théorie du renversem..

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Concepts de la motivation
Ce cours de présentation de la théorie du renversement a été créé par le professeur associé
Ken Heskin de l'Université de Technologie de Swinburne ; il était une partie d'un cours de
troisième année en psychologie de la personnalité (cours présenté le 21 mai 1997).
La motivation et l'étude de la personnalité
La phénoménologie structurelle et l'étude de l'expérience
Le comportement minimal, gratuit et paradoxal
Un défi aux théories conventionnelles de la motivation
Les modèles homéostatiques du fonctionnement psychologique
Le modèle de la réduction de tension
Le modèle du niveau optimal d'activation
Les activités sportives et l'activation
La multistabilité
Activation et motivation
Deux façons de faire l'expérience d'une activation élevée
Le renversement psychologique
Les états métamotivationnels et la bistabilité
Les états télique et paratélique
Evitement de l'anxiété et recherche d'euphorie
La théorie du renversement et l'inconsistance individuelle
Les causes des renversements psychologiques
Exemples de renversements parmi les gens riches et célèbres
La théorie du renversement et les comportements extraordinaires
Les états métamotivationnels comme états préférés
La dominance métamotivationnelle
Autres dimensions
Psychophysiologie et théorie du renversement
Troubles psychologiques et théorie du renversement
Dépression et théorie du renversement
Stratégies thérapeutiques et théorie du renversement
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La motivation et l'étude de la personnalité
Le problème de la motivation tend à envahir les travaux sur la personnalité. La question clé de
la personnalité est « Qu'est-ce qui nous fait fonctionner ? » et les idées à propos de la
motivation sont fondamentales en ce qui concerne de nombreuses réponses théoriques à cette
question ; question que vous avez étudiée jusqu'ici dans le cours AY312. Comme j'ai pu le dire,
selon leur intérêt pour différents aspects de la personnalité, les théoriciens diffèrent quant à
l'accent qu'ils vont porter sur les aspects dynamiques et motivationnels du fonctionnement de
cette personnalité. Dans la théorie de la personnalité, des théoriciens comme Henry Murray
(1938) ont lourdement et de façon explicite insisté sur le processus motivationnel lui-même et
sur la variété des besoins qui motivent le comportement humain, comme le besoin d'affiliation,
le besoin de nourriture et ainsi de suite. D'autres théoriciens de la motivation se sont
concentrés sur des motivations non biologiques ou spécifiques à l'être humain, telle que la
motivation à réussir (McLelland, 1961) ou la motivation pour le pouvoir (Winter, 1973).
En matière d'introduction à la motivation dans le cours AY312, nous allons jeter un bref coup
d'œil sur une théorie de la motivation en développement, très intéressante et moderne,
appelée théorie des renversements psychologiques, connue aussi sous l'appellation théorie du
renversement ou TR pour faire court. Cette théorie a été développée par Michael Apter et a
d'abord été pleinement exposée dans son livre de 1982 intitulé « The Experience of Motivation:
The Theory of Psychological Reversals (L'expérience de la motivation : la théorie des
renversements psychologiques) ».
La théorie du renversement est une théorie actuelle et vivante, qui met en lumière la
dynamique de la motivation, ses tendances à fluctuer et à changer, et les effets de tels
changements sur la façon que nous avons de percevoir notre environnement et de nous y
engager. Pour les besoins du cours AY312, nous allons nous concentrer sur un seul (bien que
très important) aspect ou dimension de la théorie. Cela concerne, soit la question de notre
motivation à atteindre quelque but spécifique et inévitable (la TR fait référence à cet état
comme « télique »), soit celle de notre engagement pour le plaisir, dans l'expérience ou dans
ce que nous sommes en train de faire (la TR fait référence à cet état comme « paratélique »).
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La phénoménologie structurelle et l'étude de l'expérience
Michael Apter a soutenu sa thèse, dans le champ de la cybernétique, à l'université de Bristol
en Angleterre (le Vice-chancelier de l'université de Swinburn, le professeur Iain Wallace, a
aussi soutenu sa thèse au même endroit, à la même époque, dans le même domaine). (La
cybernétique est l'étude comparée des machines complexes, comme les ordinateurs et les
animaux, en particulier les humains, et des moyens par lesquels ces machines communiquent
les unes avec les autres et sont contrôlées en interne). La théorie des renversements
psychologiques de Michael Apter (développée au départ avec le Dr Kenneth Smith, psychiatre
et père de Michael) associe des aspects cybernétiques avec une approche phénoménologique,
une combinaison inhabituelle, pour aboutir à une théorie très générale et largement applicable
au fonctionnement humain. Théorie que l'on peut mieux décrire comme une phénoménologie
structurale. Cette théorie est centrée sur l'expérience, sur les corrélats mentaux du
comportement, les parents pauvres de la psychologie, sans doute à la déception de beaucoup
de ses étudiants. Beaucoup d'entre nous sentent que notre expérience est au centre de notre
vie — nous avons plutôt tendance à passer beaucoup de temps dans notre propre tête.
Souvent, la psychologie tend à fonctionner à l'offre plutôt qu'à la demande !
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Le comportement minimal, gratuit et paradoxal
Apter a attiré l'attention sur le fait que certaines formes de comportements humains, parmi les
plus importants et les plus significatifs, présentent peu de signes comportementaux manifestes.
Et c'est par leurs significations, leurs effets et leurs conséquences, que de tels
« comportements minimaux », comme nos pensées et nos sentiments, nos prises de
conscience et nos réalisations, nos découvertes et nos créations, sont importants. Vous
pouvez ici considérer le contraste entre ce point de vue et celui proposé par des
comportementalistes comme Skinner. Apter souligne la nature « gratuite », d'un point de vue
biologique, de nombreux comportements humains (tels que l'art, la religion, l'humour et le
sport), ainsi que leur nature souvent « paradoxale », qui peut mettre en danger la survie de
l'individu ou de l'espèce (les sports dangereux, l'alcoolisme et la toxicomanie, le suicide, le
célibat). Aux conceptions réductionnistes, comportementalistes, génétiques, et ainsi de suite,
Apter répond que de tels points de vue sont trop linéaires et trop simples pour expliquer d'une
façon adéquate la diversité du comportement humain. Apter considère que, de quelques
façons cruciales, l'organisme humain est similaire à une machine hautement complexe, qui est
relativement autonome en ce qu'elle utilise l'environnement et les informations tirées de cet
environnement, plutôt que de simplement y réagir, comme le prétendent certaines approches
théoriques.
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Un défi aux théories conventionnelles de la motivation
Au cœur de la théorie réside un point de vue radical sur la motivation et notre expérience de la
motivation, qui lance un défi à plusieurs hypothèses fondamentales de la psychologie,
concernant les mécanismes capables d'influencer le comportement. Afin d'illustrer la nature et
l'étendue des prémisses de base d'Apter, j'aimerais faire un rapide tour d'horizon historique de
certaines hypothèses importantes en psychologie, concernant les relations entre la motivation,
l'expérience humaine et le comportement.
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Les modèles homéostatiques du fonctionnement psychologique
Apter pose que, de façon explicite ou implicite, de nombreuses théories en psychologie sont
basées sur un modèle homéostatique, cela signifie qu'elles adhèrent au point de vue
suivant : nous avons un niveau préféré de motivation ou d'activation, un point d'équilibre que
l'on cherche à maintenir. Par exemple, dans sa psychologie de la personnalité, Freud parle de
cathexis (force de motivation) et d'anti-cathexis (force d'inhibition) qui opèrent de façon à
maintenir l'équilibre de l'individu. En psychologie sociale, les théories de l'équilibre dans les
changements d'attitudes sont basées sur la notion que nous recherchons un équilibre dans ou
parmi nos attitudes, que nous ressentons le manque d'équilibre comme déplaisant et que nous
cherchons à le restaurer quand il est perturbé. Dans la psychologie de la motivation classique,
la théorie de la motivation (Dollard et al., 1939) parle de besoins biologiques, qui créent une
élévation du niveau d'activation et génèrent des pulsions qui activent les comportements
destinés à les satisfaire, en réduisant l'activation et en restaurant l'homéostasie ou l'équilibre.
Cette orientation théorique reflète les bases historiques de la psychologie, issues de la
physiologie et de la philosophie. Les mécanismes homéostatiques sont reconnus comme
gouvernant nombre de nos fonctions physiologiques. Par exemple, nos corps tendent à réguler
leur température interne sur un seul niveau et on fait appel à des mécanismes qui gèrent les
fluctuations au-dessus ou en dessous de ce point d'équilibre, c'est-à-dire un niveau
homéostatique. L'homéostasie est aussi inhérente à la notion philosophique d'« homme
rationnel ».
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Le modèle de la réduction de tension
Durant la première moitié du siècle (XXe siècle), le modèle prédominant sous-jacent aux
théories de la motivation a été que les niveaux élevés de pulsion ou d'activation sont
déplaisants et doivent être évités par le système psychologique, tandis que les bas niveaux
sont confortables et seront recherchés par ce système. La théorie psychanalytique, par
exemple, adhère implicitement à l'idée d'un bas niveau de motivation ou d'activation comme
niveau idéal et pose, par principe, un système qui est orienté sur la réduction instinctive de
l'activation, vers un bas niveau confortable.
La théorie de la réduction de la pulsion de Hull, est aussi dans la même veine et considère
l'organisme comme étant engagé dans un processus constant d'actions destinées à réduire les
niveaux de pulsions chaque fois qu'ils s'élèvent (Hull, 1943). Cliquez ici pour voir le schéma du
MODELE DE REDUCTION DE TENSION (Tout ce qui est au-dessus d'un bas niveau
d'activation est déplaisant).
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Le modèle du niveau optimal d'activation
Cette idée a commencé à émerger quand les chercheurs se sont retrouvés confrontés à des
observations que la théorie ne prédisait pas du tout, comme la poursuite apparente de hauts
niveaux d'activation par des individus volontairement engagés dans des activités à risque. Des
activités comme les sports dangereux ou les expéditions d'escalade en montagne, sont
particulièrement difficiles à accorder avec le modèle du réduction de tension. Inversement, des
résultats en provenance des études sur la privation sensorielle ont montré que les bas niveaux
d'activation sont particulièrement pénibles et générateurs d'anxiété pour la plupart des gens, ce
qui ne colle pas non plus avec la théorie de la réduction de tension. Ce modèle était donc
attaqué de toutes parts.
Le coup de grâce a été porté au modèle homéostatique, lorsqu'il s'est retrouvait confronté à
des concepts comme la pulsion de curiosité ou la pulsion exploratoire, dont la tension que de
telles pulsions génèrent, ne peut être réduite que par un accroissement de la stimulation.
Cependant, le modèle de la réduction de tension est mort de sa belle mort, lorsque le modèle
du niveau optimal d'activation de Hebb (1955) a commencé à prendre racine, définissant un
niveau intermédiaire agréable, les très bas ou les très hauts niveaux d'activation étant
désagréables et aversifs. Cette approche était davantage en accord avec les données
observables et représentait une conception beaucoup plus élégante et sensée. Cliquez ici pour
voir le schéma du MODELE DU NIVEAU OPTIMAL D'ACTIVATION [Tout ce qui est audessus ou en dessous d'un niveau modéré d'activation est déplaisant]
Comme Apter a pu l'argumenter de façon convaincante, ce point de vue n'est pas, lui non plus,
en accord avec les données observables. A vue de nez, nous pouvons constater qu'il y a des
problèmes. Par exemple, nous recherchons souvent des situations qui élèvent d'une façon
considérable notre activation à de très hauts niveaux, ce qui est loin d'être déplaisant, de telles
situations entrant dans le cadre des expériences les plus cruciales de nos vies, en termes de
tonalité hédonique ou de pur plaisir. Je pense que l'exemple le plus évident est le
comportement sexuel. En fait, bien que nous considérions cette activité comme amusement ou
comme relaxation, elle entraîne de hauts niveaux d'activation, qui sont expérimentés comme
plaisir et haut niveau de tonalité hédonique.
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Les activités sportives et l'activation
Beaucoup d'activités sportives et de loisir entrent dans cette catégorie, à la fois pour ceux qui y
participent et pour les spectateurs. Nous avons du plaisir à regarder des drames, des
comédies, des films d'horreur, des histoires d'amour ou des programmes d'info-spectacle, ce
qui représente le menu habituel servi à la télévision. Nombre de tels programmes seront
spécialement bâtis pour bouleverser les gens à propos d'événements ou de problèmes.
Certains d'entre nous conduisent vite, vont sur les montagnes russes, font du saut à l'élastique,
du parachutisme et ainsi de suite. En d'autres termes, de très hauts niveaux d'activation ne
sont pas nécessairement déplaisants et, de temps en temps, nous les recherchons activement.
Dans le modèle du niveau optimal d'activation, l'euphorie et la relaxation occupent la même
zone centrale, de niveau moyen, ce qui ne correspond pas à notre intuition, l'euphorie ne
correspondrait ainsi qu'à un niveau moyen d'activation !
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai été un fan des courses de moto. Et pour ceux qui
connaissent bien de telles courses, ils savent que la ligne entre la gloire et le désastre est bien
étroite, quand les compétiteurs se donnent à fond. J'ai souvent vu Michael Doohan, le brillant
pilote australien du Queensland en 500cc et actuel Champion du Monde, tentant de rattraper
un mauvais départ. Le départ n'est pas toujours sont fort, bien qu'il se soit certainement et
radicalement amélioré ces dernières années. Dans ces moments-là, mon cœur battait la
chamade, quand il faisait un mauvais départ et que je me sentais partagé entre mon désir de le
voir rattraper deux ou trois secondes pour pouvoir gagner la course et celui qu'il prenne les
choses plus calmement pour sa propre sécurité.
Hélas, j'ai manqué le grand prix d'Espagne en 1996, que Doohan a gagné dans les dernières
secondes en dépassant le héros espagnol local et son coéquipier sur Honda, Alex Creville,
dans la dernière courbe. Malheureusement, Creville est tombé, manquant la seconde place
qu'il avait bien méritée — l'étroite ligne entre gloire et désastre ! De tels événements sont
vraiment très euphorisants et excitants au sens physiologique, parce qu'ils se situent juste à la
limite entre le contrôle et la catastrophe. Pour les spectateurs, les niveaux d'excitation sont très
élevés, mais il s'agit de plaisir, ne nous y trompons pas. Je ne doute pas que vous puissiez,
vous aussi, rendre compte de telles expériences à partir d'activités sportives, soit comme
participant, soit comme spectateur.
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La multistabilité
Apter argumente qu'un modèle homéostatique de la motivation ou de l'activation, avec son
unique point d'équilibre, ne s'accorde tout simplement pas avec les faits en ce qui concerne les
comportements et les expériences que font les gens et je voudrais dire que je pense qu'il a
raison (bien sûr, c'est mon opinion personnelle et vous devez forger la vôtre !). Je pense que la
plupart d'entre nous reconnaîtrons de nombreuses occasions de nos vies quotidiennes, au
cours desquelles nous recherchons et nous avons du plaisir avec de hauts niveaux d'activation
et, tout simplement, ce phénomène n'est pas pris en compte par les théories actuelles de la
motivation. Par conséquent, Apter avance un principe de multistabilité et la reconnaissance
de l'existence de plus d'un point d'équilibre motivationnel ou de plus d'un point idéal pour
l'activation, afin de pouvoir rendre compte de l'observation que nous pouvons activement
rechercher de hauts niveaux d'activation et que nous le faisons, ce qui nous fait plaisir et ce qui
nous amène à maintenir ces hauts niveaux d'activation.
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Activation et motivation
Vous noterez que j'utilise ici, dans une certaine mesure, les termes activation et motivation
d'une façon à peu près interchangeable. Cela est délibéré. En dépit de nombreuses
motivations psychologiques, subtiles et variées, que nous pouvons discerner dans nos propres
comportements et dans le comportement des autres, au niveau de l'activation physiologique
qui leur est associée, le tableau est largement unidimensionnel. Par exemple, selon les travaux
de Schachter et Singer (1962), il apparaît que nous avons tendance à interpréter finement nos
propres états motivationnels à partir d'indices situationnels, les indices physiologiques ne
fournissant que des indications plutôt grossières et imprécises que quelque chose est arrivé.
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Deux façons de faire l'expérience d'une activation élevée
En tant que personne qui a pratiqué durant des années des courses de voiliers, j'ai
personnellement vécu l'expérience de l'excitation, du pur frisson et de l'anxiété d'essayer de
contrôler un bateau à voile rapide, fragile et capricieux, au sein d'une grande flotte et par forts
vents. Ceux parmi vous qui ont vu à la télévision la course de l'Australian Sixteen Foot Skiff,
sauront de quoi je parle — dans ce type de course, les flottes ne sont pas très grandes, mais
cela est compensé par la pure vitesse des bateaux et l'adresse nécessaire pour pouvoir les
manœuvrer. Selon ma propre expérience il y a, d'une part, la peur d'être confronté à une
grosse mer, la possibilité de chavirer ou d'entrer en collision, d'une avarie au bateau ou la
blessure d'un membre d'équipage et l'anxiété que ces éventualités génèrent en soi. D'autre
part, il y a la pression liée à la compétition, la tension émotionnelle du fait que l'on conduise le
bateau à la limite de ses possibilités et le pur plaisir de se trouver au milieu des vents, des
vagues, les voiles, l'équipement, l'équipage, les autres compétiteurs et toute cette fièvre liée à
l'expérience dans son ensemble. Dans ces circonstances, une activation de très haut niveau
peut entraîner une fluctuation entre une forte anxiété et un plaisir pur et sans mélange. Veuillez
noter que le niveau d'activation est toujours élevé, mais qu'il est expérimenté de deux façons
diamétralement opposées, soit comme anxiété déplaisante, soit comme véritable plaisir et
expérience palpitante. Ces deux types d'expériences liés à l'activation ne sont jamais vécus
simultanément, mais toujours en alternance, selon le moment.
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Le renversement psychologique
L'idée du renversement provient de ce phénomène de renversements entre deux pôles de
l'expérience et du fait que l'on puisse expérimenter les mêmes choses de deux façons
opposées. Nous sommes aussi familiers de ce type d'idée dans d'autres domaines. Par
exemple :
le cube de Necker (cube fil de fer), en ce qui concerne la perception, pour lequel nous
pouvons percevoir deux configurations alternatives, mais jamais les deux en même
temps ;
la psychose maniaco-dépressive, durant laquelle l'individu adopte un style de
comportements et une vision de sa vie de deux styles diamétralement opposés ;
ou, en faisant appel à un exemple plus prosaïque, décoller en avion, ce qui entraîne
souvent une fluctuation entre la peur et l'euphorie.
En ce qui concerne le vol, beaucoup d'entre nous ont dû vivre cette expérience de l'alternance
entre le frisson de se sentir écrasé sur son siège par la force d'accélération de l'avion en train
de décoller et l'anxiété liée à notre imagination, que quelque chose pourrait arriver durant cette
phase très particulière du voyage. Ces alternances d'expériences opposées sont des exemples
de renversements et c'est de là que la théorie a pris son nom.
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Les états métamotivationnels et la bistabilité
Cette idée d'une dualité et d'une opposition phénoménologiques dans les possibilités
d'interprétation de notre expérience, est centrale dans la théorie des renversements
psychologiques. Dans la théorie du renversement, ces cadres de l'esprit font référence à des
états métamotivationnels, ce qui indique qu'ils sont en lien avec nos motivations, mais ne
sont pas nos motivations. Bien plutôt, ils font référence à notre façon d'interpréter
phénoménologiquement nos motivations. Tandis que dans la théorie, comme nous l'avons
remarqué, Apter présente des arguments pour une multistabilité, en pratique, il présente des
arguments pour une bistabilité, avec deux points d'équilibre, qui dépendent de l'état
métamotivationnel de l'individu. Le modèle de l'activation de la théorie du renversement, cidessous, illustre ce modèle à « deux bosses » de l'activation et sa phénoménologie, comme en
opposition au modèle à « une bosse » du niveau optimal d'activation, ainsi qu'au modèle à
« demi-bosse » de la réduction de tension (modèle du niveau minimal d'activation). Pour
l'essentiel, dans le modèle de la théorie du renversement, notre expérience phénoménologique
de l'activation va dépendre de l'état métamotivationnel, télique ou paratélique, dans lequel
nous sommes. (Nota bene : le concept d'état métamotivationnel peut sembler une idée
complexe, mais vous devez le concevoir comme un simple cadre de l'esprit ou un état d'esprit,
une idée qui nous est familière à tous et qui va nous permettre de bien accrocher avec la
théorie du renversement). Cliquez ici pour voir le schéma du MODELE DE L'ACTIVATION DE
LA THEORIE DU RENVERSEMENT [Hauts et bas niveaux d'activation peuvent être
également plaisants ou déplaisants selon un état préféré].
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Les états télique et paratélique
Les situations de hauts niveaux d'activation peuvent entraîner des renversements
particulièrement surprenants. Si je fais de la voile avec de forts vents, dans l'état télique, je
pourrais être concentré sur la besogne qui consiste à répondre aux changements dans la force
du vent et sa direction, à éviter les autres bateaux, à garder un œil sur l'équipement en cas de
défaillance, à donner des conseils à mon équipage, tout cela orienté vers le but de préserver la
sécurité et l'efficacité de l'équipage et du bateau, afin de terminer la course et de rentrer au
port en un seul morceau. Dans ce cas, l'activation est involontaire, elle est expérimentée
comme anxiété et elle est déplaisante. Quand le bateau fait de la vitesse, que les concurrents
sont loin derrière et que la situation est sous contrôle (spécialement si elle est juste sous
contrôle), mon activation sera plus probablement expérimentée comme euphorie et j'aurais
envie que cet état métamotivationnel paratélique se poursuive.
Dans la théorie du renversement, la paire d'états métamotivationnels la plus fondamentale est
la paire ou mode télique/paratélique (« mode » est un autre mot qui est parfois utilisé dans la
littérature de la théorie du renversement à la place des termes « état métamotivationnel ».
Rappelez-vous que états métamotivationnels, cadres de l'esprit, états d'esprit et modes
signifient essentiellement la même chose). Télique (du grec telos) signifie orienté vers un but,
tandis que paratélique indique qu'il y a aussi un but, mais dont le genre la fonction sont
différents. Dans le mode télique, le plaisir vient en premier du mouvement vers un but à
atteindre et du succès dans la réalisation de ce but lui-même, tandis que dans le mode
paratélique, le plaisir dérive de l'activité elle-même, de la gratification sensuelle immédiate, de
la satisfaction à exercer notre habileté, du suspense inhérent à l'activité et ainsi de suite. Le
tableau ci-dessous (Apter, 1982), montre en détails les caractéristiques de ces deux modes.
Cliquez ici pour les CARACTERISTIQUES DES MODES TELIQUE-PARATELIQUE.
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Evitement de l'anxiété et recherche d'euphorie
En ce qui concerne les relations entre ces modes et l'activation, le mode télique est un mode
d'évitement de l'anxiété, qui préfère les bas niveaux d'activation. Il est orienté vers la
réalisation d'un but et, même si la poursuite de ce but peut impliquer de hauts niveaux
d'activation (comme dans l'exemple de la course de voiliers ci-dessus), l'objectif est la
réalisation du but et le soulagement ou la relaxation (bas niveau d'activation) générés par cet
accomplissement. Au contraire, le mode paratélique est un mode de recherche de l'excitation
et préfère maintenir de hauts niveaux d'activation.
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La théorie du renversement et l'inconsistance individuelle
La théorie du renversement pose le principe que nous renversons, à des degrés variés de
régularité, entre un état métamotivationnel et son opposé et que par conséquent, nous avons
souvent tendance à être inconsistants, même dans une situation inchangée. La plupart des
théories que vous avez rencontrées jusque-là dans le cours AY312, ont insisté sur la
consistance de notre comportement, au moins dans le cadre de situations comparables, bien
que des raisons théoriques très différentes aient été suggérées pour expliquer une telle
consistance. La plupart des théories considèrent l'inconsistance comme un « bruit » ou une
variation aléatoire, bien que Freud ait pu donner une signification théorique aux inconsistances
et aux lapsus. Dans la théorie du renversement, qui est en premier lieu et pour l'essentiel une
théorie des états (en référence aux états métamotivationnels/aux états d'esprit),
l'inconsistance est fondamentale pour pouvoir comprendre « Qu'est-ce qui nous fait
fonctionner ? » et, en ce sens, l'inconsistance (dans la perspective de la phénoménologie et de
la motivation, les deux pierres angulaires de la théorie) est psychologiquement parlant, un
signe de bonne santé. Si vous n'êtes pas inconsistants, c'est que vous avez des problèmes !
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Les causes des renversements psychologiques
Les renversements d'états métamotivationnels ont pour origine :
1) Les contingences — des choses surviennent autour de nous qui altèrent notre état d'esprit.
2) La frustration — par exemple, vous pourriez être en train de travailler sans interruption sur
le cours AY312 et vous vous sentez frustrés, avec l'impression de ne pas y arriver, alors vous
commencez à penser à de possibles activités sociales. Ainsi, votre frustration a déclenché un
renversement de l'état télique vers l'état paratélique. Cela a dû certainement vous arriver !
3) La satiété — la théorie du renversement postule que les gens normaux et en bonne santé
peuvent éventuellement et naturellement faire l'expérience de renversements entre deux états
opposés, même en l'absence de contingences ou de frustrations. L'inconsistance est inhérente
à l'être humain et cette inconsistance est nécessaire au maintien de notre santé
psychologique.
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Exemples de renversements parmi les gens riches et célèbres
Je suis tombé sur une très belle description de renversement et de ses effets
comportementaux en lisant le journal de Melbourne The Age, il y a quelque temps, dans un
article à propos de Maradona, le génie du football sud américain qui jouait à Naples. Je cite —
« Il pouvait jouer n'importe comment et ses fans le sifflaient et le huaient ; ensuite, il pouvait
repérer une femme au bord du terrain et qui l'attirait, alors ses hormones pouvaient l'enflammer
et alimenter ses performances comme la postcombustion d'un chasseur F-18. (...) Les
membres de son équipe, qui étaient habitués à être ainsi éclipsés, ne partageant que la gloire
finale, pouvait dire que tout ce dont ils avaient besoin de Maradona était de dix minutes de
talent pour chaque match, il pouvait s'occuper du reste. » {The Age, Samedi, 13 Avril, 1991}.
On peut songer, dans le cadre de la théorie du renversement, à deux explications possibles à
l'apparent changement de motivation et de comportement de Maradona, dans les
circonstances que je viens de décrire. Une explication implique un renversement, mais pas la
seconde. Pourquoi ne pas aller jeter un œil, à nouveau, au diagramme du modèle d'activation
selon la théorie du renversement et voir s'il est possible d'y appliquer deux scénarios selon la
TR, scénarios qui pourraient expliquer le comportement de Maradona sans faire appel à
« l'effervescence des hormones ». Incidemment, notez que ce qui est décrit ici représente
l'inconsistance d'une personne, alors qu'habituellement, en psychologie de la personnalité,
nous parlons de consistance.
A nouveau, dans le même journal, vers le début de 1994, j'ai trouvé une autre illustration de
l'interaction entre état métamotivationnel et performance, dans un article intitulé
« Shamrock'n'roll » à propos de Jerry Lee Lewis, qui est l'une des authentiques icônes du
rock'n'roll (il a plus de soixante ans et il est toujours sur scène). Il vit maintenant à Dublin, en
tout cas il y était la dernière fois que j'en ai entendu parler. Pour ceux qui considèrent tout cela
comme (a) de l'histoire ancienne et (b) un signe certain de sénilité de ma part, vous devriez
savoir que son Whole lotta shakin' goin' on, écrit en 1961, a été considéré par John Lennon
comme la chanson ultime du rock'n'roll. Voici ce que dit Jerry dans l'article :
« Chaque fois que je chante une chanson ou fait un spectacle, je le fais différemment. A
tel point que le groupe n'avait jamais entendu avant certaines des mélodies que nous
avons jouées. Je les laissais faire et les gars jouaient parfaitement. Cela arrive quand
vous prenez du plaisir avec votre musique. Vous ne pouvez pas divertir quelqu'un si
déjà vous ne pouvez pas vous divertir vous-même. Si vous prenez votre pied, alors ce
sera le pied pour les autres. J'adore la musique quand elle coule. »
Ici, Jerry Lee Lewis semble décrire un stratagème qu'il utilise durant le spectacle pour générer
un haut niveau d'activation en lui-même et parmi les membres de son groupe, en introduisant
des éléments imprévisibles dans la situation, qui les mettent au défi de se surpasser et
d'interpréter l'activation comme euphorie, dans un état d'esprit paratélique. Clairement, Jerry a
confiance en lui-même et dans les capacités de son groupe à relever de tels défis et, en
conséquence, à ne pas devenir anxieux, ni déstabilisés par ces changements. Encore une fois,
revenez au diagramme du modèle d'activation de la théorie du renversement et considérez
cette situation à la lumière du modèle.
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La théorie du renversement et les comportements extraordinaires
Ces exemples apportent leur petite contribution afin d'illustrer les aspects les plus
passionnants de la théorie du renversement, c'est-à-dire sa capacité à expliquer et éclairer
certaines des questions les plus difficiles et insaisissables concernant le comportement
humain, comme expliquer les exploits extraordinaires des réalisations, des accomplissements
ou de la créativité. La théorie du renversement suggère que nous devons prendre en compte
les états d'esprit. Bien sûr, citer des stars âgées du rock'n'roll n'est probablement pas le bon
message, mais veuillez considérer cette citation tirée du journal The Age du 17 mars 1995,
dans un article intitulé « Est-ce que le travail vous rend stupide ? » :
« (...) il apparaît que les idées créatrices surviennent quand une personne semble être
en train de penser à autre chose ou bien lorsqu'elle ne pense pas vraiment (...).
L'authentique créativité est aussi proche du jeu. La partie du moi qui contrôle, celle de
l'hémisphère gauche, s'en va ; l'esprit peut alors divaguer et tenter des expériences
imaginaires en retrouvant des connexions inattendues. En général, ce n'est pas dans les
bureaux que de telles expériences surviennent, lorsque l'hémisphère droit se libère,
intensifiant le flot de l'existence. » La partie en italiques de cette citation est de Margaret
Boden, Professeur de psychologie et de philosophie à l'université du Sussex. Divers comptesrendus autobiographiques concernant les découvertes scientifiques et les réalisations
créatrices, montrent bien comment des liens significatifs entre les idées se mettent en place
lorsque le scientifique ou l'artiste abandonnent un instant le problème.
Ce qui est décrit dans les exemples ci-dessus, ce sont des états d'esprit et une inconsistance,
qui sont mis en connexion pour porter à leur summum les performances ou la créativité.
Laissez-moi vous poser une question : prenez l'une quelconque de vos activités et demandezvous lequel des deux états définis par la théorie du renversement, télique ou paratélique, vous
conduira à la meilleure performance pour cette activité ? Est-ce que cela éveille en vous
quelque chose en ce qui concerne votre expérience passée ?
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Les états métamotivationnels comme états préférés
Il découle de ce que nous venons de dire que les états métamotivationnels sont des états
préférés, cela signifiant qu'ils font référence au mode dans lequel nous souhaitons être, même
si nous n'y sommes pas encore. Par exemple, nous pouvons être assis devant notre télévision
en train de regarder une dramatique, tout en étant dans le mode paratélique ; quand nous nous
rappelons soudain que nous avons un rapport à écrire pour demain, peut-être même un
rapport concernant le cours AY312 ! Cette prise de conscience peut déclencher un
renversement dans le mode télique, quand bien même nous ne commencerions pas
immédiatement à écrire et que nous continuerions à regarder la télé — mais il est probable que
nous n'allons plus regarder la télévision avec autant de plaisir qu'avant cette prise de
conscience et le renversement qui en découle, dans l'état métamotivationnel télique. Le haut
niveau d'activation produit par le programme télévisé commence à devenir déplaisant dans
l'état télique.
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La dominance métamotivationnelle
Finalement, bien que la théorie du renversement puisse parler de l'inconsistance en termes de
nos inévitables basculements d'un mode dans un autre comme résultant des contingences, de
la frustration ou d'une simple satiété, la théorie reconnaît aussi que les individus peuvent
tendre à être dominants dans l'un ou l'autre des deux modes opposés et, en conséquence, que
les individus peuvent, d'une façon caractéristique, passer plus de temps (ou au moins, préférer
passer plus de temps) dans ce mode, à des degrés variés, selon ce que permettent les
circonstances. Des tests ont été développés afin de mesurer la dominance télique ou le degré
selon lequel les individus préfèrent d'une façon dominante le mode télique ou le mode
paratélique ; il existe également des mesures psychométriques instantanées permettant
d'indiquer si, à un moment donné dans le temps, un individu est dans l'état télique ou
paratélique.
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Autres dimensions
Nous arrivons pratiquement la fin du cours AY312 de 1998 sur la théorie du renversement.
Pour l'examen, je vous demande simplement de connaître les concepts. Le matériel qui suit est
pour ceux que cela intéresse et qui souhaitent en savoir un petit peu plus. J'ai essayé de vous
donner la signification de ce que sont les fondements de la théorie et j'ai illustré l'approche de
la théorie selon le concept le plus fondamental et probablement le plus important (certainement
celui qui a généré le plus de recherches), c'est-à-dire la paire d'états opposés télique et
paratélique. N'oubliez pas qu'il y a d'autres dimensions dans la théorie. Parmi les autres sujets
que je n'ai pas abordés, il y a les autres paires d'états métamotivationnels, qui ne sont pas
seulement des concepts utiles en eux-mêmes pour une compréhension du comportement,
mais qui se combinent les uns les autres pour couvrir un très large éventail de comportements
et de phénomènes de l'expérience. Les autres modes sont :
Transgressif opposé à conformiste
Autocentrique (ou Autique) opposé à Allocentrique (ou Alloïque)
Maîtrise opposé à Sympathie
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Psychophysiologie et théorie du renversement
Les étudiants en psychologie/psychophysiologie en particulier, pourront trouver un intérêt au
matériel de cette section. Le professeur Michael Apter a visité le (alors) Swinburne Centre for
Applied Neurosciences (SCAN) en 1995 et passé une matinée avec le professeur Richard
Silberstein et l'équipe du SCAN (maintenant BSI), pour discuter les possibilités de recherches.
Le professeur Sven Svebak de l'université de Trondheim, un psychophysiologiste, a fait des
recherches sur la théorie du renversement, depuis maintenant un certain nombre d'années et,
en tant que psychophysiologiste, il n'était pas très satisfait, ni des limitations de la théorie (de
l'humeur) du niveau optimal d'activation, ni des dangers consistant à relier de façon aveugle
des données physiologiques à l'expérience subjective sans consulter le sujet. Dans une série
d'études, il a trouvé que, par exemple :
1) Les sujets hautement téliques tendent à montrer, à l'EMG (électromyographe), une tension
musculaire tonique élevée, lorsqu'ils sont engagés dans une tâche sensorimotrice difficile,
tandis que les sujets de dominance paratélique ne présentent pas cette caractéristique
(utilisation du joystick — bras passif).
2) Sous la menace d'un choc électrique durant la même tâche, l'accélération du rythme
cardiaque a été d'une façon marquée et significative plus élevée pour les sujets téliques que
les sujets paratéliques.
3) Quand on prend en compte les interactions entre les sujets de type A ou B et la dominance
télique, un type de réponse cardio-vasculaire très marqué émerge en ce qui concerne les
sujets Type A/Dominance télique (il a été démontré que le Type A est un très modeste
prédicateur de maladies cardiaques). Notez que les comportement des sujets à la fois Type A
et dominance télique sont d'aller vers un but, mais les comportements liés à la dominance
télique sont principalement concernés par le sérieux, tandis que les comportements des sujets
Type A sont concernés par l'impatience, la compétitivité et l'hostilité — qui peuvent caractériser
aussi bien les comportements téliques que paratéliques.
4) Il apparaît des différences caractéristiques dans ce qui peut-être décrit comme un « style de
processus informationnel cortical », entre les sujets de dominance télique et paratélique, avec
de plus hauts scores en puissance spectrale au niveau des ondes thêta et bêta à l'EEG
(électroencéphalographe).
Visiblement, il y a là des implications pour mener des recherches psychophysiologiques et pour
la psychologie de la santé. Ce travail devrait être poursuivi par des études sur le mode de
dominance des patients avec une maladie cardiaque, afin de confirmer le modèle
hypothétique, ainsi que par des études prospectives qui seraient particulièrement
intéressantes. Il est possible, si ces résultats étaient confirmés, que l'on puisse concevoir des
procédures de sélection beaucoup plus fiables, en ce qui concerne les problèmes de santé
potentiels.
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Troubles psychologiques et théorie du renversement
En matière de thérapie, la théorie du renversement offre un nouveau cadre global pour
déterminer la meilleure approche, plutôt que de suggérer de nouveaux types de thérapie, bien
qu'elle ajoute de nouveaux outils thérapeutiques et suggère des moyens d'améliorer les
thérapies existantes au travers de ses raisonnements. La théorie du renversement
conceptualise cinq catégories majeures de troubles psychologiques, regroupés en deux
classe :
A) Troubles structuraux (inter-modes)
1. Inhibition des renversements
2. Renversements inappropriés
B) Stratégies inappropriées (intra-mode)
3. Fonctionnellement inappropriées
4. Temporellement inappropriées
5. Socialement inappropriées
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Dépression et théorie du renversement
Si nous considérons un problème très commun comme la dépression, par exemple, alors la
théorie du renversement pose un certain nombre de formes de dépression, selon la différence
entre le mode préféré et le mode actuel. De plus, la dépression liée à l'anxiété (dans laquelle
l'individu se sent incapable de dépasser la tension liée à son anxiété), est reliée à une
incapacité à réduire suffisamment l'activation dans le mode télique pour pouvoir se sentir
détendu, peut-être à cause de stratégies inappropriées ou bien à cause d'une incapacité à
renverser vers le mode paratélique et expérimenter ainsi l'activation d'une façon plus agréable.
Ou encore la dépression liée à l'ennui, qui est en lien avec un mode paratélique préféré, dans
lequel l'individu désespère de trouver les excitations qu'il désire intensément, ce qui rend sa vie
ennuyeuse. A l'autre extrémité de la dimension paratélique, il y aurait la dépression de
surexcitation, sans doute difficile à reconnaître hors du champ de la théorie du renversement,
dans laquelle l'individu se retrouve submergé par de fortes sensations, comme c'est le cas, par
exemple, dans l'abus de drogues. Et enfin, à l'autre extrémité de la dimension télique, la
dépression d'apathie dans laquelle des buts sont reconnus, mais sans qu'il y ait d'inclination
pour les atteindre — cela peut même être le résultat de la réalisation de quelque but majeur,
comme le fait de terminer une thèse ou un livre, ce qui met souvent les gens à plat, enlevant
momentanément toute importance aux autres buts.
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Stratégies thérapeutiques et théorie du renversement
En ce qui concerne de nouvelles propositions pour les stratégies thérapeutiques existantes, la
théorie du renversement suggère quelques idées intéressantes. Le mode paratélique, par
exemple, semble être associé avec notre capacité à essayer des solutions nouvelles et
radicale aux problèmes, solutions inaccessibles dans le mode télique (il s'agit de l'expérience
de tenter de résoudre un problème, d'abandonner et ensuite de découvrir soudainement la
solution, après avoir basculé dans une autre perspective). De plus, il peut être important
lorsqu'un clinicien essaie d'amener un client à concevoir une situation dans une perspective
totalement différente ou lorsque une thérapie particulière implique un jeu de rôle, de s'assurer
que le client est dans le mode paratélique, ce qui facilitera ses capacités à percevoir de
nouvelles perspectives dans sa vie. Ici, l'usage judicieux de l'humour, par exemple, peut
apporter une aide dans certains cas, dans la mesure où l'humour ne peut être expérimenté que
dans le mode paratélique.
Autre exemple, celui de la clinique psychologique confrontée au contexte asiatique. Des
difficultés ont pu être rencontrées, dans la mesure où l'approche occidentale de la thérapie
implique que le client produise d'une façon active ses propres solutions, tandis que les
Asiatiques présentent des attentes culturelles pour lesquelles le thérapeute est plus directif et
prescriptif. Dans la perspective de la théorie du renversement, une attention initiale
considérable est donnée au fait de produire un renversement dans l'état paratélique chez de
tels clients, bien que l'humour puisse être un véhicule inapproprié, étant donné les différences
de perspective culturelle pour ce qui concerne le comportement d'un thérapeute.
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Documents à télécharger
Tableau de comparaisons entre Télique/Paratélique
Modèles
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