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Psychologie comportementale et cognitive (13h) :
I) Le modèle comportementaliste ou behavioriste
Le béhaviorisme (ou comportementalisme) est une approche en psychologie qui
consiste à se concentrer uniquement sur le comportement observable de façon à
caractériser comment il est déterminé par l'environnement et l'histoire des
interactions de l'individu avec son milieu, sans faire appel à des mécanismes
internes au cerveau ou à des processus mentaux non directement observables.
Par exemple, l'apprentissage y est décrit comme une modification du
comportement observable due à la modification de la force avec laquelle une
réponse est associée à des stimuli, extérieurs (environnement externe) ou à des
stimuli intérieurs (environnement interne), sur l'organisme.
Le but de toute thérapie comportementale ou cognitive est d’aider un patient à
changer certains éléments de son comportement. C’est dans la mesure
l’individu lui-même souhaite ce changement que ces thérapies ont la valeur
psychothérapique qui leur est accordée de nos jours. Il s’agit par exemple, de
supprimer chez l’obsessionnel des vérifications ou des rites, de modifier des
réactions émotionnelles de sujets phobiques, d’apprendre à acquérir de nouvelles
compétences sociales dans des relations interpersonnelles.
A) Histoire du behaviorisme
Au début du siècle, la psychologie n’est toujours pas libérée de l’emprise de la
philosophie. Tout se passe un peu comme si la méthode introspective avait pris
le pas, en psychologie, sur la méthode expérimentale. Pourtant, dès les dernières
décennies du XIXème, sous l’impulsion de physiologistes comme Wundt, les
lois psychologiques sont connues. En France, avec Ribot, philosophe de
formation considéré comme « le père de la psychologie scientifique française »
(Pichot, 1983), se développa la psychologie expérimentale qu’il enseigna au
Collège de France avec initialement, l’intention de l’élargir à l’étude de la
psychopathologie. Il se borna cependant (Fraisse, 1967) à utiliser des
observations de malades sans jamais tirer d’hypothèses sur la genèse de leurs
troubles estimant que la pathologie mentale fournit des expériences auxquelles il
suffit de se référer. Tel n’était pas l’avis de Janet, philosophe et médecin, qui
succéda à Ribot dans son enseignement de psychologie expérimentale et écrivit
en 1923 : « Les tentatives thérapeutiques constituent souvent de véritables
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expériences psychologiques et elles mettent en lumière des faits que
l’observation seule n’avait discerné.
Il s’agit d’essayer de comprendre, reprenant les termes de Yates. « La genèse et
le maintien du comportement » et de voir comment « Les patterns anormaux »
chez l’être vivant différent de ceux observés lors d’études expérimentales. Les
recherches sur l’apprentissage ont fait ressortir le paradigme du conditionnement
indispensable dans toute étude comportementale.
Nous ne nous étendrons pas sur les conceptions de Watson auquel fort
injustement, on a pu, en France imputer l’esprit des thérapies comportementales.
IL créa une véritable révolution en psychologie lorsqu’en 1913, dans son désir
de l’affranchir de la méthode introspective, il créa le behaviorisme. Il distinguait
bien les comportements observables des comportements privés que sont les
pensées ou images mentales, parfois traduite par des mouvements ou des paroles
mais qui ne peuvent faire l’objet d’une psychologie scientifique. Watson
abandonna peu après l’enseignement universitaire, mais lorsqu’il fut mis au
courant des recherches de Pavlov, il adhéra pleinement à une théorie dans
laquelle il ne voyait que la simple mise en évidence d’une relation causale entre
stimulus et réponse. Le stimulus permettrait alors de prévoir la réponse d’un
organisme et les comportements auraient été acquis par un mécanisme de
conditionnement pavlovien. Certaines théories du stress renvoient à ces
conceptions.
Dans les premiers essais de déconditionnement utilisant des méthodes aversives,
on trouve une référence à ce sujet modèle stimulus-réponse. C’est Le cas, par
exemple, du traitement de l’alcoolisme par aversion conditionnée, de celui de
l’énurésie nocturne chez l’enfant et même d’anomalies de l’orientation sexuelle
telle l’homosexualité chez des volontaires. Mais ces traitements rentrent
davantage dans le cadre de la modification du comportement que dans celui des
thérapies comportementales à vocation psychothérapique.
1°) LE CONDITIONNEMENT PAVLOVIEN
L’œuvre de Pavlov, est bien loin en son esprit de suivre le modèle behavioriste.
Physiologiste de formation, prix Nobel de Médecine en 1902. Pavlov s’était
tout d’abord intéressé au rôle des formations corticales dans le conditionnement.
Comme on le sait, il avait étudié chez le chien des réactions salivaires qu’il
observait au moyen d’une fistule gastrique. C’est en effet, par hasard à la suite
d’une inondation qui avait fait de nombreux dégâts à Saint-Pétersbourg en 1924,
que Pavlov fit une observation capitale : chez certains des chiens de son
laboratoire, des apprentissages qui avaient été très longs à obtenir ne persistaient
plus. Leur comportement avait été troublé par ces événements traumatisants.
Mais pourquoi ce que nous appelons de nos jours un état de stress post-
traumatique apparaissait il chez certains chiens seulement mais pas chez tous ?
Pavlov postula alors que le système nerveux central est réagi par deux
processus : un processus d’excitation et un processus d’inhibition et que les
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réactions de l’organisme résultent de la force de ces deux processus. Ce qui fait
que la typologie pavlovienne, comme beaucoup d’autres, n’est apparue présenter
que peu d’intérêt diagnostique.
Retenons de la méthodologie pavlovienne, l’importance qu’elle donne à l’état
d’un organisme en situation. Alors que les expériences des neurophysiologistes
sont faites « en aigu » pour étudier par exemple les réactions d’un nerf ou d’une
structure sous-corticale, Pavlov exigeait que ses animaux soient en bonne
condition physique et soustraits aux influences du milieu extérieur et du bruit (il
les plaçait dans une tour de silence durant l’expérimentation).
Le conditionnement pavlovien ne peut déjà plus, dans cette optique se réduire à
un strict modèle stimulus-réponse puisqu’est introduit obligatoirement entre le
stimulus et la réponse l’état de l’organisme (o) :
S  O  R
Il peut s’agir s’un état physiologique susceptible d’être modifié par des agents
pharmacologiques (d’ ses nombreuses applications), mais il peut également
s’agir d’un état psychologique induit passagèrement par des facteurs
émotionnels, conception que nous retrouverons chez des comportements
contemporains, par exemple dans le modèle développé par Kanfer et Philipps
(1970).
Le protocole d’expérience de ce conditionnement classique permet de
comprendre la persistance et l’étendu de certains états anxieux, notamment les
phobies : un stimulus neutre, tout d’abord sans effet, (ex : un chien aboie
derrière un portail et la porte s’ouvre) ne devient conditionnel que lorsqu’il a été
associé à un stimulus inconditionnel (le chien sort et mord). Ensuit, l’extinction
survient normalement si la réaction conditionnelle s’est manifestée un certain
nombre de fois sans avoir été renforcée, c'est-à-dire sans que le stimulus
inconditionnel ait été de nouveau présenté.
Mais cette extinction de la réaction conditionnelle peut ne pas survenir. Ce
phénomène attira l’attention de Wolpe (1958) et lui permit de mettre au point la
théorie de l’inhibition réciproque. Une réaction, par exemple à un facteur
passager de stress, peut persister en l’absence de ces facteurs de stress. Bien
plus, cette réaction anxieuse peut se généraliser, c'est-à-dire survenir également
dans des situations qu’une analogie très lointaine avec les événements
traumatisants initiaux. Le sujet mordu par un chien peut devenir phobique non
seulement des chiens mais de tous les animaux à poils sans les discriminer.
Dans le conditionnement classique, la réaction étudiée est donc physiologique,
soumise à l’état de l’organisme et indépendante de la volonté du sujet. Il fournit
des hypothèses sur les processus d’acquisition et de maintien d’un
comportement ou d’une cognition dysfonctionnels.
Historiquement, le behaviorisme est apparu en réaction aux approches dites
mentalistes qui voyant dans « le mental la cause de toute action » défendait
l'introspection en tant que méthode d'accès à la compréhension de l'esprit.
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En 1913, John Broadus Watson établit les principes de base du behaviorisme
(dont il invente le nom) en affirmant, dans un article intitulé "La psychologie
telle que le béhavioriste la voit" que si la psychologie veut être perçue comme
une science naturelle, elle doit se limiter aux événements observables et
mesurables en se débarrassant, sur le plan théorique, de toutes les
interprétations qui font appel à des notions telles que la conscience et en
condamnant, sur le plan méthodologique, l'usage de l'introspection "aussi
peu utile à la psychologie qu'elle l'est à la chimie ou la physique". Il fait de
l'apprentissage un objet central pour l'étude du comportement qui doit être
approché uniquement sous l'angle des comportements mesurables produits en
réponse à des stimuli de l'environnement. Cette position de principe défendue
par Watson correspond à ce qu'on a appelé par la suite le béhaviorisme
méthodologique pour le différencier des autres courants auxquels il donnera
naissance.
Dans les années 1940 et 1950, Burrhus F. Skinner introduit la notion de
« conditionnement opérant » sur la base des observations qu'il effectue sur les
animaux placés dans des paradigmes opérationnels au cours desquels ils
apprennent par essai-erreur les actions à effectuer pour obtenir une récompense.
Alors que Watson la rejetait, Skinner s'appuie sur la loi de l'effet de Thorndike
qui établit que le comportement est fonction de ses conséquences, pour
développer les notions de renforcement, de façonnement, d'apprentissage
programmé. Ces principes marquent une divergence profonde avec le
béhaviorisme méthodologique de Watson en acceptant l'idée que des variables
internes à l'individu puissent intervenir dans l'analyse du comportement. De
plus, ce courant ne rejette pas les processus internes comme les pensées ou les
émotions mais les qualifient d'événements « privés » auxquels peuvent tout aussi
bien s'appliquer les principes de la psychologie opérante.
2°) LE CONDITIONNEMENT OPERANT
D’autres hypothèses plus comportementales ont été empruntées à un type,
différent dans son établissement, de conditionnement : le conditionnement
opérant.
Ici la réaction étudiée concerne le système squelettique et met en jeu la motricité
du sujet. Ce sont les facteurs du milieu qui gouvernent le comportement et
contrôlent ses probabilités d’apparition. Ainsi selon la loi de l’effet de
Thorndike, le sujet à tendance à répéter les actions qui lui paraissent avoir des
conséquences bénéfiques, et qui lui permettent par exemple d’échapper à
certaines situations désagréables ou de les éviter. Ex : le syndrome de
déconditionnement à la douleur dans le cadre des prises en charge de
Restauration Fonctionnelle du Rachis. Skinner ne niait pas l’existence des
phénomènes intérieurs (pensées par exemple), mais dans son souci, qui était
celui de son époque, d’échapper au mentalisme, il ne s’intéressait qu’aux
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éléments observables du comportement. Son ambition était de faire de la
psychologie une science du comportement, ambition qui est celle du
behaviorisme radical et qui a soulevé une levée de boucliers.
Skinner ne se proposait pas, dans travaux, de contribuer à une théorie
psychopathologique et encore moins d’orienter des interventions
psychothérapiques. Cependant, ses expériences sur le conditionnement opérant
ont une importance capitale en thérapie comportementale : elles ont mis en
évidence la notion de renforcement, elles ont montré que le comportement de
tout être vivant est modifié par les conséquences de ses actes. Elles ont
démontré, chez l’animal, que lorsque le protocole de renforcement est modifié,
c'est-à-dire lorsque varie le débit des renforcements disponible dans
l’environnement, le comportement varie : par exemple, lorsque les
renforcements positifs sont moins nombreux, il y a de fortes probabilités pour
que les réponses diminuent.
En tant que processus, le renforcement négatif augmente également la
probabilité d’apparition du comportement (et ceci l’inverse de la punition qui ne
fait qu’inhiber un comportement) Mais cette fois-ci, ce qui augmente, c’est la
probabilité d’apparition d’un comportement d’évitement ou d’échappement à un
stimulus aversif. Par exemple, s’il peut (stimulus aversif) et que je ne veux pas
être mouillée, ma probabilité d’ouvrir mon parapluie augmente….
Cette notion d’évitement est très importante pour la compréhension de réactions
inadaptées et pour les stratégies comportementales qui peuvent en découler. Par
exemple, l’observation du comportement de phobiques se résume souvent à
l’évitement de l’objet phobogène. L’évitement, devenu habituel, les empêche
d’être confrontés à cet objet, dont ils admettent pourtant l’innocuité, et même de
l’évoquer en imagination. Cet évitement se généralise : une simple appréhension
à prendre un moyen de transport se mue en impossibilité de le prendre, puis en
difficulté à prendre un autre moyen de transport, à sortir dans une rue animée
puis à sortir de chez soi ; une véritable escalade de symptômes se présente au
thérapeute. Celui-ci, pour les faire rétrocéder, tentera soit une désensibilisation
faisant tout d’abord évoquer mentalement dans un état de calme les stimulus
anxiogènes, pour ensuite confronter le patient à des situations réelles, soit une
procédure dite d’exposition, il confrontera directement le phobique avec les
objets de ses peurs.
B. L'expérience de Skinner
Renforcement positif. Stimulus "Le rat est dans la cage". Réponse
(comportement) : "Le rat appuie sur le levier". Renforcement positif : "Il
obtient de la nourriture (= ajout).
Augmentation de la probabilité d'apparition du comportement
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