II Cerveau et vision
A l’élaboration d’une perception visuelle intégrée
1 Le cortex visuel primaire
Nous avons vu dans le chapitre précédent que les messages nerveux émis de la rétine arrivent à la
partie postérieure du cortex cérébral. Toute lésion localisée dans cette zone occipitale entraîne un
trouble de la vision. Dans une partie plus ou moins étendue du champ visuel, on ne voit rien (tache
aveugle appelée scotome). L’étude méthodique des scotomes et l’exploration du cerveau par
l’imagerie médicale (IRM) ont montré que le champ visuel est véritablement « cartographié » dans
le cortex occipital des deux hémisphères. Cette zone, appelée cortex visuel primaire, correspond
donc à « l’entrée » dans le cerveau des messages nerveux rétiniens.
2 Des aires cérébrales
spécialisées
Cependant, l’arrivée des messages
nerveux dans ce cortex primaire ne
suffit pas à assurer la perception
visuelle, c'est-à-dire une
interprétation mentale des
sensations élémentaires reçues au
niveau de ce cortex primaire.
Celle-ci nécessite l’intervention
d’autres aires cérébrales
spécialisées : on a en effet pu
délimiter, à proximité du cortex visuel primaire, au moins cinq autres aires cérébrales qui
contiennent chacune une carte du champ visuel. Les techniques d’imagerie médicale fonctionnelle
permettent de préciser le rôle de ces différents territoires corticaux : ces zones sont plus ou moins
actives selon que le sujet regarde plutôt une image riche en couleurs ou animée de mouvements ou
encore dominée par des formes géométriques…
Il apparait donc que, après son arrivée au niveau du cortex visuel primaire, le message nerveux est
traité séparément et en parallèle par des aires spécialisées dans la reconnaissance des formes, des
couleurs, des mouvements. Une perception visuelle unique résulte ensuite d’une intégration de
l’ensemble des messages ainsi traités par ces différentes aires corticales.
3 L’intervention de la mémoire
Lire un mot ou reconnaître un visage nécessite bien entendu la perception visuelle du mot écrit ou
du visage observé. Cependant, cette reconnaissance met aussi en jeu la mémoire. En effet, quand
on reconnait visuellement un mot, un objet ou un visage, notre cerveau relie les informations
perçues à un souvenir plus ou moins profondément ancré. Cependant, il n’y a pas dans le cerveau
une aire de la mémoire où seraient matériellement stockés les souvenirs. C’est la réactivation de
plusieurs assemblées de neurones qui permet d’associer une perception à un souvenir
précédemment « encodé ».