Chant des partisans - Mon année de lettres

publicité
16/03
SEANCE 2
Lecture
« Le chant des partisans » de Druon et Kessel
« Chant des partisans »
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades !
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères,
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves ;
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on
[crève.
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe ;
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place ;
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes ;
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute.
Maurice Druon & Joseph Kessel, 1944
▪ Introduction :
Ce poème a été composé par Maurice Druon et Joseph Kessel sur une musique déjà
existante d’Anna Marly. Il a été écrit dans la banlieue de Londres pour être le générique
d’une émission de radio « Honneur et Patrie ». Très vite, il traversa la Manche et se
propagea dans la France occupée. Il est devenu l’hymne de la résistance.
I-
L’interpellation du peuple français :
Le poème s’adresse à plusieurs destinataires :
-
« ami, camarades, tu » : marquent une complicité, une familiarité entre les poètes
et leurs interlocuteurs car ils défendent une cause commune. Ce « tu » devient
« nous/nos » vers la fin du poème.
-
« partisans, ouvriers, paysans » : ils s’adressent aux gens du peuple, l’armée de
l’ombre
Dans la strophe 2, les poètes utilisent des phrases impératives et exclamatives qui
expriment des ordres, des injonctions vives : ils cherchent à interpeller le peuple
français et l’inciter à l’action.
Ce poème ressemble à un tract politique qui incite à la révolte. Il est conçu pour être
propagé et mémorisé.
II-
L’appel à la révolte :
Un certain nombre d’expressions renforcent l’opposition entre la France et l’Allemagne :
-
« le vol noir des corbeaux » : métaphore des bombardements allemands (les
corbeaux = oiseau de malheur, charognard)
« les cris sourds du pays qu’on enchaîne » : personnification de la France sous
l’Occupation, qui souffre. Le vers 9 lui fait écho.
La forme de lutte qui est ici évoquée et choisie est une lutte armée, violente, qui passe
par le combat et les armes : champ lexical de la violence et des armes dans les strophes
2 et 3.
III-
Un poème d’espoir :
Dans l’avant-dernier vers, le verbe est conjugué au futur « sèchera » + l’adverbe
« demain » qui exprime un avenir proche et une certitude positive pour cet avenir.
L’antithèse entre « sang noir » et « grand soleil » exprime bien l’assurance de ce retour
à la liberté.
« sang noir » = le sang versé par les combattants et les ennemis, il a séché donc il ne
coulera plus
« grand soleil » = la fin de la guerre, la liberté, symbole de lumière
Le poème s’achève sur une personnification de la liberté qui nous écoute : la libération
est proche. C’est un message d’espoir.
▪ Conclusion :
Ce poème est un poème engagé car il s’inscrit dans un contexte historique précis (la
2eGM) et il exprime une prise de position, un message d’engagement et d’espoir de la
part des poètes. La poésie est au service des idées.
▪ Mise en relation :
Ce poème est à mettre en relation avec La marseillaise :
-
Les 2 textes sont des chants
-
Contexte historique précis en temps de conflit (la Révolution française)
Incitent à la révolte du peuple et à la lutte armée « Aux armes citoyens »
-
Textes très violents
Tous deux sont des hymnes (hymne de la résistance / hymne de la République) :
doivent être partagés par le peuple
Téléchargement