Venezuela: Chavez et ses voisins - Site universitaire de Denis Rolland

Venezuela : Obama a-t-il donné carte blanche au Pentagone?
par André Maltais
Mondialisation.ca, Le 19 février 2010
L'aut'journal
Affecté par la crise économique mondiale et la baisse du prix du pétrole, éprouvé par une sécheresse qui
menace l’approvisionnement électrique du pays, le Venezuela traverse une période difficile comme cela
arrive dans de nombreux pays du monde.
Mais le pays est entouré de bases militaires et d’espions de la CIA, scruté à la loupe par les grands médias
locaux et internationaux de même que par les gouvernements occidentaux, tous attendent un faux pas de
sa part.
Ce faux pas, l’opposition interne, très minoritaire mais très appréciée à l’extérieur des frontières
vénézuéliennes, est prêt à tout pour le provoquer de sorte que la moindre mesure prise par l’administration
Chavez prend des proportions démesurées.
Par exemple, une dévaluation partielle de la monnaie, annoncée le 8 janvier, suivie par l’expropriation de la
chaîne de supermarchés Exito qui en avait profité pour spéculer sur les prix des aliments et accaparer des stocks, a déclenché un tollé médiatique accusant le
président Chavez de fermer « par centaines des commerces constamment menacés d’expropriation ».
La dévaluation vise, sagement et en toute souveraineté, à réduire les importations pour relancer la production nationale et diversifier les exportations puisque
celles reliées au pétrole représentent 90% des revenus en devises du Venezuela.
Une autre mesure, décriée partout comme une preuve d’inefficacité de la révolution bolivarienne, est la baisse drastique de 20% de la consommation d’énergie
qui, depuis le début de cette année, affecte les secteurs public et privé.
La mesure est causée par une longue période de sécheresse qui fait dramatiquement baisser le niveau d’eau des barrages hydro-électriques, principalement celui
de la centrale El Guri qui, à elle seule, alimente en électricité 73% du pays.
L’état « d’urgence électrique », décrété officiellement le 8 février dernier, provient aussi de l’arrêt « temporaire » de vente d’électricité au Venezuela par la
Colombie voisine, également très touchée par la sécheresse.
Une troisième mesure, qui ailleurs serait passée inaperçue, a relancé l’agression médiatique permanente envers le gouvernement vénézuélien, cette fois sous la
forme d’accusations de « faire taire les médias d’information critiques » et de « s’attaquer à la liberté d’expression ».
Il s’agit de la suspension temporaire par la Commission nationale des télécommunications (CONATEL) des activités d’une demi-douzaine de chaînes télévisées qui
ne se conformaient pas aux exigences de la Loi de responsabilité sociale en matière de radio et télévision (RESORTE).
La chaîne RCTV, qui a participé activement au coup d’état raté de 2002 contre Hugo Chavez et se retrouve aujourd’hui parmi les fautives, ignore volontairement
cette loi.
Alors que toutes les autres chaînes suspendues s’y sont rapidement conformées et ont repris leur programmation, RCTV a un tout autre agenda : agiter les rues
et espérer qu’un gouvernement sous haute surveillance commette les erreurs qui précipiteront sa chute.
Contre les mesures mentionnées, les médias vénézuéliens et les recteurs de certaines universités ont mobilisé un mouvement étudiant issu des classes riches.
Des affrontements qui ont duré toute la dernière semaine de janvier ont fait deux morts et 16 blessés.
À leur tour, ces violences ont alimenté une nouvelle campagne médiatique annonçant « la fin imminente du cycle Chavez ». Le 25 janvier, le Washington Post
publie un éditorial affirmant que « Hugo Chavez et le socialisme du 21e siècle ont été défaits et sont en train de s’écrouler ».
« Le pays, poursuit l’éditorialiste, s’enfonce dans la récession, l’inflation à deux chiffres et le possible effondrement du réseau électrique national. »
Quatre jours plus tôt, en pleine entrevue télévisée, le président de la Fédération des chambres de commerce et de production du Venezuela (FEDECAMARAS),
Noel Alvarez, lance à un animateur hilare que « la solution pour sortir du régime Chavez est la solution militaire. »
Le plus terrible est que cette dernière est réellement là.
Les États-Unis, rappelle Ignacio Ramonet, sur le portail internet Mémoire des luttes, ont immédiatement réagi à l’entrée en fonction du président Chavez, le 2
février 1999.
Obligés par le traité Torrijos-Carter de 1977 d’évacuer l’importante base militaire de Howard, au Panama, le Pentagone choisit alors de disperser ses installations
à Manta (Équateur), Comalapa (Salvador) et dans les îles d’Aruba et Curaçao, situées à quelques kilomètres de la côte vénézuélienne.
Dès le début, l’un des objectifs est de surveiller le Venezuela et aider à déstabiliser la révolution bolivarienne.
En même temps, après les événements du 11 septembre 2001, Washington abandonne définitivement les grandes bases militaires avec un personnel nombreux
et des équipements lourds pour les remplacer par des installations dotées de très peu d’effectifs mais d’une technologie avancée en matière de détection.
La base de Manta a participé au coup d’état manqué contre Hugo Chavez, en avril 2002, et, en 2005, les États-Unis renouvellent l’accord avec les Pays-Bas pour
Aruba et Curaçao où s’intensifie rapidement l’activité militaire.
C’est au cours de cette même année qu’est créée l’ALBA et que, facilement réélu, le président Chavez commence à évoquer le « socialisme du 21e siècle ».
Les États-Unis réagissent encore en imposant un embargo sur la vente d’armes et de matériel militaire au Venezuela sous le faux prétexte que le pays ne
collabore pas suffisamment à la lutte contre le terrorisme.
L’embargo force le gouvernement Chavez à se tourner vers la Russie pour équiper l’armée bolivarienne dont les avions F-16 de fabrication états-unienne se
retrouvent sans pièces de rechange.
Les États-Unis ont alors beau jeu de dénoncer un « réarmement massif » du Venezuela omettant de mentionner la colossale aide militaire qu’ils fournissent eux-
mêmes à la Colombie et les budgets d’armement brésilien et chilien, infiniment plus élevés que celui du Venezuela.
En 2008, Washington réactive la quatrième flotte, abolie depuis 1948, dont la mission est de surveiller et contrôler la côte Atlantique de l’Amérique du Sud.
L’encerclement du Venezuela s’accélère ensuite. La base de Manta, évacuée en 2009, est remplacée par l’utilisation de plusieurs bases militaires colombiennes
dont certaines proches de la frontière sud-ouest du Venezuela. Puis, en octobre dernier, le président conservateur du Panama, Ricardo Martinelli, cède l’usage de
quatre autres bases de son pays aux États-Unis.
À cela, l’expert en géopolitique, Michel Chossudovsky, ajoute l’invasion d’Haïti guisée en aide humanitaire, qui, depuis le tremblement de terre du 12 janvier
dernier, permet à Washington de disposer d’une véritable armada à la fois proche de Cuba et de Venezuela.
Sans oublier le coup d’état du 28 juin dernier, au Honduras, que l’administration Obama a largement aidé à réussir, encourageant clairement les aspirants
putschistes de la droite vénézuélienne.
« Le Venezuela et la révolution bolivarienne, conclut Ignacio Ramonet, se retrouvent donc encerclées par pas moins de 13 bases états-uniennes (…) ainsi que par
les porte-avions et les vaisseaux de la quatrième flotte. »
« Le président Barack Obama semble avoir donné carte blanche au Pentagone. Tout paraît annoncer une agression militaire. Les peuples du monde accepteront-
ils que soit commis un nouveau crime contre la démocratie en Amérique latine? »
André Maltais est un collaborateur régulier de Mondialisation.ca. Articles de André Maltais publiés par Mondialisation.ca
Le Washington Post « fait s’effondrer » la Révolution Bolivarienne
Amériques :: Lundi, 1 février 2010 :: Rico Ríos ::
Le 25 janvier 2010, The Washington Post a publié l’article “Comment s’effondre la
révolution de Hugo Chávez” signé par Jackson Diehl, éditorialiste et spécialiste de l’analyse
internationale. Cet article est publié juste avant le terrible tempête médiatique déclenchée par
l’affaire des chaines de télévision. Dommage pour cet auteur qui aurait pu y trouver quelque
argument supplémentaire dans sa tentative volontariste de faire s’écrouler des révolutions.
La première phrase de son analyse est sans appel : « Hugo Chávez et son socialisme du 21ème
siècle ont échoué et roulent vers l’abîme.”
Face à une telle affirmation on ne peut s’attendre qu’à des révélations transcendentales et
indiscutables de la part de l’analyste.
Cependant, nous sommes habitués à la presse commerciale et à ce genre d’analystes et nous
trouvons rapidement ce à quoi nous nous attendions.
L’auteur dévoile rapidement sa position politique : “Au Honduras, sept mois de crise
déclenchée par un client de Chávez créant une rupture de l’ordre constitutionnel, s’achèvent
sur un accord qui l’enverra en exil après qu’un nouveau président élu démocratiquement a
prêté serment comme président.”
Ce qui ne mérite aucun commentaire.
L’article aborde ensuite la crise économique, toujours fondamentale pour la presse
commerciale. “Le Venezuela est secoué par la récession , l’inflation á deux chiffres, et le
possible effondrement du réseau électrique national.” Et ajoute que pendant ce temps, “une
élection présidentielle au Chili, économie la plus prospère de la région, a produit la première
victoire d’un candidat de la droite”. Typique comparaison entre deux systèmes en lutte depuis
quelques années.
Si nous examinons les chiffres de l’économie chilienne nous observons qu’en 2009 celle-ci a
subi une chute du PIB d’un 1,9 %, et une contraction sans précédent depuis la crise de 1982.
Tandis que l’économie vénézuélienne a reculé de 2,9% en 2009. L’économie chilienne a cru
en 2008 de 3,2% et l’économie vénézuélienne a cru en 2008 de 4,8%.
Nous ne comprenons donc pas à quelle économie prospère se refère l’auteur. J’imagine qu’il
se réfère á l’économie prospère pour les néo-libéraux, à savoir pour les riches et grands
entrepreneurs internationaux, qui au Chili peuvent faire et défaire en toute “liberté”, sans
s’inquiéter des injustices et des misères que provoque leur modèle de développement. Le
gouvernement bolivarien a atteint, en pleine crise globale, la plus grande baisse de l’indice
d’inégalité de toute l’Amérique Latine, l’indice Gini, qui descend à 0,41.
Comme toujours notre analyste avisé évoque le thème des Droits de l’Homme : “Piñera a
ainsi offert à Washington une occasion d’élever la voix sur les violations des droits de
l’homme au Venezuela.”
Voici le dirigeant le plus autorisé pour parler des Droits de l’Homme : Piñera. Dirigeant du
parti de la droite chilienne, cette droite assise sur l’héritage d’excellentes réussites en matière
de Droits de l’Homme comme 35.000 persones victimes de violations des Droits de l’Homme
28 mille torturés, 2.279 exécutés et 1.248 qui restent disparus.
L’auteur insiste sur le Honduras, parle des élections illégales et affirme que “Le résultat est
une victoire pour les États-Unis qui furent pratiquement le seul pays à appuyer une élection
démocratique alors que la situation était au point mort. Honduras marque la fin de la croisade
de Chávez pour exporter sa révolution vers d’autres pays”.
Nous voyons que pour l’auteur, dans le cas du Honduras, peu importent les Droits de
l’Homme. Que le Honduras a subi un coup d’État militaire avec perquisitions illégales,
arrestations massives, exécutions extrajudiciaires, fermeture de médias, cela indiffère l’auteur.
Ce qui importe est de mettre un terme à la croisade de Chavez.
“Haití ne fait qu’agrandir le trou de Chavez. Face au monde, les États-Unis commandent une
opération humanitaire massive et les Haïtiens encouragent l’arrivée des Marines nord-
américains.” Même la tragédie d’un tremblement de terre est une raison de plus pour justifier
l’argument selon lequel Chavez est fini. Il est difficile de suivre sa logique, si tant est qu’elle
existe. Ni les coups d’État, ni les disparitions, ni les tortures, ni les assassinats, ni les
tremblements de terre, ni la faim, ni la souffrance. La seule chose qui semble importer à
l’analyste c’est la défaite de Chávez.
Il revient à l’économie : “L’économie vénézuélienne est entrée dans une profonde récession et
continue à plonger tandis que le reste de l’Amérique Latine se récupère. Les économistes
prédisent que l’inflation pourrait s’élever à 60 pour cent dans les prochains mois.”
Nous savons qui sont ces économistes qui prédisent une inflation de 60% et l’écroulement de
l’économie, et nous imaginons que ce sont les mêmes qui annoncent fréquemment depuis dix
ans la chute du gouvernement Chávez pour faillite économique alors que dans la dernière
décade, le Venezuela a atteint les meilleurs chiffres économiques des dernières décades, dont
l’inflation la plus basse.
En se référant à Haiti et au rôle déplacé de Chávez il ajoute que celui-ci “a même affirmé que
la Marine des États-Unis a provoqué le tremblement de terre avec une nouvelle arme secrète.”
Cette affirmation il l’a tirée d’un article d’opinion repris d’un certain “Patria Grande” et repris
notamment par une chaîne de télévision publique vénézuélienne. J’imagine que suivant la
même logique, toutes les opinions qui s’expriment dans une télévision publique nord-
américaine devront être attribuées à Obama.
Comme on pouvait s’y attendre depuis le début du texte, il fallait citer une enquête. “… Les
indices d’approbation de Chávez ont continué à s’effondrer : il est tombé sous les 50 pour
cent au Venezuela et à 34 pour cent dans le reste de la région.”
On ignore à quelles enquêtes se réfère l’auteur. Ce 34% d’appui dans le reste de la région est
intéressant si on prend en compte la campagne médiatique internationale. Cependant au Chili
il n’y a pas eu de vote pour que les chiliens élisent le président du Venezuela. Ce qui importe,
ce sont les élections nationales et jusqu’il y a deux semaines les enquêtes les plus sérieuses du
pays confèrent un haut pourcentage de popularité (autour de 60%) à Hugo Chávez, suffisant
pour gagner aisément les prochaines élections présidentielles.
De toutes manières, c’est au peuple vénézuélien que revient le dernier mot, bien que
l’analyste du Washington Post ne semble pas croire beaucoup en lui, et jusqu’à l’heure
actuelle Chávez a gagné clairement toutes les élections auxquelles il s’est présenté comme
candidat. L’analyse se conclut par une brillante affirmation : “… le point d’inflexion dans la
bataille entre populisme autoritaire et démocratie libérale en Amérique Latine est passé et
Chavez a perdu.”
Sans arguments … et sans commentaires.
Source : geostrategie repris rebelion.org
Traduit par Thierry Deronne, pour larevolucionvive.org.ve
Politis samedi 13 février 2010 à 15:42
Du Coup D’État, Et De Ses Vertus Dynamisantes : (Encore) Une Contribution
Paranaguateuse À L’Émancipation De L’Amérique Latine
par Sébastien Fontenelle
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