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Cette nouvelle dimension des travailleurs sociaux est liée au changement de
représentation sociale défini plus haut.
( ) : Un exemple de ce changement de représentation sociale se trouve dans le
changement de langage employé au sein des syndicats traditionnels. Dans les 50’s, on
utilisait le terme de « camarades », qui renvoyait à une même appartenance à une même
classe sociale. Puis il est devenu « copains » dans les 70’s, et aujourd’hui, si « copains »
reste utilisé à la base, certains responsables syndicaux utilisent le terme « les gens », qui
renvoie à une indifférenciation dans la masse. Même ceux qui faisaient vivre la lutte des
classes en abandonnent aujourd’hui sa sémantique.
III /
A partir d’Anna Arendt :
La notion de "masse" est une notion indispensable à l'état totalitaire. La "masse"
indifférenciée est une représentation égalisatrice (qui ne nécessite d'ailleurs pas une
égalité réelle), totalisante, nécessaire à l'action la plus univoque possible des Etats
totalitaires (des chefs). (L'égalisation totalisante n'a pas besoin d'égalité réelle car vivre en
état de totalité, c'est accéder à une "facticité du monde réel", c'est une retrait du "monde
commun", une perte de l'espace public…
Et il y a des fonctionnements totalitaires qui ne sont pas des dictatures.
IV /
Aujourd’hui, le processus d’individualisation renvoie à un rapport à la masse indifférenciée
des classes moyennes. Le rapport au lien social est modifié.
Une des dimensions du "lien social" est l'affrontement car la société n'est justement pas
une "masse" indifférenciée. Différents groupes (classes?) aux intérêts variés composent
cette société et c'est dans l'affrontement que se joue les rapports plus ou moins
conflictuels entre ces groupes. Pour A. Touraine, c’est la lutte entre les groupes sociaux
qui crée l’Histoire et c'est dans cette dynamique historique que la vie sociale est possible.
Mais de plus en plus, on tire le lien social vers une représentation consensuelle entre des
individus :
la pensée du lien social est donc différente
la société du contrat, de la contractualisation entre les individus tend à devenir le
modèle unique du vivre ensemble. Le contrat marchand devient le modèle de base de la
vie sociale.
Avant, la question du "lien social" ne se posait pas. Aujourd’hui, il n’y a que la dimension
contractuelle (à partir du modèle marchand) qui est valorisée, ce qui pose problème (au
moins dans la phase de transition sociale qu'on cherche à imposer aujourd'hui).
Le problème du contrat est d'oublier bien d'autres dimensions du lien social (la dimension
culturelle par exemple) et d'être lié avant tout à la dimension marchande qui ne met
l’accent que sur le côté « compétitivité » de l’individu et non sur d'autres aspects de
l'individualité (la créativité par exemple).