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Introduction à la Psychologie Clinique
Prof. Dr. Ariane Bazan
Année 2008-2009
Introductions
Informations Pratiques
Courriel: [email protected]
Secrétariat: Service de psychologie clinique et différentielle Bât. D - niveau 9
Questions: les lundis de 12:15 à 13:15 bureau DB 9.240
Enseignement:
o Cours théoriques: 14 semaines (13 rencontres)
o Travaux pratiques: service de psychologie du développement et de la famille
Evaluation: examen écrit:
o Questions portant sur le cours théorique (14/20)
Introduction historique : QCM (4/14)
2 questions ouvertes (6/14) sur la partie clinique (comparaison, questions
articulées)
Lapsus à remettre avant Noël + analyse (2/14)
Livre de Freud, expliquer le titre, donner un exemple (2/14)
o Questions portant sur les travaux pratiques (6/20)
Présentation du Cours
Une Introduction au Domaine de la Psychologie Clinique : objets, spécificités, théories,
modèles, méthodes
But: l’acquisition d’outils permettant de penser la clinique en psychologie
Contenu:
1. INTRODUCTION : sur la psychologie (200 ans), comment a t’on vécu sans
psychologie ? Pourquoi créer ce domaine et comment est-ce venu ? La psychologie
clinique, recontre avec un patient, nécessité de créer le domaine de la psychologie
clinique.
2. LES TROIS TEMPS DE LA CLINIQUE = un cycle
i. La rencontre : quelqu’un appelle et demande de vous rencontrer, on ouvre la
porte et on voit quelqu’un. Condition humaine : on rencontre un humain
quelque soit son problème. Adresse :le patient s’adresse à nous. Ethique
ii. La réception/L’écoute : Le sujet commence à parler, on lui offre un espace
disponible. La personne nous touche, on retient des éléments et on pense au
diagnostoqie. Nosographie (description des maladies) structurelle/statistique.
Le processus diagnostique : processus dynamique, à remettre en cause à
chaque visite, c’est donc un travail intellectuel continu.
iii. La réponse/L’intervention : les modèles thérapeutiques
3. CONCLUSIONS
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I. INTRODUCTION
1. LA NOTION DE PSYCHOLOGIE
Du grec psyche ‘esprit’ et logos ‘étude’, littéralement ‘l'étude de l'esprit ou de l'âme’ :
Conception de l’homme
1.1 Fondements Historiques
1.1.1 Le ‘long passé’ de la psychologie
Avant que le mot existe, mais courte histoire du domaine désigné comme la
psychologie.(psychologue allemand Ebbinghaus en 1902)
1.1.2 XVIe: Premières utilisations et définitions du mot psychologia
1.1.3 XVIIe et XVIIIe: L’apport de la philosophie (morale)
1.1.4 XIXe: Fondements de la psychologie expérimentale
1.1.1 Le ‘long passé’ de la psychologie
1) Platon et les pères de l’Eglise: séparation de l’âme et du corps
Platon (4°s avant J-C) Philosophe grec
o Dualisme de l’âme et du corps:
La séparation de l’âme immatérielle (la pensée = l’esprit) et du corps
matériel
L’âme pilote le corps (pas évident pour cette époque car vue de l’esprit et
pas vue religieuse)
L’idée de séparation est reprise par les Pères de l’Église (Saint-Paul, Saint-Augustin) lors de
la réforme de l’église (début du protestantisme)
Luther (Moine Allemand, 16°s) en 1515: (auparavant, c’est l’autre mouvement qui a
dominé) Distinction:
o L’homme extérieur, terrestre et corporel: soumis à la servitude (serf dans ses
œuvres)
o L’homme intérieur ou spirituel: homme libre, de cette liberté reçue du Christ (libre
dans sa foi)
Calvin Théologien français (1541): but : prescrire une morale. Un dualisme théologique,
entre terre et ciel, l’âme est plus proche de Dieu
o L’homme extérieur: ‘les choses terrestres’ : le corps comme instrument créé par
Dieu pour atteindre le salut
o L’homme intérieur: ‘l’intelligence des choses célestes’ : la raison des philosophes
est ‘comme gouverneur et capitaine de l’âme’
o Mieux vaut s’en remettre à la loi de Dieu - à cette voix de Dieu en soi - plutôt
qu’au jugement de sa raison. L’intuition est pour lui quelque chose qui vient de
Dieu. la vérité réside toujours à l’intérieur
2) La métaphysique: une approche réaliste représentée par Aristote
Aristote philosophe grec (4°s avant J-C) Il a écrit des livres sur les animaux, les plantes, la
terre, l’humain. La Métaphysique
o Réalisme (par rapport à l’idéalisme de Platon): l’essence n’est pas dans un monde
idéal séparé, mais dans les choses de ce monde: «Comment les Idées, qui sont la
substance des choses, seraient-elles séparées des choses?».
o Réalisme : doctrine selon laquelle le réel existe en dehors de l’esprit
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o L’âme n’est pas le pilote du corps: l'âme est au corps comme la forme est à la
matière, distincte et inséparable. -> c’est le père de la science reprise pendant 15
siècles dans les facultés.
o La physica, la science de la nature que l’on enseignera principalement dans les
Facultés de médecine pendant les siècles à venir repose essentiellement sur le
commentaire des œuvres d’Aristote.
Galien (2°s médecin grec) rassemble les travaux d'Hippocrate et d'Aristote et les étend
considérablement dans ce qui va devenir, pour 15 siècles, la source principale des
connaissances médicales dans les sphères d'influence juive, chrétienne et musulmane.
Les causes de la maladie et de la santé sont recherchées parmi des causes naturelles: les 4
éléments (air, feu, terre et eau), combinés aux 4 qualités physiques (chaud, sec, froid, humide)
influent sur les 4 humeurs = fluides corporels (sang, bile jaune : sécrétion par le pancréas et le
foi, bile noire et flegme : système respiratoire). : Base de la caractériologie : classification des
humains selon certains axes. Tel est le socle de la doctrine médicale qui sous-tend l’art de
guérir depuis si longtemps qu’il semble construit pour durer toujours… or les progrès
remarquables de l’anatomie tout au long du XVIème siècle (guerre religieuse, réforme du
peuple contre l’église) ont apporté une connaissance plus précise du corps humain mais
surtout ont développé une nouvelle attitude critique à l’égard des sources anciennes. (corps
ouvert dans la rue, dissection de l’homme). Une nouvelle science de l’homme apparaît du
nom d’anthropologia au début du XVIième siècle. Bientôt cette anthropologia se divise en
deux parties: anatomia, science du corps et psychologia, science de l’âme.
1.1.2 XVIe: Premières utilisations et définitions du mot psychologia
1) XVIe siècle: Les premières utilisations du mot psychologia
Les ouvrages figurent les premières occurrences du mot psychologia sont des traités
de philosophie naturelle ou de physica (Aristote). Le cerveau est l’organe principale dans
les fonctions sensitives. Les égyptiens pensent que le cerveau sert à refroidir le sang.
En 1540, Philippe Melanchthon (réformateur religieux allemand) commente le ‘De anima’
d’Aristote’ et utilise le terme de psychologia:
o Il propose une Physica renouvelée au service de la médecine: il enrichit le texte
d’un long traité d’anatomie.
o Le cerveau devient l’organe principal des fonctions sensitives et supplante le
cœur comme siège de la vie affective et de la pensée.
o A la position d’Aristote, que tout être vivant possède à des degrés divers une âme
qui organise le corps, il oppose une anthropologie dualiste qui divise l’homme
en corps et âme. On revient à un dualisme.
2) XVIe siècle: Les premières définitions de la psychologia: une prise de position dualiste en
contrepoint à Aristote et en conformité avec les dogmes chrétiens
Homo duplex, l’homme double:
o La partition de l’anthropologie en anatomie et psychologie
o La psychologie:
Objet: l’âme rationnelle
But: décrire les facultés : découpage : on divise les facultés et on regarde
comment ça fonctionne ensemble
o L’anatomie: le modèle par excellence: la science procède par découpage, par la
mise en évidence du plus simple.
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Melanchton:
o Une prise de position dualiste
o Qui fonde un nouveau champ de la connaissance
o Grand nombre de rééditions jusqu’à la fin du XVIème siècle
La psychologia est donc la science de l’âme raisonnable unie à un corps animé.
Aux Pays-Bas, Snellius (médecin hollandais 16°s): A ce moment-là, on risque sa vie en
écrivant de nouvelles idées.
o « L'âme raisonnable de l'homme est la pensée qui, conjuguée au corps,
parachève l'homme. (…) Les choses physiques plus proches des corps naturels
qui se meuvent naturellement, possèdent une étendue et à cause de cela
occupent un lieu.».
o « La faculté de l'âme rationnelle est la pensée ou volonté. La pensée est la faculté
de l'âme de discourir et de penser à propos des choses qui sont et ne sont pas ».
Ce texte est fondamental: il affirme que l’attribut de l’âme est la pensée et que le corps se
définit par le lieu de l’espace qu’il occupe, sa grandeur ou extension. Cette psychologia
est dualiste: l’anthropologia est articulée en anatomie, science du corps et psychologie,
science de l’âme unie au corps.
La psychologie est donc fille de la Réforme (réfléchissons par nous même) et de l’esprit
critique qui s’installe et déconstruit lentement tous les domaines du savoir. La
déconstruction principale porte sur l’œuvre d’Aristote. (même s’il a dit beaucoup de trucs
bien).
Son modèle de scientificité est emprunté à l’anatomie qui pose à l’avant-plan sa
démarche résolutive, analytique.
La psychologie est une science moderne dans le sens elle relève du même paradigme que
l’anatomie de Vésale, la cosmologie de Copernic et de Galilée ou encore la chimie de Robert
Boyle.
3) XVIIe siècle: La diffusion du mot Psychologia: Anthropolie: anatomie et psychologie
Au XVIIème siècle le mot psychologia connaît une modeste fortune et son emploi reste plutôt
confidentiel (la philosophie prend le domaine de connaissance de la psychologie)
En 1653, le mot psychologia faire son entrée dans un dictionnaire: « ANTHROPOLOGIA,
l'anthropologie est la science naturelle de l'homme. PSYCHOLOGIA, la psychologie est la
doctrine de l'âme ».
À la fin du XVIIème siècle, cette façon de présenter l’anthropologie, science de
l’homme, en deux parties, anatomie et psychologie, est très largement répandue,
principalement dans les ouvrages médicaux.
1.1.3 XVIIe/XVIIIe: L’apport de la philosophie.
1) Descartes: dualisme et rationalisme
La division de l’anthropologie en psychologie et anatomie est une source d’inspiration
pour le dualisme de Descartes (philosophe français 1641).
o Il distingue l’anima «ce principe par lequel nous sommes nourris, nous croissons
et faisons sans la pensée toutes les autres fonctions qui nous sont communes avec
les bêtes » de la mens « celui par lequel nous pensons ».
o « je considère la pensée, non comme une partie de l’âme, mais comme cette âme
tout entière qui pense ».
Pour Descartes, il n’y a pas de science possible de l’union de l’âme et du corps.
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Comme l’âme et le corps relèvent d’une ontologie différente, il s’ensuit que les idées sont
innées car il ne peut y avoir de processus qui prenne son départ dans un objet du monde
extérieur, touche le corps par les sens et s’achève dans l’âme sous la forme d’une idée.
2) l’Empirisme anglais et l’associationnisme
A côté de Descartes, il y a les empiristes anglais:
Ils rejettent l'idée de connaissances innées
Ils supposent que l'esprit de l'enfant est une ‘table rase’ et que son contenu provient de
l'expérience sensorielle du monde extérieur.
Ce contenu est fait de sensations, d'images et d'idées. Les idées donne lieu par association
à d’autres idées.
Les empiristes donnent le coup d'envoi à la théorie associationniste de l'apprentissage, théorie
l'on suppose que des impressions se dégagent des choses sensibles pour se transformer en images
mentales. De plus, ces images se regrouperaient selon la ressemblance, la contiguïté et la
répétition. Des idées naissent de d'autres idées, et ce, par association.
Même principe que la psychanalyse : association libre d’idée, par opposition au rationnelle. Ici
les idées ne viennent pas de Dieu.
Le philosophe Anglais Hobbes (XVIIe): (retenir les noms des empiristes)
D’où viennent les idées ? la conception des ciseaux provient de l’action que l’on fait avec le
ciseau, de la motricité de ce qu’on fait avec les objets. (très moderne comme idée).
Toute conception procède de l’action de la chose dont elle est la conception.
Une théorie de l’association :
« La succession des conceptions dans l’esprit, leur suite ou leur liaison, peut être casuelle
et incohérente, comme il arrive dans les songes pour la plupart du temps, ou peut être ordonnée,
comme lorsqu’une première pensée amène la suivante, et alors cette suite ou série de pensées se
nomme Discours. Mais comme le mot Discours est pris communément pour une liaison ou une
conséquence dans les mots, afin d’éviter toute équivoque je l’appellerai Raisonnement. ».
On a donc deux façons de traiter l’informations, le raisonnement qui est rationnel et le rêve qui
suit une autre logique par association d’idées. C’est donc une position dualiste de la pensée.
Le philosophe Anglais John Locke (XVIIe):
Il réfute la thèse des idées innées; toutes nos idées viennent de l’expérience
Il décrit l’esprit humain comme une table rase, qui sera remplie par après par l’expérience
Il pose les bases de la théorie associationniste: les idées s'associant sous l'influence de la
contiguïté, de la ressemblance, de l'opposition. La loi de la nature humaine est une loi de
raison.
Le philosophe Anglais David Hume (XVIIIe)
Pour lui, tout part du sujet et revient au sujet: la raison reste soumise aux passions, l’émotion,
les pulsions dominent la raison.
Pour lui, tout n’est qu’une affaire de subjectivité, chacun suit ses goûts et ses ‘instincts’
1.1.4 XIXe: Fondements de la psychologie scientifique
1) Naissance de la psychophysiologie en Allemagne
La psychologie, en tant que discipline scientifique autonome, naît à la fin du XIXe siècle, quand
elle se détache de la philosophie:
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