Chapitre 2 : l`approche keynésienne

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Chapitre 2 : l'approche keynésienne
Keynes est né en 1883 à Cambridge (année de la mort de Karl Marx). Il a été un des leaders du parti libéral en
1925. Directeur de la banque d'Angleterre en 1941, il fut promu "Lord" à la même époque. Les travaux de Keynes
ont constitué pour des générations d'économistes la base d'une réflexion nouvelle. En 1944, Keynes dirige la
délégation britannique à la conférence de Bretton-Woods. Il propose un plan de reconstruction monétaire qui ne
sera pas adopté car jugé trop utopique et surtout contraire aux intérêts américains. Keynes meurt en 1946.
Ses ouvrages les plus célèbres sont : .
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La réforme monétaire en 1923.
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Le traité sur la monnaie en 1930.
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La théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie en 1936.
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"Comment financer la guerre" en 1940.
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La théorie générale de l'emploi de l'intérêt et de la monnaie est un des ouvrages d'économie les plus
célèbres.
En 1929, c'est le krach boursier. En 1936, les séquelles de la crise économique se font encore sentir dans la
plupart des pays.
À l'époque, les analyses économiques dominantes étaient les analyses classiques et marginalistes.
La révolution keynésienne a totalement remis en question le "credo" libéral. On peut considérer Keynes comme le
fondateur d'une des constructions intellectuelles les plus puissantes de notre siècle.
Keynes a été le premier à décrire l'activité économique à l'aide du processus du circuit. Il a également été le
premier à montrer la nécessité de créer une véritable comptabilité nationale. Il a également démontré que les
comportements des agents économiques pris isolément étaient parfois incompatibles avec l'intérêt général. La
base de la pensée keynésienne réside dans le fait de considérer que la demande effective (c'est-à-dire le niveau
de consommation et le niveau d'investissement) détermine le niveau de production donc le niveau de l'emploi.
Les « stratégies » politiques de relance keynésienne se fondent également sur l'importance du rôle de l'état dans
l'économie. Keynes ne croit pas à l'autorégulation de l'économie par les mécanismes naturels des lois du marché.
L'état doit donc intervenir en tant qu'agent régulateur car le capitalisme livré à lui-même ne peut que conduire à
des crises chroniques. C'est à l'Etat d'intervenir en tant que "Deus ex machina" pour relancer la demande de
biens de consommation et de biens d'investissement. Keynes a été l'artisan du développement de l'Etat
providence après la 2° guerre mondiale.
On ne s'étonnera donc pas de la popularité des théories Keynésiennes.
Citation :
« Que le chômage caractéristique d'une période de dépression soit dû au refus de la main-d’œuvre d'accepter
une baisse des salaires nominaux, c'est une thèse qui n'est pas clairement démontrée par les faits. Il n'est pas
très plausible d'affirmer que le chômage aux États-Unis en 1932 ait été du soit à une résistance opiniâtre de la
main-d’œuvre à la baisse des salaires nominaux soit à sa volonté irréductible d'obtenir un salaire réel supérieur à
celui que le rendement de la machine économique pouvait lui procurer. Le volume de l'emploi connaît d'amples
variations, sans qu'il y ait de changement apparent ni dans les salaires réels minimas exigés par la main-d’œuvre
ni dans sa productivité. L'ouvrier n'est pas plus intransigeant en période de dépression qu'en période essor, bien
au contraire. Il n'est pas vrai non plus que sa productivité physique diminue aux époques de crise. Ces faits
d'observation forment donc un terrain préliminaire ou l'on peut mettre en doute le bien-fondé de l'analyse
classique. »
Autre citation : " Le but ultime de notre étude est la découverte des facteurs qui déterminent le volume de
l'emploi"
On constate donc, que Keynes conteste totalement les fondements de l'analyse classique libérale et ceci sur la
base d'une approche empirique.
I - Les moyens de la relance et les mécanismes mis en évidence par Keynes.
Pour Keynes, un excès d'épargne peut entraîner la crise. Donc, seul l'état est en mesure de stimuler la demande
lorsque celle-ci est insuffisante. En effet, en période de crise les agents économiques ne dépensent pas et les
entreprises n'investissent pas. L'investissement ne peut donc « repartir » que si les anticipations des entreprises
sont positives. Keynes préconise donc des mesures de relance.
Il s'agit en bref : .
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de redonner confiance aux consommateurs.
de mettre en oeuvre des moyens de répartition des richesses permettant aux agents économiques qui ont la
propension moyenne à consommer la plus élevée (c'est-à-dire les catégories sociales les plus « défavorisées
») de dépenser pour mieux relancer la machine économique.
de baisser les taux d'intérêts pour stimuler le crédit à la consommation et aux investissements.
d'engager une politique de grands travaux publics qui provoqueront un effet multiplicateur de revenus et
accélérateur d'investissements.
Le rôle de l'état consiste donc à injecter des revenus pour « doper » la machine économique. La reprise de la
consommation entraînera une augmentation des investissements donc la situation de l'emploi s'en trouvera
améliorée.
A -- Le multiplicateur de revenus.
Pour expliquer ces mécanismes, nous partirons d'exemples concrets.
L'idée de départ est la suivante : toute injection de revenus dans l'économie par l'état ( voir plus haut pour les
moyens utilisés) provoquera une augmentation du revenu national qui lui est bien supérieure.
EX : l'état engage 1000 de dépenses publiques pour construire une route.
Si les titulaires de ces revenus (salariés embauchés) ont une propension marginale à consommer de 3/4 ( 0,75)
ils vont dépenser 750 de plus en biens de consommation. Les producteurs de ces biens de consommation vont
percevoir un revenu supplémentaire de 750. S'il leur propension marginale à consommer est également de 3/4,
ils vont dépenser 750 x 0,75 = 562,5 en biens de consommation.. etc...... On constate donc que l'injection de
revenus au départ provoquera des vagues successives de revenus et de dépenses qui continueront mais en
diminuant peu à peu d'amplitude et ceci jusqu'à 0. L'efficacité d'une relance de la consommation dépend donc de
l'importance de la propension marginale à consommer des agents économiques.
Pour calculer l'augmentation du revenu national provoquée par une injection de revenus, il suffit d'appliquer la
formule du multiplicateur :
Formule : R = 1/1-C
R représente le multiplicateur et C représente la propension marginale à consommer (c'est-à-dire la tendance des
agents économiques à consommer un supplément de revenus).
Si l'injection par l'état est de 1000 et la propension marginale à consommer (c) est de 0,75, le multiplicateur (R.)
sera de 1/1-0,75 soit de 1/ 0,25 donc 4.
L'augmentation du revenu national sera égale à l'injection de revenus que l'on multipliera par le multiplicateur soit
1000 x 4= 4000.
On pourra donc dire qu'une injection de 1000 pourra, pour une propension marginale à consommer de 0,75,
provoquer une augmentation du revenu national de 4000.
Mais, l'effet d'une relance ne pourra être réellement mesuré que par le jeu du multiplicateur et de l'accélérateur.
En quoi consiste donc le mécanisme d'accélération d'investissement dans une optique keynésienne ?
B-- L'accélérateur d'investissements.
L'idée de départ est la suivante : à partir du moment où la consommation augmente sous l'effet d'une relance, la
production doit nécessairement s'adapter. Le mécanisme de l'accélérateur implique qu'une variation de la
demande de biens de consommation entraîne une variation beaucoup plus importante de la demande de biens
d'investissements.
Par exemple, supposons qu'au cous d'une période déterminée, le montant de la production (P) soit de 100 et que
le stock de machines, d'équipements, donc le stock de capital (K) soit de 400, le coefficient de capital K/P sera de
400/100 =4.
Cela signifie que toute variation supplémentaire de la consommation devra être multipliée par 4 en
investissement nouveau.
Si la demande augmente de 10, la production devra être de 110 -- pour maintenir un coefficient de capital de 4
l'entreprise devra investir 40 en équipements nouveaux (440 / 110 = 4).
Notons toutefois que le mécanisme de l'accélérateur ne peut réellement jouer qu'à condition que le taux
d'utilisation des équipements ( capital) soit voisin de 100% ( travail en continu). Si tel n'est pas le cas, l'entreprise
pourra toujours augmenter la durée d'utilisation des équipements. Il s'agit là tout de même d'une limite à
l'efficacité du modèle keynésien de relance.
On voit donc qu'en théorie le jeu du multiplicateur et de l'accélérateur doit stimuler la croissance. Mais, hélas, le
keynésianisme n'a pas connu que des succès et connaît lui aussi certaines limites.
Les politiques keynésiennes ont été appliquées dans les pays occidentaux à partir des années 40. L'économie
n'était pas aussi mondialisée qu'aujourd'hui et les politiques de relance étaient souvent très efficaces^pour relever
le niveau de demande. De telles politiques ont été menées en 1954,1957,1966,et 1969. Les échecs ont
commencé à partir des années 70.
II - Les limites au modèle Keynésien
Le modèle keynésien peut en effet être critiqué (d'ailleurs Keynes était conscient des limites de son propre
modèle).
Le modèle keynésien repose en effet sur des hypothèses assez contraignantes et parfois incompatibles entre
elles.
D'une manière générale, on peut résumer les limites au modèle keynésien de la manière suivante :
Tout d'abord la théorie keynésienne raisonne en économie fermée. À l'heure actuelle, l'internationalisation
croissante des économies constitue une sérieuse limite au modèle keynésien de relance. On peut toutefois la
concevoir à une échelle internationale (européenne par exemple). Lorsqu'une relance est pratiquée à un niveau
national, une injection de revenus risque entraîner un surcroît d'importations.. C'est la raison pour laquelle la
relance de 1981 a échoué.
Ensuite, il n'est pas si aisé d'agir sur le niveau de consommation globale car la consommation dépend de
facteurs économiques et psychosociologiques qui ne sont pas toujours facilement identifiables ni
maîtrisables. Même des taux d'intérêt à 0 % n'inciteront pas un couple de chômeurs à s'endetter pour acheter un
logement. Par ailleurs, si le revenu augmente, la propension à épargner augmente également -- en d'autres
termes plus le revenu est important plus la consommation est importante mais plus l'épargne augmente
également. Tant et si bien qu'un excès d'épargne pourra à nouveau déséquilibrer la machine économique. Le
modèle keynésien ne raisonne donc qu'à court terme. C'est un reproche qui lui était d'ailleurs fréquemment
adressé et auquel il répondait en disant « à long terme, nous serons tous morts ». De plus, on sait qu'un simple
ralentissement de la hausse de la demande risque d'entraîner un arrêt brutal des investissements.
Le paradoxe consommation -épargne constitue également une limite au keynésianisme :
Les
entrepreneurs n'investissent que si le coût du capital est faible donc si les taux d'intérêts sont faibles car la
rentabilité du capital doit être supérieure au taux d'intérêt. Dans le cas contraire les entrepreneurs n'investissent
pas. Or, les taux d'intérêt faible supposent une épargne abondante -- et une épargne abondante est incompatible
avec une forte consommation ! ! Plus que jamais, nous constatons que l'économie c'est aussi « l'art de tourner en
rond ». L'équilibre entre la consommation et l'épargne est très difficile à trouver.
Enfin il est impossible ou tout au moins très difficile de prévoir certains facteurs qui peuvent influencer la
production donc le niveau de revenus, donc la consommation : -- les fusions d'entreprise, une inflation étrangère,
de catastrophes naturelles, les comportements d'anticipation, les mouvements sociaux etc....
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