Projet de recherche : dyslexie et précocité intellectuelle : étude neuropsychologique et neuromorphologique Les troubles d’apprentissage de l’enfant et de l’adolescent représentent une préoccupation majeure de santé publique. 5 à7% des enfants d’âge scolaire présentent une forme sévère de trouble d’apprentissage, avec un retentissement durable sur leur parcours académique puis socio-professionnel. Parmi les types de difficultés rencontrées, la dyslexie, trouble spécifique du langage écrit, est la plus fréquente, mais souvent ces enfants et adolescents ont également des troubles associés : dysgraphie, dyspraxie, dyscalculie…. Le caractère commun à ces troubles, outre le fait qu’ils contribuent au handicap que ces enfants vont devoir affronter, est qu’ils n’altèrent pas l’intelligence générale : au contraire, lorsqu’on mesure le quotient intellectuel (Q.I.) de ces enfants, on réalise que leur intelligence est normale, voire dans certains cas supérieure à la moyenne. On parle alors de précocité intellectuelle, comme d’une association possible aux syndromes déjà cités. L’association entre trouble d’apprentissage et précocité intellectuelle nous intéresse particulièrement car, à notre sens, elle est capable à la fois d’éclairer notre connaissance de la dyslexie et celle des bases neurologiques de l’intelligence. C’est pourquoi nous étudions des adolescents présentant l’une de ces deux conditions ou l’association des deux à la recherche de particularités éventuellement communes ou au contraire permettant de les distinguer. Par exemple, nous avons mis au point un test informatisé permettant de mesurer une éventuelle supériorité des enfants de l’un de ces groupes dans la capacité à déceler rapidement une anomalie spatiale dans une figure tridimensionnelle (épreuve dite des figures impossibles). Nous nous attendons à ce que certains de ces adolescents aient une performance supérieure à la moyenne dans leur capacité à dire si une telle figure est spatialement possible ou impossible. La mise en relation de cette information avec d’autres éléments de l’examen neuropsychologique nous permettra dans un premier temps de tirer des conclusions sur l’éventuelle particularité d’organisation de la pensée de ceux parmi les participants qui auraient des facilités particulières dans cette tâche. Notre hypothèse est qu’un sous-groupe d’enfants dyslexiques, et un sous-groupe d’enfants précoces auront un profil commun leur permettant de réaliser, plus rapidement que la moyenne de sujets témoins, le traitement des informations de nature spatiale nécessaires dans ce type de tâche, mais également probablement utile dans des aspects de la vie quotidienne (ce qui pourrait du reste constituer une information précieuse pour l’orientation scolaire ou professionnelle de certains d’entre eux). La deuxième partie de l’étude consiste à interroger directement l’anatomie cérébrale grâce à la pratique d’un examen totalement non invasif : l’Imagerie par Résonance Magnétique. Dans une première étude réalisée sur des étudiants d’une école d’ingénieurs d’Aix en Provence, nous avions pu déceler des particularités de l’anatomie de la surface cérébrale (dans la région du lobe pariétal), sans toutefois pouvoir rapprocher cette particularité d’une compétence particulière de ces étudiants. Récemment, deux équipes américaines ont retrouvé de façon indépendante des résultats similaires, dont l’une au sein d’une même famille dont plusieurs membres présentaient une précocité intellectuelle et des troubles d’apprentissage. Si ce genre de particularité est présente chez des personnes ayant une organisation spéciale de leur pensée, il s’agirait d’une avancée importante dans notre connaissance de la nature de cette différence, et par là dans la façon de considérer les enfants et adolescents qui en sont porteurs. En particulier, on pourrait définitivement écarter l’idée encore vivace dans certains milieux, que les enfants en difficulté d’apprentissage le doivent à un problème psychologique ou une pédagogie inadaptée, ce qui est peut-être le cas de certains, mais probablement pas celui de la majorité. On mesure l’impact possible de ces recherches sur les représentations erronées que l’on se fait parfois de l’intelligence de ces enfants, et donc sur l’aptitude des soignants comme des enseignants à adapter leur attitude de la manière la plus rationnelle. En pratique, l’étude comporte donc trois parties : une première qui consiste à proposer un ensemble de tets pré-enregistrés sur un ordinateur portable, d’une durée d’environ 45 minutes. Une deuxième où l’enfant va devoir réaliser un ensemble de tests sous forme de questions utilisant généralement un support imprimé (comme par exemple le test du QI). Ces tests sont pratiqués par un spécialiste diplômé rompu à ce genre d’exercice qui peut éventuellement se rendre au plus près du participant pour lui éviter un déplacement . Ils durent environ 2 heures. La troisième partie consiste à pratiquer un examen par IRM, d’une durée d’une demi-heure environ, nécessitant le déplacement du participant vers un centre de radiologie. Les caractéristiques de cet examen sont peu différentes d’un examen standard, réalisé par exemple pour explorer une migraine ou les suites d’un traumatisme crânien. C’est dire qu’il s’agit d’un examen de routine, n’ayant pas de caractère particulier. En revanche, les images obtenues seront ensuite traitées par des spécialistes de la neuroimagerie pour analyser les éléments de l’anatomie corticale susceptibles d’éclairer les objectifs de la recherche. Le participant peut à tout moment décider d’interrompre sa collaboration à cette étude. L’étude doit recevoir l’agrément du Comité d’Ethique local (CCPPRB) avant le début de l’inclusion du premier participant.