Les porte-parole des agriculteurs et des maraîchers furent les premiers à plaider la
constructibilité de leurs parcelles, d’abord pour leurs hangars, puis pour leur habitation
personnelle, enfin pour leurs enfants et leurs parents, aimables prétextes à tous les dérapages.
On en est ainsi arrivé à ces puzzles incohérents qui caractérisent les POS en France, au mitage
à tout va, aux zones d’activités pléthoriques, souvent aux trois quarts vides, et enfin à des
entrées de ville indéfinies.
II. Les entrées de ville
Très tôt la publicité et les stations-service ont investi le bord des routes. A l’inverse des
lotissements d’habitations, les grandes surfaces commerciales, venues d’Amérique dans les
années 60, s’implantent à leur tour le long des grands axes, afin d’avoir de la place, d’être vues
et faciles d’accès. Il suffira de réserver un terrain pour le stationnement. Les magasins mono-
fonctionnels suivent, les jardineries, les dépôts de vente après faillite, les discothèques (surtout
loin des parents!), les hôtels dits de Formule 1. La publicité concurrence les enseignes qui
deviennent de plus en plus grandes pour être vues de plus loin. Çà et là, subsistent des friches
et de vieilles maisons de banlieue devenues inhabitables. Ajoutons les «zones d’activités»
programmées dans le POS et nous avons le syndrome bien français des «entrées de ville» que
l’architecte-journaliste Francis Rambert qualifie non sans raison «d’horreur absolue».
En mars 1994, les ministres de l’Équipement et de l’Environnement, écoutant les cris
d’alarme des urbanistes, des associations et de certains élus, demandent au sénateur Ambroise
Dupont un bilan de la situation et des propositions pour y remédier. Son rapport, remis dès
novembre 1994, proposait vingt mesures. Une seule fut traduite dans la loi (1995), c’est l’article
L-111/1-4 du code de l’urbanisme, repris dans la loi Paysage (1997), qui interdit toute
construction à moins de 100m des autoroutes et à moins de 75m des voies à grande circulation,
sauf à les intégrer dans un schéma d’ordonnancement global et raisonné. Malheureusement, de
l’aveu même de la Direction Générale de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Construction
(DGUHC), les services de l’Équipe-ment n’ont guère joué le jeu et cet article, maintenu dans la loi
SRU (2000) peu ou mal appliqué.
Pourtant, une dynamique était née et un Comité national des Entrées de ville se constituait,
présidé par Ambroise Dupont, animé par Michèle Prats et composé des principaux partenaires
intéressés. Ce comité organisa un colloque en septembre 1997 à Amiens et publia un palmarès
citant des collectivités territoriales qui avaient fait un effort de réflexion sur le sujet.
Malheureusement, la suppression de l’appui logistique que lui accordait le ministère de
l’Équipement n’a plus permis au comité de poursuivre son action. C’est dans ces conditions que
la Ligue Urbaine et Rurale a repris le flambeau et lancé un concours annuel dont le succès va
croissant.
III. Les maux les plus flagrants
– Laideur
L’architecture est sommaire, faite pour durer peu. Dès l’ abandon de l’activité, elle devient
friche. Les bâtiments ne sont pas ordonnés les uns par rapport aux autres.
La cacophonie des publicités par affiches et des enseignes hors d’échelle rebute et nuit à la
lisibilité. Les réseaux (EDF et téléphone) pendent sur des poteaux mal implantés. Les délaissés