conduite toxicomaniaque dépendogène, délictueuse et à risques. Tous les
enfermements sont productifs d’abstinence pour autant qu’ils contraignent le
toxicomane se tenant mal à une autre identification (toxicomane-et-rien-d’autre) à
une identité de substitution : prisonnier, contraint, institutionnalisé, substitué,
fidélisé. Le sevrage attendu à terme n’est remarquable que si une conception de la
toxicomanie fait la place de la dépendance, prévalante sur l’opio-dépendance.
Nous utilisons la notion de trajectoires pour inscrire chaque thérapeute et
intervenant à sa place, en limitant les valeurs trop sûres d’échec, de rechute,
d’impuissance et de fuite en avant qui en sont le corollaire. Par exemple, la réussite
d’une cure de désintoxication n’est pas fondée sur le sevrage, mais sur l’accord
entre médecin et patient d’un état de maladie due à la consommation d’opiacés. La
médecine, en la personne du médecin et des équipes concernées, noue un accord
sur la compétence médicale en matière d’intoxication du corps somatique. Tout
autre objectif est voué à l’échec à cause d’une conception réduite de l’être
toxicomane. Une toute puissance en rencontre une autre qui ne fait pas trace sur la
trajectoire, pour un temps qui fait penser à un mésusage des moyens efficaces dans
un tempo et une présentation incongrus. Ces malentendus ont des effets durables
sur les pertes de vue, les ruptures de prise en charge et la difficulté de prendre place
après-coup pour une proposition qui paraît déjà épuisée et sans espoir. La relation
et ses qualités transférentielles prévalent sur les moyens utilisés. La proposition
ainsi formulée : «pas de prescription sans relation» offre une place au médecin, et
une place aux moyens médicaux annoncés par tout intervenant dans le partenariat
souhaitable de prise en charge.
L’implication.
Les personnes, les lieux, les compétences s’impliquent à la demande d’une
personne. Ils sont impliqués à la demande des autorités. Ils s’impliquent sur la
relation de demande obligeante adressée pour une offre qui ne saurait manquer.
Situation singulière d’une rencontre qui oblige. Le professionnel pour ce qu’il sait
faire, pour ce qu’il veut faire et par la formation qu’il a pu recevoir, s’inscrit
volontiers dans une réponse. Ce volontarisme n’est pas toujours rapporté comme
un choix mais souvent comme le résultat d’une pression : c’est la dépendance du
thérapeute et de l’acteur professionnel en matière de toxicomanie. Dans cette
appréciation, la proposition d’une rencontre se solde par un bradage.
L’implication est donc commune, sincère et liée au contact d’un demandeur
qui crée l’obligation de répondre. Répondre n’est pas donné. Mais se conjoint
aujourd’hui l’obligation de moyens dont chaque acteur s’arme pour se maintenir
dans ses prérogatives, en particulier de spécialiste.