Université Libre de Bruxelles
Faculté des Sciences Psychologiques
et de l’Education.
BA1
Problèmes de
philosophie morale
Guy Haarscher
Année Académique : 2005 - 2006
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Problèmes de philosophie morale, Guy HAARSCHER
09/02/2006
Définition générale de la philosophie
Etymologie : du grec « amour de la sagesse » ().
La philosophie est née dans la Grèce Antique (7ème, 6ème ACN).
Philosophie classique : Socrate (5ème ACN), Platon (4ème ACN) et Aristote (4ème ACN).
La philosophie n’est pas née dans le contexte des grandes religions monothéistes : le
Christianisme et l’Islam n’étaient pas encore nés, et les Grecs n’avaient pas vraiment de
contact avec le monde juif.
But de le philosophie : recherche de la Sagesse.
Il ne s’agit pas de la sagesse comme on pourrait parler d’un enfant sage (conformisme,
obéissance). La sagesse en philosophie peut être considérée comme le but de l’existence.
accomplissement, vie réussie, qui a un sens.
Le philosophe se dit qu’une vie réussie, sensée, accomplie est un but fondamental, central
dans l’existence. Pour y arriver, il utilise la Raison (). C’est en réfléchissant qu’on
arrive à la sagesse.
Liens entre philosophie, science et religion
La philosophie n’est pas une science à proprement parler, mais c’est quand même une sorte de
connaissance.
Dans l’antiquité grecque, les philosophes ont essayé de connaître le monde qui les entourait.
Aristote parlait de la philosophie au sens de la recherche de la vie bonne, mais il a aussi fait
des traités d’astronomie, etc., a analysé le fonctionnement de certaines cités (même si elles
étaient de petites dimensions).
approche rationnelle de la philosophie en gardant à l’esprit que le but est la vie bonne.
Il ny avait pas à l’époque de différences entre la philosophie et la science. La science
proprement dite est un phénomène qui est en Europe moderne (17ème s.). Cela ne veut pas
dire pour autant que, depuis, l’Europe a le monopole de la science !
La science moderne est une science rigoureuse, précise, expérimentale, prouvable. On ne doit
pas observer vaguement le monde en faisant des conclusions hâtives. On vérifie si la théorie
correspond à la réalité.
Dans l’antiquité grecque, on n’avait pas le matériel nécessaire pour pouvoir faire des
expériences et prouver les théories.
Autre caractéristique de la science moderne : elle est spécialisée. Le scientifique est spécialisé
dans un (sous-)domaine et ne connaît pas grand chose des autres (sous-)domaines.
spécialités très pointues, étroites.
La science et la philosophie ont comme instrument commun la Raison. Mais leurs objectifs
diffèrent.
Pour la philosophie, le but premier est la recherche de la sagesse, tout le reste n’étant que
périphérique. La science n’aborde même pas cet objectif. Il n’y a d’ailleurs pas de science qui
puisse donner la clé d’une vie réussie.
mêmes moyens mais buts différents.
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Par contre, il n’y a pas ce lien entre la religion et la science : la Raison n’est pas le moyen
suprême de la religion.
Aujourd’hui, en occident, on accepte le fait que des gens ne soient pas croyants. Il y en a de
plus en plus en Europe et ils peuvent vivre comme les autres.
La religion et la philosophie ont comme point commun la recherche de la vie bonne. Mais la
philosophie travaille avec la raison tandis que la religion se réfère à une entité supérieure.
Même instrument : Raison Même but : vie bonne, sagesse, salut,
recherche du sens de la vie.
Science Religion
Philosophie morale
La morale ne signifie pas forcément faire la morale, même si la morale permet au départ de
distinguer le bien et le mal.
Le mal peut être très grave (exterminer un peuple) ou pas (voler un livre à la Fnac).
D’ailleurs, tout le monde n’a pas la même conception du bien et du mal ! (cf : débats sur
caricatures de Mohamed, l’avortement, la peine de mort, etc).
La morale est forcément liée à la philosophie : la philosophie au sens de la vie bonne signifie
qu’on doit bien faire, chercher les bonnes orientations.
L’éthique : du grec  : comment bien vivre.
Les gens ne peuvent pas vivre ensemble s’ils agissent du point de vue d’une seule religion.
Pour vivre ensemble, on utilise sa Raison, on recherche les meilleures organisations pour
coexister de la manière la plus adéquate.
existentielle >< politique
Les deux utilisent la Raison
- existentielle : morale au sens individuel.
- politique : nous sommes nécessairement plusieurs. Il faut tenir compte des autres et mettre
des choses en commun. La collectivité impose des choses aux individus.
Grec :  = entité politique. Cette entité contraint les individus à faire des choses qu’ils ne
feraient pas individuellement.
Si quelqu’un ne respecte pas les règles, il subit la pression de la collectivité (si elle est trop
nombreuse, de l’Etat).
Il faut qu’il y ait un Etat suffisamment fort pour que la police puisse régler les conflits, faire
régner l’ordre. L’Etat a le monopole de la violence symbolique.
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Mais l’Etat ne doit pas être trop fort, sinon ça devient une tyrannie et certaines libertés
peuvent être limitées.
D’un autre côté, si l’Etat est trop faible, il ne pourra pas prévenir la violence, la criminalité, le
terrorisme, etc.
Les gens aimeraient bien que la police agisse pour le bien de la collectivité.
C’est l’objet de la politique.
Mais la existentielle et la politique sont très liées :
Ce qui nous intéresse, ce n’est pas la politique mais notre propre vie. La politique ne sert à
rien si elle ne permet pas de procurer une bonne vie aux individus.
Inversement, pour avoir un maximum de libertés individuelles, il faut se mettre dans un
contexte collectif .
2 sortes de sociétés :
- L’Etat impose ce qu’est la sagesse, et on doit agir de cette façon.
- L’Etat n’a pas le rôle de dire ce qu’est la sagesse. Dans ce cas, ce que l’Etat impose, c’est
de respecter la sagesse d’autrui, même si elle n’est pas pareille à sa propre sagesse. L’Etat
intervient si on essaie de porter préjudice sur quelqu’un qui n’a pas les mêmes conceptions
que soi, de l’empêcher de vivre comme il le voudrait.
La liberté individuelle et la liberté d’expression
Dans ces états-là, ce que l’Etat impose, c’est la liberté individuelle.
Mais l’Etat doit placer des limites. C’est relativement facile à faire pour des actes (meurtre,
vol, viol, etc). Mais que penser des mots ? Car certains mots blessent…
Faut-il imposer une limite ou laisser une totale liberté d’expression ?
Dans la réalité, on impose des limites.
Diffamation
Atteinte à la vie privée 10/02/2006
Caricatures
Racisme
Les fondamentalistes veulent revenir aux fondements des textes religieux. Il existe des
fondamentalistes dans les trois religions monothéistes.
A l’inverse, un autre courant pense que la religion est une affaire personnelle.
Les divergences dans une même religion et entre plusieurs religions ne posent pas de
problème tant qu’on se dit que la religion est une affaire personnelle et qu’on respecte que
l’autre n’ait pas les mêmes opinions que soi.
Vu que, dans nos sociétés, il y a beaucoup de gens avec des opinions différentes, il faut
chercher les limites de ce qu’on peut dire (entre la existentielle et la politique).
La diffamation est punie, on ne peut donc pas se permettre de dire n’importe quoi sur autrui.
Si on le fait, il faut en assumer la responsabilité car les tribunaux doivent juger ceux qui
diffament. Il en va de même pour l’atteinte à la vie privée.
Ces limitations à la liberté d’expression sont parce que même des mots peuvent affecter la
liberté d’autrui. Mais il ne faut pas en abuser parce que c’est vrai que c’est subjectif que de
dire que certaines paroles nous choquent. La pénalisation s’applique donc surtout dans les cas
où l’on s’attaque à une personne en particulier et non à une idée (ou à un personnage
important qui représente une idée).
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Exple : Le foot est un monde de dopage >< Beckham se dope
distinction entre les personnes et les idées (le débat d’idées étant autorisé).
Un propos raciste est souvent en rapport avec la couleur de la peau, des caractéristiques
physiques ou l’origine.
On parle d’acte raciste quand le rejet est à priori (ex : « Pas de noirs »). On ne considère pas
l’autre par rapport à sa personnalité mais par rapport à une « race ».
Mais il faut se demander si uniquement les propos raciste doivent être punis.
Dans les pays européens, il existe des lois qui interdisent les propos racistes.
Le racisme est la critique d’un groupe auquel on n’a même pas accordé la parole, qu’on ne
connaît pas et qu’on juge quand même ( préjugés). Ce n’est même pas un débat d’idées vu
qu’on ne laisse même pas l’autre s’exprimer.
Le racisme a mené à beaucoup de génocides dans le monde durant le XXème s. :
- Arméniens (par les Turcs)
- Juifs, Tziganes (par les nazis)
- Cambodgiens
- Tutsis (au Rwanda)
Chez nous, les propos négationnistes (qui disent que les génocides n’ont jamais existé) sont
interdits.
Un bon signe du racisme est de toujours amalgamer entre une personne et tout un peuple.
C’est l’amalgame qui mène au racisme.
Par contre, critiquer une idée, une religion, n’est pas un acte raciste. Mais il faut être large
d’esprit pour pouvoir faire un débat d’idées.
Dans la presse, la caricature est beaucoup utilisée parce que le dessin permet de dire ce qu’on
n’aurait pas le droit de dire dans un texte.
Il serait intéressant de penser au rôle des caricatures dans l’histoire, à ce qu’elles apportent.
La laïcité (+ voir livre)
Le problème avec des termes comme la démocratie, la laïcité, la liberté, c’est que,
contrairement aux termes utilisés uniquement pas des spécialistes, beaucoup trop de gens
l’utilisent et n’y donnent pas forcément tous le même sens.
Laïcité : du grec  = le peuple.
Un Etat laïque serait donc l’Etat de tout le peuple et non uniquement de ceux ayant certaines
conceptions.
Ce n’est pas le cas de tous les Etats. Certains ont soit une religion officielle, soit un athéisme
officiel. L’Etat n’est donc pas au service de tout le peuple vu que tout le monde n’a pas
forcément la même conception que l’Etat.
Dans le cas de la laïcité, on part du principe qu’on ne peut pas imposer aux individus des
conceptions et croyances. L’Etat intervient alors pour garantir la liberté individuelle et une
bonne coexistence entre les individus, ceux-ci ayant tous les mêmes droits et les mêmes
devoirs. La liberté d’un individu s’arrête commence celle de l’autre. Chaque individu a
le droit de croire en ce qu’il veut mais il doit respecter le fait que d’autres ne pensent pas
comme lui.
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