La crise des subprime
Introduction
Une crise en devenir…
Dans la presse internationale, le terme subprime est mentionné dans 6 000 articles en 2006, 32 000 au
1er semestre 2007 et 130 000 au 2nd semestre 2007. Dans la presse francophone, ce terme apparaît 6 fois
en 2006, 700 fois au 1er semestre 2007 et 8 400 fois au 2nd semestre 2007.
Les experts du FMI notaient en avril 2007 « en dépit de la volatilité récente sur les marchés
financiers, la croissance mondiale devrait rester vigoureuse en 2007 et en 2008 ».
Bref, quelques mois avant la crise financière qui éclate en août, les marchés n’annonçaient pas
de ralentissement mondial.
Le marché des crédits subprime
Le marché des crédits subprimes qui a certes connu une forte croissance ces dernières années aux États-
Unis, est somme toute de taille relativement modeste. Il ne représente pas plus de 1 000 milliards de
dollars, à comparer à la capitalisation boursière aux États-Unis qui est de 20 000 milliards ou au
patrimoine des ménages américains qui s’élève pratiquement à 60 000 milliards de dollars. Pourquoi la
crise a-t-elle donc pris une telle ampleur ?
Pour comprendre la séquence de ces événements, deux approches sont possibles :
1) la première met l’accent sur les dérèglements qui se sont amplifiés tout au long de 2007
2) la seconde considère qu’ils se sont produits à partir d’une base elle-même fragile.
C’est cette dernière que nous retiendrons : la crise des subprimes intervient sur fond de déséquilibres
financiers mondiaux.
I- Une situation macroéconomique instable
Introduction
Le paradoxe de la tranquillité…
La crise financière est à due proportion de la situation de fragilité qu’avait développée l’économie
mondiale. Une fragilité masquée par ses succès.
Cette situation a tout du « paradoxe de la tranquillité ».
Définition : Le « paradoxe de la tranquillité » est une expression que l’on doit à l’économiste américain
Hyman Minsky. Ce dernier a développé dans les années soixante-dix l’idée que les crises de
surendettement se préparent lorsque tout va bien.
… doublé du paradoxe de la crédébilité
Définition : « Paradoxe de la crédibilité » (Borio et Shim, 2007) : la lutte contre l’inflation a renforcé la
crédibilité des banques centrales. Une liquidité abondante entraîne des rendements obligataires faibles et
une diminution généralisée des primes de risque, les marchés intégrant l’efficacité des politiques anti-
inflationnistes des banques centrales. Il s’ensuit de leur part une recherche accrue de rentabilité, à l’abri
d’une crédibilité accrue dans les instances de régulation.
Problématique
Le modèle de base est celui de la théorie du surendettement inspiré initialement des travaux d’Irving
Fisher en 193 :
1) tout part d’un choc de productivité qui a une incidence positive sur la croissance
2) cette croissance nourrit les anticipations de profits et se traduit par une augmentation des
investissements et donc du crédit.