Par exemple, supposons qu'au cous d'une période déterminée, le montant de la production (P) soit de 100 et que
le stock de machines, d'équipements, donc le stock de capital (K) soit de 400, le coefficient de capital K/P sera de
400/100 =4.
Cela signifie que toute variation supplémentaire de la consommation devra être multipliée par 4 en
investissement nouveau.
Si la demande augmente de 10, la production devra être de 110 -- pour maintenir un coefficient de capital de 4
l'entreprise devra investir 40 en équipements nouveaux (440 / 110 = 4).
Notons toutefois que le mécanisme de l'accélérateur ne peut réellement jouer qu'à condition que le taux
d'utilisation des équipements ( capital) soit voisin de 100% ( travail en continu). Si tel n'est pas le cas, l'entreprise
pourra toujours augmenter la durée d'utilisation des équipements. Il s'agit là tout de même d'une limite à
l'efficacité du modèle keynésien de relance.
On voit donc qu'en théorie le jeu du multiplicateur et de l'accélérateur doit stimuler la croissance. Mais, hélas, le
keynésianisme n'a pas connu que des succès et connaît lui aussi certaines limites.
Les politiques keynésiennes ont été appliquées dans les pays occidentaux à partir des années 40. L'économie
n'était pas aussi mondialisée qu'aujourd'hui et les politiques de relance étaient souvent très efficaces^pour relever
le niveau de demande. De telles politiques ont été menées en 1954,1957,1966,et 1969. Les échecs ont
commencé à partir des années 70.
II - Les limites au modèle Keynésien
Le modèle keynésien peut en effet être critiqué (d'ailleurs Keynes était conscient des limites de son propre
modèle).
Le modèle keynésien repose en effet sur des hypothèses assez contraignantes et parfois incompatibles entre
elles.
D'une manière générale, on peut résumer les limites au modèle keynésien de la manière suivante :
Tout d'abord la théorie keynésienne raisonne en économie fermée. À l'heure actuelle, l'internationalisation
croissante des économies constitue une sérieuse limite au modèle keynésien de relance. On peut toutefois la
concevoir à une échelle internationale (européenne par exemple). Lorsqu'une relance est pratiquée à un niveau
national, une injection de revenus risque entraîner un surcroît d'importations.. C'est la raison pour laquelle la
relance de 1981 a échoué.
Ensuite, il n'est pas si aisé d'agir sur le niveau de consommation globale car la consommation dépend de
facteurs économiques et psychosociologiques qui ne sont pas toujours facilement identifiables ni
maîtrisables. Même des taux d'intérêt à 0 % n'inciteront pas un couple de chômeurs à s'endetter pour acheter un
logement. Par ailleurs, si le revenu augmente, la propension à épargner augmente également -- en d'autres
termes plus le revenu est important plus la consommation est importante mais plus l'épargne augmente
également. Tant et si bien qu'un excès d'épargne pourra à nouveau déséquilibrer la machine économique. Le
modèle keynésien ne raisonne donc qu'à court terme. C'est un reproche qui lui était d'ailleurs fréquemment
adressé et auquel il répondait en disant « à long terme, nous serons tous morts ». De plus, on sait qu'un simple
ralentissement de la hausse de la demande risque d'entraîner un arrêt brutal des investissements.
Le paradoxe consommation -épargne constitue également une limite au keynésianisme : Les
entrepreneurs n'investissent que si le coût du capital est faible donc si les taux d'intérêts sont faibles car la
rentabilité du capital doit être supérieure au taux d'intérêt. Dans le cas contraire les entrepreneurs n'investissent
pas. Or, les taux d'intérêt faible supposent une épargne abondante -- et une épargne abondante est incompatible
avec une forte consommation ! ! Plus que jamais, nous constatons que l'économie c'est aussi « l'art de tourner en
rond ». L'équilibre entre la consommation et l'épargne est très difficile à trouver.
Enfin il est impossible ou tout au moins très difficile de prévoir certains facteurs qui peuvent influencer la
production donc le niveau de revenus, donc la consommation : -- les fusions d'entreprise, une inflation étrangère,
de catastrophes naturelles, les comportements d'anticipation, les mouvements sociaux etc....