Introduction à la Psychologie Clinique Prof. Dr. Ariane Bazan Année 2008-2009 Introductions Informations Pratiques Courriel: [email protected] Secrétariat: Service de psychologie clinique et différentielle Bât. D - niveau 9 Questions: les lundis de 12:15 à 13:15 bureau DB 9.240 Enseignement: o Cours théoriques: 14 semaines (13 rencontres) o Travaux pratiques: service de psychologie du développement et de la famille Evaluation: examen écrit: o Questions portant sur le cours théorique (14/20) Introduction historique : QCM (4/14) 2 questions ouvertes (6/14) sur la partie clinique (comparaison, questions articulées) Lapsus à remettre avant Noël + analyse (2/14) Livre de Freud, expliquer le titre, donner un exemple (2/14) o Questions portant sur les travaux pratiques (6/20) Présentation du Cours Une Introduction au Domaine de la Psychologie Clinique : objets, spécificités, théories, modèles, méthodes But: l’acquisition d’outils permettant de penser la clinique en psychologie Contenu: 1. INTRODUCTION : sur la psychologie (200 ans), comment a t’on vécu sans psychologie ? Pourquoi créer ce domaine et comment est-ce venu ? La psychologie clinique, recontre avec un patient, nécessité de créer le domaine de la psychologie clinique. 2. LES TROIS TEMPS DE LA CLINIQUE = un cycle i. La rencontre : quelqu’un appelle et demande de vous rencontrer, on ouvre la porte et on voit quelqu’un. Condition humaine : on rencontre un humain quelque soit son problème. Adresse :le patient s’adresse à nous. Ethique ii. La réception/L’écoute : Le sujet commence à parler, on lui offre un espace disponible. La personne nous touche, on retient des éléments et on pense au diagnostoqie. Nosographie (description des maladies) structurelle/statistique. Le processus diagnostique : processus dynamique, à remettre en cause à chaque visite, c’est donc un travail intellectuel continu. iii. La réponse/L’intervention : les modèles thérapeutiques 3. CONCLUSIONS 1 I. INTRODUCTION 1. LA NOTION DE PSYCHOLOGIE Du grec psyche ‘esprit’ et logos ‘étude’, littéralement ‘l'étude de l'esprit ou de l'âme’ : Conception de l’homme 1.1 Fondements Historiques 1.1.1 Le ‘long passé’ de la psychologie Avant que le mot existe, mais courte histoire du domaine désigné comme la psychologie.(psychologue allemand Ebbinghaus en 1902) 1.1.2 XVIe: Premières utilisations et définitions du mot psychologia 1.1.3 XVIIe et XVIIIe: L’apport de la philosophie (morale) 1.1.4 XIXe: Fondements de la psychologie expérimentale 1.1.1 Le ‘long passé’ de la psychologie 1) Platon et les pères de l’Eglise: séparation de l’âme et du corps Platon (4°s avant J-C) Philosophe grec o Dualisme de l’âme et du corps: La séparation de l’âme immatérielle (la pensée = l’esprit) et du corps matériel L’âme pilote le corps (pas évident pour cette époque car vue de l’esprit et pas vue religieuse) L’idée de séparation est reprise par les Pères de l’Église (Saint-Paul, Saint-Augustin) lors de la réforme de l’église (début du protestantisme) Luther (Moine Allemand, 16°s) en 1515: (auparavant, c’est l’autre mouvement qui a dominé) Distinction: o L’homme extérieur, terrestre et corporel: soumis à la servitude (serf dans ses œuvres) o L’homme intérieur ou spirituel: homme libre, de cette liberté reçue du Christ (libre dans sa foi) Calvin Théologien français (1541): but : prescrire une morale. Un dualisme théologique, entre terre et ciel, l’âme est plus proche de Dieu o L’homme extérieur: ‘les choses terrestres’ : le corps comme instrument créé par Dieu pour atteindre le salut o L’homme intérieur: ‘l’intelligence des choses célestes’ : la raison des philosophes est ‘comme gouverneur et capitaine de l’âme’ o Mieux vaut s’en remettre à la loi de Dieu - à cette voix de Dieu en soi - plutôt qu’au jugement de sa raison. L’intuition est pour lui quelque chose qui vient de Dieu. la vérité réside toujours à l’intérieur 2) La métaphysique: une approche réaliste représentée par Aristote Aristote philosophe grec (4°s avant J-C) Il a écrit des livres sur les animaux, les plantes, la terre, l’humain. La Métaphysique o Réalisme (par rapport à l’idéalisme de Platon): l’essence n’est pas dans un monde idéal séparé, mais dans les choses de ce monde: «Comment les Idées, qui sont la substance des choses, seraient-elles séparées des choses?». o Réalisme : doctrine selon laquelle le réel existe en dehors de l’esprit 2 o L’âme n’est pas le pilote du corps: l'âme est au corps comme la forme est à la matière, distincte et inséparable. -> c’est le père de la science reprise pendant 15 siècles dans les facultés. o La physica, la science de la nature que l’on enseignera principalement dans les Facultés de médecine pendant les siècles à venir repose essentiellement sur le commentaire des œuvres d’Aristote. Galien (2°s – médecin grec) rassemble les travaux d'Hippocrate et d'Aristote et les étend considérablement dans ce qui va devenir, pour 15 siècles, la source principale des connaissances médicales dans les sphères d'influence juive, chrétienne et musulmane. Les causes de la maladie et de la santé sont recherchées parmi des causes naturelles: les 4 éléments (air, feu, terre et eau), combinés aux 4 qualités physiques (chaud, sec, froid, humide) influent sur les 4 humeurs = fluides corporels (sang, bile jaune : sécrétion par le pancréas et le foi, bile noire et flegme : système respiratoire). : Base de la caractériologie : classification des humains selon certains axes. Tel est le socle de la doctrine médicale qui sous-tend l’art de guérir depuis si longtemps qu’il semble construit pour durer toujours… or les progrès remarquables de l’anatomie tout au long du XVIème siècle (guerre religieuse, réforme du peuple contre l’église) ont apporté une connaissance plus précise du corps humain mais surtout ont développé une nouvelle attitude critique à l’égard des sources anciennes. (corps ouvert dans la rue, dissection de l’homme). Une nouvelle science de l’homme apparaît du nom d’anthropologia au début du XVIième siècle. Bientôt cette anthropologia se divise en deux parties: anatomia, science du corps et psychologia, science de l’âme. 1.1.2 XVIe: Premières utilisations et définitions du mot psychologia 1) XVIe siècle: Les premières utilisations du mot psychologia Les ouvrages où figurent les premières occurrences du mot psychologia sont des traités de philosophie naturelle ou de physica (Aristote). Le cerveau est l’organe principale dans les fonctions sensitives. Les égyptiens pensent que le cerveau sert à refroidir le sang. En 1540, Philippe Melanchthon (réformateur religieux allemand) commente le ‘De anima’ d’Aristote’ et utilise le terme de psychologia: o Il propose une Physica renouvelée au service de la médecine: il enrichit le texte d’un long traité d’anatomie. o Le cerveau devient l’organe principal des fonctions sensitives et supplante le cœur comme siège de la vie affective et de la pensée. o A la position d’Aristote, que tout être vivant possède à des degrés divers une âme qui organise le corps, il oppose une anthropologie dualiste qui divise l’homme en corps et âme. On revient à un dualisme. 2) XVIe siècle: Les premières définitions de la psychologia: une prise de position dualiste en contrepoint à Aristote et en conformité avec les dogmes chrétiens Homo duplex, l’homme double: o La partition de l’anthropologie en anatomie et psychologie o La psychologie: Objet: l’âme rationnelle But: décrire les facultés : découpage : on divise les facultés et on regarde comment ça fonctionne ensemble o L’anatomie: le modèle par excellence: la science procède par découpage, par la mise en évidence du plus simple. 3 Melanchton: o Une prise de position dualiste o Qui fonde un nouveau champ de la connaissance o Grand nombre de rééditions jusqu’à la fin du XVIème siècle La psychologia est donc la science de l’âme raisonnable unie à un corps animé. Aux Pays-Bas, Snellius (médecin hollandais– 16°s): A ce moment-là, on risque sa vie en écrivant de nouvelles idées. o « L'âme raisonnable de l'homme est la pensée qui, conjuguée au corps, parachève l'homme. (…) Les choses physiques plus proches des corps naturels qui se meuvent naturellement, possèdent une étendue et à cause de cela occupent un lieu.». o « La faculté de l'âme rationnelle est la pensée ou volonté. La pensée est la faculté de l'âme de discourir et de penser à propos des choses qui sont et ne sont pas ». Ce texte est fondamental: il affirme que l’attribut de l’âme est la pensée et que le corps se définit par le lieu de l’espace qu’il occupe, sa grandeur ou extension. Cette psychologia est dualiste: l’anthropologia est articulée en anatomie, science du corps et psychologie, science de l’âme unie au corps. La psychologie est donc fille de la Réforme (réfléchissons par nous même) et de l’esprit critique qui s’installe et déconstruit lentement tous les domaines du savoir. La déconstruction principale porte sur l’œuvre d’Aristote. (même s’il a dit beaucoup de trucs bien). Son modèle de scientificité est emprunté à l’anatomie qui pose à l’avant-plan sa démarche résolutive, analytique. La psychologie est une science moderne dans le sens où elle relève du même paradigme que l’anatomie de Vésale, la cosmologie de Copernic et de Galilée ou encore la chimie de Robert Boyle. 3) XVIIe siècle: La diffusion du mot Psychologia: Anthropolie: anatomie et psychologie Au XVIIème siècle le mot psychologia connaît une modeste fortune et son emploi reste plutôt confidentiel (la philosophie prend le domaine de connaissance de la psychologie) En 1653, le mot psychologia faire son entrée dans un dictionnaire: « ANTHROPOLOGIA, l'anthropologie est la science naturelle de l'homme. PSYCHOLOGIA, la psychologie est la doctrine de l'âme ». À la fin du XVIIème siècle, cette façon de présenter l’anthropologie, science de l’homme, en deux parties, anatomie et psychologie, est très largement répandue, principalement dans les ouvrages médicaux. 1.1.3 XVIIe/XVIIIe: L’apport de la philosophie. 1) Descartes: dualisme et rationalisme La division de l’anthropologie en psychologie et anatomie est une source d’inspiration pour le dualisme de Descartes (philosophe français 1641). o Il distingue l’anima «ce principe par lequel nous sommes nourris, nous croissons et faisons sans la pensée toutes les autres fonctions qui nous sont communes avec les bêtes » de la mens « celui par lequel nous pensons ». o « je considère la pensée, non comme une partie de l’âme, mais comme cette âme tout entière qui pense ». Pour Descartes, il n’y a pas de science possible de l’union de l’âme et du corps. 4 Comme l’âme et le corps relèvent d’une ontologie différente, il s’ensuit que les idées sont innées car il ne peut y avoir de processus qui prenne son départ dans un objet du monde extérieur, touche le corps par les sens et s’achève dans l’âme sous la forme d’une idée. 2) l’Empirisme anglais et l’associationnisme A côté de Descartes, il y a les empiristes anglais: Ils rejettent l'idée de connaissances innées Ils supposent que l'esprit de l'enfant est une ‘table rase’ et que son contenu provient de l'expérience sensorielle du monde extérieur. Ce contenu est fait de sensations, d'images et d'idées. Les idées donne lieu par association à d’autres idées. Les empiristes donnent le coup d'envoi à la théorie associationniste de l'apprentissage, théorie où l'on suppose que des impressions se dégagent des choses sensibles pour se transformer en images mentales. De plus, ces images se regrouperaient selon la ressemblance, la contiguïté et la répétition. Des idées naissent de d'autres idées, et ce, par association. Même principe que la psychanalyse : association libre d’idée, par opposition au rationnelle. Ici les idées ne viennent pas de Dieu. Le philosophe Anglais Hobbes (XVIIe): (retenir les noms des empiristes) D’où viennent les idées ? la conception des ciseaux provient de l’action que l’on fait avec le ciseau, de la motricité de ce qu’on fait avec les objets. (très moderne comme idée). Toute conception procède de l’action de la chose dont elle est la conception. Une théorie de l’association : « La succession des conceptions dans l’esprit, leur suite ou leur liaison, peut être casuelle et incohérente, comme il arrive dans les songes pour la plupart du temps, ou peut être ordonnée, comme lorsqu’une première pensée amène la suivante, et alors cette suite ou série de pensées se nomme Discours. Mais comme le mot Discours est pris communément pour une liaison ou une conséquence dans les mots, afin d’éviter toute équivoque je l’appellerai Raisonnement. ». On a donc deux façons de traiter l’informations, le raisonnement qui est rationnel et le rêve qui suit une autre logique par association d’idées. C’est donc une position dualiste de la pensée. Le philosophe Anglais John Locke (XVIIe): Il réfute la thèse des idées innées; toutes nos idées viennent de l’expérience Il décrit l’esprit humain comme une table rase, qui sera remplie par après par l’expérience Il pose les bases de la théorie associationniste: les idées s'associant sous l'influence de la contiguïté, de la ressemblance, de l'opposition. La loi de la nature humaine est une loi de raison. Le philosophe Anglais David Hume (XVIIIe) Pour lui, tout part du sujet et revient au sujet: la raison reste soumise aux passions, l’émotion, les pulsions dominent la raison. Pour lui, tout n’est qu’une affaire de subjectivité, chacun suit ses goûts et ses ‘instincts’ 1.1.4 XIXe: Fondements de la psychologie scientifique 1) Naissance de la psychophysiologie en Allemagne La psychologie, en tant que discipline scientifique autonome, naît à la fin du XIXe siècle, quand elle se détache de la philosophie: 5 En 1809, les hypothèses transformistes de Lamarck (première théorie de l’évolution : l’acquis à chaque génération se modifie et se transmet pour améliorer l’espèce et permettre donc plus de déscendance) et en 1859 la théorie de l’évolution de Darwin popularisent l'idée d'une différence de degré seulement entre l'homme et les animaux. Ici l’âme est la substance de l’église. C'est un puissant appui pour les réfutations critiques d'une âme-substance, privilège de l'homme. Les efforts de la philosophie pour conserver la présidence des savoirs sur la pensée et l'action humaines échouent. En Allemagne les scientifiques célèbrent la matière et répudient les spéculations rationnelles en faveur des ‘faits’ et de l'expérience positive. Le problème de la mesure préoccupe alors nombre de savants. On veut aller à la rencontre du monde et plus seulement s’asseoir et réfléchir. On veut s’autoriser à réfléchir pour avoir une explication rationnelle, la connaissance n’est plus à l’Eglise, on peut se poser des questions, qu’est-ce que ça veut dire d’être humain ? La naissance de la psychophysique en Allemagne marque le transfert de ces préoccupations sur le plan de la psychologie comme science. Les difficultés à surmonter sont grandes, puisqu'il s'agit de soumettre à l'expérimentation l’esprit de l'homme. La psychophysique se donne pour tâche de déterminer le rapport existant entre un phénomène physique et le phénomène psychique (la sensation) qui en résulte pour en tirer des lois. On veut connaître la relation entre la luminosité et la perception visuelle par exemple. Weber [XIXe], physiologiste et anatomiste allemand Il passe de la physiologie à la psychologie. Il fait des recherches sur les sensations tactiles et visuelles : « La quantité d'excitation nécessaire pour discerner une première sensation d'une seconde est en rapport avec la sensation initiale » Si cette quantité est augmentée peu à peu, la sensation première demeure d'abord inchangée. Pour que le sujet perçoive l'accroissement, il faut une augmentation d'une certaine importance, proportionnelle à la quantité d'excitation première. Par exemple, si on veut différentier une petite tape d’une autre, il faut une certaine différence entre les tapes. Lorsque celles-ci augmentent linéairement, ce n’est qu’après un petit moment qu’on ressent la différence ; la réponse à la simulation passe de NON à OUI après un certain seuil. De même, on n’entend pas la différence entre 0,1 décibel même si on peut la mesurer. La ‘loi’ de Weber : (question d’examen) Alors que l'excitation croit ou décroît d'une manière continue, la sensation change de manière discontinue. Fechner [XIXe], philosophe allemand: Il déduit mathématiquement une loi plus précise: 6 La sensation croît comme le logarithme de l'excitation. De telles recherches marquent l’introduction de la mesure en psychologie. La psychophysiologie, fondée sur les rapports entre des états psychiques et des états physiologiques (glandulaires, nerveux, cérébraux), détrône la psychophysique. Wundt [XIXe], médecin allemand: Il étudie la perception sensorielle (la vision) Il s'intéresse à la mesure des processus psychologiques par la méthode ‘des temps de réaction’ Il crée le premier laboratoire de psychologie à Leipzig en 1879. Et donc on peut parler de la naissance de la psychologie. (Question d’examen)Ce laboratoire est fréquenté par des étudiants de divers pays: c’est le cas notamment de Stanley Hall en 1883, qui fonde un laboratoire analogue à l'université John Hopkins de Baltimore. Il joue un rôle décisif dans la constitution de la psychologie expérimentale, en lui annexant la physiologie et l'anatomie Son but est d’élaborer une psychologie n'admettant que des ‘faits’ et recourant dans la mesure du possible à l'expérimentation et à la mesure : Eléments de psychologie physiologique (1874): “Le livre que je rends ici publique a comme but de définir un nouveau domaine de la science.” Il cherche à déterminer le rapport des phénomènes psychiques avec leur substrat organique, particulièrement cérébral: «...rien ne se passe dans notre conscience qui ne trouve son fondement sensoriel dans des processus physiques déterminés… » Il veut démontrer que la sensation et l'image sont le produit des passages de l'influx nerveux dans les neurones cérébraux. Ebbinghaus [XIXe], philosophe allemand: le premier à appliquer une méthode expérimentale dans l’étude de la mémoire. 2) Les positivistes anglosaxons: Quand les philosophes commencent à revendiquer pour leur science le terme de psychologie (mais ils restent des philosophes) Le positivisme d'Auguste Comte: (philosophe français [19°s]) l'esprit scientifique va remplacer les croyances théologiques ou les explications métaphysiques 7 l’étude des ‘faits’ et l’observation en contrepoint au recours à la métaphysique. Le philosophe anglais John Stuart Mill [19°s] associationniste: la psychologie est une science indépendante, d'observation et d'expérimentation, qui a pour objet de dégager les lois selon lesquelles les phénomènes de l'esprit s'engendrent les uns les autres la connaissance des processus nerveux est encore trop imparfaite pour qu'on puisse miser sur la physiologie Le sociologue anglais Herbert Spencer [1820-1903]: Il attribue à la psychologie une place à côté de la biologie Le psychisme se constitue de rapports préétablis dans le système nerveux; ces rapports o sont nés de rapports réels dans le monde environnant à un moment de l’évolution o se sont établis par les expériences accumulées des organismes précédents o viennent conditionner l'expérience de l’individu. Spencer attribue ainsi un rôle essentiel à l'hérédité des qualités acquises; c'est par elle qu'il veut rendre compte des aptitudes individuelles transmises, enrichies, à la génération suivante. Le philosophe et médecin américain William James [1842-1910]: !!!!! On lui doit le programme actuel de la psychologie. Il s'efforce de constituer une psychologie scientifique: « Quand nous avons analysé les données, et déterminé empiriquement leurs rapports avec certaines conditions définies du cerveau, l'œuvre de la psychologie en tant que science naturelle est achevée. » Il crée à Harvard une salle destinée aux expériences et aux démonstrations psychologiques, dont il se désintéresse vite. ‘Principes de psychologie’ [1890]: l’un des plus importants ‘best-seller’ de la psychologie La psychologie: « La psychologie est la science de la vie mentale, tant de ses phénomènes et de ses conditions. Les phénomènes sont ce que nous appelons les affects, les désirs, les cognitions, les raisonnements, les décisions, etc. » le concept de ‘flux de conscience’ (‘the flow of consciousness): au cœur de la vie psychique le courant de la conscience ne cesse de se creuser un lit à travers la multitude de nos impressions sensorielles Point de vue positiviste: la psychologie entant que science naturelle: quand nous avons analysé ces données, et déterminé empiriquement leurs rapports avec le cerveau, l'œuvre de la psychologie est achevée. écarte tout ce qui se rattache à la métaphysique crée à Harvard une salle destinée aux expériences et aux démonstrations psychologiques la ‘théorie James-Lange des émotions’: !!!!!! (Lange : médecin danois) une situation à caractère émouvant se présente des modifications organiques « suivent immédiatement la perception (réaction dans les vicères, le corps intérieur, par exemple, mal au ventre suite à un stress) 8 et c'est la conscience que nous en avons à mesure qu'elles se produisent qui constitue l'émotion comme fait psychique ». (c’est la sensation physique qui nous fait prendre conscience qu’on a ressenti une émotion (par exemple qu’on sait qu’on a peur du serpent)) Pour James et Lange, l'émotion traduit une réponse aux modifications physiologiques. Sans les états corporels, la perception n'engendrerait aucune charge émotionnelle. 1.1.5 Quelques étapes de la ‘courte histoire’ de la psychologie (19°s) La psychologie définie comme science est donc double dans ses modèles si l’on compare le courant allemand de la psychologie des facultés au courant anglais empiriste et positiviste. La méthode résolutive-recompositive vise le même objectif que celui que poursuivaient tout au long du XVIème siècle les anatomistes, à savoir expliquer, déployer l’être humain dans ses éléments constitutifs et dans sa double dimension corporelle et mentale. A la fin du XIXe siècle la psychologie prend un essor. 1) Etudes de l’Apprentissage L’expérience du médecin russe Ivan Pavlov [1849-1936]: !!! But : développer un modèle animal d’apprentissage par association qui pourrait être étudié rigoureusement en laboratoire. 9 Le conditionnement classique ne se fait que sur un réflexe (involontaire), si c’est une activité volontaire, il n’y a pas de conditionnement. Le conditionnement est un apprentissage. On associe le stimulus neutre à un stimulus inconditionnel, lors de chaque expérience, on obtient toujours exactement le même résultat. Pourquoi a-t’il reçu un prix nobel ? Il a pu objectiver le fait qu’il y a salivation (il a récolté la salive, il récolte les sécrétions du chien). Il y a donc une dextérité dans le travail. Exemple de question d’examen : la photo du chien et demande ce qu’il y est écrit en dessous. Les chiens ne sont pas tous les même, certains sont rebelles au dressage. La réflexologie permet de mieux comprendre comment certains états d’âme, apparemment mystérieux, peuvent s’installer par les souvenirs associés à certains stimuli jouant le rôle de déclic (la madeleine de Proust). 10 2) Le Behaviorisme Le behaviorisme ou comportementalisme la psychologie: l'étude des interactions de l'individu avec le milieu qui se concentre sur l'étude du comportement observable et du rôle de l'environnement le comportement: ce que l’organisme fait l'apprentissage: une modification du comportement observable résultant de la conséquence d’une réponse à des stimuli extérieurs ou intérieurs considère l'esprit humain comme une ‘boîte noire’ dont les réponses (le comportement) sont analysées comme une fonction des entrées (les inputs sensoriels) sans qu'il soit nécessaire de faire des hypothèses supplémentaires sur les mécanismes impliqués Le psychologue américain John Watson [1878-1958]: la psychologie se construit sur les modèles de l’apprentissage: à partir de quelques réactions primitives, tout le comportement humain peut être expliqué par le jeu des conditionnements; « L’essence de tout behaviorisme est d’être la science du couple stimulus-réponse. » expériences dans les ‘pouponnières expérimentales’ o les enfants n’ont originairement pas peur d’un animal, etc. o ces animaux ou objets peuvent devenir vite des stimuli conditionnés de peur par association avec certains stimuli primaires (bruits violents, perte de support, etc.) o on peut aisément ensuite ‘déconditionner’ ces réactions acquises de peur en leur substituant une réaction positive Du domaine de la psychologie sont exclus la conscience (attention, mémoire, volonté, intelligence) et donc tout recours à l’introspection. La subjectivité est éliminée. Watson déclare qu’il n’a jamais découvert le rôle de la conscience dans aucune action humaine, qu’on ne peut ni la ‘rencontrer’ ni la ‘définir’. En 1920, John Watson en Rosalie Rayner font la fameuse ‘Little Albert’ expérience, qui consiste à susciter une réaction de peur chez un petit garçon de 18 mois (le petit Albert) pour des rats blancs par la technique du conditionnement classique. En associant un bruit très pénible et soudain, avec la présentation simultanée d'un ours en fourrure blanche, le petit Albert a développé une réaction conditionnée de peur à un stimulus auparavant neutre. Par la suite cette peur se généralise à tous les objets plus ou moins proches. Aucune thérapie n’a libéré le petit Albert de sa phobie. N’est admis que le comportement objectif: le behaviorisme de Watson s’en tient exclusivement à l’observable, au contrôlable et au mesurable. 11 Le psychologue américain Burrhus Frederic Skinner [1904-1990]: Fondateur du behaviorisme radical o élu comme l'un des psychologues les plus importants du vingtième siècle Le conditionnement classique pavlovien: o se fait sur des comportements involontaires (des réflexes) o à un réflexe SR existant est associé, par apprentissage, le R à un nouveau S’: S’R Le conditionnement opérant: o se fait sur des comportements volontaires o le sujet émet de lui-même une réponse (R) et par la suite il y a un stimulus (S): RS Ce stimulus est soit une récompense, soit une punition, ce qui aura comme effet soit d’augmenter, soit de diminuer la probabilité de R Une action est conditionnée de manière opérante quand sa fréquence augmente dans le comportement d'un organisme du fait de ses conséquences positives pour l'organisme. contingences. = éventualité, possibilité que quelque chose arrive ou non. Résultat: les comportements sont sélectionnés par leurs conséquences sur l'environnement. Béhaviorisme radical. Skinner étend cette théorie du comportement à l'espèce humaine: les stimuli ne sont que plus complexes, et forment alors une ‘situation’ Boîte de Skinner étude des mécanismes de conditionnement automatisé. Le psychologue canadien Albert Bandura [°1925] Concept clé : apprentissage social: l’individu est au cœur d’une triade d’interactions entre facteurs cognitifs, comportementaux et contextuels contexte plus large que le comportementalisme. Les sujets sociaux apparaissent ainsi à la fois comme les producteurs et les produits de leur environnement. Le sujet est donc plus actif que précédemment, il peut construire son environnement. Auto-efficacité: les croyances qu’un individu a dans ses propres capacités d’action, quelles que soient ses aptitudes objectives, sont effectives. Une personne qui croit en ses capacités aura une autre attitude, il sera plus confiant, ce qui le rendra plus efficace. Expérience poupée bobo : 12 Expérience sur des enfants assez petits : de 3 à 6 ans. On projette à ces enfants un film où un adulte maltraite une poupée gonfable avec une grande violence : coup de poing, coup de pieg, piétinner la poupée, la lancer… Ensuite, on place l’enfant dans une chambre où se trouvent beaucoup de jouets très attirants mais l’enfant ne peut pas les toucher ( frustration). On place alors l’enfant dans une pièce en présence de la poupée de la vidéo. 88% des enfants montrent un comportement agressif vis à vis de la poupée (et après 8 mois, 40% des enfants continuent ce comportement). On a donc 88% des enfants qui imitent le comportement agressif, on peut en conclure que l’agressivité est un comportement socialement appris mais 12% des enfants ne réagissent pas de façon agressive, pourquoi ? Il est encore plus intéressant de comprendre ce comportement, il y aurait une part d’inné au comportement agressif. 3) Le Cognitivisme Le cognitivisme : apparaît après la 2° guerre mondiale en même temps que le premier ordinateur. o la pensée est un processus de traitement de l'information. Auparavant, on a eu la pensée qui était innée, dérivée des sens, dérivée de la motricité. o étudie l'ensemble des fonctions cognitives: la perception, l'attention, la mémoire, le langage et les activités intellectuelles. o Courant très important par rapport aux émotions, à la relation à l’autre qui ont été mis à l’écart jusqu’à tr !s récemment. 13 Le rôle central de la cognition s'oppose au behaviorisme qui ne s'intéressait plus qu'aux comportements: Le cognitivisme chercher à caractériser non pas seulement le lien entre le stimulus et la réponse observable mais aussi l'organisation des processus internes impliqués. Le cerveau n’est plus une boîte noire mais on s’intéresse au traitement de l’information. Rassemble la psychologie, la linguistique l'intelligence artificielle, les neurosciences, l'anthropologie et la philosophie. travailler ensemble en colaboration création d’une faculté de neuroscience cognitive dans chaque université. La métaphore du cognitivisme est celle du cerveau-ordinateur: L’information fait l'objet d'un traitement séquentiel ou parallèle en circulant entre les différents processus qui constituent l'esprit humain selon la structure schématique : Entrées (perception) Traitement cognitif Sorties (comportement) Le traitement cognitif est analysable comme dans un ordinateur. Ces processus mentaux ont reçu le nom de modules (petits ensembles fonctionnels les uns à côtés des autres): des mécanismes relativement indépendants les uns des autres. Fodor XX°s philosophe américain :L'esprit (humain) est organisé à différents niveaux comme une mécanique complexe comportant des modules caractérisés par le fait qu'ils traitent certaines informations de manière automatique. Des petites machines sont prêtes dans le cerveau, elles se mettent en route quand l’information arrive dans le cerveau. 3)Les Neurosciences cognitives enthousiasme croissant pour les neurosciences. En 1850, von Helmholtz démontre que les nerfs conduisaient bel et bien de l’électricité. En 1861, Broca découvre une région dans l’hémisphère gauche du cerveau qui est de grande importance pour la production de la parole. grand optimisme à cette époque-là En 1868, Donders fonde une théorie de la chronométrie mentale selon laquelle la mesure du temps de réaction fournit un indice du temps de traitement d'un stimulus donné. mesure qui peut s’appliquer dans l’esprit En 1873, Golgi grâce à une solution de nitrate d'argent, rend visible pour la première fois les neurones. on peut voir ce qu’on avait imaginé A partir de 1891, Ramón y Cajal est à l'origine de la théorie cellulaire, c’est-à-dire de la noncontinuité entre les neurones. les neurones ne collent pas les uns aux autres. En 1897, Sherrington utilise la terme ‘synapse’ pour la première fois pour les discontinuités entre les neurones. En 1921, Loewi démontre expérimentalement la transmission chimique d’informations entre les neurones, par le biais des neurotransmetteurs, qu’il contribue à décrire. Ne pas retenir ce qui se trouve dans les encadrés. Le neurochirurgien canadien Wilder Penfield [1891–1976] Traite des patients épileptiques en détruisant les neurones du cerveau où les accès épileptiques trouvent leur origine : Lobotomie d’une partie du cerveau, on coupe le corps caleux entre les 2 hémisphères, expérience sur le cerveau (non douloureux) La stimulation électrique du cerveau permet d'identifier les parties du cortex consacrées aux sensations et à la motricité. Organisation du cerveau : si on touché à un certain endroit, on a toujours la même réponse, il établit donc une géographie du cerveau. 14 Zone verte : la mémoire L’homoncule moteur : on représente de manière proportionnelle la zone correspondante dans le cerveau : la zone du cerveau consacrée à la motricité des mains et proportionnellement beaucoup plus grande que celle consacrée à la motricité des jambes. L’homoncule sensitif. Même chose avec les fonctions sensitives des mains, jambes, bouche, lèvres… Fin des années ’50, les expériences de stimulations du cerveau du neurophysiologiste espagnol José Delgado [°1915] montrent combien l’activité du substrat neurophysiologique contribuent au comportement. ‘Des effets cliniques, tels que des hallucinations, des sensations orales, de la verbalisation de plaisir, des déjà vu, des remarques confuses, des manifestations d’une excitation sexuelle, sont évoqués par la stimulation électrique du cerveau. Certains de ces effets sont associés avec des modifications locales de l’activité électrique.’. A partir des années 1970, (enchaînementd’invention technique) l'électroencéphalographie (EEG) permet de mesurer des potentiels électriques depuis la surface du scalp qui reflètent la dynamique de l'activité globale des neurones. On met des électrodes sur la tête, celles-ci conduisent l’électricité et on enregistre (examen à la surface du crane et donc pas invasif). Il mesure très vite les changements de courant. L'analyse de cette dynamique ouvre une voie d'accès à la séquence temporelle des activités nerveuses que l'on propose d'identifier à la séquence d'opérations mentales. Grande importance de la précision temporelle par rapport à la précision géographique. 15 Zone en rouge : onde en rapport avec un stimulus Durant les années 1980, Tomographie par émission de positons (PET) et depuis les années 1990, l'Imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf) On peut connaître les différentes régions impliquées dans une tache expérimentale donnée. sur le plan spatial En rouge, zone où il y a le plus d’activité, en bleu là où il y en a le moins, on mesure la quantité d’oxygène. 1.2 Définitions actuelles Résumer des définitions déjà données. 16 1.2.2 Scientificité La psychologie comme une science o Elle se base sur la méthode scientifique o pour élaborer un corpus de connaissances systématiques (quelque chose qui est repris de façon systématique : on reprend ce qui a déjà été écrit et on dit si on est d’accord ou pas et on argumente). On essaie de relever les contradictions internes Discipline, rationalité. o dont l'objet est la description et l'explication de l’humain. La méthode scientifique o implique un refus des dogmes et un examen raisonné et méthodique (pas le domaine du sloganesque), on met en doute les théories, il y a donc une dynamique pour revoir les théories, les améliorer. o vise à produire des connaissances résistant aux critiques rationnelles, à l'observation (sciences empiriques) et à l’expérimentation (sciences expérimentales) o ainsi qu'à améliorer nos moyens d'action sur le monde en mobilisant ces connaissances La discipline scientifique de la psychologie 17 o est née de la philosophie et s’en est émancipée par et grâce à ses méthodologies, (observation ou expérimentation et donc différent de s’asseoir sur une chaise et réfléchir comme le font les philosophes.) o par la suite, elle s’est émancipée également tant des sciences biologiques que des sciences sociales par la spécificité de son objet (= l’humain, pas l’organisme ni le groupe) 2. LA NOTION DE PSYCHOLOGIE CLINIQUE Etymologie: ‘grec klinê, lit. La psychologie clinique permet ‘à la manière du médecin au lit du malade’ de s'efforcer de comprendre le sujet dans sa singularité. Par opposition à la psychologie introspective, la psychologie clinique s’adresse à autrui. APA: American Psychological Association l’étude scientifique et l’application de la psychologie dans le but de comprendre, de prévenir, et de soulager les détresses et dysfonctionnements d’ordre psychologique et de promouvoir le bien-être subjectif et le développement personnel au centre de la pratique du psychologue clinicien il y a le diagnostic psychologique et la psychothérapie. (pas de notion de rencontre) 2.1 Fondements Historiques 2.1.1 Avant Freud: une clinique du regard sur le modèle de la médecine 2.1.2 Freud: le basculement épistémologique par rapport au patient, au respect et à l’espace donné au sujet par rapport à la position du clinicien plus modeste, basculement du domaine par rapport à la médecine. Médecin « je sais » (le savoir est en lui et il doit faire un choix). Clinicien non savoir (fond : corpus de connaissance) satut de la rencontre (on ouvre la porte et on ne sait pas) 2.1.3 Après Freud: une clinique de la voix 2.1.1 Avant Freud: une clinique du regard 1) Magnétisme, Hypnose et Phrénologie Au XVIIIe et XIXe siècles, les premiers ‘psychologues cliniciens’ s’impliquent dans des recherches que nous appellerions aujourd'hui parapsychologie, perception extra-sensorielle ou télépathie. Les recherches ‘psychiques’ sont prises par la fascination des progrès scientifiques du XVIIIe siècle et par le ‘merveilleux scientifique’ du XIXe. Expérience sur l’électricité 1771: Unzer caractérise le reflexe en contraste avec l’action volontaire. 1786: Galvani: expériences de stimulation électrique des muscles de grenouilles Contraction de pattes de grenouille comme si elles étaient vivantes côté magique pour l’époque. expériences spectaculaires, qui revêtent une caractère scientifique et qui sont aussi pratiqués par des médecins hospitaliers…. Aimant, magnétisme, hypnose. En 1774, le médecin allemand Franz Anton Mesmer fait état de la première guérison réussie à l’aide de magnétisme animal ou mesmérisme: Expérience en salon avec des patients, on hypnotise des jeunes femmes, dimension exotique. 18 Artefact : phénomène d’origine artificielle ou accidentelle, rencontré au cours d’une observation ou une expérience. On met de la musique, les malades mettent les branches de fer là où ils ont mal, ils reçoivent un fluide magnétique. Les salles où se passent ces expériences : enfer à convulsion. Ce sont des bacs en bois avec de l’eau contenant des petits objets en fer. le baquet En 1775, Lavater théologien suisse: la physiognomonie: Par rapport à la physionomie du visage, on en déduit des caractéristiques psychique. un système de signes morphologiques qui permet de connaître le caractère d'un individu en étudiant et observant les traits de son visage François Joseph Gall [1757-1828] neurologue viennois: la phrénologie: 19 Localise les fonctions cérébrales dans des régions précises du cerveau, repérables au niveau du crâne. Géographie du crane bosse. C’est dépassé mais ça reste dans l’inconscient : la bosse des maths 2) Le traitement moral des aliénistes dans les asyles du XVIIe au XIXe Depuis le XVle siècle, les miséreux se sont multipliés: les épidémies, le chômage, l'urbanisation créent une population errante sans cesse grandissante. La réforme et contre-réforme a créé un boulversement social, il y a une grande population en marge. Les idées de l'époque ne s'orientent pas vers la charité mais vers l'enfermement. Pas dans un but médical mais dans un but de régulation sociale, morale et économique. Dans les lieux d’internement, les ‘fous’ sont entassés dans des loges basses et humides sans air et sans lumière, où ils croupissent sur un véritable fumier; on ne fait aucune différence entre un ‘fou’ et un criminel. Le magique et le religieux assurent aux XVIIème et XVIIIème siècles leur permanence, dont le maintien des pèlerinages à but thérapeutique et miraculeux est le témoignage le plus évident. Jusqu’au 19°s, il n’y a pas de traitement pour les « fous » et en cas de traitement celui-ci est purement magique et religieux. Chaos and torture at London’s Bedlam En 1492, St. Mary of Bethlem, un asyle connu sous le nom populaire de "Bedlam", est ouvert pour l’accueil de patients mentaux en Angleterre. L’institution est réputé pour ces traitements horribles des malades mentaux, comme illustré par un tableau de William Hogarth de 1735. 20 Les fous sont enfermés dans des cages, attachés… Au 18°s, on peut aller les voir comme dans un cirque contre de l’argent, et on peut les toucher avec de longs batons (1814: 96000 visiteurs pour 1 an). La théorie ‘utérine’ de l’hystérie est causée par le fait que l’utérus se détacherait de son emplacement normal et se déplacerait dans le corps causant un problème dans l’endroit où il se logerait finalement. Cette idée était associée à la spéculation que cette condition serait causée par des désirs sexuels frustrés, en particulier le désir d’avoir un bébé. Médecin écossais William Cullen [18°s] : définition de la névrose : un ensemble d’affections du sentiment et du mouvement, sans fièvre ni lésions décelables due à une altération du système nerveux et non l’atteinte d’un organe du corps William TUKE [1732-1822] riche négociant en thé et café anglais, Quaker (secte religieuse) : fondateur de la psychiatrie, qui contribue à l'humanisation de la condition des malades mentaux. Il ouvre un asyle en 1796: la Retreat : grand progrès, le lieu est paisible, l’accueil est different. ‘traitement moral’: ensemble de contraintes morales et religieuses incarnant les valeurs puritaines et bourgeoises dans le cadre d'une structure familiale où le malade était considéré comme un enfant. C’est donc un peu mieux même si ce ne serait pas accepté actuellement. L’aliéné est jugé comme menaçant pour la société. ne considère pas l'aliéné comme un malade mental mais comme une personne à comportement social déviant qui menace la cohésion de la société Les mauvaises conduites sont punies, les bonnes conduites sont récompensées par la gentillesse. Le patient écoute le thérapeute lorsqu’il est gentil, on soupsonne que la maladie a été aggravée par les traitements précédents. Philippe PINEL [1745-1826] - Aliéniste (Médecin spécialisé dans l’étude et le traitement des maladies mentales) français : personnage laïc 21 1793: procède à l'abolition des chaînes qui lient les malades mentaux dans les asiles de la Révolution française. Il est considéré comme un héros. à l'humanisation de leur traitement: une volonté d'interprétation, de compréhension et d'intervention proches du malade, qui est considéré non plus comme un aliéné,mais un malade que l'ont peut aider, un malade que l’on peut traîter. ‘traitement moral’ o Jean-Baptiste Pussin, un surveillant des aliénés, les suit avec une certaine humanité: substituer aux chaînes et aux brutalités un régime de douceur et d'humanité o conditionner les malades par un système de punitions et de récompenses. o il démontre qu'il y a toujours des traces de raison chez un aliéné qui permettent d'envisager une thérapie ouverture à la rencontre o il insiste sur les relations avec le milieu familial et les autres malades et le rôle du médecin des crises ont pu être aggravée, suscitée par le milieu familial, hospitalier, le médecin (Qu’est-ce ou qui est-ce qui rend fou ?) o au contraire de l’idéal religieux de Tuke, un idéal républicain et laïc Pinel, nosographe: (noso : maladie ; graphe : écrire) description, classement des méladies et donc tentative de compréhension des malagies. créateur de la première école psychiatrique française il tache de comprendre les maladies: il décrit les maladies moins par leurs symptômes que par les organes lésés. (différent du nosologue qui classe les maladies) il applique aux troubles mentaux la méthode analytique: chaque symptôme anormal doit conduire à la découverte d'une cause organique ou fonctionnelle Jean-Étienne ESQUIROL [1772 -1840] psychiatre/ aliéniste français approfondit la nosographie de Pinel fait la distinction entre: o hallucinations: perceptions sans objet externe, produites et construites par l'esprit o illusions: erreurs de perception; mauvaise interprétation des stimuli réels Antoine-Laurent BAYLE [1799-1858] français Décrit un état de démence avec paralysie générale (stade avancé de la syphilis) 1822: prouve que l'aliénation mentale est quelquefois le symptôme d'une inflammation chronique de l'arachnoïde (membrane du cerveau qui alimente le cerveau en sang) 1879: Fournier démontre la nature syphilitique du tabès et de la paralysie générale. Une infection par une bactérie provoque une inflamation de l’arachnoïde qui provoque une psychopathologie. On a donc une chaîne causale linéaire. On veut faire cela pour tous les symptomes. Le modèle anatomo-clinique de Bayle devient l’idéal et les aliénistes pendant un demi siècle vont chercher à l'appliquer à la pathologie mentale. Dès lors, dans une perspective organiciste, la psychiatrie lie son sort à celui de la neurologie, à la poursuite des lésions du système nerveux. Bénédict Augustin MOREL [1809 –1873] Psychiatre franco-autrichien 22 La théorie de la dégénérescence : L'origine des maladies mentales est héréditaire, traduisant la transmission d'un terrain ‘taré’ d'une génération à l'autre, avec une aggravation de génération en génération. Une tare ou quelque chose de non reconnu se transmet de génération en génération avec aggravation. Cela peut être un suicide, un crime, un avortement, la transmission d’un non-dit qui peut être la cause d’une psychopatologie. Lorsque l’on a pas fait honneur à la véracité de ce traumatisme. Si on fait vérité du traumatisme, on surmonte le traumatisme. Le transfer se fait par autre chose que la parole, dans la façon dont in parle. Lorsqu’on communique, on parle aussi de nous, on transmet cela dans des détails anecdotique, dans le choix des prénoms, des diminutifs, l’enfant comprend donc de façon inconsciente. 3) La psychiatrie (française) à la fin XIXe – début XXe Le neurologue français (médecin du cerveau) Jean-Martin CHARCOT [1825 – 1893]: un fondateur de la neurologie moderne. Très grand psychiatre, personnage clé. Il est le précurseur de la psychopathologie: La psychopathologie (la pathologie de l’âme) est l'étude des troubles mentaux ou psychologiques. En 1862: chef de service à la Salpêtrière. (asile psychiatrique pour femme à Paris) Les traitements de cette clinique sont: o Traitements ‘classiques’ (douches froides, électrisations, bains de souffre, repos): dans le but de faire cesser les symptômes, o Traitements psychiques (le traitement moral, traitement autoritaire (on retombe encore actuellement sur cela lorsqu’on ne sait plus quoi faire) et hypnose : celle-ci avait été condamnée par l’académie des sages et elle est remise au goût du jour par Charcot.): le but est d’adresser le problème sous-jacent Il conduit à écarter le soupçon de simulation pour l’hystérie. Puisqu’il s’agit d’une psychopatologie lourde mais qu’il n’y a pas de lésion, on pense que le malade simule. o Définition de l’hystérie (par Cullen): les symptômes de l'hystérie simulent une pathologie organique pour laquelle aucune anomalie neurologique n'existe. o Les symptômes sont à cette époque: paralysies, troubles de la parole (mutisme) ou de la sensibilité, crises pseudo-épileptiques, comas psychogènes constituent la forme classique de cette maladie. Les symptômes sont pris dans ce qu’il y a dans l’environnement, ils sont donc propre à une époque. Ce ne sont plus les symptomes actuels de l’hystérie. Il y a beaucoup d’intérêt à cette époque pour les asiles, on essaie d’étudier les psychoses, de plus, ces malades constituent un spectacle. Il réhabilite l'hypnose comme un fait somatique propre à l'hystérie. Pour lui seule les hystériques peuvent être mises sous hypnose, cela devient donc le centre de la thérapie. Il y a un grand engouement pour l’hypnose d’une femme par un homme, il y a une dimension relationnelle entre Charcot et ses patientes. On suppose que ces femmes s’auto-hypnose pour faire apparaître les symptomes. Cela fait partie de la maladie. Il fabrique expérimentalement des symptômes hystériques pour les faire aussitôt disparaître. Les hystériques ne simulent pas. o ex. la catatonie hystérique est de la même nature que la catatonie organique: une raideur sans tremblements. La catatonie est un état de rigidité non naturel, une très 23 grande raideur sans tremblement, il a démontré que cette raideur n’était pas simulable en mesurant avec un petit appareil qu’il n’y avait pas des tremblements. Il emploie l’hypnose comme traitement: puisqu’on peut suggérer des symptômes sous hypnose, il devrait être possible de les ‘décommander’ par suggestion. o ex. la catalepsie : flexibilité plastique non naturelle comme Tante Sidonie dans Bob et Bobette. Le sujet fait preuve d’une amnésie au réveil. De plus, on prouve la non-sensation dans le bras en y introduisant une aiguille, la patiente ne réagit pas ce qui prouve qu’il n’y a pas simulation Les membres de l'École de Nancy (Bernheim) ne sont pas d’accord avec Charcot : Ces ‘découvertes’ sont le fruit de la suggestion de l'hypnotiseur On peut provoquer artificiellement ces manifestations chez des sujets non hystériques On peut provoquer chez les hystériques des manifestations tout à fait différentes. On peut suggérer n’importe quoi au sujet mais un sujet est plus ou moins hypnotisable et il reste une résistance chez le sujet qui l’empêche de faire n’importe quoi. L’amnésie n’est pas obligatoire. On peut suggérer à l’hypnotisé de se souvenir. Charcot possède aussi une clinique ambulatoire avec un publique beaucoup plus large, il y accueille des hommes. Il démontre l’existence de l’hystérie masculine o Hystérie: étymologie: un utérus qui se déplace dans le corps de la femme (hyster = utérus) o Le cas du forgeron Il s’agit d’un homme bien bâti, père de 4 enfants. Suite à une brulure qui met 6 semaine à guérir, il développe des symptômes hystérique. o Le cas de Le Log c’est un jeune homme qui est heurté par une voiture, il n’est pas blessé mais déclare que la voiture lui est passée dessus. Il développe ensuite des symptomes de mutisme et de paralysie des membres inférieurs. Cette paralysie est une paralysie de la représentation de la jambe, elle est différente d’une paralysie qui résulterait d’un problème biologique à la jambe. Tout comme le mutisme, lors d’un mutisme aphasique qui est biologique, on peut prononcer des sons, le mutisme hystérique est un mutisme total ce qui correspond à la représentation que l’in a du mutisme. Pour de nombreux patients, l’un ou l’autre trauma physique forme le point de départ pour le développement de leur maladie. Les symptômes sont pareils aux symptômes mis en cartes chez ses hystériques. Charcot en conclut que l’hystérie et la névrose traumatique sont équivalentes. Il pose les bases de la théorie ‘traumatico-dissociative’ des névroses. o Les symptômes hystériques sont dus à un ‘choc’ traumatique provoquant une dissociation de la conscience et dont le souvenir, du fait même, reste inconscient (on ne s’en souvient plus). Pour le forgeron par exemple, tant que la blessure physique est là, il n’a pas besoin de trave psychique du traumatisme, celui-ci apparaît lorsque la blessure physique est guérie, la trace devient alors psychique. o La causalité traumatique a souvent trait à la sexualité – une sexualité insatisfaite en particulier. Beaucoup de ces patientes avaient souffert de maltraitances sexuelles. Pour les abus sexuels, il n’y a pas de trave physique, on peut donc avoir des doutes sur ce qu’il s’est passé, le traumatisme est donc difficilement gérable, un hystérique est en demande d’attention. Mais n’est-ce pas propre à toute l’humanité? 24 L’étiologie est l’ensemble des causes et facteurs associés à la condition pathologique, l’ensemble des hypothèses supposées expliquer l’origine du trouble ou de la maladie. 1882: Leçons sur les maladies du système nerveux (cours magestueux) avec démonstrations par ses ‘hystériques préférées’ (Blanche Wittheman) En haut à gauche du tableau, il y a le croquis d’une courbe, l’hystérique fait résonnance à la courbe du tableau, elle imite ce qu’on lui montre. Inconsciemment, le dessin est une suggestion pour la malade. Les patientes posent devant l’appareil photo:Iconographie Photographique de la Salpêtrière On rassemble des croquis de malade selon les suggestions qu’on leur fait lors de l’hypnose, les malades réagissent comme des automates soumis au thérapeute (l’hypnotiseur). Le comportement n’est pas contenu. Les cliniques ressemblent à des cirques, les hommes viennent voir les hystériques. Des questions peuvent se poser : sommes nous tous enclin à la suggestion ? Qu’en est-il de l’état de veille ? De la responsabilité ? Pour Freud, nous sommes responsables de notre inconscient, il faut accepter d’en parler. L’ambition de Charcot est de mettre à jour la pathologie sous-jacente de l’hystérie en répertoriant photographiquement ‘les stades’ des attaques hystériques de diverses femmes et de construire ainsi « une attaque typique » de toutes ces photographies. Il veut avoir les invariants de l’hystérie, combiner les différentes attaques avec les différentes hystériques. Il veut mettre sur papier l’hystérie, faire une théorie : La « grande attaque hystérique, complète et régulière » est une conjecture savante, qui consiste de plusieurs images de femmes différentes avec des attaques hystériques ‘incomplètes’, assemblées pour compléter l’« image clinique » et pour fournir un aperçu exhaustif. n’a pas résisté à l’épreuve du temps ni même de la géographie 25 Une clinique du regard o Héritière de la ‘fascination du merveilleux scientifique’ au XIXe (magie du mesmérisme, physiognomonie et phrénologie) Fascination du merveilleux. o Enthousiaste à la nouvelle invention de la photographie o Le clinicien pour son diagnostic demande aux patients de se montrer: « Montre-toi et je te dirai ta vérité. » (discours du maître) o L’instrument diagnostique: le regard, les prolongements ou perfectionnements du regard (le photographie, le dessin, le croquis) o Modèle: la clinique médicale anatomo-pathologique. Il veut mettre en relation chaque symptôme avec une cause organique. une clinique du regard…qui résiste o L’impossibilité d’une nosographie par l’image. L’hystérie qu’il a schématisée, on ne la retrouve pas ailleurs, juste chez lui car les hystériques s’instruise les unes les autres et veulent plaire à leur maître, elles s’imitent o la symptomatologie hystérique ne suit pas les délimitations neuro-anatomiques du corps mais les systématicités psychologiques, c’est-à-dire ceux de la représentation du corps et du symptôme Le Log Symptôme du mutisme 26 Ces points d’achoppement sont une incitation à o Une conception psychologique de l’hystérie. On quitte le modèle anatomo-clinique o Une clinique de la voix (Bernheim, Freud). Car il ne s’agit pas du corps, il faut écouter l’histoire du patient. Exemple d’un patient qui a une mère abusive, autoritaire, humiliante, il a des difficultés envers les femmes, il est en relation avec une femme très belle avec un status élevé, qui est très désirable, Il accepte beaucoup de chose dans cette relation car l’amour est le plus important, il lui fait des cadeaux énormes, qu’elle ait des relations avec d’autres hommes, il accepte un mois d’humiliation pour 3 minutes de bonheur avec elle. C’est une folie à deux et donc une pathologie dans la relation. La nosographie de Charcot: o Elle ambitionne de trouver pour chaque pathologie une cause organique dans le cerveau (lésion du cerveau) o Pour l'hystérie: ce serait une dégénérescence d'origine héréditaire du système nerveux. Mais! aucune lésion ne peut être trouvée… Il propose l’existence d’une ‘lesion fonctionnelle ou dynamique’ (lésion = quelque chose d’anormal) o Lésion dynamique: Les symptômes hystériques résultent d’une (auto-) suggestion quand le sujet se trouve dans les conditions d’une dissociation (on n’en est pas conscient) du moi (l’état somnambule, la conscience embrumée, l’état comateux) Une idée ou un groupe d’idées associées vont s’autonomiser (ex : c’est la femme de ma vie)et acquérir une grande force à la réalisation Le symptôme hystérique: réalisation d’une idée inconsciente ou refoulée -> presque Freud o L'hystérie suit-elle des modes en fonction de l'évolution de la médecine? Ses manifestations sont-elles modifiées par l'observateur? Pour la prof : oui, elle suit l’air du temps. Exemple: railway spine: les cas de railwayspine sont identiques à ceux vus chez Charcot. Au XiX°s, au début des trains, on avait peur de les prendre par peur de trouble du au secouement. On observait des lésions nerveuses, une forme d’hystérie. Ce trouble a disparu avec la peur des voyages en train. Pas de lésion mécanique ‘whiplash’ (‘coup du lapin’) : hystérie moderne : Après un accident de circulation, il arrive parfois que les victimes, bien qu’il n’y ait pas eu de trauma physique, présentent, après un certain délai, des problèmes psychiques. La notion de trauma est essentielle dans l’étiologie de la souffrance psychique Epistémologie : Etude de la connaissance, discours sur la connaissance, se rapportant au statut d’un savoir ou d’un domaine de connaissance. Le médecin et neurologue français Hippolyte BERNHEIM [1840 – 1919] Membre de la dite École de Nancy, ou ‘École de la suggestion’ L'hypnose: un simple sommeil produit par la suggestion et susceptible d'applications thérapeutiques. (Charcot: un état pathologique propre aux hystériques). L’hypnose n’est donc pas propre aux hystériques. 27 Suggestion: l'influence provoquée par une idée suggérée et acceptée par le cerveau ‘toute idée suggérée tend à se faire acte’. Contagion des idées : on accepte les idées des autres. Par exemple, façon de nouer une écharpe que l’on adopte par imitation. Il y a donc proximité entre l’idée et l’action. Bernheim abandonne progressivement l'hypnose, soutenant que ses effets peuvent tout aussi bien être obtenus à l'état de veille par la suggestion, selon une méthode qu'il désigne du nom de ‘psychothérapie’. La psychothérapie est donc au départ dérivée de l’hypnose. Evolution d’une clinique du regard à une clinique de la voix Le psychiatre allemand Emil KRAEPELIN [1856-1926] Nosographie: (description des maladies) une description des maladies mentales fondée sur des critères cliniques objectifs. Travail très important. Critère important : l’évolution dans le temps des maladies fonde sa classification. Psychose: état psychique caractérisé par une altération profonde de la conscience du sujet (trouble grave de l’identité) et de son rapport à la réalité. Elle est considérée comme la maladie mentale la plus grave car il y a altercation profonde de la réalité. (ex : je suis Napoléon) La démences précoces: (Dementia Praecox): une psychose chronique survenant jeune, caractérisée par de graves troubles intellectuels et affectifs, avec une évolution (importance du temps) progressive vers un effondrement psychique. Elle se développe souvent entre 18 et 22 ans. Le jeune perd tous ses repères, cela arrive à des jeunes gens intelligents et plein d’avenir ce qui constitue un drame pour la famille. schizophrénie (Bleuler) Deux groupes de symptômes typiques: o Catatonie: comportement moteur caractérisé par une perte de la spontanéité de l’initiative motrice, le sujet apparaît sans réaction par rapport à l’entourage avec une mimique figée et une grande rigidité musculaire sans tremblements o Catalepsie: comportement moteur caractérisé par une rigidité plastique o Ce sont les mêmes symptomes que les histériques mais on a vu que les histériques prennent ce qui est ambiant et fonctionne par imitation des symptômes. Ils ont donc les mêmes symptomes que les malades atteints de psychose. Le psychiatre français Jules SÉGLAS [1856-1939] La nosographie des délires, des hallucinations et plus largement des psychoses. Film « un homme d’exception » Hallucinations psycho-motrices: certains patients hallucinés ébauchent des mouvements articulatoires ou prononcent des paroles à voix haute au moment où ils entendent leurs voix. Quand les malades ont leurs allucinations, ils font des mouvements et ils parlent. Il faut entendre le patient, l’observer, il articule des mots. Il fait une mauvaise attribution de ce qui vient de l’intérieur. Il confond l’interne et l’externe. Origine de la psychose ? Terrain : vulnérabilité + traumatisme cranien ? 28 En 1949, Gould enregistre un discours correspondant au contenu des hallucinations d’un patient, grâce à un microphone placé près de sa bouche. En 1981, Green et Preston enregistrent des hallucinations verbales d'un patient à l'aide de deux microphones placés de part et d'autre de son larynx. Le maintien de la bouche ouverte empêche les hallucinations verbales chez les schizophrènes (une sorte de psychose): il y a blocage de l’expression des hallucinations au niveau laryngé. On a une diminution des hallucinations de la voix. Les patients mettent un casque sur leur oreille avec de la musique pour se protéger des voix. C’est donc une protection qu’il ne faut pas leur enlever. Le fait de discuter, chantonner ou déglutir inhibe l’activité hallucinatoire. L’enregistrement électromyographique des muscles nécessaires à la parole, montre une augmentation de l'activité vocale au moment des hallucinations. L’imagerie cérébrale démontre que l’hallucination auditive chez le psychotique correspond à une élocution subvocale comme si le sujet produisait effectivement une parole tout en se trompant dans l’attribution de son origine. Le psychiatre suisse Eugen BLEULER [1857 – 1939]: Il introduit les termes schizophrénie et autisme. La schizophrénie o du grec ‘skhizein’: fendre, séparer et ‘phrên’: esprit une fragmentation de l’esprit o Un groupe de psychoses dont l'évolution ne permet pas une rémission complète et intégrale : Même chose que la démence précoce. o Le symptôme fondamental (signe primaire): le désordre du processus d'association (caractéristique la plus importante de la schizophrénie), il y a relâchement des associations p. ex. les contraires peuvent être admis. On peut associer, blanc et noir, papa et maman, citron et sure, ce sont des associations proches qui ont du sens mais pas citron et sucré car il faut passer par citron et sûre et sure et sucré. Le schizophrène associe tout et a une parole glissante, il parle puis dévie de son idée initiale pour ne plus s’en souvenir, il se perd dans ses pensées. Pour l’aider, il faut lui redonner l’idée de base. o La psychose est un effondrement du monde et des repères, il n’y a plus de réponse aux questions quel est le sens de la vie, qui suis-je ? Dans son délire le psychotique se reconstruit en répondant à ces questions à sa façon, cela le calme et le stabilise. o Les signes secondaires (délires, hallucinations, postures catatoniques) sont des réactions psychologiques face à sa souffrance: des stratégies de lutte contre le processus de base cf. le délire comme une tentative de guérison. o L’association de 3 grands troubles dans la schizophrénie 1. la dissociation ou discordance: une scission dans la conscience et la personnalité 2. Le délire paranoïde: l’ensemble des idées manifestement fausses que le sujet tient pour évidence; le sujet n'est pas accessible au raisonnement ni à la démonstration de l'erreur. 3. L’autisme: l’atteinte du rapport avec la réalité 2.1.2 Freud: le basculement épistémologique Du clinique du regard vers la clinique de la voix. 29 1. 2. 3. 4. 5. Anna O., la patiente de Breuer Les enseignements de Charcot et de Bernheim Lucy: la naissance de la psychanalyse La théorie de l’inconscient La basculement épistémologique de la clinique avec Freud 1. Anna O., la patiente de Breuer Le médecin autrichien Joseph BREUER [1842-1925] De 1880 à 1882, Breuer prend en charge Anna O. – Bertha Pappenheim – atteinte de symptômes hystériques, dont des hallucinations, des paralysies et des troubles de la visions. On a fait un timbre à son effigie, c’est donc un personnage célèbre. Après avoir été soignée, elle a été une femme active dans le milieu sociale et est devenue une dame très importante en dehors de son état de patiente. C’est une jeune fille intelligente qui finit par oublier sa langue maternelle, elle a des absence… Breuer enregistre ses paroles le matin pendant ses délires et lui répète le soir, elle lui dit les associations qui s’y rapporte et remonte le temps pour retrouver le sentiment d’origine. Les symptômes diminuent petit à petit. Elle doit faire le deuil de son père disparu. Breuer s’occupe beaucoup d’elle, après deux ans les symptomes ont complétement disparus, Breuer arrête le traitement mais elle rechute. En effet, Ana avait fait un transfer vers Breuer et pour conserver sa relation avec lui a redéveloppé les symptomes pour le faire revenir. La femme de Breuer est tombée malade aussi pour que son mari s’occupe d’elle. Lorsque Breuer a découvert l’attachement qu’Ana avait pour lui, il a fui alors que le transfer est normal et il aurait du continuer en faisant de ce transfer un outil de travail pour la faire parler de son père et de son amour pour lui. La méthode cathartique o Hypnotiser le malade hystérique o Lui poser des questions afin qu’elle puisse revivre les souvenirs douloureux o Lui sommer de retenir le souvenir après le réveil o La personne se rappelle de tout et les symptômes hystériques disparaissent. Breuer déclare être parvenu à soigner sa patiente par la narration et la reviviscence, sous hypnose, d'événements traumatiques survenus dans son passé. Anna O.: ‘Ramonage de cheminée’ : On remonte de plus en plus dans le temps. - talking cure. Cure par la parole 2. Les enseignements de Charcot et de Bernheim 1885-1886: Freud suit les leçons du ‘grand Charcot’ (grâce à une bours d’étude). Il admire beaucoup Charcot. Il parle de ce qu’il a vu sur l’hystérie masculine à Vienne mais il n’est pas bien accueilli : On lui répond:« Mais, mon cher collègue, comment pouvez-vous dire de telles absurdités! Hysteron (sic) veut dire utérus. Comment donc un homme peut-il être hystérique?» Les idées de Charcot ne sont donc pas apprécie à Vienne. 1886: une pratique à Vienne. Il utilise l’hypnose: o Méthode suggestive: demande à ses patients, par simple injonction ou interdiction, de supprimer leurs symptômes : assez primitif comme méthode. 30 o Procédé anamnestique: collecte des renseignements sur l’histoire et la genèse des symptômes Or il ne réussit pas à hypnotiser ses patients… Ca ne marche pas ! C’est avec pour objectif premier de perfectionner sa technique thérapeutique, que Freud rend visite à Bernheim en 1889. (Clinique de Nancy) «Je fus témoin des étonnantes expériences de Bernheim sur ses malades d'hôpital, et c'est là que je reçus les plus fortes impressions relatives à la possibilité de puissants processus psychiques qui ne s’en dérobent pas moins à la conscience de l’homme. Pour son instruction, j’avais poussé une de mes patientes [Frau Cäcilie] à me suivre à Nancy. (…) Dans mon ignorance d’alors, j’attribuais le fait qu’elle rechutait chaque fois au bout d’un certain temps, à ce que son hypnose n’avait jamais atteint le degré du somnambulisme avec amnésie. Alors Bernheim s’y essaya à plusieurs reprises, mais sans plus de résultats que moi. Il m’avoua avec franchise qu’il n’arrivait à ses grands succès thérapeutiques par la suggestion que dans sa pratique hospitalière, mais pas avec ses patients privés ». L’hypnose est un processus de groupe car il y a identification collective, ça fonctionne unisquement grâce à la présence du groupe. Il y a oublo de l’intensionalité propre. La psychologie des masses: l’identification n’est donc autre qu’une forme d’hypnose. « L’hypnose avait rendu des services inestimables au traitement cathartique, en élargissant le champ de la conscience des patients et en mettant à leur disposition un savoir dont ils ne disposaient pas à l’état de veille. (…) Quand la personne cobaye s’éveillait de l’état de somnambulisme, elle semblait avoir perdu tout souvenir des événements qui s’était produits au cours de celui-ci. Mais Bernheim affirmait qu’elle le savait malgré tout, et quand il la sommait de se souvenir, quand il l’assurait qu’elle savait tout, qu’il lui suffisait de le dire, et que, ce faisant, il lui posait en plus la main sur le front, les souvenirs oubliés revenaient effectivement, d’abord seulement de manière hésitante, puis en un flot continu et avec une clarté parfaite. Je décidai de faire de même. Mes patients en effet devaient aussi ‘savoir’ tout ce à quoi ils n’avaient habituellement accès que par hypnose, et mes assurances, mes incitations, éventuellement renforcées par l’imposition des mains, devaient avoir le pouvoir de faire surgir à la conscience les faits et rapports oubliés. Cela paraissait bien sûr coûter plus d’efforts que de plonger le patient dans l’hypnose, mais c’était peut-être très instructif. J’abandonnai donc l’hypnose, et ne retins d’elle que la position couchée du patient sur un lit de repos derrière lequel j’étais assis, de sorte que je le voyais, mais sans être vu de lui ». Donc question d’examen : d’où vient la position couchée du patient dans l’analyse ? Le clinicien sait que le patient sait sans savoir qu’il sait. 3. Lucy: la naissance de la psychanalyse 1895, les Etudes sur l'hystérie - une œuvre de transition écrite avec Breuer. o Entre la période ‘pré-analytique’ et l'œuvre freudienne ‘analytique’ o Entre médecine et psychologie o Entre le soma et le psychè Miss Lucy R. (jeune anglaise, gouvernante de 2 enfants). Quand sa rhinite est soigné, la morosité et les sensations olfactives restent. Elle a perdu l’odorat et elle sent tout le temps une odeur de pudding brûlé. Elle suit une analyse pendant 9 semaines.Freud recherche l’origine de la perception initiale. L’odeur est changée en l’odeur de cigare. Elle est amoureuse de son patron, et elle a voulu le refouler, son patron semble intéressé puis plus et il y a donc 31 deuxième refoulement. Freud a remplacé un symptome par un autre (et il fumait le cigare). La patiente a fait un transfert vers lui. Lucy ne peut se réduire à ses symptômes et le traitement de Freud au traitement de ses symptômes. Dans la description du cas de Lucy on voit s'élaborer l'histoire de la maladie et les aléas d'une toute nouvelle forme de traitement qui laisse la parole au malade lui-même. « Je soupçonne plutôt que vous êtes amoureuse de votre patron, le directeur, peut-être sans vous en rendre compte vous-même... ». « Oui, je crois bien que c’est çà » « Mais puisque vous savez que vous aimez le directeur, pourquoi ne me l’avez-vous pas dit ? ». « Je ne sais pas, je l'ignorais ou plutôt je ne voulais pas le savoir (que j’aimais mon patron), je voulais le chasser de mon esprit, ne plus jamais y penser, et je crois y avoir réussi ces temps derniers. ». « Je n'ai jamais disposé d'une autre et meilleure description de cet état singulier où le sujet sait tout sans le savoir, » Là où est le savoir, là où je pense, là où sont les pensées de l'inconscient, je ne suis pas: Un interdit de penser a refoulé la représentation et ne laisse de l’affect que la sensation olfactive et cette impression de lassitude et de morosité, la morosité signant la neutralisation des affects, objectif essentiel du refoulement. Freud entreprend un travail analytique avec Lucy alors qu’elle se trouve dans un état « qui n’était guère différent de l’état normal ». C’est comme cela qu’on fait maintenant un traitement psychanalytique car l’hypnose ne marche pas. o « je demandais seulement la ‘concentration’; et j’ordonnais à la patiente de s’allonger et de fermer ses yeux délibérément comme moyen d’atteindre cette ‘concentration’. Je décidais de partir de la supposition que mes patients savaient tout ce qui était d’une signification pathogénique et qu’il ne s’agissait que de les forcer à le communiquer » Inauguration de la méthode o Pour forcer cette réponse, « je plaçais ma main sur le front de la patiente ou prenait sa tête entre mes mains et lui disait, ‘Tu y pensera sous le pression de ma main. Au moment où je relâche ma pression tu verras quelque chose en face de toi ou quelque chose te viendra à l’esprit. Saisit-le. Ce sera ce que nous cherchons. --- Et bien, qu’as-tu vu ou qu’est-il venu à l’esprit?’» L'association libre : o Le patient raconte ce qui lui vient à l’esprit, donne libre cours à ses pensées, raconte en vrac ce qui lui passe par la tête, tout en témoignant d'émotions en rapport avec ce qu’il exprime. Parfois on intéromp le patient pour lui demander des précisions, c’est un risque de couper sa pensée mais ça peut apporter des éléments importants que le patient estime pas important au départ. o Elle vise à obtenir du patient l'expression de tout ce qui lui vient à l'esprit, en général des images apparemment futiles, saugrenues ou scabreuses. o C’est une technique simple pour accéder par un détour associatif au recouvrement conscient du souvenir refoulé Nouveau concept : Le refoulement o Freud voit dans son travail d’analyse le contrepoids à la force psychique chez le patient, qui résiste contre l’accès conscient (la mémoration) de la représentation pathogène, c’est-à-dire à la défense, au refoulement. o « Il faut une condition nécessaire à l’hystérie – que la représentation ait été chassé intentionnellement de la conscience, et privé d’élaboration associative. ». 32 La blessure narcissique de Lucy est causée par les mots prononcés à un moment donné par son patron et de son impuissance à dire cette blessure. Hamlet : « I shall speak daggers to you. » Je te parlerai avec des lames (paroles qui font mal) Freud donne à Lucy le temps et l’espace d’un travail de deuil psychique par la parole: o En premier lieu, pour reconnaître son propre désir o et en second lieu, pour dire sa blessure (à plusieurs reprises) Deuil à faire du prince charmant, de la vie parfaite… La parole dans la cure a fonction d’acte adéquat, c’est-à-dire d’acte qui a effet sur la cause de la souffrance. Ce n’est qu’après un travail de deuil poussé que se fait la ‘guérison soudaine’ de la dépression de Lucy. Si le symptome revient, c’est que la parole n’a pas été entendue, ça peut prendre beaucoup de temps puis ça bascule d’un seul coup vers le guérison. Avec Miss Lucy R., Freud marque une véritable rupture épistémologique dans le traitement du psychisme humain. 4. La théorie de l’inconscient Alors que Breuer attribue l'inconscience de certains souvenirs à un état mental particulier et fortuit, Freud pense qu'il y a un mobile profond à leur oubli et que la sexualité joue un rôle prépondérant. Il avait entendu à la Salpêtrière Charcot dire: « A l'origine de l'hystérie, il y a toujours quelque chose de sexuel. ». Traumatisme de la mort, traumatisme du sexe, on en vient jamais à bout. L'interprétation des Reves (1900): systématisation de la théorie analytique: o Travail du rêve: l'accomplissement de désir o L’inconscient n'est pas seulement le réceptacle de souvenirs oubliés et honteux, refoulés par le moi et qui seraient relégués, mais un foyer actif de désirs et de tendances vivaces (pulsion de l’inconscient) o Le complexe d'Œdipe Enfant soumis à des désirs désir de tuer puis culpabilité identification. o La première topique 5. La basculement épistémologique de la clinique avec Freud 1. Les sujets ne peuvent se réduire à leurs symptômes: ce qui forme le ‘corps’ du traitement est l’histoire d’un sujet. Cette clinique bascule du regard à l’écoute, de l’image à la voix. « Raconte moi et tu me diras ta vérité » 2. Le clinicien bascule de la position du maître qui regarde et ‘juge’ à la position ‘de l’analyste’ qui écoute. (position beaucoup plus humble) 3. Ce double mouvement change radicalement les rapports de force traditionnels de la situation clinique d’une situation de grande inégalité à un rapport beaucoup plus égale, bien que non symétrique. En même temps il y a avec Freud un renversement du rapport généralement admis entre le normal et l'anormal. 4. La relation entre le sujet et le clinicien, le transfert, devient un principe opératoire de la situation clinique 2.1.3 Après Freud: la psychothérapie (clinique de la voix) Cadres thérapeutiques Les approches humaniste et centrée sur le sujet L’approche systémique L’approche cognitivo-compartementaliste L’approche psychanalytique 33