PSYCHOLOGIE DE LA SANTE OU SOCIALE
CLINIQUE INTERCULTURELLE
THEME : SANTE ET CULTURE
SUJET : Approche clinique interculturelle de la dynamique
relationnelle et la perception de soi dans la prise en
charge de la maladie : le cas des femmes PVVS du
Cameroun.
I. Contexte de l’étude
Durant ces quinze dernières années, on a vu éclore un nouveau paradigme dans les
sciences humaines francophones : l'ethnopsychiatrie. Il faut dire que ce n'est pas la première
fois quentre dix à vingt ans après l'arrivée massive des grandes pandémies dans le domaine
de la santé, plusieurs approches médicales ont été adoptées. Ainsi, la psychiatrie occidentale a
produit une sous-discipline mâtinée d'anthropologie et de psychiatrie. Des programmes de
recherche comparables sont en effet apparus après guerre, durant les années 50-60 aux États-
Unis et au Canada, les années 70 en Grande-Bretagne, en Allemagne, en Hollande et
fleurissent de nos jours en Italie, en Suisse, en Belgique Aux États-Unis et enfin en Afrique.
Des directions théoriques particulières, à la fois empiriques et classificatoires d'abord
désignées comme Folk-psychiatry, que Henri Collomb traduisait parfois de manière amusante
par "psychiatrie sauvage" puis Transcultural ou Cross Cultural Psychiatry, Medical
anthropology. Autre signe des temps, autre inspiration locale : en France, sitôt qu'elle s'est
développée de manière clinique, l'ethnopsychiatrie s'est vue violemment conflictualisée,
comme si l'on avait cherché à la faire entrer de force dans un débat politique piégé par avance
: communauté ou République, culturalisme ou universalisme.
En réalité, depuis bientôt vingt ans qu'a été créée la première consultation
d'ethnopsychiatrie à l'hôpital Avicenne, depuis six ans, à l'Université de Paris 8, au sein de
l'UFR de Psychologie, au Centre Georges Devereux , l'ethnopsychiatrie a toujours été un
champ expérimental de médiation (et "médiatiser" signifie d'abord reconnaître les
incompréhensions, les désaccords, les oppositions, les conflits, les bonnes et les mauvaises
raisons de se honnir) reconnaître les conflits donc, les désigner, puis rechercher les actions
diplomatiques. Agir selon cette philosophie de la médiation, c'était en fait prendre le pari
d'une paix acceptable, le pari de l'apprentissage possible d'une vie en commun avec d'autres.
Mais cela ne s'explique peut-être pas seulement à partir de la situation politique, il faut aussi
tenir compte des contradictions propres au domaine lui-même et aussi, naturellement, de la
personnalité de celui qui a introduit ces questions en France : Georges Devereux.
« Fondements actuels de la psychologie clinique interculturelle. Dialogue entre
psychisme et culture. Courants théoriques inspirateurs de la psychologie clinique
interculturelle. Problèmes méthodologiques. Problèmes liés au transfert de
l'éthique ». Glossaire. Bibliographie.
Le Sida a beaucoup tué et continue d’endeuiller des familles. Mais des lueurs de
rémission apparaissent, laissant espérer qu’avec ou sans vaccin, l’avenir ne laisse pas présager
l’hécatombe de vivre longtemps pour autant, car des séropositifs et sidéens peuvent vivre
longtemps. Certains, depuis des décennies à en croire les experts, au point où, ceux qui
s’attendaient à mourir immédiatement après avoir contracté le VIH/SIDA, sont surpris d’être
encore en vie.
Cette pandémie ou ce fléau a déjà fait couler beaucoup d’encre et de substances grises.
En effet, plusieurs ouvrages ont été publiés au sujet du Sida : en Psychologie, Sociologie,
Philosophie, Médecine, Sciences Politique et Juridique etc. Mais paradoxalement, les
mentalités demeurent marquées par la mystification de la maladie. Malgré les progrès
scientifiques et techniques remarquables observés dans le traitement de la dite maladie,
l’attitude pessimiste chez la majorité de personnes séropositives perdure. Le VIH/SIDA
demeure pour ces personnes synonyme de mort imminente ; non sans répercussions négatives
sur les projets d’avenir.
Parmi les multiples acceptions de la notion de médiation interculturelle, il en est une
utilisée depuis de nombreuses années dans les champs de la psychologie clinique
interculturelle, de l'ethnopsychiatrie ou de l'ethnopsychanalyse. D'une manière générale, le
médiateur interculturel se définit comme un interprète explicitant le sens de sa traduction en la
resituant dans le contexte culturel. Il intervient ainsi pour médiatiser les relations entre
soignants et soignés. La linguiste Sybille de Pury, dans son livre, Traité du malentendu.
Théorie et pratique de la médiation interculturelle en situation clinique analyse avec finesse
les enjeux liés à ces pratiques. Un travail important sur la fonction de médiateur interculturel a
aussi été réalisé au sein de l'Association Géza Roheim.
I. 1. Formulation et position du problème
Selon Devereux,
"Dans le contexte actuel de la santé public, de situations de pandémie et de
décès accrus, la psychologie clinique doit mettre en œuvre des approches
spécifiques. Cet ouvrage présente les grands courants épistémologiques de
la psychologie interculturelle : le courant universaliste soutenant la
possible universalité de l'inconscient, le courant culturaliste prônant la
spécificité des cultures, le courant "ethniciste" qui suppose une
irréductibilité de chaque culture à toutes les autres. Il analyse les problèmes
éthiques et épistémologiques qui sous-tendent ces courants et montre la
spécificité des pratiques cliniques qui en découlent."
L'ethnopsychiatrie qu’enseignait Georges Devereux était théorique, descriptive et
explicative. Il établissait des fiches triant des milliers d'anecdotes de toutes sortes, des notes
de terrain, de petites observations cliniques, des vignettes historiques, des citations de
littérature antique.
Au cours des deux décennies qui se sont écoulées depuis qu’a été diagnostiqué le
premier cas de sida, plus de 20 millions de personnes sont mortes de cette maladie et près de
40 millions vivent aujourd’hui avec le VIH. Les femmes, en particulier les jeunes femmes,
sont parmi les plus touchées. Le pourcentage de femmes parmi les personnes séropositives a
progressé de façon alarmante. De 41% en 1997, il est passé à près de 50% en 2002.
L’aggravation de la misère et des disparités sociales et structurelles sont au nombre des
principales causes de vulnérabilité des femmes à l’infection par le VIH
La littérature sur le SIDA est de plus en plus nombreuse. Mais le constat demeure
pourtant gatif dans la mesure où, bien qu’étant si enrichi par la panoplie de slogans et de
campagnes pour lutter, voire éradiquer le mal, il reste et demeure présent et ses dégâts
innombrables.
Depuis plus de deux décennies, le VIH/SIDA est au centre des préoccupations de
l’humanité ; les organisations, les gouvernements, les scientifiques se mobilisent pour atténuer
ses effets socio-pervers et contribuer à son éradication. Malgré tous ces efforts, tant sur le plan
de la mobilisation que sur celui de l’engagement financier en faveur de la prévention et de
l’accès aux traitements antirétroviraux (ARV), le VIH/SIDA demeure le vecteur d’une
épidémie particulièrement meurtrière.
Cette situation de santé va contraindre le clinicien à tenir compte de faits qu'il ne
connaissait pas, dont il ne se doutait même pas, auxquels il n'attachait donc a priori aucune
importance. Par exemple : on peut lire le désordre psychologique d'un patient à partir de
déterminants culturels ; et de manière tout aussi fondée qu'à partir de déterminants
psychologiques singuliers. Autrement dit, l'énoncé.
" Le comportement ainsi produit comprend également les réponses
spécifiques du patient à l'existence du thérapeute ainsi qu'au cadre matériel
et formel de l'analyse. Par dessus tout, ce comportement comprend les
réactions à l'expérience (vécue) d'être analysé, et c'est cette expérience qui
est unique et tout à fait différente des expériences de la vie courante. Il est
même probable que c'est elle qui déclenche le transfert "
I. 2. Enoncée du Problème
La maladie est un phénomène culturel majeur. Si son interprétation se base sur le
système de valeurs de la société auquel l'individu appartient, comment l'Africain, en
situation interculturelle, appréhende-t-il la maladie ?
L’Afrique subsaharienne reste la région la plus durement touchée par le VIH/SIDA.
Environ 60% de personnes infectées par le SIDA, soit 25,8 millions vivent sur ce contient qui
ne regroupe pourtant que 10% de la population mondiale.
Au Cameroun, pays de l’Afrique subsaharienne, la prévalence nationale est de 5,5%
dont 6,8 chez les femmes et 4,1% chez les hommes (ONUSIDA, 2006). Le Sida s’est infiltré
partout et nul besoin d’en parler longuement avec les gens pour se rendre compte, que la
majorité de la population sait de quoi il s’agit. En effet, les chiffres expriment eux-mêmes ce
désespoir. Sur un total de 510 000 personnes estimées séropositives, prés de 60 000 sont sous
traitement antirétroviraux (CNLS : 2008).
Depuis quelques années au Cameroun, un constat est posé avec insistance : le SIDA se
normalise. De plus en plus conçu comme une maladie chronique, une maladie au pronostic
fatal à relativement brève échéance, le Sida s’inscrit dans un processus de normalisation. Mais
que faut-il entendre par normalisation ? Aux sens de Rosenbrock et al. (1999), celle-ci
« désigne d’une manière générale un processus au cours duquel un phénomène considéré
auparavant comme exceptionnel (par sa nouveauté, son importance, etc) perd ce statut
d’exception et rejoint dans la perception et l’action, le monde du connu et de l’habituel ».
Il y a bien longtemps que le VIH/sida n’est plus considéré uniquement comme un
problème de santé publique, mais aussi, de toute évidence, comme un problème d’éducation
et de culture. Sans l’appui des responsables de l’éducation, les tendances alarmantes qui se
dessinent vont se poursuivre et les objectifs d’éducation de qualité pour tous, notamment pour
les filles et les femmes, ne seront pas atteints.
Et puis, nous avons peu à peu découvert qu’il ne s’agissait pas seulement de parler la
langue du patient, mais aussi de parler de la langue. J’y vois une transformation drastique du
dispositif car parler de la langue, discuter publiquement la traduction des paroles du patient et
de sa famille, rend ipso facto le patient expert, partenaire obligé, allié dans l’entreprise
d’exploration, de savoir et surtout d’action sur la négativité. En effet, la traduction proposée
par le médiateur, sitôt restituée au patient, devient discutable, invite à la contradiction. Il peut
argumenter la nuance, l’intention ; revenir sur l’éventuelle partialité du traducteur. Car si les
mots du patient deviennent questions sur son monde et, de ce fait, sur le monde, ces questions,
on le conçoit aisément, n’intéressent pas le seul thérapeute. Sitôt les traductions apparues,
voila les patients se joignant au débat, contribuant à la traduction, à la discussion des
étymologies, à l’exploration des mille mécanismes à l’origine de la fabrication des énoncés
possibles, aux choix permis par la langue et à ceux qu’elle interdit.
Pour comprendre la maladie en Afrique, il faut la considérer dans son cadre propre,
dans son éthos socio - culturel, et non point à travers les prismes déformants des
anthropologies ou des cultures étrangères érigées en norme universelle de référence. Après
avoir présenté brièvement quelques ethnies du Cameroun, nous rappellerons le schéma
pluraliste du « composé humain » qui est la clé de compréhension de la maladie en Afrique et
naturellement nous parlerons de la représentation de la maladie et de sa prise en charge au
travers de ces ethnies. Il s’en suit ainsi que :
La culture doit être prise en compte à différents niveaux:
contexte un environnement dans lequel la communication et l’éducation à la
prévention du VIH/sida prennent place;
contenu les valeurs et les ressources culturelles locales peuvent influencer
l’éducation à la prévention ; les messages de sensibilisation doivent impérativement avoir un
contenu culturellement approprié pour être entendus et compris;
comme une méthode qui permet la participation du public visé, ce qui est
indispensable pour que la prévention et le traitement du VIH/sida soient conçus à partir des
contextes culturels locaux et délivrés de façon stimulante et accessible à toutes et tous.
Les questions de genre sont mises en avant de façon transversale à travers toutes les
activités du projet. C’est une approche indispensable, étant donné la vulnérabilité accrue
des jeunes filles et des femmes face au VIH/sida et la « féminisation » de l’épidémie en
général. L’éducation des jeunes filles et des femmes doit être la priorité pour transformer les
relations entre femmes et hommes à tous les niveaux de la société et pour promouvoir des
schémas culturels qui donnent les mêmes droits à toutes et à tous face à l’épidémie de
VIH/sida.
Les méthodes classiques d’information et de sensibilisation sur le VIH/sida n’ont
qu’une efficacité limitée. Deux décennies de campagnes d’éducation et de communication de
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