Psychologie clinique
1. La notion de psychologie
Vient du grec « psyche » qui veut dire esprit ou âme et logos « étude »
Étude de l'esprit ou de l'âme.
Mais qu'est ce que l'âme ?
Conception de l'homme: le domaine scientifique qui traite de l'humain.
Autre façon de voir cela: la psychologie traite d'une forme d'organisation du vivant qui se situe
entre deux niveaux: un niveau biologique (qui pousse) et un niveau sociologique (l'autre, ce niveau
tire).
Entre le biologique et le sociologique, il y a un niveau d'organisation du vivant qui est la
psychologie.
1.1.Fondements historiques
1.1.1. Le long passé de la psychologie
Différence passé - histoire ? Il y a un long passé de la psychologie mais pas sur ce dénominatif.
La psychologie a un long passé mais une courte histoire
1) Platon et les pères de l'Église: séparation de l'âme et du corps
Platon se situe au 5-4 ACN
Platon propose le dualisme: c'est la séparation de l'âme immatérielle du corps matériel. Dans cette
position, ce serait l'âme qui pilote le corps.
Il représente un courant philosophique: l'idéalisme. C'est le fait que le réel (les choses matérielles)
existe en dehors de l'esprit, il y a prééminence du monde des idées sur la réalité. C'est pour cette
raison que l'âme pilote le corps.
Cette idée de séparation est reprise par les pères de l'Église. Ce sera le début du protestantisme.
2) La métaphysique
Aristote est connu pour son réalisme et sa métaphysique (approche réaliste).
Métaphysique: qui parle de la physique, des choses matérielles.
Aristote s'oppose à Platon: pour lui l'âme n'est pas le pilote du corps. Il se place dans une position
« réaliste »: par rapport à Platon qui propose une séparation claire du matériel et immatériel, pour
Aristote l'essence est dans les choses même du monde. Il est le précurseur d'une position
moderne.
« Comment les Idées, qui sont la substance des choses, seraient-elles séparées des choses ? »
« L'âme est au corps comme la forme est à la matière, distincte et inséparable ».
C'est paradoxal que ce soit cette pensée qui vaut et non le dualisme de Platon, qui a été repris
par les Pères de L'Église, et à cette époque, l'Église est très influente.
Galien: il devient la source principale des connaissances médicales dans les sphères
d'influence juive, chrétienne et musulmane. Les cause de la maladie vont être recherchée
parmi des causes naturelles: les quatre éléments combinés aux quatre qualités physiques
influent sur les quatre humeurs (liquide du corps: sang, bile jaune, bile noire, flegme).
C'est par l'anatomie que quelque chose va se passer dans notre domaine.
« Pourquoi il y a t il des progrès remarquables en anatomie ? »
Au 16ème siècle a eu lieu l'Inquisition: on tue et on torture pour ensuite laisser pourrir les
cadavres. On les trouve facilement et il y a donc beaucoup de matière pour étudier l'anatomie.
On met en carte le corps humain, alors qu'avant cela on se basait uniquement sur l'œuvre d'Aristote.
Cela a donc amené une meilleure connaissance et un regard critique sur les textes (pourquoi se
baser sur les textes si on peut observer soi-même? Regard critique sur les sources anciennes). On
peut comprendre en observant.
C'est une émancipation du savoir, on comprend mieux et on comprend qu'on peut comprendre.
Une nouvelle science de l'homme nait: anthropologia. Elle va se diviser en anatomia (science du
corps) et psychologia (science de l'âme). A partir de là, on retourne vers Platon et les pères de
l'Église (avec la Réforme qui a lieu).
Peut-être qu'Aristote avait laissé la pensée de croire qu'en ouvrant les corps, on pourrait retrouver
les mécanismes d'idées.
1.1.2. XVIème: Premières utilisations et définitions du mot psychologia
1) XVI: premières utilisations du mot psychologia
Les ouvrages où figurent les premières apparitions du mot « psychologia » sont des traités de
philosophie naturelle ou de physica (Aristote).
C'est grâce à une meilleure connaissance de la physiologie qu'est née la nécessité d'avoir une
discipline telle que la psychologie.
Aristote: dans l'organisation du vivant il y a le végétatif, l'animal et l'humain, et en ce qui
concerne l'âme elle est présente en degré (plus d'âme chez l'humain que chez l'animal et le
végétatif).
Au 16ème siècle il y a eu des abus énormes de l'Église qui ne sont plus gérables. On pêchait
violemment puis on se rachetait une âme auprès de l'Église. Il y a eu des protestations contre
le pouvoir de l'Église car celle-ci n'est pas fidèle à ses propres principes.
Mouvement fondamentaliste: revient au fondement : Platon.
Vu de notre époque, ce qu'il se passe montre un retour vers une position dualiste, de manière
paradoxale.
1) Dualisme
2) Réalisme
3) Crise de l'Église
4) Retour au dualisme
Melanchton revient vers le dualisme de Platon, et s'oppose à Aristote une anthropologie
dualiste qui divise l'homme en corps et âme.
Ce dualisme de Melanchton est en accord avec les doctrines réformistes du 16ème siècle.
Il va attribuer au corps des fonctions jusque là réservées à l'âme. Le cerveau devient l'organe
principal des fonctions sensitives et supplante le cœur comme siège de la vie affective et de la
pensée.
Luther propose une distinction entre homme extérieur terrestre et corporel et l'homme intérieur et
spirituel.
L'homme extérieur est soumis à la servitude car il y a une partie de l'homme qui nous oblige à
calmer sa faim, sa soif,... L'homme n'est donc pas libre car il est sommé d'obéir, de répondre à ses
besoins. L'humain peut être aussi fort qu'il le veut spirituellement, mais vulnérable quand on le
touche au corps.
Pour Luther, la liberté est reçue du Christ.
Calvin: le dualisme n'est pas conceptuel d'une réflexion générale mais est traité de manière
théologique, à placer dans le cadre de la doctrine religieuse.
Intelligence des choses célestes: intérieurement, la pensée donnée par dieu est retrouvée. Cette
pensée est capitaine de l'âme.
Il faut, par rapport à la raison donnée par les philosophes, avoir une prescription morale,
religieuse: mieux vaut s'en remettre à la loi de dieu.
C'est de la que vient cette idée très implicite: il y a un for intérieur qui détient une vérité. Il faut être
fidèle à cette voix intérieure, retourner à soi (on parle de la psychologie comme ce qui va aller vers
l'intériorité du sujet et va en dire sur sa vérité).
2) XVI: les premières définitions de la psychologia: une prise de position dualiste en
contrepoint à Aristote et en conformité avec les dogmes chrétiens
Melanchton créé un mot intentionnellement et lui donne un statut à part entière: c'est une prise de
position dualiste qui fonde un nouveau champ de la connaissance.
Homo duplex (homme double): du fait de cette distinction entre anatomie et psychologie.
La psychologie a comme objet l'âme rationnelle et comme but de décrire les facultés. Cette
définition est déjà assez moderne. Cette psychologia est dualiste: elle est la science de l'âme
raisonnable unie à un corps lorsque ce corps animé est un être humain.
L'anatomie est le modèle par excellence de toute science. Il y a un grand enthousiasme: la science
peut procéder par découpage et par mise en carte de l'agencement (du plus simple au plus
compliqué).
Snellius
« L'âme raisonnable de l'homme est la pensée qui, conjuguée au corps, parachève l'homme. Les
choses physiques plus proches des corps naturels qui se meuvent naturellement, possèdent une
étendue et à cause de cela occupe un lieu ».
« La faculté de l'âme rationnelle est la pensée ou volonté. La pensée est la faculté de l'âme de
discourir et de penser à propos des choses qui sont et ne sont pas ».
Par ce texte, l'attribut de l'âme est la pensée, et le corps se définit par le lieu de l'espace qu'il occupe,
sa grandeur ou extension.
La psychologie est donc fille de la Réforme et de l'esprit critique qui s'installe et déconstruit
lentement tous les domaines du savoir. La déconstruction principale porte sur l'œuvre d'Aristote.
Son modèle de scientificité est emprunté à l'anatomie qui pose à l'avant-plan sa démarche
résolutive-analytique.
3) XVII: la diffusion du mot psychologia
L'emploi du mot « psychologia » reste plutôt confidentiel.
C'est en 1653 qu'il fait son entrée dans un dictionnaire:
« Anthropologia, l'anthropologie est la science naturelle de l'homme. Psychologia, la psychologie
est la doctrine de l'âme ».
A la fin du XVIIème siècle, cette façon de présenter l'anthropologie en deux partie, anatomie et
psychologie, est très largement répandue.
1.1.3. XVII XVIII L'apport de la philosophie
1) Descartes: dualisme et rationalisme
Descartes est reconnu en tant que philosophe et non en psychologue (il aurait pu puisque le nom de
psychologie avait déjà fait son apparition).
La division de l'anthropologie est une source d'inspiration pour le dualisme de Descartes.
Il distingue l'anima (vient de « bouger », corps animés) de la mens (caractérise l'être humain).
A l'opposé des réformateurs (ou l'âme est unie au corps), Descartes précise bien la séparation (pas
d'union possible âme-corps: ils relèvent d'une ontologie différente).
Pour Descartes, les idées sont donc innées. C'est un dualisme très radical. L'âme et le corps ne
peuvent se toucher.
Position assez intenable: avec un peu de bon sens, on se dit que ce n'est pas possible.
2) L'empirisme
Les empiristes s'opposent à Descartes. On reste dans la philosophie.
1) Pères fondateurs: dualisme de Platon
2) Réalisme d'Aristote (dure assez longtemps grâce aux textes qui perdurent)
3) Crise de l'Église accompagné d'une grande violence avec l'Inquisition (l'anatomie prend
naissance, on découvre le corps). Pas d'idées, pas de souvenirs ni passion, il faut un autre
domaine: la psychologie.
4) Réponse de la philosophie avec le dualisme de Descartes avec en réaction les empiristes et
associationnistes.
Les empiristes anglais rejettent l'idée de connaissances innées.
Ils supposent que l'esprit de l'enfant est une table rase et que son contenu provient de l'expérience
sensorielle du monde extérieur: ils posent ce que Descartes a rejeté. Par les sens, nous sommes
touchés par le monde extérieur, des idées se forment et s'associent.
Ils donnent le coup d'envoi à la théorie associationniste de l'apprentissage. Il n'y a pas
d'hypothèses d'idées innées. Les images se regroupent selon leur ressemblance, leur contiguïté (fait
qu'ils viennent ensemble) et donc des idées naissent d'autre idées, et ce par association.
Par rapport à Descartes qui dit que l'esprit et le corps ne se touchent pas, les empiristes disent que
les choses peuvent toucher le corps par les sens et laisse une impression, qui donnera lieu a des
images mentales.
Hobbes
« Toute conception procède de l'action de la chose dont elle est la conception »
Hobbes dit que les images mentales ne viennent pas vraiment du fait qu'on les voit, les sentent, mais
qu'elle seraient construites par l'action que l'on a avec (il y a une bouteille, on la prend, on verse
l'eau,...).
La représentation mentale qu'on s'en fait se construit à partir de la motricité et non par la
perception.
(Motricité: ce qui sort du corps. Perception: ce qui entre dans le corps.)
Hobbes est d'accord avec le côté perception mais rajoute cette notion de motricité. Les
représentations s'activent en grande proportion sinon exclusivement avec la motricité, par la façon
dont on interagit avec l'objet.
Théorie de l'association: « ce soir je dois organiser un diner donc avant de rentrer je dois aller au
magasin et acheter telles choses puis les préparer » c'est un raisonnement, c'est rationnel.
A coté de cela il y a une autre forme de pensées: les choses irrationnelles. Cela va former des
pensées, une chaine d'association, et ces pensées semblent incohérentes, décousues, car elles ne
viennent que d'une chaine d'associations.
Déjà chez Hobbes, on voit un mode de pensée par association et un autre par raisonnement.
Ces modes de pensée seront ensuite repris par Freud.
Locke
Il réfute la thèse des idées innées. Pour Locke, elles nous viennent de l'expérience.
L'esprit humain est une table rase remplie par l'expérience.
Il pose les bases de la théorie associationniste.
Les choses peuvent s'associer par opposition (blanc-noir), par contiguïté, par ressemblance.
1.1.4. XIX: Fondements de la psychologie scientifique.
1) Naissance de la psychophysiologie en Allemagne
La psychologie, en tant que discipline scientifique autonome nait à la fin du 19ème siècle quand elle
s'émancipe de la philosophie.
« Dans quel contexte cela est-il possible ? »
Les hypothèses transformistes (transformations graduelles et héritées) de Lamarck et la théorie de
l'évolution de Darwin (peut-on expliquer la diversité des espèces par rapport à un mécanisme
naturel ?). Darwin fait un contrepoint: les grandes questions de l'humanité auxquelles des réponses
rationnelles sont possibles.
« Où est l'importance pour la psychologie ? »
Là où elle s'est établie en laissant tomber Aristote et en prenant le dualisme, les hypothèses
transformistes de Lamarck et la théorie de l'évolution de Darwin vont démontrer que l'humain n'est
qu'une évolution des espèces animales. Il y a donc une idée de degrés entre homme et animal, et
non pas de catégorie.
Ce sera un puissant appui pour les réfutations critiques d'une âme-substance, privilège de l'homme.
Comme l'anatomie a été fondée sur l'observation et la mise en carte des corps, Darwin se fonde sur
l'observation d'espèces biologiques. Cette observation a quelque chose d'empirique.
Conséquences: en Allemagne, les scientifiques répudient les spéculations rationnelles en faveur de
la matière, des faits, de la mesure et de l'expérience.
La psychophysique va essayer de mettre en carte un phénomène physique (une bouteille) et un
phénomène psychique (la perception que j'en ai) et va voir quelles sont les régularités, points
commun entre ces phénomènes.
Weber propose que l'on passe de la physiologie a la psychologie.
Il mène des recherches sur les sensations tactiles et visuelles.
Si la quantité d'excitation est augmentée peu à peu, la sensation première demeure d'abord
inchangée. Pour que le sujet perçoive l'accroissement, il faut une augmentation d'une certaine
importance.
La loi de Weber: « Alors que l'excitation croit ou décroît d'une manière continue, la sensation
change de manière discontinue ».
Il s'est associé à Fechner qui déduit mathématiquement une loi plus précise: « La sensation croit
comme le logarithme de l'excitation ».
Ces recherches marquent l'introduction de la mesure en psychologie
La psychophysiologie, fondée sur les rapports entre des états psychiques et des états
physiologiques, détrône la psychophysique.
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