1-1 Le processus de concentration
Alfred Marshall a montré l’efficience supérieure de l’organisation industrielle sur l’artisanat et la
manufacture, du fait des économies d’échelle internes et externes qui affectent cette nouvelle
façon de produire. Il s’interroge dès lors sur le monopole (structure qui découle logiquement de
ces économies d’échelle), sur son pouvoir de marché et sur son efficience. C’est là un paradoxe de
la concurrence : elle est supposée être le système de marché le plus efficace mais son exercice
mène au monopole, susceptible d’exercer un pouvoir de marché, inefficace donc en termes
d’allocation des ressources.
Les théoriciens marxistes, pour leur part, considèrent que la concentration est la conséquence de la
loi d’accumulation du capital, elle–même rendue nécessaire du fait du jeu de la concurrence : si un
capitaliste veut conserver sa place dans la production, il doit réinvestir ses profits de manière à
rester le plus compétitif possible face à ses concurrents ; s’il ne le fait pas, sa productivité relative
risque de se détériorer et poussé à la faillite, il sera contraint de quitter le marché. En tout état de
cause, tous les capitalistes opèrent de même et devant l’offre surabondante qui en résulte, les prix
baissent et les producteurs les moins efficients se trouvent éliminés. Eventuellement, leur appareil
productif peut être racheté par les producteurs survivants, à un prix qui leur confère de nouveau
une rentabilité acceptable. Ainsi, l’on assiste à une concentration des capitaux et à une
centralisation du capital aux mains d’un groupe de capitalistes qui devrait se contracter de manière
inexorable.
Des contre-tendances s’opposent toutefois au libre jeu de ce processus de concentration conçu par
les principales écoles de pensée, car l’accroissement de la demande ou encore les progrès
économique général donnent naissance à de nouveaux produits, à de nouveaux marchés, à de
nouvelles techniques de production, et donc à de nouvelles firmes.
Certains auteurs de la Nouvelle Economie Industrielle privilégient ces contre-tendances et vont
jusqu’à parler d’un mythe de la concentration croissante, estimant même qu’elle est logiquement
inconcevable, point de vue qu’ils étayent à l’aide d’une nouvelle formulation de la loi des
rendements décroissants : la firme, en grandissant, en s’intégrant, réalise un nombre croissant