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Le mot « alcoolisme » demeure largement utilisé dans le langage courant sans que celui-
ci ne soit réellement appréhendé dans son aspect psychiatrique. Aussi, il paraît important
d’analyser la définition psychiatrique (1) et les caractéristiques (2) de l’alcoolisme.
1) Définition psychiatrique
Il est intéressant d’envisager une approche psychiatrique de l’alcoolisme. Messieurs
Jean Adès et Michel Lejoyeux1 définissent l’alcoolisme comme une conduite pathologique
qui recouvre l’ensemble des mésusages2 des boissons alcooliques, c’est-à-dire l’abus ou usage
nocif d’alcool et la toxicomanie à l’alcool ou alcoolo-dépendance mais aussi la totalité des
conséquences somatiques, psychiques, sociales de cette consommation immodérée. Selon eux,
l’alcoolisme ne peut être considéré comme une maladie mentale ni comme une maladie au
sens médical du terme3. En effet, la maladie n’est que la conséquence de l’excès. Et cet excès
demeure le résultat d’un déterminisme complexe où s’associent, souvent de manière
simultanée, des facteurs tenant aux habitudes culturelles et sociales, à la fragilité biologique
et psychologique d’un sujet, aux effets propres du « produit-alcool ». Bien évidemment, ces
facteurs varient dans le temps et en fonction des individus.
Pourtant, même si l’alcoolisme n’est pas une maladie mentale, celui-ci est souvent
l’objet d’études dans les ouvrages de psychiatrie car alcoolisme et pathologie sont étroitement
liées. En effet, une consommation abusive ou nocive de boissons alcoolisées peut être, au
moins pour partie, favorisée par des traits de personnalité, par la prééminence de dimensions
biopsychologiques4 et par des troubles mentaux divers5. La psychiatrie a donc un rôle à jouer
en repérant ces facteurs de risques, en appréciant chez l’alcoolique le caractère déterminant et
en prenant en charge les conséquences thérapeuthiques.
Sous l’impulsion du DSM IV 6 et de la CIM 10 7, l’alcoolisme a été finalement défini
comme un trouble du comportement caractérisé par une conduite d’usage excessif et un
syndrome de dépendance. Il convient donc d’examiner en détails ces deux caractéristiques.
2) caractéristiques : l’abus et la dépendance
Dans leur définition de l’alcoolisme, les classifications internationales récentes, celle de
l’Organisation mondiale de la santé reprises dans la CIM 10 et celle de l’Association
américaine de psychiatrie reprises dans le DSM IV, différencient l’abus ou usage nocif et la
dépendance sans que chacun de ces syndromes1 ne puisse être déclaré homogène ni
réellement indépendant. Une étude approfondie de ces deux termes est nécessaire.
.a) l’abus ou l’usage nocif
1 « Alcoolisme et psychiatrie, données et perspectives actuelles », Jean Adès et Michel Lejoyeux, janvier 2003,
édition Masson.
2 Détournement d’utilisation ou d’indication.
3 Altération lésionnelle ou fonctionnelle de la santé dont les prodromes, symptômes, l’évolution peuvent être
précisemment circonscrits.
4 Comme la recherche de sensation.
5 Anxiété, dépression, schizophrénie.
6 Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, de l’Association américaine de psychiatrie.
7 Classification internationale des maladies, de l’Organisation mondiale de la santé.
1 Association de plusieurs symptômes, signes ou anomalies constituant une entité clinique reconnaissable, soit
par l’uniformité de l’association des manifestations morbides, soit par le fait qu’elle traduit l’atteinte d’un organe
ou d’un système bien défini.