Avec l`entrée du Venezuela, le Mercosur change de nature et

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Mercosur
Avec l’entrée du Venezuela, le Mercosur change de nature et de dimensions
(MFI / 07.08.12) L’entrée du pays d’Hugo Chavez dans le Marché commun du
Sud, le Mercosur, officialisée le 31 juillet à Brasilia, est une avancée de
l’intégration régionale. C’est aussi un succès politique pour un président à la
recherche de sa troisième réélection.
De notre correspondant à Buenos Aires
Avec l’entrée du Venezuela, officialisée mardi 31 juillet à Brasilia lors d’un sommet
extraordinaire, le Mercosur (Marché commun du Sud) change de nature et de
dimensions. De nature, parce que cet ensemble formé en 1991 par l’Argentine, le
Brésil, le Paraguay et l’Uruguay était plutôt orienté, avec ses deux grands pôles
industriels autour de São Paulo et de Buenos Aires, vers la partie australe de
l’Amérique du Sud, et qu’il réunissait des économies au fort potentiel agroexportateur. L’adhésion du Venezuela l’ouvre sur la Caraïbe et lui adjoint une base
pétrolière considérable, le pays d’Hugo Chavez disposant des plus importantes
réserves prouvées d’hydrocarbures du monde (296 milliards de barils). De dimensions,
aussi, parce que le PIB vénézuélien, 316 milliards de dollars, est le troisième de la
région, après ceux du Brésil (2 500 milliards) et de l’Argentine (475 milliards). Le
Venezuela est aussi le quatrième pays le plus peuplé de l’Amérique du Sud (28
millions d’habitants).
A côté de cela, la suspension du Paraguay, la plus petite économie du Mercosur,
décidée au sommet de Mendoza (Argentine) le 30 juin, est quantité négligeable. C’est
en ayant ces données en tête que les présidentes brésilienne Dilma Roussef et
argentine Cristina Fernandez de Kirchner, et leur homologue uruguayen José Mujica
n’ont pas hésité à sanctionner le « putsch constitutionnel » contre Fernando Lugo par
une exclusion, ouvrant du même coup la porte au Venezuela, dont l’adhésion au
Marché commun du Sud était bloquée par le Sénat paraguayen depuis 2007.
Un ensemble de 270 millions d’habitants
Le nouveau Mercosur est un ensemble de 270 millions d’habitants (70% de la
population sud-américaine), avec un PIB global de 3 300 milliards de dollars, à peine
moins que l’Allemagne (3 400 milliards). Le commerce intra-régional, qui était de 48
milliards de dollars en 2011, va connaître une augmentation supérieure aux 6 milliards
de dollars d’échanges entre le Venezuela et le Mercosur, grâce au tarif extérieur
commun qui favorise les achats entre pays membres. C’est une aubaine pour les
entreprises brésiliennes et argentines, l’économie vénézuélienne important l’essentiel
des biens industriels et la quasi-totalité des produits alimentaires dont elle a besoin.
Dans nombre de secteurs, le Brésil et l’Argentine remplaceront progressivement les
Etats-Unis comme fournisseur du Venezuela, qui devrait par ailleurs accueillir de
nouveaux investissements de ces deux pays. De son côté, la compagnie nationale
vénézuélienne Pdvsa (Petroleos de Venezuela) verra s’ouvrir de nouveaux marchés
chez ses partenaires. En ce sens, l’achat d’avions brésiliens Embraer par le Venezuela
et l’accord de partenariat signé entre Pdvsa et la compagnie pétrolière argentine YPF,
annoncés en marge du sommet de Brasilia, témoignent d’une coopération naissante qui
est appelée à s’élargir.
L’entrée du Venezuela dans le Mercosur apparaît ainsi comme une nouvelle avancée
de l’intégration d’une Amérique du Sud qui fait plus que résister jusqu’ici à la crise
internationale. C’est aussi un succès diplomatique pour le président Hugo Chavez qui,
loin d’être isolé dans la région comme le souhaiteraient les Etats-Unis, reçoit le soutien
des présidentes Dilma Roussef et Cristina Fernández de Kirchner. Un succès que le
chef de l’Etat vénézuélien a déjà commencé à faire valoir dans son pays comme une
reconnaissance du bien-fondé de la politique suivie depuis son accession au pouvoir en
1999. Cela devrait renforcer ses chances dans la course à la présidentielle du 7 octobre
où, malgré le cancer qui le ronge depuis plus d’un an, il est donné largement favori
face au candidat de l’opposition Henrique Capriles.
Jean-Louis Buchet
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