Introduction :
La théorie du commerce intenational semble avoir historiquement un « train de retard » par rapport au reste de la théorie
économique. Alors que la théorie économique peut être attribuée en premier lieu à Aristote, il faudra attendre les
mercantilistes à partir du XVI° siècle pour voir un système de pensée de pencher sur le problème du commerce
international. C’est que, précisément, le « commerce international », pour être conçu, a besoin que soit clarifié et formé le
concept de « nation » et d’ « étranger ». Mais même après, on dirait qu’il reste toujours plus difficile de concevoir le
commerce international que l’économie interne, à moins que le besoin de théoriser le commerce ne surgisse que pendant
les période des différentes « mondialisations » : Ricardo a quarante ans de retard sur Smith, la systématisation
néoclassique de la théorie ricardienne sera mise au point uniquement à partir des années 1940 et son « tournant » anti-
néoclassique n’interviendra que à la charnière des années 1960. Mais depuis lors, la théorie du commerce international est
devenue l’une des branches les plus actives dans la recherche en économie internationale.
Si ces théories naissent au moment des différentes mondialisations, c’est qu’elles répondent à un besoin fondamental
d’expliquer la réalité commerciale. Or le commerce nous semble avoir changé rapidement : il croit plus vite que la
production, mais la théorisation de ce phénomène semble ne pas avoir suivi. Il faut attendre les années 1980 pour voir
émerger une « nouvelle théorie du commerce international », sous l’impulsion essentiellement de Paul R. Krugman, lauréat
2008 du prix d’économie de la Banque de Suède en mémoire d’Alfred Nobel, dit « prix Nobel d’économie ».
Quelle est la réalité du commerce dont il faut rendre compte ?
o Un commerce mondialisé en rapide croissance
o Régionali
o Entre pays relativement similaires
o Qui peut être cause d’enrichissement comme d’appauvrissement
D’où les questions auxquelles les théories du commerce international doivent répondre :
o Qui échange avec qui ?
o Qu’échange-t-on ?
o Avec quelles conséquences sur le « bien-être » et l’économie en général
Une théorie du commerce international est généralement : micro-économique, de long terme, sur des situations
d’équilibre, des phénomènes non monétaires. Les théories que nous retenons ici, au moins à partir des années 1960 et de
la NTCI, sont limitées autant que possible à la sphère de l’économie positive et n’empiètent pas sur l’économie normative.
Problématique : la modernisation de la théorie du commerce international a-t-elle permis de mieux cerner la réalité des
échanges ?
1. Des théories qui tentent de s’approcher du réel…
1.1. La théorie classique : l’approche ricardienne et les théorèmes HOS
l’idée introduite par Ricardo réside dans le principe de l’avantage comparatif: chaque pays a
intérêt à se spécialiser dans la production de la marchandise pour laquelle il détient
l’avantage comparatif le plus élevé ou le désavantage comparatif le plus faible. La théorie
ricardienne fournit simultanément une explication de la composition du commerce
international et une démonstration des gains de l’échange entrainés par l’ouverture des
frontières. Ses caractéristiques essentielles sont les suivants: les couts de production sont
indépendants à la quantité produite (absence d’économie d’echelle), le travail est le seul
facteur de production et les techniques de production, différentes dans les pays, sont
indépendantes des prix des facteurs de production.
Le modèle ricardien a été l’objet, dans les années cinquante et soixante, de différents tests,
en général peu favorables, ce sont ses caractéristiques mêmes qui rendent difficile
d’expliquer l’organisation actuelle du commerce international.
La théorie de Ricardo est une formulation en terme de valeur travail (intuitive et pas
mathématisée), avec la théorie HOS on passe à une formulation en terme de valeur utilité (la
valeur d’un produit dépend de son utilité).
Selon la théorie d’HOS la composition du commerce international est expliquée à partir d’un
nouveau concept, celui d’ « abondance relative d’un facteur de production », qui va être à
l’origine de l’avantage comparatif.
Cette approche a une parenté certaine avec celle de Ricardo mais elle en diffère aussi, à la
fois par la volonté d’expliquer l’origine de l’avantage comparatif (simplement constaté chez
Ricardo) et par la théorie de la production selon laquelle les facteurs de productions sont
substituables.
1.2 Les limites : le « paradoxe de Leontief »
La théorie d’HOS semble plus facilement traduisible en indicateurs statistiques ; l’une des
tentatives de vérification a été entreprise par Wassily Leontief dans deux articles de 1953 et
1956 consacrés à l’examen de la position des Etats-Unis dans l’échange international, a eu
des répercussions analytiques très importantes.
Comparativement aux autres nations, les Etat-Unis apparaissent, en 1947, comme une
nation ayant une dotation factorielle le capital est plus abondant que le travail. Selon la
théorie HOS, on s’attend que les exportations américaines soient composées de biens
intensifs en capital et à ce que les importations portent sur des marchandises ayant une forte
intensité de travail. Or les résultats obtenus par Leontief sont à l’opposé : les exportations
des Etats-Unis ont un rapport capital travail de 13 992 dollars par homme-année et les
importations de 18184 dollars par homme année.
Ce « paradoxe de Leontief » va être à l’origine d’une réflexion approfondie sur la nature des
facteurs de production. Pour Leontief lui-même, l’explication du résultat doit etre recherchée
dans l’hétérogénéité internationale du travail. Ainsi, les travailleurs américains seraient plus
productifs que ceux localisés hors des Etats-Unis pour des raisons multiples (esprit
d’entreprise, supériorité de l’organisation..) ; pour rétablir l’homogénéité internationale du
travail en tenant compte de cette productivité supérieure, il est nécessaire de multiplier leur
nombre par trois. Toute chose égale par ailleurs, un travailleur américain « vaut » trois
travailleurs étrangers ; en fait les Etats-Unis sont un pays relativement bien doté en travail et
non en capital.
La démarche a été critiquée sur de nombreux points ; ce qui semble essentiel est que,
d’après le raisonnement de Leontief, les techniques de production utilisées aux Etats-Unis
ne sont pas les mêmes qu’à l’étranger, ce qui revient à sortir du cadre posé par la théorie
HOS.
1.2. La nouvelle théorie du commerce internationale
Naissance à la toute fin des années 1970, autour d’un économiste qui en est le principal auteur et vulgarisateur : Paul R.
Krugman, qui a écrit de nombreux livres destinés au grand pulic et alimente toujours le débat aux Etats-Unis à travers
ses célèbres éditoriaux dans le NYT. Krugman s’est progressivement fait connaître en-dehors du monde universitaire
américain, par des prises de position très indépendante et parfois iconoclastes sur l’ALENA, le traité de Maastricht, la
politique économique des administrations Clinton et Bush, ou sur le concept de compétitivité.
Point de départ : article de Krugman dans le
Journal of International Economics
sur la différenciation des produits dans
l’explication du commerce international. En réalité, la nouvelle théorie se base aussi sur des travaux, datant des années
1960, qui rompent avec la théorie classique, mais restent dans l’étude essentiellement du commerce inter-branche, comme
ceux de Posner ou de Vernon.
Théorie qui nait pour répondre aux insuffisances de la théorie classique du commerce international et
notamment à son incapacité d’expliquer des évolutions du commerce international :
1. Le développement du commerce surtout entre pays industrialisés aux dotations factorielles
comparables ;
2. L’augmentation du commerce intra-branche ;
3. Le rôle majeur des FMN.
La nouvelle théorie n’est pas neuve en soi : elle repose sur des intuitions qu’avaient eues de nombreux économistes par le
passé. Mais pour la première fois ces intuitions sont formalisées mathématiquement et intégrées à de très
complexes modèles abstraits.
Nouvelle théorie qui en substance et très synthétiquement peut se résumer autour de trois grands axes qui se recoupent :
1. le commerce international est au moins partiellement déterminé par des conditions d’économies d’échelle ;
2. par des phénomènes différenciation des produits ;
3. par les stratégies des FMN.
1.1.1. Distinction entre économies d’échelle
2 types d’économies d’échelle :
1. économies internes à l’entreprise, caractérisant une seule firme qui améliore ses conditions de coût, puisqu’elle
augmente sa production en réduisant son coût moyen et donc son prix de vente ; économies d’échelle tendant à
faire du marché un marché oligopolistique voire monopolistique ;
2. économies d’échelle externes, caractérisant une branche entière d’activité ou un bassin de production dans son
ensemble (ex : la Silicon Valley) ; type d’économies d’échelle compatible avec la concurrence parfaite puisque
toutes les entreprises de la branche en bénéficient.
L’étude des deux cas d’économies d’échelle amène à moderniser la théorie du commerce international :
1. Ricardo et HOS ignoraient la réalité des rendements croissants et raisonnaient sur des modèles en rendements
constants (si la quantité d’intrants double, la quantité produite doublera aussi). Replacer l’analyse dans un
monde avec économies d’échelle internes signifie se placer dans un monde de concurrence imparfaite, car les
économies d’échelle internes sont incompatibles avec la concurrence parfaite on envisagera donc une
analyse du commerce international dans un modèle de concurrence imparfaite.
2. Mais l’analyse en termes d’économies d’échelle, externes cette fois, introduit des nouveautés aussi dans une
situation de concurrence parfaite.
Idée générale : le commerce international n’est pas forcément motivé exclusivement par des considérations d’avantages
comparatifs, mais aussi par des considérations d’économies d’échelle. Le commerce international permet d’exploiter des
économies d’échelle en augmentant les quantités produites.
1.1.2. En situation de concurrence imparfaite
Cas de la concurrence monopolistique (cas d’un marché segmenté par plusieurs offreurs grâce à des stratégies de
différenciation des produits).
On suppose l’existence de 2 pays parfaitement identiques, en termes de dotations factorielles, de production, de conitions
de couts et de taille. Ces deux pays, pour Ricardo et pour HOS, n’ont donc aucun intérêt à commercer, puisqu’ils sont
identiques. Dans ces deux pays, en autarcie, on a une certaine production par des entreprises, que l’on supposera en
situation de monopole sur leurs marchés respectifs, pour satisfaire tous les besoins de la population, donc sur des
quantités relativement limitées. Mais si chaque pays veut augmenter son bien-être, c’est-à-dire augmenter la quantité et la
variété de biens disponibles, alors chacun va se spécialiser dans quelques variétés de biens, uniquement pour exploiter
les économies d’échelle qu’il peut réaliser. Les entreprises ne se spécialisent pas parce qu’elle bénéficient d’un
avantage comparatif, mais parce qu’elles peuvent réaliser des économies d’échelle en augmentant la taille du marché.
En concurrence monopolistique, on suppose que les consommateurs apprécient la variété de biens et différencient les
biens sur des critères objectifs ou subjectifs. Dès lors, l’échange entre deux pays précédemment en autarcie s’assimile à la
formation d’un marché intégré où chaque entreprise nationale, loin de devoir avoir affaire à une concurrence, se spécialise
dans certaines variétés de biens pour pouvoir exploiter ses possibilités d’économies d’échelle internes et en délaisse
d’autres.
Les consommateurs auront ainsi : des biens plus nombreux car produits en plus grandes quantités et moins chers car
produits dans de meilleures conditions de couts, une plus grande variété de biens.
Chaque pays se spécialise dans certains variétés de biens, qu’il produit pour sa propre consommation et pour l’exportation,
et importe de l’autre pays les biens qu’il a renoncé à produire commerce intra-branche, chaque pays importe et exporte
des biens similaires.
La spécialisation se fait sur les bases d’accidents historiques et de conditionnements contingents.
4 leçons tirées par Krugman :
1. le commerce inter-industriel est déterminé par des conditions d’avantages comparatifs ;
2. le commerce intra-industriel est déterminé par des conditions d’économies d’échelle ;
3. la structure de l’échange intra-industriel est imprévisible, déterminée par l’histoire ou des accidents ;
4. l’importance relative des commerces intra et inter-industriels dépend du degré de similarité entre les deux pays.
Cas du dumping
On suppose deux pays identiques où une entreprise dispose du monopole sur un marché d’un bien parfaitement
homogène (ex : ciment) dans chacun de ces deux pays. Ces deux entreprises sont donc
price-maker
; elles sont
désireuses d’augmenter leurs profits. Pour cela, elles renoncent à produire plus sur le marché national, car un supplément
de production pourrait faire baisser les prix de vente. Elles sont donc intéressées par une vente de leur bien à l’étranger,
même si le prix à l’étranger est plus faible que sur le marché national, car cela leur permet de sauvegarder le niveau des
prix à domicile.
D’où un processus d’invasion réciproque du marché du concurrent à l’étranger. En cas de libre-échange sans couts de
transports, les deux firmes se partagent à égalité les deux marchés nationaux. En cas de libre-échange avec couts de
transports, l’entreprise nationale garde une part plus importante de son marché d’origine. C’est le dumping réciproque
dont Krugman dit qu’il peut correspondre à une cause du commerce international aujourd’hui.
Effet sur le bien-être indéterminé.
1.1.3. En situation de concurrence parfaite
Idée générale : du fait d’économie d’échelle externes, donc
compatibles avec l’hypothèse de concurrence parfaite dans
une nation, cette nation peut accumuler un savoir-faire qui
vient enrichir son expérience et consolider son avantage
comparatif. L’avantage comparatif n’est donc pas acquis ni
exogène, mais construit, dynamique et endogène.
Krugman envisage le cas du marcmondial des montres,
sur lequel la Suisse a une position dominante (pays A sur
le graphique). La Thaïlande, du fait de ses faibles coûts
salariaux et donc de son faible coût moyen, pourrait fournir
au marché mondial des montres moins onéreuses (pays B).
Mais du fait de son expérience dans la production de
montres, la Suisse réussit à accumuler des économies
d’échelle externes dont la Thaïlande ne peut bénéficier à
court terme.
La Thaïlande, pour s’insérer sur le marché des montres,
doit en vendre de moins chères que la Suisse. Or si elle
s’insère sur la marché mondial, elle devra faire face à
d’importants coûts fixes ; son coût moyen, quoique
potentiellement plus faible que celui de la Suisse à moyen
terme, lui sera plus élevé à court terme. Si la Suisse
produit une quantité Q1 de montres, la Thaïlande devra
commencer par en produire Q* pour ensuite pouvoir être
plus compétitive.
Conclusion : la Suisse peut empêcher la Thaïlande d’entrer
sur le marché des montres, quoique moins compétitive, du
fait d’un avantage comparatif consolidé phénomène de
rendements croissants dynamiques.
L’existence d’économies d’échelle externes rend incertain le
bilan en termes de bien-être à l’intérieur du pays
potentiellement plus compétitif. Car la Thaïlande se trouve
dans l’obligation d’importer des montres au prix du marché
mondial, alors que sa demande peut être inférieure à la
demande mondiale et ses conditions de production
potentielles en autarcie plus avantageuses. Donc la
Thaïlande peut enregistrer une perte sèche en termes de
bien-être.
2. … mais qui en restent encore éloignées
2.1. Les limites de la NTCI
2.1.1. Les limites intrinsèques
Les limites explicatives des modèles : Krugman dit explicitement que les modèles de la NTCI, en situation de concurrence
monopolistique, ne permettent pas de prévoir quelle sera la structure de l’échange intra-industriel. Car celui-ci reste en
grande partie déterminé par des contingences historiques : « accidents » pour Krugman. Cette place de la contingence
relativise beaucoup les capacités explicatives des modèles, dont il ne faut donc pas surestimer la portée.
La place reconnue par la NTCI à l’histoire et à la contingence historique dans le cadre des économies d’échelle externes
relativise aussi la capacité explicative des modèles : plus un pays est entré tôt sur un marché, plus il a accumulé
d’expérience et a consolidé son avantage comparatif et plus sa position et sa capacité à empêcher des concurrents d’entrer
sera forte. Ce caractère nettement endogène reconnu à l’avantage comparatif donne un poids particulier à l’innovation et à
la R-D et donc par ricochet à l’Etat qui peut encourager sune politique d’investissement dans la recherche et par
contribuer à la consolidation de l’avantage comparatif.
Autre limite, reconnue aussi par Krugman : la NTCI s’appuie essentiellement sur des cas de concurrence imparfaite très
théoriques (duopole de Cournot, de Stackelberg, concurrence monopolistique…). Il s’agit de cas en réalité assez peu
nombreux dans le commerce international. Krugman lui-même reconnaît que la concurrence monopolistique est assez peu
commune par rapport aux cas de dumping ; mais ces cas de dumping, parce qu’ils font intervenir les stratégies des
entreprises, comportent une dimension probabiliste et, non seulement sont plus difficiles à traiter analytiquement, mais en
plus ne peuvent donner de prévisions autres que probables.
Limite théorique forte : des changements mineurs dans les hypothèses de base peuvent bouleverser les conclusions et
changer radicalement les résultats. Les modèles sont donc, du fait entre autres de leur complexité, excessivement
sensibles aux hypothèses de base. Cela serait à la reprise, par la NTCI, des travaux issus de la théorie de la
concurrence imparfaite. Limite d’autant plus importante qu’il n’existe aucun présupposé qui permette d’attribuer plus de
pertinence empirique à telle ou à telle hypothèse.
2.1.2. Les limites empiriques
Principale limite de la NTCI : la confrontation avec le réel. La NTCI se plaçait comme le dépassement de la théorie
traditionnelle, elle-même remise en cause par son incapacité d’expliquer le réel. Mais la NTCI ne fait pas, selon les
économistes, vraiment mieux que la théorie qu’elle prétendait remplacer.
1° problème : les modèles sont d’une telle complexité qu’il est très difficile de les traduire en modèles testables
économétriquement.
2° problème : les rares enquêtes empiriques menées par des chercheurs sur la validité des conclusions de la NTCI tendent
plutôt à les infirmer.
Les dernières limites de la NTCI : la difficulté à formuler des orientations normatives à l’attention des décideurs, en
particulier politiques ; hésitations entre recommandation en faveur du protectionnisme (cf. politiques commerciales
Brander-Spencer, un temps soutenues par Krugman) ou du libre-échange (Krugman plus récemment). Difficulté aussi à
cerner des réalités du commerce international contemporain, en particulier la régionalisation du commerce international.
Les enjeux de la nouvelle géographie économique
En raison des insuffisance de la nouvelle théorie économique à expliquer l’organisation du
commerce international, Krugman a choisi, depuis le début des années quatre-vingt-dix, de
s’orienter progressivement vers un cadre d’analyse nouveau, celui de la localisation des
activités économiques. La question posée est simple : qu’est-ce qui détermine la localisation
des entreprises et des ménages ? Pourquoi les régions se spécialisent-elles ? Pourquoi les
entreprises se concentrent-elles ?
Cette approche introduit la dimension spatiale dans l’analyse économique, elle vise
essentiellement à expliquer la localisation des activités et la concentration des entreprises
sur une région, un territoire ou un pays.
L’économie géographique consiste en une extension des outils de l’économie standard à la
géographie.
La concentration des entreprises est déterminée par l’affrontement de forces
complémentaires ou antagonistes qui s’affrontent dans le temps et dans l’espace. Elles
peuvent être classées en deux catégories. Des forces centripètes poussent à la
concentration des activités de production. A l’opposé, des forces centrifuges conduisent à
une dispersion des industries.
L’idée centrale est que l’agglomération des activités de production résulte d’un arbitrage
entre coûts à l’échange et économies d’échelle. Cet arbitrage tend alors à provoquer
l’apparition de mécanismes œuvrant en faveur de la polarisation des industries
manufacturières, mécanismes ne pouvant apparaître sans la présence de rendements
croissants.
Les coûts de transport apparaissent finalement comme la variable stratégique de l’analyse
Des coûts de transport très élevés (prohibitifs) dissuadent les échanges et les firmes
produisent pour leur marché local. Lorsque ces coûts diminuent (tout en restant élevés),
l’échange de marchandises est désormais possible et les firmes se localisent selon un
équilibre de dispersion symétrique entre les deux régions.
Deux types de dynamiques endogènes d’agglomération sont alors envisageables en fonction
de la nature du basculement. Dans la première, qualifiée de « pitchfork bifurcation » dans le
vocabulaire de la NEG, le passage de l’équilibre symétrique à l’agglomération s’opère
progressivement. Dans la seconde, qualifié de « tomahawk bifurcation » le basculement est
cette fois instantanée ce qui entraîne des conséquences négatives pour le bien-être des
pays.
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