" Le comportement ainsi produit comprend également les réponses
spécifiques du patient à l'existence du thérapeute ainsi qu'au cadre matériel
et formel de l'analyse. Par dessus tout, ce comportement comprend les
réactions à l'expérience (vécue) d'être analysé, et c'est cette expérience qui
est unique et tout à fait différente des expériences de la vie courante. Il est
même probable que c'est elle qui déclenche le transfert "
I. 2. Enoncée du Problème
La maladie est un phénomène culturel majeur. Si son interprétation se base sur le
système de valeurs de la société auquel l'individu appartient, comment l'Africain, en
situation interculturelle, appréhende-t-il la maladie ?
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée par le VIH/SIDA.
Environ 60% de personnes infectées par le SIDA, soit 25,8 millions vivent sur ce contient qui
ne regroupe pourtant que 10% de la population mondiale.
Au Cameroun, pays de l’Afrique subsaharienne, la prévalence nationale est de 5,5%
dont 6,8 chez les femmes et 4,1% chez les hommes (ONUSIDA, 2006). Le Sida s’est infiltré
partout et nul besoin d’en parler longuement avec les gens pour se rendre compte, que la
majorité de la population sait de quoi il s’agit. En effet, les chiffres expriment eux-mêmes ce
désespoir. Sur un total de 510 000 personnes estimées séropositives, prés de 60 000 sont sous
traitement antirétroviraux (CNLS : 2008).
Depuis quelques années au Cameroun, un constat est posé avec insistance : le SIDA se
normalise. De plus en plus conçu comme une maladie chronique, une maladie au pronostic
fatal à relativement brève échéance, le Sida s’inscrit dans un processus de normalisation. Mais
que faut-il entendre par normalisation ? Aux sens de Rosenbrock et al. (1999), celle-ci
« désigne d’une manière générale un processus au cours duquel un phénomène considéré
auparavant comme exceptionnel (par sa nouveauté, son importance, etc) perd ce statut
d’exception et rejoint dans la perception et l’action, le monde du connu et de l’habituel ».
Il y a bien longtemps que le VIH/sida n’est plus considéré uniquement comme un
problème de santé publique, mais aussi, de toute évidence, comme un problème d’éducation
et de culture. Sans l’appui des responsables de l’éducation, les tendances alarmantes qui se
dessinent vont se poursuivre et les objectifs d’éducation de qualité pour tous, notamment pour
les filles et les femmes, ne seront pas atteints.
Et puis, nous avons peu à peu découvert qu’il ne s’agissait pas seulement de parler la
langue du patient, mais aussi de parler de la langue. J’y vois une transformation drastique du
dispositif car parler de la langue, discuter publiquement la traduction des paroles du patient et
de sa famille, rend ipso facto le patient expert, partenaire obligé, allié dans l’entreprise