D – Comment le chimiste contrôle-t-il les transformations de la
matière ?
▀ Les exemples d’activités pour la partie D du programme proposés par ce document et son cédérom
d’accompagnement sont issus des sciences de l’ingénieur et des sciences de la vie.
Comment le chimiste peut-il contrôler l’évolution des systèmes ?
En cinétique, des modes de contrôle ont été rencontrés : par exemple chauffer pour accélérer une
transformation ou au contraire refroidir et diluer pour la stopper dans le but d’un titrage. Lors de l’étude
de cette partie en classe, il a été montré qu’un apport d’énergie a permis de forcer l’évolution du
système, par exemple lors de la charge d’un accumulateur, ce qui constitue une forme de contrôle.
Il est proposé dans cette dernière partie de montrer que l’on peut optimiser des synthèses industrielles
en utilisant les connaissances précédemment acquises. Comme support de cette étude, nous avons
choisi l’estérification et l’hydrolyse de l’ester, pour plusieurs raisons : historiquement, ces réactions ont
tenu une grande place dans le progrès des connaissances sur les équilibres chimiques et les vitesses
de réaction ; d’autre part, si l’on veut montrer l’effet d’un catalyseur, il faut que la transformation soit
lente dans des conditions usuelles ; si l’on veut en augmenter le rendement, il faut que le taux
d’avancement ait une valeur ni trop grande ni trop petite pour pouvoir mesurer un changement avec
les moyens dont on dispose ; en outre, ces transformations impliquant un acide, le suivi temporel et la
mesure de l’avancement final peuvent se faire par titrage en présence d’un indicateur coloré mettant
en jeu une réaction acido-basique ; enfin, ces espèces ont une faible toxicité.
S’agit-il de procéder à nouveau à une étude cinétique des transformations ?
Il s’agit de montrer qu’un catalyseur a un effet sur la vitesse de réaction mais pas sur l’état d’équilibre
du système, et de percevoir que le taux d’avancement final peut être accru par élimination d’un produit
formé (l’eau ou l’ester) ou par ajout d’un excès d’un réactif (alcool ou acide).
L’état d’équilibre d’un système étant atteint, l’ajout d’un réactif crée une perturbation instantanée du
système qui diminue momentanément le quotient de réaction. Le système réagit en consommant les
réactifs pour amener la valeur du quotient de réaction à la valeur de K . Le même raisonnement vaut
si l’on élimine un produit (par distillation).
Est-il possible de contrôler la synthèse de l’aspirine et dans celle d’un savon?
La synthèse d’un ester est lente et la transformation n’est pas totale. Même si l’on utilise un catalyseur
et un excès d’un réactif, il faut ensuite séparer le produit formé du mélange réactionnel, ce qui n’est
pas toujours aisé. L’optimisation de la synthèse d’un ester peut aussi s’envisager en remplaçant
l’acide carboxylique par une espèce plus réactive : l’anhydride d’acide. Dans ces conditions, la
formation de l’ester ne s’accompagnant pas de la formation d’eau, la réaction inverse d’hydrolyse est
empêchée.
La synthèse de l’aspirine est un exemple de synthèse optimisée d’un ester. C’est ainsi qu’elle est
réalisée industriellement ; il est facile de comprendre en effet, qu’une transformation lente et non
totale est préjudiciable aux aspects économiques d’une synthèse. L’hydrolyse d’un ester est, elle
aussi, une transformation lente et non totale. L’ion hydroxyde est plus réactif que la molécule d’eau ;
pratiquée en milieu basique concentré et à chaud, l’hydrolyse est plus rapide et quasi totale, sans
possibilité de retour vers l’ester.
La synthèse d’un savon utilise l’hydrolyse basique, appelée aussi saponification.
Ces deux exemples de synthèses organiques, pris dans l’industrie des médicaments et des produits
cosmétiques, montrent bien les diverses stratégies mises en œuvre par le chimiste pour contrôler les
transformations de la matière, les aspects cinétiques étant améliorés par le chauffage et la catalyse,