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ENFANCE ET HISTOIRE OU COMMENT LA COMPREHENSION DE LENFANCE A
EVOLUE DANS LE TEMPS.
4.1. Avant le 17ème siècle
4.1.2. LES PREMIERS DISCOURS SUR LENFANT
4.1.2. LES PREMIERS DISCOURS SUR LENFANT
4.2. AU 18EME SIECLE
4.3. LE 19EME SIECLE
4.3.1. L’APPARITION DES PREMIERS BIOGRAPHE
4.3.2. La théorie générale de l’évolution des espèces
4.3.4. LA NAISSANCE DE LA PSYCHOLOGIE SCIENTIFIQUE
4.3.5. - Le XXème siècle.
3-APERÇU HISTORIQUE SUR L’ETUDE DEVELOPPEMENTALE DE
L’ENFANT
Les considérations et les représentations, les discours sur l’enfant et
l’adolescent reflètent les croyances des périodes historiques successives,
depuis les temps anciens jusqu’à la période actuelle. Dans l’antiquité grecque et
romaine l’enfant n’avait aucun droit .Sa survie dépendait de l’autorité paternelle.
Bideau et al. (1999) nous disent comment Sénèque estimait raisonnable de noyer
les enfants débiles et faibles et comment Tacite considérait les juifs
d’excentriques parce qu’ils tenaient à maintenir en vie tous les nourrissons.
Le développement de l’enfant est aujourd’hui une discipline qui étudie
comment s’opère dans le temps l’évolution de l’enfant dans son ensemble. Mais le
concept de l’enfant tel que nous le connaissons maintenant et auquel nous nous
intéressons est très récent ; parce que tout simplement, les considérations et
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les représentations que les adultes avaient sur/de l’enfant ont évolué depuis
l’antiquité à nos jours.
3-1 Avant le 17ième siècle,
Toutes sortes de conceptions sur l’enfant et la manière de l’élever pour
qu’ils deviennent des adultes responsables circulaient ; ce qui signifie que le
concept d’enfance tel que nous le connaissons aujourd’hui et auquel nous nous
intéressons est très récent car, peu de cas étaient faits des nouveaux nés. Les
adultes ne percevaient pas les enfants comme qualitativement différents d’eux,
avec des besoins spécifiques pouvant contribuer à leur propre développement
Les peintres et les sculpteurs de l’époque avaient des difficultés à percevoir une
différence entre l’enfant et l’adulte et leurs peintures et sculptures
représentaient des enfants comme des adultes en miniature. Chez les grecs et
les romains les nouveau-nés débiles et faibles étaient supprimés seuls les
enfants fiables faisaient l'objet de soins attentifs, la visée était de faire d'eux,
de bons citoyens (guerriers).
La doctrine puritaine se fondait sur la croyance que le péché de
désobéissance d’Adam et Eve, se transmettait de génération en génération, le
nouveau-né, s’il n’était pas racheté, héritait de ce péché originel et serait
condamné à l’enfer après sa mort. D'ailleurs, les gens d'église n'étaient pas en
reste; pour eux, l'enfant était porteur d'instincts fondamentalement mauvais
hérités du péché originel qu'il fallait corriger par l'éducation. Pour le Cardinal
Bérulle (1575-1629), l'Evêque Bossuet (1627-1704), Saint Augustin (354-430)
« J’ai été conçu, dans l’iniquité, c’est dans le péché que ma re m’a porté…
donc, Seigneur, et quand ai-je été innocent ? » C’est ainsi que s’exprimait
Saint Augustin (35-430) les confessions, Editions les Belles Lettres….
L’enfant semble privé d’enfance (il est proche de l’animal et voué au péché)
mais cela ne veut pas dire que le sentiment de l’enfance n’ait jamais existé. Pour
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A. Alexandre Bidon, « le sentiment de l’enfance a toujours existé » parce que
dit-elle, il témoigne de l’infantile considéré comme rapport infini de l’enfant à
l’adulte
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Jusqu’au 17ème siècle,
L’étude psychologique de l'enfant n'entrait pas dans les préoccupations
littéraires, philosophiques et scientifiques. Les écrivains de l'époque étaient
préoccupés de l'homme adulte et ne voyaient pas en l'enfant qu'un adulte en
miniature un petit homme, beaucoup moins qu'un « petit de l'homme » que
l’éducation doit corriger.
L'enfant était perçu, pensé sur le modèle de l'adulte unique et parfait
modèle, et les auteurs de l'époque n'éprouvaient pas le besoin de baser leurs
recommandations pédagogiques sur l'étude développementale de l'enfant car
pour eux, il suffisait de connaître l'adulte, à quelques rares exceptions pour
connaître l’enfant. On retrouve chez PH. Ariès dans la définition qu’il donne au
« mignotage » un signe du sentiment superficiel de l’enfant que les anciens
réservaient à l’enfant des toutes premières années.
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Cette rigueur dans le jugement va être atténuée par certains philosophes
(humanistes). D'abord Platon (427 347 avant JC) va introduire une certaine
conception de l'enfant et de son développement qui fera de l'enfant un adulte en
réduction et de l'action éducative, une toute puissance. Par cette conception, on
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Bulletin de Psychologie, 449, Tome 53 (5) Sept. - Oct. 2000. L’infantile, n’est pas enfance. L’enfance est
composée d’événements et elle, concerne la manière dont l’enfant « signifie » les choses et la manière dont
l’enfant a signifié ce à quoi il était confronté à ce qu’il a vécu et comment il l’a intériorisé en le signifiant » en lui
donnant un sens singulier en fonction de son organisation du moment. L’infantile concerne aussi l’adulte ; ce
qui de nos vécus et expériences infantiles reste actif en nous.
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« On s’amusait avec lui comme avec un animal, un petit singe impudique, s’il mourrait alors, comme cela arrivait souvent,
quelques uns pouvaient s’en désoler, mais la règle générale était qu’on n’y prit pas trop garde un autre le remplacerait
bientôt… ».
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décèle chez l'enfant des potentialités données à la naissance et qui ont besoin
d'être actualisés, la différence entre l'enfant et l'adulte n'étant qu'affaire de
quantité, toute conformité aux normes adultes était jugée incorrecte et
perverses. Pour Platon (427 347 avant JC) « L’enfant est un adulte en
miniature » il n’est différent de l’adulte que d’un point de vue quantitatif.
Platon a un point de vue innéiste : pour lui, tout est fixé à la naissance,
l’éducation et l’environnement n’ajoutent rien ; ils ne font qu’actualiser les
potentialités qui sont fixées à la naissance. Il faut savoir que cette
conception platonicienne implique que : les comportements de l’enfant sont
régis par les mêmes mécanismes que ceux de l’adulte ; ce qui signifie que
toute inconformité aux normes adultes est perçue comme négative.
L'influence des humanistes du 16ème et 17ème va changer les conceptions
sur l'enfant. Les recherches sur l'enfant d'abord calqués sur le mythe de
l'adulte unique et parfait modèle vont être orientées vers des modes de penser
propres à l'enfant. La promotion et la réflexion sur la pratique pédagogique
s'observent à partir d'ouvrages célèbres tels :
"De l'éducation des filles" 1683 de Fénelon "De Pueris" du Hollandais
Erasme (1469 1530) ; dans cet ouvrage, Erasme dévoile les bases d'une vérité
pédagogique. C'est lui qui dit : "on ne naît pas homme, on le devient et le devenir
n'est pas le fruit de la maturation physiologique et psychique, il et surtout celui
de l'art pédagogique. "Eloge de la folie" l'on justifie l'intérêt accordé aux
enfants est également de Erasme. Il dit des enfants, "la bienfaisance nature leur
a donné le charme de la folie". "Didacta Magna" Comenius (1631-1658)
introduit le principe de "degrés pédagogiques correspondant à des programmes
spécifiques justifiant la pratique de méthodes réalités et concrètes. "Some
Thoughts Concerning Education" du philosophe anglais John Locke (1593 1704).
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C'est Locke qui fait état du premier discours systématique sur l'enfant. Selon
lui, les enfants naissent bons, indépendants et égaux ; Locke pensait que l'esprit
humains à la naissance était semblable à une tablette vierge (tabula rasa) sur
laquelle l'expérience vient s'inscrire chez J. Locke, le rôle de l'expérience est
fortement valorisé. L’élaboration d’une méthode d’éducation répondant à des
impératifs pratiques et éthiques n’exige pas l’étude des traits spécifiques de
l’enfant.
Bien avant les humanistes, et à une époque (1492-1540) où il suffisait de
connaître l'adulte pour connaître l'enfant, l'espagnol Vives a écrit de
« Tradendes disciplinis », ouvrage qui va marquer la cassure avec la métaphysique
en insistant sur l'importance de la pratique et de l'expérience sur l'enfant. Dans
ce sens, les philosophes ont été les premiers à avoir mené des réflexions sur
l’éducation à donner aux enfants. Vers la fin du 17ème siècle, on observe un
dépassement progressif de la tradition : une mentalité nouvelle, une mentalité de
progrès, les possibilités et la vie de l'enfant feront l'objet d'une attention plus
nette mais l'enfant des humanistes de la fin du 17ème siècle est considéré
comme différent de l'adulte sur le plan seulement quantitatif. L'enfant n'est
que comme instrument, matière à éducation.
3-2 Au 18ème siècle
C’est à partir du 18ème siècle, avec le mouvement philosophique des
Lumières que commence la valorisation explicite de l’enfant. Il faut voir en cela
un intérêt politique lié à la crainte du dépeuplement qu’engendre la préoccupante
question de la mortalité infantile. Les milieux cultivés de l’époque réfléchissent
sur les moyens de « conservation » des enfants. La pédagogie est la discipline la
plus sensible à cette valorisation de l’enfant et au respect des rythmes ; elle va
développer le courant de l’éducation nouvelle. Ce courant va mettre l’enfant au
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