
Défense16
3
Défense 16.1 : Troubles mentaux
– Défense soulevée
pendant le procès avant déclaration de culpabilité
(art. 16)
(Juin 2014)
[1] Je vais maintenant aborder le moyen de défense fondé sur les troubles mentaux.
Le moyen de défense fondé sur les troubles mentaux peut être soulevé de deux façons
différentes. L’accusé peut soulever la question en tout temps, y compris après que le jury a rendu son
verdict, mais il doit le faire avant la libération du jury. Si la défense met en doute, directement ou
indirectement, la capacité mentale de l’accusé pendant le déroulement du procès, la Couronne a le droit
de soulever la question des troubles mentaux pendant le déroulement du procès. Sinon, la Couronne ne
peut soulever la question des troubles mentaux qu’à la suite d’un verdict de culpabilité, mais avant la
libération du jury. Utiliser la présente directive (16.1) si la question des troubles mentaux est soulevée
pendant le procès. Utiliser la directive 16.2 si la question des troubles mentaux est soulevée après que le
jury a rendu un verdict de culpabilité. Une fois que le jury a été libéré, le juge n’a plus juridiction pour
instruire la question.
Il appartient au juge du procès de décider si l’état dont l’accusé dit être atteint correspond en droit
à un trouble mental; il appartient au jury de décider si les faits démontrent que l’accusé était atteint du
trouble en question.
Le jury doit examiner l’actus reus de l’infraction avant d’examiner le moyen de défense fondé sur
les troubles mentaux. Il est préférable de donner des directives sur ce moyen de défense avant que
l’élément moral soit déterminé. Voir R. c. David, [2002] O.J. no3455 (C.A. Ont.); R. c. McClenaghan,
2008 ABCA 7. Cependant, dans les cas où d’autres moyens de défense sont soulevés, p. ex. la légitime
défense, il faut informer le jury d’examiner les éléments de ces moyens de défense avant ceux de la
défense fondée sur les troubles mentaux.
La défense fondée sur les troubles mentaux peut s’exprimer de différentes façons selon les faits
en l’espèce. Par exemple, l’accusé pourrait soutenir qu’il n’agissait pas volontairement. La défense
correspond alors à l’automatisme avec troubles mentaux, qui nie le caractère volontaire, élément
essentiel de l’actus reus. (La directive sur l’automatisme est en cours de préparation.) L’accusé pourrait
également soutenir qu’il n’avait pas la mens rea nécessaire pour commettre l’infraction parce qu’il croyait,
par exemple, hacher de la laitue alors qu’il s’agissait de la tête de la victime. L’accusé pourrait aussi
tenter de s’exonérer en invoquant que la victime était « l’incarnation du mal » et qu'elle détruirait la terre
entière s’il ne la tuait pas (R. c. Chaulk, [1990] 3 R.C.S. 1303).