Introduction :
L’intérêt porté au leader d’opinion remonte aux années 1940, à la suite des travaux menés en
sciences politiques par Lazarfeld, Berelson et Gaudet (1944) aux Etats Unis. Ces chercheurs
s’étaient intéressés aux déterminants du choix des électeurs pour un candidat durant une campagne
électorale. Ils montrèrent que la plupart des gens qui s’étaient fait une opinion ou avaient changé
d’avis durant la campagne, indiquaient l’avoir fait à la suite de l’influence exercée par une autre
personne ; mieux encore, beaucoup de personnes déclarèrent s’être engagées dans des discussions
avec des amis sur les élections, plutôt qu’avoir lu des éditoriaux de journaux ou avoir écouté un
discours électoral.
Les managers marketing firent rapidement l’analogie entre influence d’un électeur et influence d’un
consommateur. Dans les années 70, les recherches sur les leaders d’opinion ont été nombreuses.
Elles portent sur la conception d’une mesure d’auto-évaluation (King et Summers, 1970), la
définition des caractéristiques du leader (Myers et Robertson, 1972) et de son périmètre d’influence
(King et Summers, 1970). Durant les années 80, on assiste à un déclin du concept, seules quelques
recherches éparses tentent d’améliorer les qualités psychométriques des mesures d’auto-évaluation
(Childers, 1986). Mais depuis le début des années 2000, ces travaux font un retour en force dans la
littérature professionnelle et académique, favorisés par un double courant : la pénétration mondiale
d’internet (2 milliards d’individus ont accès à internet en 2011) et l’importance des
recommandations interpersonnelles (bouche-à-oreille) pour le choix d’une marque (Godes et
Mayzlin, 2004 ; Belvaux et Marteau, 2007 ; East et al. 2007, 2008). Les chercheurs s’interrogent
ainsi sur l’impact d’une stratégie marketing virale, fondée sur le bouche à oreille (oral et/ou
électronique) pour le lancement d’un nouveau produit (De Bruyn et Lilien, 2008 ; Godes et
Mayzlin, 2009 ; Hinz et al. 2012).
Parallèlement à cela, on assiste depuis 2007 à la fulgurante montée en puissance des réseaux
sociaux on line qui produisent un volume considérable de d’informations interpersonnelles.
Facebook totalise 600 millions de compte en 2011, Twitter, 200 millions (avec 110 millions de
tweets échangés chaque jour) et Linkedin, 90 millions
. La taille des réseaux (amis, abonnements,
abonnés) impressionne : sur Facebook, 21% des membres ont au moins 100 amis et 16% des
membres de Twitter ont plus de 100 suiveurs (abonnés). La puissance de diffusion de ces nouveaux
réseaux on line conduit à s’interroger sur leur structure, leur organisation et leur potentiel pour le
marketing. Les composants et les structures d’un réseau social traditionnel ont été formalisés et
étudiés par la théorie des réseaux : des entités (nœuds) et des liens (interactions), plus ou moins
nombreux (degrés) et intenses (forts ou faibles) déterminent une structure globale particulière
(aléatoire, échelle libre, etc.). Cependant l’évolution des technologies liées à Internet contraint et
modifie en permanence la structure d’un réseau on line, ses composants et la nature des interactions
sociales. Les individus qui composent ces communautés sont, paradoxalement, à la fois homogènes
(mêmes centres d’intérêt) et hétérogènes par la taille de leur propre réseaux, structure, nature des
échanges (interaction, partage, jeux, etc.) et par leur origines
. Néanmoins ces réseaux ou médias
sociaux on line présentent un point commun avec les réseaux traditionnels (off-line) : ils reposent
sur des interactions entre les membres (discussions ou exposition) et/ou un partage gratuit
(informations, vidéos, liens, image, etc..) entre les participants (liens faibles vs liens forts).
Cependant, quel que soit le type de réseau, certains individus interagissent plus que d’autres et/ou
disposent d’un statut différent (célébrité, expertise, connaissance personnelle, etc.) qui leur permet
Source Karlys, Janvier 2011 http://www.slideshare.net/Laurencelubrano/compilation-chiffres-cls-internet-et-rseaux-sociaux-
janvier-2011
Voir par exemple : Social Media: The Three Big Myths, Gallup Management Journal, 01 September 2011, bit.ly/pq3NuA.