Alexis Claeys Pour le Lundi 12 Novembre 2012 1°S6 Monsieur Cloët Travail de Français sur Micromégas de Voltaire Les personnages de l'oeuvre Le nom Micromégas est, comme dans beaucoup d'oeuvres voltairiennes, un nom fantaisiste, où l'étymologie donne directement des indices sur le thème philosophique de l'oeuvre. Il se compose de deux éléments d'origine grecque : « micro » signifie petit et « mégas », grand. Le chapitre le cite : « [...] que j'ai eu l'honneur de connaître dans le dernier voyage qu'il fit sur notre petite fourmilière; il s'appelait Micromégas. ». Cela nous permet de savoir que le conte portera une réflexion sur la relativité des proportions et un jeu entre le macrocosmique et le microscopique. Dans le chapitre 1, « [...] lorsqu'il devina par la force de son esprit , plus de cinquante propositions d'Euclide. » , on apprend donc que Micromégas est un savant, à la fois géomètre, et présenté comme un naturaliste, il portera d'ailleurs sur les hommes une regard d'entomologiste : « Je ne veux qu'on me plaise , point je veux qu'on m'instruise [...] ». Le saturnien, en revanche, est une caricature de Fontenelle, auteur des Entretiens sur la pluralité des mondes (1686). Voltaire lui reproche son manque d'originalité philosophique, il se plaît à parodier son style connu pour être chargé de métaphores, notamment dans le chapitre 2 : « Oui, dit le Saturnien, la nature est comme un parterre dont les fleurs [...]. Elle est, reprit le secrétaire, comme une assemblée de blondes et de brunes dont les parures [...]. ». Les Terriens, eux, apparaissent comme les êtres les plus minuscules. Malgré leurs petites tailles, ils sont dotés d'un savoir gigantesque sur les sciences : « Combien comptez-vous, dit celui-ci, de l'étoile de la Canicule à la grande étoile des Gémeaux? Ils répondirent tous à la fois « Trente degrés et demi. » » ( chapitre 7). Mais lorsqu'il s'agit de philosophie, les hommes sont incapables de se mettre d'accord. Le narrateur, lui dit « je »et assume les fonctions de narrateur. Voltaire développe l'art du clin d'oeil et de l'allusion. Par exemple, au chapitre 1 : « Il n'avait pas encore deux cent cinquante ans, et il étudiait, selon la coutume, au collège des Jésuites de sa planète. », on apprend que même sur Sirius, se trouve un collège Jésuite. Voltaire porte donc un coup à cette ordre religieux auquel il reproche son impérialisme. Le merveilleux au service de l'esprit critique Voltaire crée un changement de perspective comparé aux autres récits de voyage. Habituellement, ce sont les hommes qui vont sur une autre planètes comme dans Histoire comique des Etats et Empires de la Lune (1650) de Cyrano de Bergerac. Ce changement de perspective permet implicitement une critique de la nature humaine. De plus, Voltaire, crée un voyage imaginaire mais fait en sorte que l'on ne s'y abandonne pas totalement grâce notamment au ton parodique. Par exemple dans le chapitre 3 : « Ils apprirent de forts beaux secrets qui seraient actuellement sous presse sans messieurs les inquisiteurs. », Voltaire brise l'élan du merveilleux de la planète Jupiter par l'évocation des inquisiteurs de son temps. Voltaire, au lieu de parler de créatures imaginaires, porte son intérêt sur les théories de Newton, car malgré leur facilité à se mouvoir dans l'espace, le Sirien et le Saturnien suivent un itinéraire bien précis que Voltaire à pu connaître grâce aux recherches du savant anglais Isaac Newton (1642-1727) . Mais en plus de du détail des découvertes de Newton, Voltaire s'inspire de sa conception de l'univers qui dit que deux corps quelconques s'attirent mutuellement. Micromégas connaît d'ailleurs toutes ses lois, dans le chapitre 1 : « Notre voyageur connaissait merveilleusement les lois de la gravitation, et toutes les forces attractives et répulsives. ». A l'inverse, Voltaire critique Blaise Pascal sur sa conception de l'univers et son gouffre cosmique. Par exemple au chapitre 1 : « C'est dix-huit de plus que Blaise Pascal, lequel, après en avoir deviné trente-deux en se jouant, à ce que dit sa soeur, devint depuis un géomètre assez médiocre et un fort mauvais métaphysicien. ». De ce fait, Voltaire, comme Newton pense que l'univers est régi par des lois universelles et que donc que d'une planète à une autre, on fraternise, car l'on se compare, l'on est attiré par les mêmes curiosités sur les mesures ou la précision. Pour Micromégas rien n'est plus étranger que la guerre, au contraire il pense que le cosmos est régi par une bonté et une sympathie interstellaire. Le chapitre 7 nous l'apprend : « Le Sirien reprit les mites; il leur parla encore avec beaucoup de bonté [...] ». C'est la leçon des lois Newtoniennes de la gravitation universelle : tout s'attire et se répond et souhaite entrer en relation. C'est le cosmopolitisme. Une dénonciation de la métaphysique Lorsque le Sirien et le Saturnien parviennent enfin à entrer en relation avec les humains, ils sont tout d'abord surpris par leurs extraordinaires performances scientifiques mais sont ensuite consternés par les bêtises émises dans le domaine de la métaphysique. Dans les chapitres 6 et 7, plusieurs questions sont posés aux hommes notamment en géométrie : « Oui, je vous ai mesuré, dit le physicien et je mesurerai encore bien votre grand compagnon. » , en astronomie : « Combien comptez-vous , dit celui-ci de l'étoile de la Canicule à la grande étoile des Gémeaux? » et aussi en physique : « Combien pèse votre air ? ». En revanche la deuxième partie du dialogue se révéla désastreuse lorsque Micromégas demande aux humains ce qu'est la matière dans le chapitre 7 : « Puisque vous savez si bien ce qui est hors de vous, sans doute vous savez encore mieux ce qui est en dedans. Dîtes moi ce que c'est que votre âme, et comment vous formez vos idées? », cette fois-ci, les humains eurent tous des opinions divergentes : « Les philosophes parlèrent tous à la fois comme auparavant; mais ils furent tous de différents avis. ». Voltaire explique alors que l'accord entre les hommes se crée facilement lorsqu'ils traitent de données quantifiables mais la discorde se crée quand le sujet est sur la nature de l'âme ou celle de la matière, dans le chapitre 7 « Nous sommes d'accors, avoue l'un des terriens, sur deux ou trois points que nous entendons, et nous disputons sur deux ou trois milles que nous n'entendons pas. ». Après cet examen, , les extraterrestres fuient ce qui symbolise la vérité qui déserte les humains, qui s'enlisent dans leurs erreurs. Le livre blanc laissé en cadeau aux humains signifie que la vérité absolu est hors de la portée des hommes, dans le chapitre 7 : « Il leur promit de leur faire un beau livre de philosophie, écrit fort menu pour leur usage, et que dans ce livre il verrait le bout des choses. [...] Mais quand le vieux secrétaire l'eut ouvert, il ne vit rien qu'un livre tout blanc. ». Le relativisme malgré un optimisme modéré. Dans cette oeuvre Voltaire invite le lecteur à réfléchir au relativisme. Dans le chapitre 2, Micromégas dit : « J'ai un peu voyagé; j'ai vu des mortels fort au-dessous de nous, j'en ai vu de forts supérieurs. ». Voltaire explique donc que l'homme n'est ni grand, ni petit mais qu'il fait partie d'un ensemble ou chaque chose est à sa place. De ce fait, aucun être vivant de l'univers ne peut se considérer comme le centre du monde. Voltaire s'attaque donc à la présomption de l'homme qui parfois cède à l'anthropocentrisme. Malgré cela, Voltaire montre que l'orgueil humain est infini et que certains penseurs continuent à défendre la prééminence de l'homme dans l'univers et sa capacité à comprendre tous les phénomènes naturels, par ce philosophe qui pense comme Saint Thomas dans le chapitre 7 de l'oeuvre : « Il dit qu'il savait tout le secret, que tout cela se trouvait dans la Somme de Saint Thomas; il regarda de haut en bas les deux habitants célestes; il leur soutint que leurs personnes, leurs mondes, leurs soleils, leurs étoiles, tout était fait uniquement pour l'homme. ». Voltaire, ne veux pas que l'homme se prenne pour le roi de la création mais il ne l'encourage pas à sombrer dans l'angoisse et la peur des êtres qui lui seraient supérieurs. Le gouffre céleste qu'effrayait tant Pascal est plutôt vu par Voltaire comme un équilibre et une harmonie. Micromégas est donc une oeuvre d'un certain optimisme puisque tout l'univers est proportionné, tout ne va pas si mal si seulement chaque individu joue le rôle qui lui à été dévolu. Voltaire insiste donc sur une morale de l'acceptation de l'autre et de la confiance. Une oeuvre pour le combat des Lumières L'oeuvre ne présente pas des scènes d'argumentations sous la forme habituelle. Mais le récit place des passages dans des lieux et des temps de débats et de confrontations d'idées comme dans le chapitre 1 : « Micromégas se défendit avec avec esprit; il mit les femmes de son coté, le procès dura 220 ans. » , ou dans le chapitre 2 lorsque le Sirien parle avec le Saturnien et enfin dans le chapitre lors du dialogue entre les extraterrestres et les hommes. Lors de la première scène, l'argumentation repose sur la superstitions des ennemis de Micromégas. La cible visé par Voltaire est donc la religion, cruelle et bornée : « Le muphti de son pays, grand vétillard, et fort ignorant, trouve dans son livres des propositions suspectes, malsonnantes, téméraires, hérétiques, sentant l'hérésie et le poursuivit vivement.[...]Enfin le muphti fit condamner le livre par des jurisconsultes qui ne l'avaient même pas lu. ». Voltaire réclame donc des procès justes et équitables, où le condamné à le droit d'exposé son points de vue, ce qui n'était pas le cas comme dans l'affaire Calas qui fut condamné à torts. Plus tard dans le récit, le débat prend une tournure plus philosophique, Voltaire s'en prend à la manie humaine de tout vouloir justifier, comme dans le chapitre 6 : « L'aumônier du vaisseau récita les prières des exorcismes, les matelots jurèrent, et les philosophes du vaisseau dirent un système; mais quelque qu'ils fissent, ils ne purent jamais deviner qui leur parlait. ». Les hommes n'ont ensuite que pour arguments de nommer une autorité philosophique comme dans le chapitre 7 : « Aristote », « Descartes » , « Malebranche », « Leibniz » ou encore « Locke ».