.2ème envoie ENFANCE ET HISTOIRE OU COMMENT LA COMPREHENSION DE L’ENFANCE A EVOLUE DANS LE TEMPS. 4.1. Avant le 17ème siècle 4.1.2. LES PREMIERS DISCOURS SUR L’ENFANT 4.1.2. LES PREMIERS DISCOURS SUR L’ENFANT 4.2. AU 18EME SIECLE 4.3. LE 19EME SIECLE 4.3.1. L’APPARITION DES PREMIERS BIOGRAPHE 4.3.2. La théorie générale de l’évolution des espèces 4.3.4. LA NAISSANCE DE LA PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE 4.3.5. - Le XXème siècle. 3-APERÇU HISTORIQUE SUR L’ETUDE DEVELOPPEMENTALE DE L’ENFANT Les considérations et les représentations, les discours sur l’enfant et l’adolescent reflètent les croyances des périodes historiques successives, depuis les temps anciens jusqu’à la période actuelle. Dans l’antiquité grecque et romaine l’enfant n’avait aucun droit .Sa survie dépendait de l’autorité paternelle. Bideau et al. (1999) nous disent comment Sénèque estimait raisonnable de noyer les enfants débiles et faibles et comment Tacite considérait les juifs d’excentriques parce qu’ils tenaient à maintenir en vie tous les nourrissons. Le développement de l’enfant est aujourd’hui une discipline qui étudie comment s’opère dans le temps l’évolution de l’enfant dans son ensemble. Mais le concept de l’enfant tel que nous le connaissons maintenant et auquel nous nous intéressons est très récent ; parce que tout simplement, les considérations et les représentations que les adultes avaient sur/de l’enfant ont évolué depuis l’antiquité à nos jours. 3-1 Avant le 17ième siècle, Toutes sortes de conceptions sur l’enfant et la manière de l’élever pour qu’ils deviennent des adultes responsables circulaient ; ce qui signifie que le concept d’enfance tel que nous le connaissons aujourd’hui et auquel nous nous intéressons est très récent car, peu de cas étaient faits des nouveaux nés. Les adultes ne percevaient pas les enfants comme qualitativement différents d’eux, avec des besoins spécifiques pouvant contribuer à leur propre développement Les peintres et les sculpteurs de l’époque avaient des difficultés à percevoir une différence entre l’enfant et l’adulte et leurs peintures et sculptures représentaient des enfants comme des adultes en miniature. Chez les grecs et les romains les nouveau-nés débiles et faibles étaient supprimés seuls les enfants fiables faisaient l'objet de soins attentifs, la visée était de faire d'eux, de bons citoyens (guerriers). La doctrine puritaine se fondait sur la croyance que le péché de désobéissance d’Adam et Eve, se transmettait de génération en génération, le nouveau-né, s’il n’était pas racheté, héritait de ce péché originel et serait condamné à l’enfer après sa mort. D'ailleurs, les gens d'église n'étaient pas en reste; pour eux, l'enfant était porteur d'instincts fondamentalement mauvais hérités du péché originel qu'il fallait corriger par l'éducation. Pour le Cardinal Bérulle (1575-1629), l'Evêque Bossuet (1627-1704), Saint Augustin (354-430) « J’ai été conçu, dans l’iniquité, c’est dans le péché que ma mère m’a porté… où donc, Seigneur, où et quand ai-je été innocent ? » C’est ainsi que s’exprimait Saint Augustin (35-430) les confessions, Editions les Belles Lettres…. L’enfant semble privé d’enfance (il est proche de l’animal et voué au péché) mais cela ne veut pas dire que le sentiment de l’enfance n’ait jamais existé. Pour A. Alexandre Bidon, « le sentiment de l’enfance a toujours existé » parce que dit-elle, il témoigne de l’infantile considéré comme rapport infini de l’enfant à l’adulte1 Jusqu’au 17ème siècle, L’étude psychologique de l'enfant n'entrait pas dans les préoccupations littéraires, philosophiques et scientifiques. Les écrivains de l'époque étaient préoccupés de l'homme adulte et ne voyaient pas en l'enfant qu'un adulte en miniature un petit homme, beaucoup moins qu'un « petit de l'homme » que l’éducation doit corriger. L'enfant était perçu, pensé sur le modèle de l'adulte unique et parfait modèle, et les auteurs de l'époque n'éprouvaient pas le besoin de baser leurs recommandations pédagogiques sur l'étude développementale de l'enfant car pour eux, il suffisait de connaître l'adulte, à quelques rares exceptions pour connaître l’enfant. On retrouve chez PH. Ariès dans la définition qu’il donne au « mignotage » un signe du sentiment superficiel de l’enfant que les anciens réservaient à l’enfant des toutes premières années.2 Cette rigueur dans le jugement va être atténuée par certains philosophes (humanistes). D'abord Platon (427 – 347 avant JC) va introduire une certaine conception de l'enfant et de son développement qui fera de l'enfant un adulte en réduction et de l'action éducative, une toute puissance. Par cette conception, on 1 Bulletin de Psychologie, n° 449, Tome 53 (5) Sept. - Oct. 2000. L’infantile, n’est pas enfance. L’enfance est composée d’événements et elle, concerne la manière dont l’enfant « signifie » les choses et la manière dont l’enfant a signifié ce à quoi il était confronté à ce qu’il a vécu et comment il l’a intériorisé en le signifiant » en lui donnant un sens singulier en fonction de son organisation du moment. L’infantile concerne aussi l’adulte ; ce qui de nos vécus et expériences infantiles reste actif en nous. « On s’amusait avec lui comme avec un animal, un petit singe impudique, s’il mourrait alors, comme cela arrivait souvent, quelques uns pouvaient s’en désoler, mais la règle générale était qu’on n’y prit pas trop garde un autre le remplacerait bientôt… ». 2 décèle chez l'enfant des potentialités données à la naissance et qui ont besoin d'être actualisés, la différence entre l'enfant et l'adulte n'étant qu'affaire de quantité, toute conformité aux normes adultes était jugée incorrecte et perverses. Pour Platon (427 – 347 avant JC) « L’enfant est un adulte en miniature » il n’est différent de l’adulte que d’un point de vue quantitatif. Platon a un point de vue innéiste : pour lui, tout est fixé à la naissance, l’éducation et l’environnement n’ajoutent rien ; ils ne font qu’actualiser les potentialités qui sont fixées à la naissance. Il faut savoir que cette conception platonicienne implique que : les comportements de l’enfant sont régis par les mêmes mécanismes que ceux de l’adulte ; ce qui signifie que toute inconformité aux normes adultes est perçue comme négative. L'influence des humanistes du 16ème et 17ème va changer les conceptions sur l'enfant. Les recherches sur l'enfant d'abord calqués sur le mythe de l'adulte unique et parfait modèle vont être orientées vers des modes de penser propres à l'enfant. La promotion et la réflexion sur la pratique pédagogique s'observent à partir d'ouvrages célèbres tels : "De l'éducation des filles" 1683 de Fénelon – "De Pueris" du Hollandais Erasme (1469 – 1530) ; dans cet ouvrage, Erasme dévoile les bases d'une vérité pédagogique. C'est lui qui dit : "on ne naît pas homme, on le devient et le devenir n'est pas le fruit de la maturation physiologique et psychique, il et surtout celui de l'art pédagogique. "Eloge de la folie" où l'on justifie l'intérêt accordé aux enfants est également de Erasme. Il dit des enfants, "la bienfaisance nature leur a donné le charme de la folie". "Didacta Magna" où Comenius (1631-1658) introduit le principe de "degrés pédagogiques correspondant à des programmes spécifiques justifiant la pratique de méthodes réalités et concrètes. "Some Thoughts Concerning Education" du philosophe anglais John Locke (1593 – 1704). C'est Locke qui fait état du premier discours systématique sur l'enfant. Selon lui, les enfants naissent bons, indépendants et égaux ; Locke pensait que l'esprit humains à la naissance était semblable à une tablette vierge (tabula rasa) sur laquelle l'expérience vient s'inscrire chez J. Locke, le rôle de l'expérience est fortement valorisé. L’élaboration d’une méthode d’éducation répondant à des impératifs pratiques et éthiques n’exige pas l’étude des traits spécifiques de l’enfant. Bien avant les humanistes, et à une époque (1492-1540) où il suffisait de connaître l'adulte pour connaître l'enfant, l'espagnol Vives a écrit de « Tradendes disciplinis », ouvrage qui va marquer la cassure avec la métaphysique en insistant sur l'importance de la pratique et de l'expérience sur l'enfant. Dans ce sens, les philosophes ont été les premiers à avoir mené des réflexions sur l’éducation à donner aux enfants. Vers la fin du 17ème siècle, on observe un dépassement progressif de la tradition : une mentalité nouvelle, une mentalité de progrès, les possibilités et la vie de l'enfant feront l'objet d'une attention plus nette mais l'enfant des humanistes de la fin du 17ème siècle est considéré comme différent de l'adulte sur le plan seulement quantitatif. L'enfant n'est là que comme instrument, matière à éducation. 3-2 Au 18ème siècle C’est à partir du 18ème siècle, avec le mouvement philosophique des Lumières que commence la valorisation explicite de l’enfant. Il faut voir en cela un intérêt politique lié à la crainte du dépeuplement qu’engendre la préoccupante question de la mortalité infantile. Les milieux cultivés de l’époque réfléchissent sur les moyens de « conservation » des enfants. La pédagogie est la discipline la plus sensible à cette valorisation de l’enfant et au respect des rythmes ; elle va développer le courant de l’éducation nouvelle. Ce courant va mettre l’enfant au centre de ses apprentissages et le considérer comme le principal acteur de sa formation. C'est Rousseau au 18ème siècle qui va amener le mouvement annonçant la psychologie de l'enfant et de l'adolescent avec la publication en 1762 de son célèbre Emile. Jean-Jacques Rousseau prend une place particulière dans la diffusion de la plupart de nouvelles idées auprès des parents éclairés (de la haute société) ; ceux-ci vont se mettre à élever leurs enfants selon les principes que recommande Rousseau : - Pas d’emmaillotement maternel ; - Attachement maternel. Ces du bébé ; - Allaitement principes vont modifier les comportements des parents de la haute bourgeoisie mais pas ceux des classes les moins favorisées qui vont continuer à mettre leurs enfants chez des nourrices et à les abandonner pour leur propre survie à elle-même. Ces principes pour Rousseau sont : ▪ L’enfant correspond à une réalité psychologique bien définie et n’est plus considéré comme un petit homme. Il lui reconnaît des manières propres à agir, à penser. ▪ L’enfance ne consiste pas seulement en l’apprentissage de la vie adulte ; elle possède sa propre valeur. En cela, Rousseau a innové : « L'enfance est une vie. Elle a ses réalités et ses valeurs propres, différentes de celles du monde adulte ». Et Thibaut & Rondal (1996) reprennent que l’enfance a droit à son épanouissement durant ses années de croissance" ▪ L’enfance est caractérisée par son innocence ; Rousseau parle de la bonté originelle de l’enfant. Si l'homme est mauvais pense-t-il, ce n'est pas en raison du péché originel mais parce que la société le corrompt. Rousseau (1762) déclare : « tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses tout dégénère entre les mains de l’homme ». ▪ La croissance de l’enfant est ordonnée avec un rythme fixé naturellement et l’éducateur doit respecter ce rythme ; de même qu’il doit respecter les étapes du développement physiques (des organes) et mental (des facultés) qui se succèdent dans un ordre croissant. Rousseau distinguer nettement plusieurs étapes dans le développement physique, intellectuel et moral ».3 ▪ Il introduit la notion d’étapes ordonnées chronologiquement et préfigure ainsi, la notion de stade qui jouera un rôle prépondérant en psychologie du développement. « De la naissance au mariage, l’enfance est divisé en cinq étapes qui correspondent à autant modes d’éducation différents ».4 : 1) l’âge de la nature (infant) de la naissance à 2 ans ; 2) l’âge de la nature (puer) ou l’âge de la formation du corps et des sens de 2 à 12 ans ; 3) l’âge de la force ou l’âge de la formation intellectuelle et technique : de 12 à 15 ans ; 4) l’âge de la raison et des passions ou l’âge de la formation morale et religieuse de 15 à 20/25 ans ; 5) enfin l’âge de la sagesse et du mariage à partir de 25 ans. Ainsi donc, pour Rousseau, les processus de transformation sont régis de l’intérieur il y a donc chez lui la primauté des facteurs endogènes ; l’expérience et l’environnement jouent néanmoins un rôle sur le développement. IL réfute donc l’idée selon laquelle le nouveau-né serait une tabula rasa sur laquelle l’expérience viendrait s’imprimer ; prenant le contre-pied de la conception de John Locke il affirme que l’éducation doit tenir compte des particularités de l’enfant. Rousseau va donc changer complètement la perspective, le regard porté sur l’enfant ; il devient un objet d’étude nécessaire, indispensable pour les éducateurs. Et Deleau (1999 :21) va développer l’idée que l’étude de l’enfant « va apparaître comme une voie royale pour connaître et expliquer la genèse de 3 Bulletin de psychologie, Op. Cit., p. 553. 4 Bulletin de psychologie, Op. Cit., p. 553. l’organisation psychique achevée dans ses formes normales comme dans ses formes pathologiques. » Ainsi est tracée la liaison entre la psychologie de l’enfant et la psychologie du développement. Avec Rousseau, il y a l'idée d'une différence non seule quantitative, mais aussi qualitative entre l'enfant et l'adulte. Il y a chez lui une claire, prise de conscience de la relation nécessaire entre éducation et psychologie mais plus encore la saisie de la réalité psychologique de l'enfance qui va anticiper le point de vue moderne. « L'enfance est une vie. Elle a ses réalités et ses valeurs propres, différente de celles du monde adulte ». Elle a droit à son épanouissement durant ses années de croissance" Thibaut & Rondal (1996). Rousseau montre l'originalité du développement de l'enfant et la nécessité de tenir compte de sa spécificité sous peine de pervertir l'enfant reconnu comme étant nécessairement bon dès le départ. Si l'homme est mauvais penset-il, ce n'est pas en raison du péché originel mais parce que la société le corrompt. Rousseau (1762) déclare : « tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses tout dégénère entre les mains de l’homme ». En résumé, la publication d'Emile est un signal révolutionnaire en pédagogie en ce sens que : Le rôle de l'expérience fortement valorisé chez Locke va se comprendre chez Rousseau comme une interaction entre l'enfant et son milieu ; impliquant autant l'enfant que le milieu .Il ne s'agit plus chez l'enfant d'un mal à corriger mais d'une période spécifique qui a sa valeur : l'enfant n'est plus porteur d'instinct fondamentalement mauvais mais un innocent que la société pervertit ; sa croissance est ordonnée par la nature et l'éducation doit s'appuyer sur ce mouvement naturel et non le contraire. Une des conséquences de ce changement de conception concernant l'éducation est qu'il devient nécessaire de connaître l'enfant pour mieux l'éduquer. L’enfant est pris en compte en tant que tel, non plus soumis au modèle de l’adulte à imiter, mais comme quelqu’un en soi qui a un développement propre. D'autres pédagogues ont continué les idées de Rousseau au début du XIXème siècle. Froebel (1782 - 1812) ; Pestalozzi (1747 - 1824) ; Herbart (1776 – 1841) et Kant, tous deux philosophes réaffirment la nécessité de fonder la pédagogie sur la psychologie et de respecter les droits de l'enfance, ajuster le pratique pédagogiques aux lois de la psychologie. "A chacune des étapes de croissance fixées par la nature doit correspondre une éducation particulière". Mais à cette époque, les discours sur l'enfant restent spéculatifs : aucune observation scientifique de l'enfant ne semble avoir été publiée en dehors de « quelques indications sur l'évolution psychologique » écrites (en allemand) par le pédagogue Suisse E. Claparède (1926) un des fondateurs de l’institut J.J. Rousseau à Genève. LE 19EME SIECLE ▪ L’apparition des premiers biographes ; ▪ La théorie générale de l’évolution des espèces. ; ▪ La naissance de la Psychologie scientifique. 4.3.1. L’apparition des premiers biographes Cette période va voir se développer "la pratique de tenir un journal détaillé des progrès de l'enfant". Ce sera l'apparition des premiers biographes d'enfants donc des premières tentatives de description des aspects les plus saillants de l'ontogenèse. Les biographies des enfants ont fourni des informations approfondies et très utiles dans le développement normatif de l’enfant. Le premier journal connu date de 1601 l’année de la naissance du fils d’Henri IV faite par Heroard médecin du Prince. Deux siècles plus tard, en 1787 Dietrich Tiedeman (1787) publia ses observations sur le développement sensorimoteur, verbal et intellectuel de son fils ; travail qui témoigne d’un souci méthodologique dans l'organisation du recueil d'observations. Wilhem Preyer (1841 - 1897) fait partie avec Taine 1877 et Darwin 1877 des premiers parents biographiques d'enfants. "Die Scele Kindes" l'âme enfantine, observation biographiques de son fils à travers laquelle on note les véritables débuts de l'étude scientifique de l'enfant. Preyer va établir l’étude de l’enfant sur des bases scientifiques et va poser les problèmes de genèse que d’autres chercheurs vont examiner pendant plusieurs décennies : observant son fils chaque jour, trois fois par jour ; on retiendra de ses travaux la richesse, la fermeté, la finesse. Baldwin, psychologue américain a écrit : The mental development in the Child and the race en 1895 sur la base de l'observation de ses deux filles ; il a fortement influencé de grands théoriciens tels que : Piaget (cf. la notion de réaction circulaire et de l'importance de l'imitation) et Wallon qui lui a emprunté la notion de Socius : car Wallon met l'accent sur le rôle de l'autre dans la construction de la personne. Ch. Darwin (1839) qui a publié " Biographical Sketch of an infant " sur les observations quotidiennes de son fils Doddy. Ces observations témoignent que : bien avant d'être capable de parler, Doddy faisait preuve de possibilités d'expression et de compréhension des mimiques d'autrui, ce qui permettait la communication dès le plus jeune âge, il démontre par là que l'utilisation du langage se greffe sur cette première communication qui elle n'a rien de spécifiquement humain. Darwin pensait qu'il n'y avait pas de rupture entre les aptitudes des animaux et les aptitudes humaines et l'observation quotidienne du comportement du bébé permet de saisir ce lien là. Deux siècles plus tard en 1787 l’on constate toute la difficulté de la question de la neutralité de l'observateur quand il s'agit d'un enfant à un statut aussi original que celui de prince ou quand il est question de son propre enfant. Cette absence d’objectivité, sera contournée par l’observation de plus d’un enfant particulier, mais par de vastes populations d’enfants par de statistiques. Les travaux de Bernard Pérez (1836 – 1903) pédagogue français vont se distinguer des autres par la méthode de comparaison et l’étude systématique des grandes fonctions dans leur aspect développemental. Avant Pérez les monographies se bornaient en un coup d’œil rapide sur les qualités, les défauts, sur l’enfance… Les observations minutieuses étaient réalisées par les parents et quand elles étaient pratiques, elles étaient rares. Pérez a été le premier a systématisé un ordre d’observations ; Il a observé des enfants ; il a comparé les capacités des enfants à celles des animaux. Il a publié en 1878 « Les trois premières années de l’enfant » 4.3.2. La théorie générale de l’évolution des espèces Les préoccupations de Darwin n'étaient pas que biographe elles étaient aussi philosophiques. Darwin s’est interrogé sur l’origine de l’homme et sa spécificité et a introduit une notion de continuité entre l’animal et l’homme s’opposant ainsi à l’hypothèse de Descartes d’une discontinuité entre l’animal et l’homme. Dans la "descendance de l'homme" (1871), il cherche à démontrer que l'esprit de l'homme tout comme son corps est le produit d'une évolution historique qui le lie à l'animal plutôt qu'a Dieu ; A partir de l’étude des ressemblances morphologiques avec les autres mammifères, il établit des ressemblances au niveau des capacités mentales des hommes et des autres primates ; ces capacités sont différenciées en degrés. Darwin établit ainsi une théorie gradualiste ; modèle de développement qui prend en compte l’évolution phylogénétique ; relativement à la théorie gradualiste ; des arguments sont en faveur d’un partage observé de 98% des gènes par l’homme et le chimpanzé ; ce qui peut expliquer qu’ils caractéristiques communes (l’homme et le chimpanzé) partagent des aux niveaux anatomique et physiologique. A cette théorie gradualiste les post-darwiniens proposent : une théorie des équilibres ponctués qui postule que : l’homme contrairement au chimpanzé, évolue dans un environnement façonné par lui-même et dispose d’un ensemble de connaissances sur ce environnement (croyances, valeurs qui constituent la culture, transmise par un code spécifique le langage.) ; dans la même lancée il avait écrit en 1872 "l'expression des émotions chez l'homme et les animaux " où l'on trouve certains principes méthodologiques propices à mieux comprendre l'humain. Dans ces deux textes, il montre l’intérêt pour les différences individuelles, le développement de facultés mentales et des degrés de civilisation. Pour Darwin, l'étude de l'animal est donc importante parce qu'elle permet d'explorer une zone frontière de l'humain : l'étude de hommes primitifs et des enfants permet d'avancer dans cette compréhension ; ces derniers sont les témoignages vivants des degrés d'évolution". L’hypothèse de Darwin amène à défendre l’idée que les capacités intellectuelles se sont graduellement perfectionnées au cours de l’évolution grâce à la sélection naturelle ; concept qui postule que : dans les conditions normales, les ressources sont suffisantes pour permettre la survie d’une espèce donnée. S’il y’a un changement de ces conditions, ex : climat, seuls les individus qui pourront s’adapter, survivront ; si toute l’espèce est incapable de s’adapter, l’espèce disparaît. Darwin Inscrit l’homme dans la théorie générale de l’évolution des espèces. (Toutefois nous devons signaler que des recherches ont été faites sur la structure de l’ADN afin de statuer sur l’origine de l’homme, par les savants réunis à l’école de paléontologie génétique de Strasbourg ; ces derniers avancent qu’aucune parenté n’existerait entre l’animal 4.3.4. La naissance de la Psychologie scientifique Les deux mouvements précédents : les premiers discours systématiques sur l’enfant ; et l’influence de la création de la théorie générale de l’évolution des espèces participent de la naissance de la psychologie scientifique. Ils vont permettre à la psychologie vers la fin du 19ème siècle, de se constituer comme une discipline scientifique et se détacher de la philosophie. En créant le premier laboratoire de psychologie en 1879, William Wundt philosophe sera le premier à rendre scientifique l’étude du comportement humain par des études sur la perception : stimulus, temps de réaction). (C'est lui qui invente le tachistoscope (appareil permettant la présentation rapide de stimulation visuelle). La démarche consistait à appliquer à l’étude du psychisme humain des méthodes utilisés par les sciences exactes ceci pour échapper à l’introspection qui n’était plus considéré comme méthode scientifique parce que trop subjective et vouée à l’inobservable et au non- quantifiable. Stanley Hall sera le premier psychologue de l’enfant. Il va créer et diriger le premier laboratoire de psychologie de l’enfant de l’enfant à Baltimore. C’est lui qui fonde la "National Association for the study of children". Hall va déterminer une terminologie nommée Paidologie (du grec Païdos : enfant) et créer une méthode propre à l’étude du développement de l’enfant en généralisant l’utilisation de l’observation. Stanley Hall a rendu populaire la fameuse théorie de Haeckel. (biologiste allemand et disciple de Darwin) selon laquelle l'ontogenèse récapitule la phylogenèse cela veut dire que le développement individuel reproduit les phases de l'évolution biologique et culturel de l'espèce. Cette loi évolutionniste, Spencer (1820 – 1903) va la récupérer en psychologie de l'enfant comme tentative d'explication des étapes du développement. Il dit : "pendant ses premières années, tout homme traverse les phases de caractères qu'a traversée la race barbare dont il est descendu : En France, Buisson va fonder en 1900 la société libre pour l'étude de l'enfant qui sera présidée et animée par Alfred Binet, qui va jeter des bases d'une psychologie différentielle de l'intelligence par l'observation quotidienne de ses deux filles. Stern publiera la description de ses trois enfants ouvrage qui sera retenu pour sa prédiction. Le Belge Quételet va être le 1er à appliquer la méthodologie statistique à l'étude de l'homme. Dans "Essai de physique social il rapporte et analyse en 1835 des recherches dans le sens American de life-span developmental psychology" puisque dans cet essai, il travaille sur : "une variété de données sur l'évolution de force de préhension manuelle et de différentes caractéristiques psychologiques entre 6 et 60 ans ". Ces trois mouvements vont donc participer de la naissance de la psychologie du développement Le XXème siècle. Il sera la période d'expansion de la psychologie par l'action des empiristes et de théoriciens. 4.3.5.1. Pour les empiristes, le chef fil sera A. Gesell et A. Binet. (1857 – 1911) est l’inventeur de la fameuse échelle métrique de l’intelligence, avec cette échelle, les problèmes du développement sont abordés d’une manière objective, c’est-à-dire qui rend l’étude scientifique possible. La référence au mouvement temporelle de l’enfance passe du plan spéculatif au plan empirique. Cette échelle est un moyen de diagnostique classificatoire qui hiérarchise la diversité individuelle ? (la métrique de l’échelle est une métrique de comparaison) ; la psychologie du développement sort par là des constructions philosophiques ou littéraires. Arnold Gesell (1880 – 1916) américain s’est inspiré de la méthode de Binet pour construire une échelle de la mesure du développement des bébés. Les tests de Gesell mettent l’accent sur les mécanismes internes de l’organisme ; alors que l’échelle métrique de Binet évolue l’intelligence. La trilogie « le jeune enfant de la civilisation moderne » « l’enfant de 5 à 10 ans ; l’adolescent » est de lui. Nous lui devons aussi la technique du film, au service de l’observation systématique du comportement de l’enfant. Le baby test adapté pour la France par Odette Brunet et Irène Lezine est de lui. Les théoriciens Pour les théoriciens : la description est un moment capital dans l’élaboration du savoir scientifique, il faut savoir néanmoins aller au-delà de la description interpréter les traits observés, les intégrer dans un système général d’explication. On cite : J. Broadus Watson (1878 – 1958) parmi les premiers théoriciens de l’ère d’expansion de la psychologie. Il est le fondateur du Behaviorisme ; dans le manifeste qu’il écrit en 1913 : la psychologie telle que la voit un Behavioriste insiste sur la nécessité d’écarter le recours à l’introspection, à l’état mental de toute orientation scientifique et ceci même si elle s’intéresse à l’objet humain. Il fut le premier à tenter d’expliquer les mécanismes du développement émotionnel en s’inspirant des découvertes de Pavlov sur le conditionnement. (Exemple du petit Albert) ; Watson souligne dans ses travaux, l’importance des conditionnements précoces, de même que le rôle des conditions environnementaux pour le développement différentiel des personnes. On cite : Sigmud Freud (1856 – 1939) avec ses continuateurs a continuellement insisté sur l’importance des expériences vécues pendant l’enfance pour la constitution de la personnalité. Il assigne à l’enfance une place, prépondérante pour la compréhension de l’adulte. Les stades du développement qu’il décrit : oral, anal, phallique, phase de développement général, sont considérés comme formant le système de stade le mieux déterminé, le plus représentatif. On trouve dans l’œuvre de Freud la première théorie systématique du développement de la personnalité à partir d’un effort de compréhension du fonctionnement anormal des conduites d’organismes adultes, ce qui veut dire que la recherche d’une explication du fonctionnement pathologique de l’adulte le conduit à déceler l’origine des troubles dans l’histoire de l’enfance. En même temps qu’il réfute le mythe de l’enfant bon, pervertit par la société, Freud place l’histoire affective de l’enfant comme l’élément central de la construction de la personnalité individuelle. La 2ème moitié du XXème Siècle Dans les années 30, 40 malgré l’influence de Watson et Freud, la psychologie a continué d’être descriptive. Elle a véritablement pris son essor, que dans les années 50, on cite plusieurs facteurs. D’abord, l’invasion des expérimentalistes en psychologie du développement : la psychologie est devenue plus expérimentale qu’avant ; progrès de la technologie en général et en particulier, progrès de la mise au point des techniques de mesure et de contrôle des variables en psychologie et aussi le développement des divers sous secteurs d’étude centrées soit sur le développement perceptif soit sur le développement intellectuel. Il y a ensuite, la redécouverte pour la communauté scientifique des travaux de J. Piaget (1896 – 1980). L'observation de ses propres enfants va lui permettre de saisir les premières manifestations de l'intelligence chez l'enfant et de constituer des bases de données à partir desquelles il commencera à élaborer son modèle : il assigne à l'enfance une place prépondérante pour la compréhension de l'adulte. Piaget a été l'un des premiers auteurs à prendre conscience des limitations de l'approche du problème du développement intellectuel par les tests et a élaboré une méthode particulière pour accéder au processus de raisonnement. C'est ainsi que dans l'entretien clinique qu'il élabore il distingue 5 types de réponses : le n'importequisme, la fabulation, la croyance suggérée, la croyance déclenchée, la croyance spontanée. On connaît la notion de stade chez Piaget qu'il décrit minutieusement en montrant comment chaque nouveau stade est à la fois reprise et dépassement du stade antérieure, il décrit ainsi 4 stades de l'intelligence : l’intelligence sensorimotrice ; l'intelligence préopératoire ; l'intelligence opératoire; l’intelligence opératoire formelle. Même si un mouvement contestataire se développe depuis quelques années autour des travaux de Piaget il demeure que le mérite lui revient d'avoir élaboré un système assez cohérent servant toujours de point d'appui à des recherches ultérieures. Il y a en également les travaux d'Henri Wallon (1879 – 1962) la perspective d'analyse en terme de stade chez H. Wallon est profondément originale car elle se donne comme objet la personnalité globale. Wallon considère l'émotion comme le fait psychologique initial d'articulation du biologique et du social. L'avance d'Henri Wallon sur les récents travaux depuis quelques années en psychologie de l'enfant est perçue comme les notions de bases relatives à la première enfance où l'émotion est définie comme réaction vitale d'attachement. Le mérite de Wallon a été de saisir que la vie sociale de l'enfant commençait très précocement avant que celui-ci ne soit capable de solliciter son entourage et de lui répondre par les paroles ; et c'est par le biais de émotions que s'établit la relation5. Derniers facteurs d'intérêts, ayant contribué à l'essor de la psychologie du développement. D’abord le regain d'intérêt relatif aux origines du comportement ; ensuite l'intérêt porté par les psychologues aux très jeunes 5 Ceci nous rappelle les idées émises par Charles Darwin dans Biographical Sketch of an infant monographie écrite sur les observations quotidiennes de son fils Doddy. enfants aux comportements du tout début de la vie des organismes humains. Les progrès de la technologie (photographies, filmique électronique) permettent de multiples possibilités d'expérimentation La 2ème moitié du XIX Cette période ème siècle va voir se développer "la pratique de tenir un journal détaillé des progrès de l'enfant". Ce sera l'apparition des premiers biographes d'enfants donc des premières tentatives de description des aspects les plus saillants de l'ontogenèse. Ensuite au niveau méthodologique, ce sera de vastes enquêtes dont le but sera de répertorier les connaissances les plus poussées des enfants d'un âge donné. Ce sera le début de la psychologie de l’enfant. Pour les monographies biographiques ; Les biographies des enfants ont fourni des informations approfondies et très utiles dans le développement normatif de l’enfant. Le premier journal connu date de 1601 l’année de la naissance du fils d’Henri IV faite par Heroard médecin du Prince. Deux siècles plus tard, en 1787 On cite : Dietrich Tiedeman (1787) publia ses observations sur le développement sensorimoteur, verbal et intellectuel de son fils ; travail qui témoigne d’un souci méthodologique dans l'organisation du recueil d'observations. Wilhem Preyer (1841 - 1897) fait partie avec Taine 1877 et Darwin 1877 des premiers parents biographiques d'enfants. "Die Scele Kindes" l'âme enfantine, observation biographiques de son fils à travers laquelle on note les véritables débuts de l'étude scientifique de l'enfant. Preyer va établir l’étude de l’enfant sur des bases scientifiques et va poser les problèmes de genèse que d’autres chercheurs vont examiner pendant plusieurs décennies : observant son fils chaque jour, trois fois par jour ; on retiendra de ses travaux la richesse, la fermeté, la finesse. Ch. Darwin (1809 – 1882) qui a publié en 1839 " Biographical Sketch of an infant » sur les observations quotidiennes de son fils, Doddy. Ces observations témoignent que : bien avant d'être capable de parler, Doddy faisait preuve de possibilités d'expression et de compréhension des mimiques d'autrui, ce qui permettait la communication dès le plus jeune âge, il démontre par là que l'utilisation du langage se greffe sur cette première communication qui elle n'a rien de spécifiquement humain. Darwin pensait qu'il n'y avait pas de rupture entre les aptitudes des animaux et les aptitudes humaines et l'observation quotidienne du comportement du bébé permet de saisir ce lien là d'ailleurs, les préoccupations de Darwin n'étaient pas que biographe elles étaient aussi philosophiques. Dans la "descendance de l'homme" il cherche à démontrer que l'esprit de l'homme tout comme son corps est le produit d'une évolution historique qui le lie à l'animal plutôt qu'a Dieu ; dans la même logique il avait écrit en 1872 "l'expression des émotions chez l'homme" où l'on trouve certains principes méthodologiques propices à mieux comprendre l'humain. Pour Darwin, "l'étude de l'animal est importante parce qu'elle permet d'explorer une zone frontière de l'humain : l'étude de hommes primitifs et des enfants permet d'avancer dans cette compréhension ; ces derniers sont les témoignages vivants des degrés d'évolution". J. Baldwin : Psychologue américain qui a fortement influencé de grands théoriciens tels que : Piaget (cf. la notion de réaction circulaire et de l'importance de l'imitation) Wallon qui lui a emprunté la notion de Socius : car Wallon met l'accent sur le rôle de l'autre dans la construction de la personne ; Baldwin qui a écrit : The mental development in the Child and the race en 1895 sur la base de l'observation de ses deux filles. En France, Buisson va fonder en 1900 la société libre pour l'étude de l'enfant qui sera présidée et animée par A. Binet, qui va jeter des bases d'une psychologie différentielle de l'intelligence par l'observation quotidienne de ses deux filles. Stern publiera la description de ses trois enfants ouvrage qui sera retenu pour sa prévision, plus tard, Guillaume. Le Belge Quételet va être le 1er à appliquer la méthodologie statistique à l'étude de l'homme. Dans "Essai de physique social il rapporte et analyse en 1835 des recherches dans le sens American de life-span developmental psychology" puisque dans cet essai, il travaille sur : "une variété de données sur l'évolution de force de préhension manuelle et de différentes caractéristiques psychologiques entre 6 et 60 ans ". L’on constate toute la difficulté de la question de la neutralité de l'observateur quand il s'agit d'un enfant à un statut aussi original que celui de prince ou quand il est question de son propre enfant Les travaux de Bernard Pérez (1836 – 1903) pédagogue français vont se distinguer des autres par la méthode de comparaison et l’étude systématique des grandes fonctions dans leur aspect développemental. Avant Pérez les monographies se bornaient en un coup d’œil rapide sur les qualités, les défauts, sur l’enfance… Les observations minutieuses étaient réalisées par les parents et quand elles étaient pratiques, elles étaient rares. Pérez a été le premier a systématisé un ordre d’observations ; il a ajouté aux esquisses et recherches des autres (Taine et Darwin) ; un riche fond de réflexions propres et une part des expériences personnelles. Il a observé des enfants ; il a comparé les capacités des enfants à celles des animaux. Il a publié en 1878 « Les trois premières années de l’enfant » Le deuxième aspect méthodologique sera l'avènement de vastes enquêtes sur l'enfant. Elles seront surtout développées aux USA à l'initiative de Stanley Hall (1844-1924). Mais Stanley est l'élève de Wilhem Wundt fondateur du 1er laboratoire de psychologie en 1879 à Liepzig en Allemagne. Nous lui devons les premières tentatives pour rendre scientifiques l'étude du comportement humain. C'est lui qui invente le tachistoscope (appareil permettant la présentation rapide de stimulation visuelle). Stanley Hall dirige le 1er laboratoire consacré à l'enfant à Baltimore Il fonde la "National Association for the study of children". Stanley cherche à particulariser l'étude de l'enfant en lui donnant une appellation spécifique : la paidologie ou pédologie (du grec Païdos enfant). Stanley a rendu populaire la fameuse théorie de Haeckel. (biologiste allemand et disciple de Darwin) selon laquelle l'ontogenèse récapitule la phylogenèse cela veut dire que le développement individuel reproduit le phase de l'évolution biologique et culturel de l'espèce, loi évolutionniste que Spencer (1820 – 1903) récupère en psychologie de l'enfant comme tentative d'explication des étapes du développement. Il dit : "pendant ses premières années, tout homme traverse les phases de caractères qu'a traversée la race barbare dont il est descendu» En Belgique, l'influence de Decroly est importante. Decroly s'intéresse au développement intellectuel linguistique moteur de l'enfant normal aussi bien que du retardé mental. Il est aussi avec Degand, l'inventeur de la méthode idéo visuelle ou globale d'apprentissage de la lecture. En Italie, l'influence de Maria Montessori (médecin, psychologue, éducatrice) est importante. Au cours du XXième siècle, l'évolution s'accélère. Une trentaine de revues spécialisées en psychologie de l'enfant sont créées entre la fin du 19ème siècle et 1940. Claparède cite : 486 publications en 1902 - 429 publications en 1903 - 1200 références bibliographes en 1926. Ce dynamisme va se maintenir et s'accroître durant les décennies suivantes : Le XXEME siècle Il sera la période d'expansion de la psychologie par l'action des empiristes et de théoriciens. Pour les empiristes, le chef fil sera A. Gesell et A. Binet. (1857 – 1911) est l’inventeur de la fameuse échelle métrique de l’intelligence, avec cette échelle, les problèmes du développement sont abordés d’une manière objective, c’est-àdire qui rend l’étude scientifique possible. La référence au mouvement temporelle de l’enfance passe du plan spéculatif au plan empirique. Cette échelle est un moyen de diagnostique classificatoire qui hiérarchise la diversité individuelle ? (la métrique de l’échelle est une métrique de comparaison) ; la psychologie du développement sort par là des constructions philosophiques ou littéraires. Arnold Gesell (1880 – 1916) américain s’est inspiré de la méthode de Binet pour construire une échelle de la mesure du développement des bébés. Les tests de Gesell mettent l’accent sur les mécanismes internes de l’organisme ; alors que l’échelle métrique de Binet évolue l’intelligence. La trilogie « le jeune enfant de la civilisation moderne » « l’enfant de 5 à 10 ans ; l’adolescent » est de lui. Nous lui devons aussi la technique du film, au service de l’observation systématique du comportement de l’enfant. Le baby test adapté pour la France par Odette Brunet et Irène Lezine est de lui. Les théoriciens Pour les théoriciens : la description est un moment capital dans l’élaboration du savoir scientifique, il faut savoir néanmoins aller au-delà de la description interpréter les traits observés, les intégrer dans un système général d’explication. On cite : J. Broadus Watson (1878 – 1958) parmi les premiers théoriciens de l’ère d’expansion de la psychologie. Il est le fondateur du Behaviorisme ; dans le manifeste qu’il écrit en 1913 : la psychologie telle que la voit un Behavioriste insiste sur la nécessité d’écarter le recours à l’introspection, à l’état mental de toute orientation scientifique et ceci même si elle s’intéresse à l’objet humain. Il fut le premier à tenter d’expliquer les mécanismes du développement émotionnel en s’inspirant des découvertes de Pavlov sur le conditionnement. (Exemple du petit Albert) ; Watson souligne dans ses travaux, l’importance des conditionnements précoces, de même que le rôle des conditions environnementaux pour le développement différentiel des personnes. Sigmud Freud (1856 – 1939) avec ses continuateurs a continuellement insisté sur l’importance des expériences vécues pendant l’enfance pour la constitution de la personnalité. Il assigne à l’enfance une place, prépondérante pour la compréhension de l’adulte. Les stades du développement qu’il décrit : oral, anal, phallique, phase de développement général, sont considérés comme formant le système de stade le mieux déterminé, le plus représentatif. On trouve dans l’œuvre de Freud la première théorie systématique du développement de la personnalité à partir d’un effort de compréhension du fonctionnement anormal des conduites d’organismes adultes, ce qui veut dire que la recherche d’une explication du fonctionnement pathologique de l’adulte le conduit à déceler l’origine des troubles dans l’histoire de l’enfance. En même temps qu’il réfute le mythe de l’enfant bon, pervertit par la société, Freud place l’histoire affective de l’enfant comme l’élément central de la construction de la personnalité individuelle. La 2ème moitié du XXième Siècle Dans les années 30, 40 malgré l’influence de Watson et Freud, la psychologie a continué d’être descriptive. Elle a véritablement pris son essor, que dans les années 50, on cite plusieurs facteurs. D’abord, l’invasion des expérimentalistes en psychologie du développement : la psychologie est devenue plus expérimentale qu’avant ; progrès de la technologie en général et en particulier, progrès de la mise au point des techniques de mesure et de contrôle des variables en psychologie et aussi le développement des divers sous secteurs d’étude centrées soit sur le développement perceptif soit sur le développement intellectuel. Il y a ensuite, la redécouverte pour la communauté scientifique des travaux de J. Piaget (1896 – 1980). L'observation de ses propres enfants va lui permettre de saisir les premières manifestations de l'intelligence chez l'enfant et de constituer des bases de données à partir desquelles il commencera à élaborer son modèle : il assigne à l'enfance une place prépondérante pour la compréhension de l'adulte. Piaget a été l'un des premiers auteurs à prendre conscience des limitations de l'approche du problème du développement intellectuel par les tests et a élaboré une méthode particulière pour accéder au processus de raisonnement. C'est ainsi que dans l'entretien clinique qu'il élabore il distingue 5 types de réponses : le n'importequisme, la fabulation, la croyance suggérée, la croyance déclenchée, la croyance spontanée. On connaît la notion de stade chez Piaget qu'il décrit minutieusement en montrant comment chaque nouveau stade est à la fois reprise et dépassement du stade antérieure, il décrit ainsi 4 stades de l'intelligence : l’intelligence sensorimotrice ; l'intelligence préopératoire ; l'intelligence opératoire; l’intelligence opératoire formelle. Même si un mouvement contestataire se développe depuis quelques années autour des travaux de Piaget il demeure que le mérite lui revient d'avoir élaboré un système assez cohérent servant toujours de point d'appui à des recherches ultérieures. Il y a en également les travaux d'Henri Wallon (1879 – 1962) la perspective d'analyse en terme de stade chez H. Wallon est profondément originale car elle se donne comme objet la personnalité globale. Wallon considère l'émotion comme le fait psychologique initial d'articulation du biologique et du social. L'avance d'Henri Wallon sur les récents travaux depuis quelques années en psychologie de l'enfant est perçue comme les notions de bases relatives à la première enfance où l'émotion est définie comme réaction vitale d'attachement. Le mérite de Wallon a été de saisir que la vie sociale de l'enfant commençait très précocement avant que celui-ci ne soit capable de solliciter son entourage et de lui répondre par les paroles ; et c'est par le biais de émotions que s'établit la relation6. 6 Ceci nous rappelle les idées émises par Charles Darwin dans Biographical Sketch of an infant monographie écrite sur les observations quotidiennes de son fils Doddy.