L’auteur prend en compte la complexité de ce fait social, la positionne en tant
qu’expérience sociale et interroge « les formes d’engagement des musiciens à travers le
rapport qu’ils entretiennent avec cette pratique »p 66. A travers ses observations, Il
remarque un rapport passionnel des jeunes avec la musique, l’incitant à focaliser son
attention tant sur la musique que sur l’expérience sociale qui en est le support, sans pour
autant les dissocier. Il affirme que « les principes de renversement de la « galère » ne sont
pas liés au travail mais plutôt à des « espaces passion » qui peuvent conduire a une
résistance privée »p 66, et met en avant la pratique musicale comme élément moteur de
l’autodétermination du sujet. Poursuivant son raisonnement, la pratique musicale
caractériserait donc également un refus global de classement et d’une position sociale
déterminée. Cependant, il faut prendre en compte que les travaux d’enquête menée par
l’équipe de François Dubet se sont construits spécifiquement autour des jeunes issus des
classes populaires, et il est très probable qu’une étude analysant des jeunes issus de classe
plus aisées fassent ressortir des logiques différentes.
L’enquête de Jean Marie Séca réalisée à partir de groupes d’origines sociale plus large,
s’appuie sur la théorie de l’influence sociale. Selon lui, le groupe de rock constitue une
« situation minoritaire » avide de reconnaissance sociale. Il différencie selon les catégories
socioprofessionnelles les formes de l’engagement, et distingue trois groupes dont les
motivations à pratiquer cette musique sont différentes, mais dans un désir commun de
reconnaissance sociale : « Le premier qui refuse la destinée de leurs aînés vers l’usine ou
le bureau, fortement attirés par un désir de réalisation personnelle, un second qui cherche
à retarder leur entrée dans la vie active, un troisième, intégré au monde du travail et qui
manifeste une certaine insatisfaction très pudique et ritualisée vis-à-vis de leur principale
activité ». Ces classes sociales dominées manifesteraient donc les signes d’une confusion
identitaire et d’une instrumentalisation du travail, en revanche, pour les classes moyennes
et supérieures, n’exprimant pas le besoin d’une reconnaissance sociale, il faut donc
concevoir cet engouement « comme un phénomène culturel de masse et comme conduite
psychosociale fortement chargée de symbole de prestige. », la présence des classes
supérieures et intellectuelles s’expliquant alors comme par « un désir d’expression
artistique longtemps mis en veille et réprimé au profit de la poursuite d’études longues et
d’activités professionnelles sérieuses ». Selon Patrick Mignon, rejoignant d’une certaine
manière cette dernière analyse, constate en observant le développement chez les musiciens
de professions intermédiaires tel qu’instituteur, éducateurs, animateur ou maître auxiliaire,