PEUT-ON DIRE QUE LA CONCURRENCE REPRESENTE LE VERI

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PEUT-ON DIRE QUE LA CONCURRENCE REPRESENTE LE VERITABLE MOTEUR DE LA CROISSANCE ?
Introduction
 actualité de la loi « Macron » :
« (…) le principal obstacle à la reprise de l’activité, ce sont les blocages aujourd’hui injustifiés qui se trouvent sur son chemin.
(…) C’est une loi qui s’attache à lever de manière pragmatique les obstacles identifiés dans une multiplicité de secteurs pour libérer le potentiel inexploité de croissance et d’activité. » (dossier de presse de présentation de la loi – décembre 2014)
Mais aussi commission Attali (« Commission pour libérer la croissance française – 2007), principe des réformes
structurelles (pays développés comme pays émergents), comparaison dynamique économique américaine et européenne
 point commun : croissance souffre des restrictions à la concurrence et processus de libéralisation de l’économie
peut permettre une accélération de la dynamique de croissance
 analyse des liens entre concurrence et croissance au delà d’une première lecture des mécanismes de la croissance
(« véritable moteur ») : facteurs expliquant le rôle de la concurrence dans la croissance mais aussi interrogations sur la
nature exacte du lien et l’existence de limites à la relation
1- SI LA CONCURRENCE PEUT APPARAÎTRE COMME LE « VERITABLE » MOTEUR DE LA CROISSANCE…
A) La croissance extensive connaît des limites qui supposent une intensification de l’activité productive pour être dépassées
 croissance économique se fonde sur l’accumulation de facteurs de production (travail et capital) : justification théoriques (analyse des classiques – Smith et Ricardo), mesure de la dynamique de croissance au
19ème siècle
 processus de croissance extensive bute sur des limites : principe des rendements décroissants (Turgot,
Malthus), risque d’un état stationnaire (Ricardo, Solow)
 poursuite de la dynamique de croissance passe par la mise en œuvre de gains de productivité (croissance
intensive avec hausse de la Productivité Globale des Facteurs)
B) La concurrence rend possible l’intensification de la croissance…
 de manière statique : concurrence permet l’allocation optimale des ressources (conclusion de l’analyse
néo-classique de l’équilibre en CPP : équilibre se fait avec la combinaison productive la plus efficace ce qui
permet d’arriver à la frontière des capacités techniques de production)
 concurrence permet d’éliminer les rentes limitant l’efficacité productive (téléphonie mobile, transports
aériens et de personnes) et rend possible un processus de déversement de pouvoir d’achat
 de manière dynamique, transparence de l’information et libre entrée sur le marché permettent aux technologies efficaces de se diffuser rapidement
 concurrence peut également être considérée comme un mécanisme de transmission de l’information
dans une économie décentralisée (école autrichienne – Hayek)
C) … ce qui justifie la mise en œuvre de politiques de libéralisation
 leçons de l’histoire : comparaison croissance anglaise et française au début du 19 ème siècle, échec des
économies centralisées organisées sans processus concurrentiel entre les agents
 double processus : extension du champ du marché facteur d’efficacité (Smith), amélioration du fonctionnement du marché (politique de la concurrence sous ses différentes formes) – cf. processus de construction européenne
 politiques libérales dans le domaine du commerce international (libre échange considéré comme aiguillon pour les producteurs nationaux)
 concurrence et les politiques qui visent à la promouvoir apparaissent comme des facteurs essentiels dans la dynamique de croissance mais mise en évidence de liens plus complexes
2- … LE LIEN CONCURRENCE – CROISSANCE EST CEPENDANT PLUS COMPLEXE
A) Les coûts cachés de la concurrence
 développement de la concurrence peut induire des coûts qui fragilisent la dynamique de la croissance
 réflexion sur le « court-termisme » (privilégier la rentabilité de court-terme au détriment
d’investissements de long terme porteurs d’effets positifs)
 concurrence accrue dans certains secteurs peut générer de l’instabilité dans les économies (question de la
libéralisation financière, des crises financières et de leur impact) de long terme sur la dynamique de croissance)
 libre échange peut désavantager certains pays par rapport à d’autres (question de la qualité de la spécialisation – Balassa)
B) Contrôler la concurrence, facteur d’efficacité ?
l’analyse de Schumpeter : monopole temporaire est une condition de l’innovation, incitation à innover
est liée à la pression sur les profits exercée par la concurrence
 la concentration peut permettre d’accroître l’efficacité productive (existence d’économies d’échelle en
particulier dans les activités caractérisées par des coûts fixes) mais risque de déboucher sur des positions
dominantes permettant de capter des rentes et de décourager les concurrents (question des marchés contestables) – exemples historiques : konzern allemands, grandes firmes industrielles dans les 30 Glorieuses
 question des externalités négatives possibles qui ne sont pas prises en compte par les processus
d’ajustement marchand
 existence de rendements croissants dans ces domaines (production de connaissance) qui peuvent conduire dans un contexte concurrentiel à une sous production par rapport à l’optimum social
C) L’impact de la concurrence sur la croissance ne peut s’analyser en dehors du contexte
 la prise en compte des institutions : existence d’institutions plus ou moins efficaces pour permettre le jeu de la
concurrence (droits de propriété, instituions inclusives ou extractives – Acemoglu et Robinson)
 rôle de l’Etat qui peut se comprendre à différents niveau : mise en ouvre d’une politique de la concurrence, intervention plus large dans les activités productives et/ou redistributives
Conclusion
Il apparaît difficilement contestable que la concurrence soit un moteur important pour la croissance économique, en
permettant de manière statique et dynamique une allocation efficace des ressources. Un certain nombre d’analyses
théoriques et d’exemples historiques convergent sur ce point. Il est cependant difficile de considérer qu’il s’agisse du
« véritable » moteur, au sens où l’ensemble des mécanismes de croissance se ramènent à ce point. La concurrence ne
peut s’analyser comme un principe absolu mais peut prendre des formes différentes selon les périodes mais aussi être
porteuse d’effets négatifs. La question centrale devient alors celle de l’articulation entre principes concurrentiels,
dynamique des structures productives et rôle d’institutions qui vont au delà des seuls principes marchands.
Les débats autour du choix d’une « bonne » politique favorable à la croissance attestent de la complexité des mécanismes à l’œuvre.
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