: imaginez comme il est crucial d’identifier le groupe
d’appartenance d’une personne lors d’un conflit armé!
2. Une fonction d’économie cognitive.
La catégorisation apparaît comme un raccourci économique qui permet de faire appel à des connaissances
stockées en mémoire sans se concentrer sur tous les attributs de la personne. Faire appel à l’information
catégorielle serait à la fois plus simple et plus efficace que d’analyser chaque personne dans son individualité. En
réalité, nous n’aurions ni le temps ni les ressources suffisantes pour nous concentrer sur les caractéristiques
individuelles de chacun. En accord avec cette fonction, les catégories sociales auraient une tendance marquée à
être les plus globales et les moins différenciées, à assimiler le plus d’éléments possible. Il serait plus aisé d’un
point de vue cognitif de fonctionner avec des catégories très globales et peu nombreuses qu’avec une multitude
de catégories différenciées. En outre, les catégories nous conduisent à identifier les individus comme membres
d’une classe plutôt que comme individus uniques. Ceci nous incite à attendre de la cible les comportements et les
traits que nous associons à cette catégorie et à nous y montrer particulièrement attentifs. Dans cette perspective,
qui reste populaire de nos jours, la catégorisation suppose une forme de “ perte d’information ”. Elle simplifie la
réalité.
C. Les conséquences de la catégorisation.
Deux des conséquences essentielles de la catégorisation sont l’homogénéisation intracatégorielle et
l’accentuation inter-catégorielle.
L’homogénéisation est la tendance à envisager les individus appartenant à une même catégorie comme plus
similaires entre eux (par rapport à une situation dans laquelle ils ne sont pas catégorisés). Le principe
d’accentuation est la tendance à envisager les membres de catégories différentes comme plus différents que s’ils
n’étaient pas catégorisés.
1. Expérience de Tajfel et Wilkes : Accentuation inter-catégorielle.
L’expérience de Tajfel et Wilkes (1963) illustre ce processus d’accentuation.
Ces auteurs ont présenté séparément 8 lignes de tailles différentes et demandent à leurs sujets d’évaluer les tailles
de ces lignes. T
rois conditions expérimentales sont créées :
1. Condition “ classified ”, les quatre lignes les plus grandes sont accompagnées d’une lettre “ A ” et les
plus petites d’une lettre “ B ” : en d’autres termes, elles sont catégorisées dans deux classes.
2. Condition, “ random”, les A et les B sont associés aléatoirement aux lignes sans qu’il n’y ait de
correspondance à la longueur.
3. Condition “unclassified ”, aucun label n’est présent.
Tajfel et Wilkes ont comparé les jugements moyens des sujets à la longueur effective des lignes et observent une
tendance, dans la condition “ classified ”, à percevoir une différence plus importante que la réalité entre les
lignes adjacentes aux deux catégories (les lignes 4 et 5, par ordre de grandeur).
Cette accentuation ne s’observe pas dans les deux autres conditions, ce qui tend à suggérer que la catégorisation
produit une tendance à percevoir les différences entre des objets catégorisés dans deux classes différentes comme
plus élevées qu’elles ne le sont réellement.
En revanche, on n’observe pas de minimisation des différences intracatégorielles.
Cette expérience est utilisée régulièrement pour rendre compte des conséquences cognitives de la catégorisation.
Toutefois, elle n’a jamais été répliquée avec succès : dans la plupart des cas, la catégorisation n’avait aucun effet
sur le jugement. Comment cela se fait-il ? Il est possible qu’un détail de procédure soit responsable de l’échec de
ces réplications : les sujets, britanniques, de Tajfel et Wilkes, devaient effectuer leurs estimations en centimètres,
une unité de mesure avec laquelle ils étaient fort peu familiers. Il devait donc être fort difficile pour eux
d’effectuer des jugements dans cette unité. Or, n’oublions pas que l’information catégorielle remplit une fonction
d’orientation et permet de faire face à des situations d’incertitude. Les sujets de cette expérience auraient donc
pu avoir recours à la catégorie afin de résoudre l’incertitude liée à la tâche de jugement dans une unité peu
familière.
Cette hypothèse a été testée dans une expérience de Corneille, Klein, Lambert, et Judd (sous presse) : dans cette
expérience, la familiarité avec l’unité a été manipulée indépendamment de la classification : la moitié des sujets
devaient effectuer des jugements en centimètres et l’autre moitié en pouces. Par ailleurs, la moitié des sujets dans
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chacune de ces conditions étaient américains (familiers avec les pouces mais pas avec les centimètres) et l’autre
moitié belges (familiers avec les centimètres mais non pas avec les pouces). Corneille et al. n’ont observé l’effet
d’accentuation par rapport à la condition contrôle (“ unclassified ”) que dans les conditions de non familiarité
(américains jugeant en centimètres et belges en pouces). Cette expérience permettrait donc d’expliquer les
échecs répétés des nombreuses tentatives de réplication de l’expérience de Tajfel et Wilkes.
2. La catégorisation ne produit pas forcément un biais cognitif.
Quand est-ce que les gens agissent en fonction d’une auto catégorisation particulière de soi ? Quand et
comment ?
3. L’effet d’homogénéisation de l’exogroupe
L’une des conséquences de la catégorisation sociale est la tendance à percevoir les individus appartenant à un
même groupe comme plus semblables l’un à l’autre que ce qu’ils ne sont “ vraiment ”. Ces impressions inexactes
semblent être dues en partie au fait qu’elles nous permettent d’effectuer des distinctions plus claires entre les
membres de différents exogroupes.
Toutefois, cette tendance est plus marquée pour un exogroupe que pour un endogroupe : on perçoit les membres
d’exogroupes comme plus semblables que les membres de l’endogroupe. C’est ce que l’on qualifie d’effet
d’homogénéisation de l’exogroupe. Par exemple, les hommes ont tendance à percevoir les femmes comme plus
semblables l’une à l’autre que les femmes. Inversement, les femmes perçoivent les hommes comme plus
semblables qu’elle ne perçoivent les hommes.
Dans certains cas, cet effet s’explique par le fait que les individus ont moins de contacts avec les membres de
l’exogroupe qu’avec ceux de l’endogroupe. De ce fait, ils ne peuvent guère prendre connaissance des différences
entre ces individus. Ceci, néanmoins, n’explique pas totalement l’effet. Celui se produit effectivement dans des
groupes artificiels créés en laboratoire (dans quel cas les membres de chaque groupe n’ont eu guère l’occasion
d’interagir) ou lorsque les groupes concernés sont liés au sexe (alors que, bien sûr, on interagit avec des
membres de deux sexes). Comme, si l’on admet que les individus ont tendance à recourir à la catégorisation
sociale de façon presque routinière, ils ne devraient jamais avoir l’occasion de percevoir la cible en termes “
individuels ” et de prendre connaissance de ses traits personnels. Par conséquent, quand on pense à des
exogroupes, on a tendance à les envisager en tant que groupes – en les comparant à nos endogroupes – plutôt
qu’en tant qu’individus. Une autre explication est fournie par la théorie de l’auto-catégorisation (voir plus bas) :
dans les études portant sur ce sujet, l’évaluation de l’exogroupe se faisait dans un contexte intergroupe alors que
l’évaluation de l’endogroupe se faisait dans un contexte intragroupe. Dans un contexte intragroupe, on a plus
tendance à se percevoir en termes individuels et à envisager les différences entre membres de l’endogroupe.
Haslam et al. (1996) ont ainsi montré que lorsque l’évaluation de l’endogroupe s’opérait dans un contexte
intergroupe, l’effet disparaissait.
Dans certains cas, il peut même s’inverser (Simon & Brown, 1988). Cela se produit surtout lorsque la taille de
l’endogroupe est très petite par rapport à celle de l’exogroupe et lorsque l’endogroupe est fort organisé ou que
ses membres y sont fort identifiés. Selon Simon et Brown, l’appartenance à une minorité menace l’identité
sociale. Une façon de répondre à cette menace, consiste à percevoir l’endogroupe comme une entité, composée
de personnes similaires, tout en percevant l’exogroupe comme une agrégat d’individus distincts. En décrivant
plus volontiers l’endogroupe comme une collectivité unie, on mettrait donc plus en valeur la supériorité de
l’endogroupe, en particulier en ce qui concerne le degré de soutien social et la solidarité présents au sein de
celui-ci. En percevant l’endogroupe comme une entité, l’identité sociale des minorités serait donc mise en
valeur.
Pour mettre cette hypothèse à l’épreuve, Simon et Brown ont divisé aléatoirement leurs sujets en deux groupes
soi-disant sur base d’une tâche de perception de couleurs . Il y avait par ailleurs une estimation du nombre de
points sur un tableau. On signalait aux sujets que les membres de leur groupe et ceux de l’exogroupe différaient
dans cette tâche ainsi que sur d’autres dimensions (l’argent dépensé en vacances, le travail scolaire). Leur groupe
constituait soit une minorité, soit une majorité. L’exogroupe également. Il y avait donc quatre conditions
expérimentales. En effet, les membres de minorités percevaient leur groupe comme plus homogène que
l’exogroupe sur deux dimensions (travail scolaire, perception de couleurs) . Cette différence tendait à s’inverser
chez les membres du groupe non minoritaire. On n’obtenait donc l’effet d’homogénéisation que dans ce dernier
cas. En accord avec l’argumentation théorique de Simon et Brown, les membres du groupe minoritaire se
déclaraient également plus identifiés à leur groupe que les membres du groupe majoritaire.
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D. La formation des catégories.
1. La saillance catégorielle
Le choix d’une catégorie dépendra de deux éléments: son accessibilité et la correspondance (ou adéquation)
entre cette catégorie et la réalité extérieure. L’accessibilité est fonction entre autres des buts que l’on poursuit à
un moment donné (si l’on est à la recherche de l’âme sœur, le sexe constitue une base de catégorisation
importante), de la récence d’activation de cette catégorie (si l’on vient d’évoquer une catégorie lors d’une
discussion, cette catégorie devrait être plus accessible) et de sa valeur émotionnelle dans la définition du soi.
Ainsi nous nous définissons en fonction d’un groupe psychologique : Un groupe qui a une résonance personnelle
et subjective associée l’endossement d’un rôle particulier. L’auto-identification et l’identification, l’auto-
perception et la perception conditionnement les interactions.
Expérience de Rabbie et Horwitz : On a 8 enfants, on leur demande un travail de groupe, on constitue deux
groupes par répartition aléatoire :
- G1 : Les bleus (Renforcement positif).
- G2 : Les verts (Renforcement négatif).
Les enfants ne réalisent pas de tâche interactive finalement, on leur demande simplement de se présenter à l’oral
pendant que les autres jugent leur prestation. A la fin les expérimentateurs proposent d’offrir des cadeaux pour
les remercier de leurs participations mais ils précisent qu’ils n’en ont que quatre (alors que les enfants sont 8 au
total), ils proposent alors de tirer à pile ou face le groupe qui emportera le cadeau, c’est le groupe bleu qui gagne
tous les transistors (renforcement positif). Cette expérience permet de créer des sorts communs, les deux groupes
se différencient et se forment par leur sort.
Il y a bien-sûr une condition contrôle où les expérimentateurs ne parlent pas des transistors.
On compare alors les évaluations des prestations de chacun des enfants (après l’histoire des transistors) :
- Les Bleus dévalorisent les verts (bizarre…On s’attendait à ce qu’ils aient une attitude plutôt neutre à
leur égard puisque c’est eux qui ont gagné le transistor).
- Les verts dévalorisent les bleus.
La notion de sort commun est très importante car la formation et l’activation d’un groupe psychologique se
réalise, se caractérise dans une situation de sort commun, il n’y a pas besoin de se connaître, pas besoin de mettre
en compétition.
2. L’antagonisme fonctionnel
La catégorisation aurait pour conséquence d’une part, d’inhiber la perception de différences au sein des
catégories et, d’autre part, d’augmenter la perception de différences entre catégories sur lesquelles les niveaux
inférieurs et supérieurs se fondent. Il existerait donc un antagonisme fonctionnel entre les différents niveaux de
catégorisation. Par ailleurs, le choix d’une catégorisation masque les autres catégorisations possibles au même
niveau de comparaison. Les catégorisations sont concurrentes : lorsque l’une est activée, les autres sont
inhibées. Cela a une utilité fonctionnelle: si plusieurs catégories étaient activées simultanément, notre
compréhension du monde social pourrait être mise à mal. Imaginez que vous soyez un joueur de tennis amateur
et que vous affrontez un individu qui se trouve être votre médecin. Deux catégories sont disponibles : joueur de
tennis et médecin. Si à ce moment vous activez vos connaissances concernant les médecins (“ ils sont intelligents
”, “ils ont fait de longues études ”, “ ils sont bourgeois ”, etc.), cette information, non pertinente par rapport à
votre préoccupation du moment (gagner le match) parasitera votre interprétation de la situation. Cette
perspective suppose que le processus de catégorisation résulte d’une transaction entre la réalité et l’observateur.
La catégorisation donne un sens à une réalité indivisible. Elle ne consiste pas simplement à classer des objets
sociaux isolés. Un même individu ne sera pas catégorisé de la même façon dans des contextes différents.
3. Les biais d’attribution
Nous avons constaté précédemment que l’un des principaux biais dans la perception sociale consiste à attribuer
le comportement d’un individu à des dispositions internes en ignorant les causes externes, comme la situation.
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C’est ce que l’on qualifie d’erreur fondamentale d’attribution. Cette tendance se manifeste également dans les
relations intergroupes. En attribuant les comportements effectués plus fréquemment par les membres d’un
groupe à des causes dispositionnelles5, on en vient à former des stéréotypes de ces groupes.
L’ethnocentrisme semble favoriser ce processus. Pettigrew (1979) qualifie d’erreur ultime d’attribution la
tendance à attribuer les comportements socialement désirables des membres de l’endogroupe à des causes
internes (e.g. dispositionnelles) et les comportements socialement non désirables à des causes externes (e.g.
situationnelles). En revanche, on attribuerait plus volontiers les comportements socialement désirables des
membres de l’exogroupe à des causes externes et leurs comportements indésirables à des causes internes. Voilà
qui permettrait d’expliquer l’émergence de stéréotypes négatifs à propos d’exogroupes.
III. La formation des stéréotypes.
0 L’hypothèse de la distinctivité
Selon David Hamilton, l’illusion de corrélation permet d’expliquer de façon purement cognitive l’émergence des
stéréotypes.
Dans l’une des premières études sur ce phénomène, Hamilton et Gifford (1976) ont présenté à leurs sujets des
phrases décrivant des comportements attribués à des membres de deux groupes: A et B. On présentait
séquentiellement et aléatoirement 13 comportements effectués par des personnes appartenant à A et 26 effectués
par des personnes appartenant à B. Dans les deux cas, près d’un tiers de ces comportements étaient négatifs (non
désirables socialement) et le reste positifs (désirables). La proportion de comportements négatifs était donc
identique dans les deux groupes Hamilton et Gifford ont ensuite présenté chaque comportement à leurs sujets et
leur ont demandé de déterminer au membre de quel groupe elle correspondait. Cette proportion étant
objectivement identique dans les deux groupes, les sujets ne devaient pas être affectés par le nombre absolu de
comportements attribués à chaque groupe. Pourtant, ils surestimaient le nombre de comportements négatifs dans
le groupe minoritaire. Ils estimaient donc à tort qu’il existait une relation entre groupe d’appartenance et type de
comportement.
En outre, lorsqu’ils devaient juger globalement des membres des deux groupes en terme de sociabilité et
d’intelligence, ils fournissaient des évaluations plus négatives des membres du groupe minoritaire que des
membres du groupe majoritaire.
Selon Hamilton et Gifford, ce phénomène s’explique par la « saillance » des événements peu fréquents. Ils
seraient plus distinctifs et attireraient donc plus l’attention. Ils seraient donc encodés plus facilement en
mémoire. Dans notre cas, les comportements de personnes du groupe
A ainsi que les comportements négatifs étant moins fréquents, ils devraient être saillants. Leur cooccurrence
étant moins fréquente encore, elle devrait fortement attirer l’attention. Par conséquent, les comportements
négatifs des personnes du groupe A devraient être particulièrement bien représentés dans la mémoire et
contribuer à une coloration défavorable de ce groupe. En effet, on est moins fréquemment témoin de
comportements négatifs que neutres ou positifs dans notre vie quotidienne. On est moins fréquemment confronté
à des membres catégorisés dans un exogroupe que dans un endogroupe. Par conséquent, les comportements
négatifs effectués par des membres de l’exogroupe seraient particulièrement accessibles et teinteraient
l’ensemble du jugement porté sur cet exogroupe.
La distinctivité est-elle liée à l’encodage ou la mémorisation des stimuli ?
Si la distinctivité opère à l’encodage des stimuli (c’est-à-dire au moment où ils sont traités initialement avant
d’être placés en mémoire) et si, par ailleurs, la rareté d’une classe de comportements détermine leur distinctivité,
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