Un renversement majeur s’est opéré, car les capacités offertes par les technologies disponibles ne
constituent plus un facteur limitant ! L’étude des usages des technologies de l’information et de la
communication devient un vrai enjeu pour l’entreprise. En matière de décision par exemple, la
compétence et le « courage à décider » comptent au moins autant que l’information de base et l’outil
pour l’exploiter. L’acteur prend alors une place bien plus importante par rapport à l’information et
aux outils. Il se situe de fait au cœur du système ! Il en devient du même coup un vecteur de risque
majeur !
Pour prendre en compte ces aspects émergents (notamment le rôle prépondérant dans l’efficacité du
système d’information des intentions des acteurs, qui induisent de fait, les usages qu’ils font des outils
et de l’information), est apparue l’idée qu’un système d’information est un construit contingent réalisé
par des acteurs sociaux. De nouvelles définitions sont alors apparues ayant recours à des termes assez
innovants pour décrire un système d’information tels que « acteurs sociaux, langage, représentations,
interactions, conflits, … ».
2.4 Un construit contingent d’acteurs sociaux
En plaçant l’acteur social au centre du système d’information, il devient nécessaire de tenir compte des
interprétations, des usages et des enjeux que ces acteurs vont intégrer dans la manipulation et
l’utilisation d’une information. L’information est en effet du pouvoir
(ATTALI, 1990), et les acteurs
peuvent en modifier considérablement la pertinence, l’usage et la finalité par leurs seuls
comportements ! Il est donc possible de considérer l'information comme un produit social toujours
ouvert, sans cesse ré-interprété par l'usage qui en est fait (JEANNERET, 2000). Le système
d’information s’est (re)définit alors comme le support des échanges entre des acteurs sociaux au sein
de l’entreprise (mais aussi à l’extérieur).
Ces acteurs sociaux communiquent, et se positionnent les uns par rapport aux autres, au sein d’une
intense et opaque dynamique sociale, à l’aide d’un ensemble de représentations conçues et interprétées
(d’où l’aspect subjectif, partiel, multi interprétable et souvent politique de l’information initiale). Ces
mêmes acteurs organisent leurs échanges par un ensemble de règles, de procédures et de pratiques
dont l’usage est spécifique et contextuel, mais qui reste également orienté par une construction
technologique à base d’outils.
Cette vision des choses conduit à l’émergence de nouvelles définitions :
Un système d’informations est un système d’interactions sociales destinées à créer, échanger, et
interpréter des significations (HIRSCHEIM, KLEIN & LYYTINEN, 1995)
Jacques ATTALI, « Lignes d’horizon », Paris, Editions Fayard, 215 pages. L’auteur définit l’information comme le troisième pouvoir
après la force et l’argent.