L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie Introduction à l’infectiologie 1 Relations entre homme et microorganisme - L’homme est un primate supérieur et est en relation avec le monde extérieur : o minéraux o végétaux o les autres êtres vivants : le bétail, les insectes (vecteur des maladies), les microorganismes (bactéries, parasites et champignons), les virus... 1.1 Bactéries et champignons - - Microbes « normaux » Commensaux : o Muqueuses, peau… Exemple : la flore digestive normale. o Quand ils sont à leur place ce sont de « gentils microbes ». On les aide, ils nous aident… o Mais attention, s’il y a présence de ces microbes « normaux » sur un matériel étranger (sur un cathéter par exemple), le microbe va se retrouver à un endroit ou il ne devrait pas être normalement et va donner une bactériémie. o Même chose quand il y a un déficit immunitaire on peut attraper des affections graves (aspergillus, candida) à cause de ces microbes normaux. Microbes pathogènes vont provoquer une maladie o Exemple : staphylocoque doré s’il y a une rupture de la barrière de défense naturelle. o Remarque : environ 20% des gens sont porteurs sains de staphylocoques. Dans ce cas cela ne sert à rien de traiter par ATB puisque le sujet n’est pas malade. 1.2 Virus - - Ils sont très pathogène, toujours associés à la maladie. Exemple : grippe, VHC, VIH. Il existe des virus latents (présents dans l’organisme mais inactivés par l’immunité). Exemple : varicelle (VZV). Une fois guéri de la varicelle on garde tout de même le VZV dans les ganglions rachidiens. Rétrovirus endogènes : au cours de l’évolution un certain nombre de génomes viraux ont été incorporés à notre ADN. 2 Infection - Une infection est une agression. Agresseur = virus, bactérie, parasite, champignon, prion (protéine anormale ex : PRP responsable dans la maladie de Creutzfeld Jacob). 1 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie - - - Hôte = homme, bactérie, végétaux… Les bactériophages sont des virus n’affectant que les bactéries. L’issu de l’agression va dépendre de l’immunité de l’hôte et des mécanismes de virulence de l’agresseur (multiplication rapide, capsule, toxines, enzymes…). o Exemple : le staphylocoque doré possède une enzyme : la coagulase qui est capable d’induire la formation de caillots, ces caillots vont ensuite être colonisés par les staphylocoques ce qui va former des emboles septiques. o Le staphylocoque blanc lui n’a pas de coagulase mais est entouré par une capsule visqueuse qui empêche sa phagocytose par les macrophages. Quand une prothèse est infectée par ce genre de staphylocoque le seul moyen de combattre efficacement l’infection est la chirurgie car les ATB ne traverseront pas la capsule. Issue de l’infection : o guérison exemple : grippe, pneumonie o mort de l’hôte par dérèglement des fonctions vitales (respiratoires, cardiaques, coagulation, neurologiques) exemple : méningite foudroyante à méningocoque o équilibre : latence mais résurgence possible exemple : CMV (cytomégalovirus), VZV Lors des transfusions sanguines ou des transplantations il y a donc toujours un risque que le receveur soit infecté par un virus latent présent chez le donneur. Utilité des microorganismes : stimulation de l’immunité ; lien avec des désordres comme les allergies, les maladies auto-immunes… 3 Monde microbien - Microbiologie = étude des microbes, eucaryotes et procaryotes. Bactéries ont ADN et ARN, chromosome Parasites : protozoaires, métazoaires Champignons : être unicellulaire, levure, filamenteux… Virus : un seul type d’acide nucléique (virus à ADN ou virus à ARN), parasite obligatoire de la cellule Il existe quand même une certaine unicité du vivant (quand on a une technique de mise en évidence de l’acide nucléique exemple PCR, cette technique sera la même pour tous. Les mécanismes de réplication sont les mêmes. Agents anti-infectieux) 4 Épidémiologie - 2 Étude des facteurs influençant la santé pour mieux lutter contre les maladies infectieuses : o connaître la cause o le mode d’acquisition L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie - o la capacité de transmission des maladies infectieuses entre individus o la capacité de contagion o la répartition des agents infectieux et donc des maladies (surveillance) Remarque : transmission et contagion sont deux termes différents. La période de contagion est le temps pendant lequel le patient excrète le germe et peut le transmettre. La grippe est contagieuse, le VIH est transmissible mais pas contagieux ! 4.1 Étapes par étapes - D’où vient l’agent infectieux ? Quel est le réservoir ? (exemple : réservoir du VIH = homme ; réservoir du tétanos = terre) Comment est-on en contact ? transmission ? Comment se développe la maladie ? incubation, invasion, état +/- grave o Incubation = temps entre le contage et l’apparition des premiers symptômes. Comment les choses peuvent-elles évoluer ? guérison + convalescence ou décès Comment peut-on intervenir en préventif ou en curatif ? 4.2 Réservoir - - infections endogènes : l’agent fait partie de la flore normale (flore digestive, flore cutanée, germes latents CMV/toxoplasmose/herpès) infections exogènes : l’agent est extérieur, dans l’environnement o homme : IST, rougeole, varicelle, polio, choléra o animaux : fièvre jaune, Lyme, brucellose, leptospirose, peste = (anthropo) zoonoses o environnement : tétanos, légionnelles Quand le réservoir est exogène, il doit y avoir transmission de l’agent pathogène à l’hôte. 4.3 Transmission 4.3.1 Directe à partir d’un humain porteur ou malade. - Environnement : Air = infections respiratoires masque. Gouttelettes (Pflug) : grippe, méningite, méningocoque. Contact cutané (+/- effraction) ou manuporté hygiène des mains. Muqueux, IST dont HBV et VIH préservatif. Par transmission sanguine : hépatites B, C, D, VIH contrôle des donneurs. Verticale de la mère à l’enfant : transplacentaire (toxoplasmose) ou per-partum (VIH). 4.3.2 Indirecte - Eau et alimentation souillées par germes humains assainissement pour lutter contre les infections entéritiques. Vecteurs type insecte +++ : paludisme (parasite), dengue (virus, peut être grave : dengue hémorragique transmis par le moustique), fièvre jaune (virus transmis par 3 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie - moustique partout sauf en Asie), Lyme (virus transmis par tique), encéphalites lutte anti vectorielle, mesures anti-piqures. Plus rarement : objets contaminés : stérilisation, usage unique (depuis Creutzfeldt Jakob, on ne stérilise plus à la chaleur sèche mais a la chaleur humide (autoclaves) ; ce processus coute très cher) 5 Pénétration de l’agent infectieux : porte d’entrée 5.1 Après le contact - - Rejet dans le meilleur des cas : faible pouvoir pathogène, bonne réaction de défense de l’hôte : défenses naturelles, défenses acquises par vaccination par exemple. Sinon : infection ! o Multiplication au niveau de la porte d’entrée. o Expression du pouvoir pathogène : pour les bactéries = multiplication, résistance à la phagocytose (capsule), toxine, enzymes. Virus : effet cytopathogène. 5.2 Physiopathologie/pathogénie - N’importe quel agent infectieux ne donne pas n’importe quelle infection !!! 5.2.1 Exemple infection urinaire - - IU basses cystite, pas de fièvre, brulures mictionnelles, on ne donne pas d’ATB ! IU hautes o Rein : pyélonéphrite, douleurs du rein infecté, à la palpation de la fosse lombaire, on donne des ATB o Prostatites (prostates : les ATB diffusent mal donc le traitement dure 3 semaines), o Colonisation sur sonde (tuyau dans urètre qui n’est pas stérile, et le ECBU est positif : germes dans les urines liés à la sonde car la sonde est poussée dans la vessie emportant les microbes avec elle, les microbes reviennent toujours donc il ne faut pas traiter sinon l'antibiothérapie ne sera plus efficace, suite a la sélection de résistances. Notion d’adhérence à l’uroépithélium, germes uro-pathogènes (collibacilles uroadhérants venant de la flore du périnée). 5.2.2 Exemple infection digestive - 4 Infections du tube digestif : notion de flore normale, flore transitoire : o Adhésion, invasion versus toxinogénèse ; translocation bactérienne ; écologie du tube digestif, effet barrière, effet des antibiotiques. o Virales : rota, entérovirus. o Candida. o Parasites : amibes, helminthes, notion de cycle. L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie - - En partant de la clinique : o Diarrhée isolée ou avec vomissements, cas isolé ou collectivité o Diarrhée liquide « cholérique » (choléra : la toxine inverse la pompe qui permet la réentrée de Na et donc d'eau habituellement → déshydratation jusque la mort) o ou invasive « dysentérique » (Shigelle, avec fièvre, ou sans fièvre : amibiase) o Notion de porte d'entrée digestive pour syndrome infectieux systémique ou hépatique. → importance de la clinique pour orienter le laboratoire sur la recherche du germe : on n’a pas les mêmes symptômes si infection par bactérie ou parasite. 5.2.3 Exemple infection des VRS - - Infection VRS (voies respiratoires supérieures) : anatomie (sinus, cornets ...), physiologie, flore résidente non pathogène, les VRS ne sont pas stériles. infection virale : diminution des défenses donc risque de surinfection bactérienne (ex : rhino sinusite virale peut donner une sinusite bactérienne, otite moyenne aigue (bactérienne), bronchite, pneumopathie … pas d'ATB sur les rhinosinusites virale car non efficace mais donc si TT trop tôt avant l'infection bactérienne, les bactéries deviennent plus résistantes … 5.2.4 Exemple infections « sanguines » - Paludisme : notion de vecteur, recherche spécifique FS. Bactériémie associée à un syndrome « septique » grave ; notion de recherche de l’agent pathogène par hémoculture. Endocardite : germe dans le courant sanguin en permanence, lésion valvulaire et embols septiques. 5.3 Devenir de l’agent infectieux - Diffusion systémique ou infection reste locale : o Locale : grippe, candidose muqueuse, dysentérie, pneumonie, panaris… o Ou diffusion : Sanguine : varicelle, rougeole, VIH, candidémie, bactériémie, méningite. Varicelle diffuse et on a des virus dans toutes les vésicules. Candidose : si on a plus de défenses immunitaires, le champignon passe dans le sang. Veine porte : abcès du foie. Vaisseaux lymphatiques : typhoïde. 5.4 Étapes de l’infection. - Incubation. Invasion. Phase d’état (symptômes de la maladie). 5 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie - Guérison (spontanée ou sous TT) avec convalescence, +/- séquelles, pour aboutir à l’élimination de l’agent infectieux. Pseudo guérison : primo-infection, puis latence (CMV, HSV, BK), avec résurgence possible, ou infection chronique : VHB, VHC, VIH. 5.5 Donc - Certains agents infectieux donnent une maladie spécifique : tuberculose, paludisme… D’autres donnent une infection d’organe dans un cadre nosologique plus ou moins vague et vaste : Devant un tableau infectieux, il faut établir le cadre nosologique (confusion fébrile, méningite, pneumonie alvéolaire, choc septique, diarrhée invasive…) ET rechercher l’agent infectieux en fonction des données épidémiologiques et sémiologiques, en choisissant les bonnes méthodes (dialogues clinicien/biologiste). 6 Comment faire le diagnostic ? - - - Diagnostic direct (toujours à privilégier) : mise en évidence de l’agent infectieux. o Différentes méthodes : Examen direct, IF, méthode immunoenzymatique. Culture. Biologie moléculaire. Diagnostic indirect : sérodiagnostic (mais positif si vaccination). o On ne trouve que ce que l’on cherche : une bactérie ne se recherche pas de la même façon qu'un virus donc si on oriente mal le biologiste, les résultats ne seront pas positifs … Interprétation : o Cela dépend de la situation clinique, de la phase de la maladie, de la nature évolutive de l’infection (aigue, latente, chronique), de la qualité des tests. o Exemple : coqueluche (il faut un dg direct car la sérologie peut être positive à cause de la vaccination), herpes (ECBU, ECBC, hémoculture (bactéries, champignons, mycobactéries)), VHC, VHB, palu. 7 Thérapeutiques anti-infectieuses : curatives et préventives - 6 Curatives : quel but ? o Tuer l'agent infectieux (pour les infections bactériennes ou fungiques sévère, chez les neutropéniques traités pour un cancer… méningite) : antibiotiques et antifongiques chez les sujets avec de faibles défenses immunitaires ( on mets souvent 2 ATB). o limiter son développement pour accélérer la guérison, surtout chez un sujet fragile (grippe, herpes, VZT ; infections bactériennes des VR, VU). o contraintes pharmacodynamiques, pharmacologiques : il faut un antibiotique qui diffuse là où est la bactérie. L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S5 UE1 – Pr JL SCHMIT - Introduction à l’infectiologie - - Curatives : quel risque ? o Toxicologiques surtout écologique : notion de pression sélective (bactérie, virus, champignons…). o Les bactéries se transmettent des gènes de résistances aux antibiotiques o → tout anti-infectieux sauf eau de javel peut engendrer des résistances chez les agents pathogènes, attention à l'émergence des BMR TT préventifs : o vaccination : immunisation active o sérothérapie : immunisation passive 8 Épidémiologie descriptive - - Combien de cas par unité de temps ou de lieu. Épidémie, endémie, pandémie. Notion de surveillance, réseau, alerte : o Ex : grippe, SRAS, SHU à E coli. Maladies à prévention vaccinale. o VIH. o BMR. o TB. On a des maladies à déclaration obligatoire à l’ARS qui a une cellule de réception et d’orientation des signaux 7