8/03 SEANCE 2 Lecture
« Le chant des partisans » de Druon et Kessel
« Chant des partisans »
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme.
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades !
Ohé, les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite !
Ohé, saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères,
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère.
Il y a des pays où les gens au creux des lits font des rêves ;
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on
[crève.
Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe ;
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place ;
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes ;
Chantez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute.
Maurice Druon & Joseph Kessel , 1944
Introduction :
Ce poème écrit par Maurice Druon et Joseph Kessel sur une musique de Marly a été
composé dans la banlieue de Londres pour être le générique de l’émission de radio
« Honneur et Patrie ». Très vite, il traversa la Manche et se propagea sur la France
occupée. Il devient l’hymne de la résistance.
I- L’interpellation du peuple français :
Dans les 2 premières strophes, les poètes s’adressent à plusieurs destinataires : « ami,
partisans, ouvriers, paysans, camarades ».
Certains termes (« ami, camarade ») + l’utilisation du « tu » marquent une familiarité,
une complicité entre les poètes et leurs interlocuteurs : ils défendent une cause
commune, indiquée par l’utilisation du « nous nos ».
Ils s’adressent aussi aux gens du peuple (« ouvriers, paysans »), ceux qui forment
l’armée de l’ombre et se battent avec leurs moyens.
Dans la 2e strophe, les poètes utilisent des phrases impératives qui expriment des
injonctions vives : ils cherchent ainsi à interpeller le peuple français et l’inciter à
l’action.
Ce poème est au service de la mémorisation et de la propagation. Il doit être compris et
retenu par le plus grand nombre. Il fonctionne comme un tract politique qui incite à la
révolte.
II- L’appel à la révolte :
Le « vol noir des corbeaux » est une métaphore des bombardements allemands (corbeau
= oiseau de malheur).
Les « cris sourds du pays qu’on enchaîne » est une personnification de la France sous
l’Occupation. Le vers 9 lui fait écho C’est nous qui brisons les barreaux des prisons »).
La forme de lutte choisie par les poètes est une lutte armée, violente qui passe par le
combat et les armes : le champ lexical de la violence traverse tout le poème.
III- Un poème d’espoir :
L’avant-dernier vers est écrit au futur (« séchera ») : il évoque un lendemain débarrassé
de la guerre. C’est un message optimiste.
On relève une antithèse entre « le sang noir » et « le grand soleil » :
- Le sang noir évoque le sang versé par les combattants
- Le grand soleil évoque la fin de la guerre, le soleil est le symbole de la lumière
Ce vers exprime la certitude du retour de la liberté.
Le poème s’achève sur une personnification de la liberté : elle nous écoute + majuscule.
La libération est proche comme la fin de la guerre.
Conclusion :
Ce poème écrit durant la guerre est un texte engagé car il exprime une prise de
position, il transmet un message d’engagement et d’espoir. C’est un chant de la
résistance. La poésie est au service des idées.
Mise en relation : La Marseillaise
- Hymne de la résistance française / hymne de la France
- Ecrite en temps de guerre
- Violence des paroles, appel au combat
- S’adresse aux gens du peuple
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