Exposé du 25mars à l'Hospitalité du Mans J.LBEQUIGNON L’approche psychologique des personnes souffrantes Approchons l'intervention relationnelle des membres de l'hospitalité dans le monde du soin et de la maladie par sa reconnaissance institutionnelle. Montrons qu'un meilleur accueil du travail psychologique, qui a été le fruit d'une évolution historique, en est une clé. Pourquoi :désormais le psychologue n'est plus un intrus, alors qu'il y a une sorte d'opposition de point de vue entre les deux cliniques, la clinique médicale et la clinique psychologique. A quoi est due cette évolution ? La nouvelle approche psychologique de la personne souffrante n'est elle pas en partie due à l'évolution du statut de l'expérience subjective, (la douleur en est la manifestation la plus intense) dans la pensée médicale ; elle va permettre au psychologue, à l'accompagnateur hospitalier d'être mieux reconnu dans l'institution hospitalière. Faire que la douleur soit considérée comme un objet de soins à part entière a demandé du temps, et cette reconnaissance de la douleur comme problème spécifique a amené les psychologues à prendre une place auprès des malades dans l'institution soignante qu'ils n'occupaient pas il y a cinquante ans. Mais constatons d'abord le hiatus préalable entre les pratiques des médecins et des psychologues pour permettre aux membres de l'hospitalité aux bénévoles de reconnaître l'importance attendue de cette écoute psychologique 1 D'abord tout semble séparer dans la réalité du soin I' approche active et objective du médecin de l'approche individuelle, relationnelle du psychologue qui donne la priorité au vécu subjectif. Si le considérable essor de l'appareil scientifique, et le développement des techniques place le médecin au centre d'un ensemble varié d'interventions, il y occupe une position hiérarchique qui ne peuque laisser à l'entretien avec son patient un rôle limité. Au contraire c'est dans l'entretien (parfois associé à des tests) que se fait l'essentiel du travail du psychologue. Analysons les choses de plus près : c'est au sein même de l'acte médical que la différence se manifeste entre médecin et psychologue. 2 L'acuité dans le discernement de l'important et de l'accessoire, l'objectivité dans la lecture des signes, des symptômes sont constitutifs de l'acte médical. L'écoute médicale, si clinique soit-elle, à la différence de l'écoute psychologique oriente sélectivement son attention non vers le sujet mais vers la découverte des symptômes. Cette découverte aboutit dans un deuxième temps à la science du diagnostic, c'est-à-dire à la prise de position du médecin pour faire un choix, et aboutir à l'affirmation scientifique : c'est cette maladie ci, et pas celle- la ! 3 Dans la suite du diagnostic c'est enfin la force et l'art des actions à entreprendre. La rapidité et l'efficacité de son intervention, son habileté technique distinguent le médecin, homme d'action et l'infirmière à sa suite. 1 L'aspect relationnel apparaissait donc comme un aspect secondaire, l'affaire du "psychologue" liée au pathos. La dimension de la souffrance, dont l'expression subjective de la douleur embarrassait l'art du praticien, comme elle importune l'institution. Longtemps phénomène parasite la douleur apparaîssait d'abord comme ce qui ne marche pas dans l'action de guérir, comme une gêne à éliminer Or c'est le changement de point de vue sur cette question qui a validé la place et le rôle des hospitaliers dans les services et l'accompagnement des malades à l'instar des psychologues. Faisons donc un petit historique de la question du traitement de la douleur avant de préciser ensuite la dimension psychocorporelle à laquelle s'intéresse le psychologue qui relie l'expérience corporelle aux relations dans lesquelles elle a été vécue . Enfin par delà la douleur dans une troisième partie nous nous poserons la question du sens de cette relecture. N'est ce pas à un élargissement du sens au-delà du plaisir que le psychologue permet peu à peu de faire une place dans le domaine du soin 1 l'évolution dans la prise en charge de la douleur critère de reconnaissance de l'approche relationnelle D'abord le monde médical a exercé une sorte de déni de la douleur et des historiens de la médecine comme J.P.Péter qui a fait ce diagnostic en ont constaté l'évidence dans les relations d'interventions aussi douloureuses que l'ablation de calculs dans la vessie, où l'indifférence des chirurgiens paraissait presque monstrueuse. Encore à la fin du XVIII ils opèrent à vif ; et Le plus étonnant, alors que certains patients meurent terrorisés de douleur, est que les praticiens ont à leur disposition les analgésiques, l'éther, le peroxyde d'Azote, la morphine dont ils pourraient se servir et même se garantir des complications respiratoire dit J.P.Péter Le grand Magendie un éminent savant, qui a introduit les examens biologiques reste hostile à l'anesthésie On utilise le traitement moral avec ses deux conditionnements opposés soit la création d'un environnement agréable qui ignore le problème soit au contraire pour étouffer les cris de celui qui souffre on tente de le distraire de sa souffrance par le bruit des reproches des réprimandes violemment exprimées à l'égard d'un patient si pusillanime. S'il faut attendre le milieu du XIX° siècle pour que les choses changent, la transformation capitale surviendra dans les années d'après guerre grâce au travail d'un anesthésiste fameux John Bonyka. Avec lui on va voir s'opérer le changement qui permettra une approche psychologique de la personne souffrante ; En 1945 à la fin de la guerre du Pacifique Bonyka se heurte à la difficulté de soulager les douleurs de grands blessés. Alors sur l'espace de vingt ans il va engager une recherche pluridisciplinaire à laquelle collaboreront divers spécialistes sur cette question de la douleur. 2 Grâce à son opiniâtreté de1953 à 1973 toute une évolution va opérer dans la mentalité médicale... suivons-en les différentes étapes : 1 En 1956 c'est la parution de son livre "thé aménagement of pain" ( la gestion de la douleur) qui change le point de vue en isolant la douleur comme autonome II pose la clinique de la douleur comme un champ spécifique d'intérêt et de recherche et crée en 1960 une consultation spécialisée dans les problèmes de la douleur. Plusieurs événements vont historiquement, concourir à reconnaître ce vécu subjectif de la personne souffrante, cette nouvelle considération de la douleur 2) D'abord en 1965 la publication dans un article de la revue "Science" Wall fait état d'une nouvelle théorie de la conduction physiologique de la douleur qui vient conforter les études de Bonyka. Au lieu de lier directement la douleur à la lésion d'un tissu ou d'un organe, au lieu que la douleur soit transmise au cerveau par une conduction directe qu'il suffirait de couper, la "théorie de la porte" met en évidence le lien variable entre lésion et douleur. Au lieu d'un trajet direct il existe de nombreux relais et des étapes qui permettent de moduler l'ouverture et la fermeture des portes d'où le nom de «Gâte théory »0n a changé le sens de l'intervention dans la lutte contre la douleur II ne s'agit plus d'intervenir chirurgicalement en mutilant mais au contraire en stimulant et renforçant les pouvoirs naturels de contrôle de la personne dont on envisage désormais la contribution de façon plus globale 3 Un autre nouveauté qui va avoir une influence sur l'approche psychologique de la personne souffrante est en 1967 la reconnaissance des soins palliatifs avec le travail de Cecilia Sanders au "Saint Christopher hospice" de Londres le mouvement en faveur des soins palliatifs milite en faveur d'une approche globale de la personne face cette fois à la mort . On connaît les conclusions très mitigées de Marie de Henezel dans son étude de 2004:"le souci de l'autre" qui termine son étude par un chapitre interrogatif : "Ai-je vécu une utopie ?" mais malgré tout ces centres de soins palliatifs sont par différence d'une médecine de plus en plus technique , des lieux d'attention à la personne globale . Enfin deux autres événements vont concourir à cet intérêt pour le psychologique dans l'approche de la personne souffrante 4 C'est la découverte des endorphines donc des morphine sécrétées par notre corps 5 Et plus anecdotique un événement qui aura un effet considérable c'est le voyage de R. Nixon en 1972 en Chine où il emmène avec lui de nombreux médecins et d'où il ramènera cet extraordinaire engouement pour l'acupuncture qui fera que le National Institute for Heaith sera submergé d'appels de gens demandant à suivre des traitements par l'Acupuncture. Ils demanderont aussi que l'on forme des médecins à ces nouvelles médecines, afin qu'elles soient reconnues et accessibles au plus grand nombre 3 6 En 1973 avec J.Bonyka fait la synthèse et l 'Association Internationale des sciences de la douleur sera crée au cours d'un congrès où auront été invités de nombreux psychologues. Une revue verra le jour :"Pain" en 1975 Les centres en France vont être crées tout de suite après comme le centre de Bobigny Les résultats précis permettront d'abord une définition de L'AISP qui reconnaît la dimension subjective de la douleur l « La douleur est une expérience désagréable sensorielle et émotionnelle associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle » En effet dire que c'est une expérience émotionnelle ...qui peut dépendre d'une lésion potentielle, c'est ouvrir une place à la subjectivité, un intérêt aux douleurs des maladies chronique, aux douleurs psychogènes C'est reconnaître à la douleur la caractéristique d'un comportements qui prend (sinon sens) une place dans l'économie psychique de la personne. Ces centres de la douleur, qui vont voir le jour à partir de ce moment, seront alors ouverts à des psychologues. Même si ce sont d'abord des lieux où est testée par des questionnaires la classification des divers types de douleurs, on ne peut y oublier la compréhension globale du sujet douloureux. Evaluer l'intensité et la qualité des sensations douloureuses et des émotions neurovégétatives replace ces phénomènes psychologique dans un vécu qui les éclaire, dans le contexte d'une histoire qui le raconte. Il s'agit finalement par des diagnostics plus fins et mieux adaptés à la compréhension des résistances aux traitements d'aider la personne qui souffre à retrouver ses assises dans un récit plus conscient. Quelles sont ces assises de la personnalité ? Il La question du vécu quotidien et de son approche psychologique C'est dans une écoute du vécu corporel des soins au quotidien que le psychologue comme l'hospitalier signale sa présence à la personne souffrante. Avant d'envisager des thérapeutiques, des gestes d'apaisement de la douleur, le psychologue écoute la relation de la personne à son environnement corporel à sa situation dans le temps et l'espace où la personne malade est soignée, où il la rencontre. Chacun ayant établi sa relation à soi, à son corps dans son enfance y est ramené à l'occasion d'épreuves de santé, de maladies. Pour améliorer son bien-être et apaiser ses maux le patient tend à le rapporter à un mode de relation antérieur. Il tend à rétablir la médiation d'autrui dans le soin de son corps sur le mode où il avait stabilisé son affectivité, son identité, avant que l'expérience de a douleur l'ait interrompue, l'ait coupé de lui-même II espère donc rétablir le pont qui restaure son unité personnelle et appuie ses contacts avec ses nouveaux interlocuteurs sur ses fondements relationnels. Chaque personne souffrante attend en effet que soit respecté son modus vivendi un habitus corporel qui pour lui est le ressort de son intimité et donc de son identité. 4 C'est une première entrée en matière pour l'accompagnateur, ou le psychologue que d'aider le patient à resaisir ses façons d'être avec soi-même pour les communiquer. D'où viennent ces façons d'être qui appartiennent à chacun ? Des premiers soins que la personne a reçus dans son enfance de la part de sa mère. C'est cette relation dont l'attente est projetée, dont l'écho est ici à reconnaître, à recueillir ; elle concerne au niveau corporel la gestion des trois tonus sur lesquels s'appuient la vie émotionnelle et relationnelle de la personne. Ce sont 1 le tonus viscéral, 2 le tonus musculaire et 3 le tonus mental comment sont-ils évoqués dans le cadre de la prise en charge relationnelle? Rappelons brièvement les caractéristiques de chacun de ces trois tonus constitutifs de l'identité psychocorporelle, base de la stabilité dans l'être. I le tonus viscéral L'alternance entre des moments de besoin et des moments de satiété, entre des moments de faim et de contentement doit être stabilisée. Le tonus viscéral a été régularisé, stabilisé pas seulement par des soins alimentaires, car quand il est nourri l'enfant goûte le calme et ce calme doit durer Après s'être établie la mère prolonge gratuitement la relation. Comment dure et se constitue cette reconnaissance de soi ? Elle dure dans l'échange de regards. Cet être ensemble dans une communion de regards se manifeste dans le sourire (Est-il plus beau tableau dans notre trésor culturel de l'Occident que le tableau de L. de Vinci : Saint Anne et la Vierge ? Le regard descend par une cascade de sourires d'Anne à la Vierge, de Marie à l'enfant, de l'enfant à l'agneau ) L'interaction de cet échange de regards est particulièrement sensible entre la mère et l'enfant pendant l'allaitement, Le sourire fait passer l'enfant du contentement à un goût de plénitude, qui reste une des bases de l'identité. L'enfant découvre ici l'ouverture au désir au-delà du besoin. Les enfants qui ont été ainsi regardés, devenus adolescents puis adultes supporteront d'autant mieux la faim, l'estomac qui crie famine, la privation que cette expérience relationnelle du contact des regards aura été vécue dans la petite enfance intensément. Inversement on connaît ces malades adultes qui ne sont jamais contents de ce qu'on leur amène et qui usent et épuisent la patience de leurs soignants... En eux c'est le déficit du regard et de la reconnaissance qui appelle le soin du psychologue N'est ce pas l'enfant, qui en eux reste reste mal nourri et mal "souri" pourrait on dire ? Il est alors vite livré à la première des trois angoisses essentielles que la naissance a suscitée. Derrière des besoins qui se heurtent, qui se contrarient menace l'angoisse de morcellement, le morcellement de la naissance se réactive. L'importance vécue des repas, du sourire des infirmières et du regard des soignants en général est un de ces éléments d'approche autour duquel l'accompagnateur hospitalier centre son écoute, évalue la confiance du sujet souffrant qui se restaure ou non... 5 2 Un deuxième tonus, le tonus musculaire Ce tonus s'est établi contre une deuxième angoisse essentielle l'angoisse de chute qu'a provoqué le traumatisme de la naissance et qui reste plus ou moins virtuelle chez chacun d'entre nous. Cette réalisation psychologique du tonus musculaire suppose un bon traitement corporel au niveau de l'enveloppe musculaire et de la peau Ici, comme l'alternance du besoin et de son contentement, l'alternance entre la contraction et le relâchement est exercée. Elle doit aboutir à l'harmonie, l'équilibre simultané d'attitudes justes, à un tonus musculaire, facteur d'identité. Ces soins corporels se réalisent dans le holding (la façon de tenir l'enfant) de lui apprendre la verticalité, et le handiing (la façon de le manipuler). Les avatars de l'éducation de la propreté réapparaissent dans des excès de crispation et de difficulté à se décontracter ou dans une atonie anormale. La mère a stabilisé l'enfant petit par des soins d'hygiène et d'habillage, par l'art qu'elle y a mis, la durée de langage qui les ont accompagnés. Dans certaines cultures en Afrique ou en Asie des massages effectués par les mères, favorisent ce passage à un niveau de stabilisation dans une forme de bien-être, que l'adulte en souffrance attendra de retrouver. Bien traité à ce niveau psychologique de sa personne corporelle l'enfant acquiert une contention suffisante. Il contrôle peu à peu ces émissions de matières, de ces larmes, de ces cris, de ces colères ; et transmet à l'adulte qu'il est devenu ce caractère qui lui permettra d'avoir une capacité de contenir ses émotions, de se retenir, là où d'autres sujets, qui ont une histoire d'enfants malmenés, qu'on a laissés tomber, ne savent pas se retenir, restent instables, et se lâchent hors de propos. Apprivoiser la deuxième angoisse, l'angoisse de chute qui peu ou prou saisit le sujet dès sa naissance, est donc l'effet bénéfique de cette éducation où le caractère se forme. Quand le sujet devenu adulte souffrira ou sera malade, l'évocation de cette part de son identité sera réécoutée pour valider la confiance en soi qu'il y a ou non trouvée... et au contraire les blessures qui restent à panser seront allégées,si elles peuvent enfin être partagées. La menace de se relâcher se réactive à l'occasion des soins de toilette, de soins infirmiers comme peut être réactivée l'angoisse de chute originelle et de perte, si des manques de soin, ou pire des traumatismes, ont laissé des traces trop marquées de blessures. Or de ces perturbations L'écoute psychologique doit suivre le retour, accompagner l'écho dans le contexte de la vie quotidienne en milieu de soins. 3 le tonus mental Enfin stabiliser l'alternance de la vigilance et du sommeil suppose encore une éducation mais aussi une histoire des relations familiales avec ses rites du coucher et de l'éveil matinal... des réveils nocturnes et des cauchemars qui ouvrent des temps d'écoute maternelle silencieuse aux confidences chuchotées. Nous abordons rapidement ici les avatars du troisième tonus. 6 Ce tonus mental doit dissiper la troisième angoisse, l'angoisse du noir, qui vient du passage étroit de la naissance ; l'angustia" le défilé reserré (étymologie d'angoisse) L'enfant a toujours crainte du noir sommeil, des ombres. Cette gestion du temps a son histoire. Il a subi des rythmes auxquels le sujet s'est ou non plié Pour en terminer avec ces trois tonus nous voyons que la compréhension psychologique de la personne souffrante est d'abord centrée sur l'accueil de la personne de son écoute psychologique comme sujet dune histoire. Certains dans leur enfance ont reçu une protection maternelle très rapprochée, qui s'accompagnait d'une forme d'isolement et de méfiance à l'égard des intrusions d'autrui. Certaines mères n'aiment pas qu'un étranger s'approche de leur enfant petit. Elles ne supportent pas qu'on le touche qu'on le prenne dans les bras et entre trop en contact avec lui.. Devenues adultes ces enfants confrontes à la souffrance, à la maladie, supporteront mal des entrées claironnantes dans leur chambre,sans qu'on frappe à la porte. Ils seront au contraire sensibles à tous les aspects de douceur, de progressivité dans la relation, d'annonce des interventions comme de respect de l'horaire de ces visites annoncées où seront précisées déjà les raisons de la présence du psychologue. Alors confrontés à la douleur tous les appels à la mobilisation de leurs ressources pour développer des stratégies de lutte et de coopération avec leurs soignants seront bien accueillis. D'autres au contraire issus parfois de familles nombreuses, ou bien ayant connu des environnements changeants ne sont pas ennemis d'une certaine brusquerie de manières, où ils trouvent la familiarité attendue. Tout bébé Ils ont été habitués à passer de bras en bras, et même quand ils souffrent ils ne veulent pas réagir et ne seront pas surpris de se faire rudoyer et, comme ils diront, de "s'être "fait disputer" leur aura fait du bien" pour surmonter leurs plaintes. Ceux la seront rétifs à l'intervention du psychologue, peu accueillant à l'accompagnement quelque peu contradictoire avec la logique institutionnelle de l'hôpital. "A quoi ça sert? "est leur question... N'insistons pas! Ayons avec ces patients quelques bonnes histoires à raconter Mais Quel est l'enjeu du travail d'accompagnement que nous avons ici évoqué les psychologues pour les accompagnateurs de l'hospitalité ? En laissant la personne parler du retentissement de tel incident de son histoire de vie il devient possible de sortir du discours répétitif sur les symptômes qui rassurerait faussement le malade en s'imaginant faire le médecin. Il ne s'agit pas seulement de l'assister dans son récit pour associer les émotions aux souvenirs,et ranimer sa vie personnelle. Il ne s'agit pas seulement d'épargner le poids excessif de patients anxieux aux soignants eux-mêmes. Non ! Il s'agit d'engager un dépassement de la séparation du corps et de l'esprit d'aller au-delà d'une étape où nous avons passé toute une période de notre vie. Cette question essentielle du sens demanderait un nouvel exposé 7 Notre réflexion sur le rôle de l'écoute hospitalière en institution de soin auprès des personnes souffrantes s'ouvre sur une thèse plus osée... pourquoi cette conscience avivée de certains, quand ils sont malades,éprouvés, alors qu'ils préféreraient dormir . Avec eux nous rejoindrions l'interrogation angoissée de Job Qui Pourquoi donner à un malheureux la lumière La vie à ceux qui ont de l'amertume au cœur aspirent vers la mort sans qu'elle vienne Pourquoi ce don à l'homme qui ne voit plus sa route »... N'y a-t-il pas une dimension privée de l'intimité qui est à relier pour l'adulte à une dimension culturelle et spirituelle dans la connaissance de son corps ? Ce travail de chacun sur soi, de descente en soi, qui vient interroger aussi cette part d'automédication dont chacun tente plus ou moins maladroitement le passage, appelle un accompagnement. Comment être le protecteur ami de l'homme souffrant et l'accompagnateur de cette connaissance à développer de notre être profond retournant l'épreuve de la souffrance en itinéraire de retour à la vie ? Nous verrons cela une prochaine fois. 8