C'est une première entrée en matière pour l'accompagnateur, ou le psychologue que
d'aider le patient à resaisir ses façons d'être avec soi-même pour les communiquer. D'où
viennent ces façons d'être qui appartiennent à chacun ? Des premiers soins que la
personne a reçus dans son enfance de la part de sa mère. C'est cette relation dont
l'attente est projetée, dont l'écho est ici à reconnaître, à recueillir ; elle concerne au niveau
corporel la gestion des trois tonus sur lesquels s'appuient la vie émotionnelle et
relationnelle de la personne. Ce sont 1 le tonus viscéral, 2 le tonus musculaire et 3 le
tonus mental comment sont-ils évoqués dans le cadre de la prise en charge relationnelle?
Rappelons brièvement les caractéristiques de chacun de ces trois tonus constitutifs de
l'identité psychocorporelle, base de la stabilité dans l'être.
I le tonus viscéral
L'alternance entre des moments de besoin et des moments de satiété, entre des
moments de faim et de contentement doit être stabilisée. Le tonus viscéral a été
régularisé, stabilisé pas seulement par des soins alimentaires, car quand il est nourri
l'enfant goûte le calme et ce calme doit durer Après s'être établie la mère prolonge
gratuitement la relation.
Comment dure et se constitue cette reconnaissance de soi ?
Elle dure dans l'échange de regards. Cet être ensemble dans une communion de
regards se manifeste dans le sourire (Est-il plus beau tableau dans notre trésor culturel de
l'Occident que le tableau de L. de Vinci : Saint Anne et la Vierge ? Le regard descend par
une cascade de sourires d'Anne à la Vierge, de Marie à l'enfant, de l'enfant à l'agneau )
L'interaction de cet échange de regards est particulièrement sensible entre la mère et
l'enfant pendant l'allaitement, Le sourire fait passer l'enfant du contentement à un goût de
plénitude, qui reste une des bases de l'identité. L'enfant découvre ici l'ouverture au désir
au-delà du besoin. Les enfants qui ont été ainsi regardés, devenus adolescents puis
adultes supporteront d'autant mieux la faim, l'estomac qui crie famine, la privation que
cette expérience relationnelle du contact des regards aura été vécue dans la petite
enfance intensément. Inversement on connaît ces malades adultes qui ne sont jamais
contents de ce qu'on leur amène et qui usent et épuisent la patience de leurs soignants...
En eux c'est le déficit du regard et de la reconnaissance qui appelle le soin du psychologue
N'est ce pas l'enfant, qui en eux reste reste mal nourri et mal "souri" pourrait on dire ?
Il est alors vite livré à la première des trois angoisses essentielles que la naissance a
suscitée. Derrière des besoins qui se heurtent, qui se contrarient menace l'angoisse de
morcellement, le morcellement de la naissance se réactive. L'importance vécue des
repas, du sourire des infirmières et du regard des soignants en général est un de ces
éléments d'approche autour duquel l'accompagnateur hospitalier centre son écoute,
évalue la confiance du sujet souffrant qui se restaure ou non...