Le magnetisme terrestre
Titre: Le magnetisme terrestre . Ajouté Par : coursgeologie . Le: 23 Mar 2011 22:11.
La compréhension du magnétisme terrestre a constitué un pas très important dans la formulation
de la théorie de la tectonique des plaques. Deux aspects du magnétisme retiennent l'attention: le
paléomagnétisme et les inversions du magnétisme terrestre. La découverte de bandes d'anomalies
magnétiques sur les planchers océaniques parallèles aux dorsales est venue cautionner la théorie
de l'étalement des fonds océaniques de Hesse.
1 - Le Paléomagnétisme
Bien que les Chinois aient découvert les premiers le magnétisme terrestre dès l'an 1040, il revient
à William Gilbert, physicien et médecin de la reine Elisabeth I d'Angleterre au 16e siècle, d'avoir
réalisé que si l'aiguille aimantée d'une boussole pointe invariablement vers le Nord, c'est qu'il y a
quelque chose, une sorte d'aimant placé au centre de la terre, et qu'il devient possible de calculer
la direction et l'intensité du champ magnétique en tout point de la surface du globe.
La terre agit comme un dipôle magnétique, ou encore comme un aimant. Les lignes de forces
magnétiques établissent tout autour de la planète un champ magnétique terrestre. C'est la raison
pour laquelle l'aiguille d'une boussole s'aligne automatiquement selon les lignes de force, dans
une direction nord-sud.
Il aura fallu attendre près de deux siècles, soit vers la fin du 19e siècle, pour qu'on développe le
magnétomètre, un appareil capable de mesurer l'intensité du champ magnétique, ouvrant la porte
à l'exploration quantitative du champ magnétique terrestre. On se rend compte alors qu'il y a des
anomalies, i.e. des différences entre les intensités mesurées en un lieu donné et les intensités
théoriques calculées selon l'hypothèse de Gilbert: anomalie positive (champ réel > champ
théorique) et anomalie négative (champ réel < champ théorique).
Le physicien napolitain Macedonio Melloni (1853) découvre que chaque roche volcanique
possède sa propre aimantation. Il formule l'hypothèse que cette aimantation a été acquise lors du
refroidissement de la lave qui enregistre le champ magnétique terrestre de l'époque. Les laves
possèdent donc une "mémoire magnétique". Deux chercheurs français, Brunhes (1906) et
Mercanton (1910 à 1930), confortent la découverte de Melloni en y apportant les fondements
théoriques. Il a cependant fallu attendre l'après-guerre pour voir une utilisation intensive de cette
"mémoire magnétique".
C'est une percée technologique qui a lancé toute l'histoire. En 1952, le physicien anglais Patrick
Blackett, prix Nobel en 1948, invente, au cours de recherches sur les relations entre le
magnétisme terrestre et la rotation de la terre, le magnétomètre astatique, capable de mesurer des
champs magnétiques extrêmement faibles. En 1959, avec ses collaborateurs Keith Runcorn et
Ted Irving, il utilise l'appareil pour mesurer la mémoire magnétique des roches; c'est la
naissance d'une discipline qu'on appelle aujourd'hui le paléomagnétisme. On se rend compte
que grâce à cette mémoire, on peut déterminer la position des pôles magnétiques pour diverses
périodes géologiques à partir de roches dont l'âge est connu. Runcorn propose de définir, époque
par époque, la position d'un paléo-pôle magnétique pour diverses régions, un travail minutieux
qui consiste d'abord à définir pour l'Europe, une trajectoire de la "promenade des pôles" (polar
wandering) à travers les temps géologiques, puis ensuite de faire le même exercice pour
l'Amérique.
La carte ci-dessous présente une vue de l'hémisphère Nord centrée sur le pôle Nord magnétique,
selon la géographie actuelle. Le trait rouge indique la trajectoire apparente du pôle nord
magnétique terrestre établie à partir de plusieurs mesures du paléomagnétisme sur des
échantillons datant de l'Éocène au Cambrien, prélevés sur le continent européen. En trait bleu,
c'est la trajectoire établie à partir d'échantillons datant de l'Éocène au Silurien, prélevés sur le
continent nord-américain. En trait vert, c'est la trajectoire établie à partir d'échantillons datant de
l'Éocène au Jurassique, prélevés en Inde. E=Éocène (50 Ma); J=Jurassique (175 Ma); T=Trias
(225 Ma); P=Permien (260 Ma); Ca=Carbonifère (320 Ma); S=Silurien (420 Ma); Cb=Cambrien
(530 Ma). Les âges absolus (entre parenthèses) correspondent au milieu de la période
mentionnée.
Deux choses apparaissent anormales ici: 1) les trois trajectoires ne coïncident pas; il devrait
pourtant n'y avoir qu'une seule trajectoire puisqu'il n'y a qu'un seul pôle nord magnétique
terrestre; 2) plus on recule dans le temps, plus le pôle magnétique s'éloigne du pôle
géographique; on sait aujourd'hui que même si le pôle magnétique terrestre se déplace par
rapport au pôle géographique, ce déplacement est minime; les trajectoires représentées ici sont
donc beaucoup trop longues pour être réalistes. Durant l'intervalle entre la découverte du
paléomagnétisme et la formulation de la théorie de la tectonique des plaques, on a cru à cette
hypothèse du "polar wandering". Aujourd'hui, on comprend bien que la seule façon de résoudre
ce problème de l'apparente promenade des pôles à travers les temps géologiques et de leur
manque de concordance selon que les données viennent d'un continent ou l'autre est de déplacer
les masses continentales les unes par rapport aux autres. C'est d'ailleurs ainsi qu'on parvient à
reconstituer la position relative des continents pour chaque époque géologique. La théorie de
Wegener refait surface!
Wegener avait supposé que la Pangée avait existé depuis l'origine de la terre et qu'elle n'avait
commencé à se disloquer qu'autour des 200 Ma. La dérive des continents étaient pour lui un
phénomène irréversible: morcellement d'un mégacontinent originel en parties de plus en plus
petites. Mais les paléomagnéticiens (certains disent les paléomagiciens!) ne se sont pas arrêtés
aux derniers 200 Ma. Ils ont reculé jusqu'au début du Paléozoïque pour se rendre compte qu'il y a
eu des dérives continentales plus anciennes, antérieures à 300 Ma. Mais, toutes ces
reconstitutions laissèrent sceptique la communauté scientifique des années 50-début 60; de
nombreuses objections seront soulevées. Le tout-puissant physicien Harold Jeffreys, adversaire
irréductible de tout mobilisme, ira jusqu'à écrire que le marteau utilisé pour le prélèvement des
échantillons est responsable de l'aimantation!
On sait aujourd'hui, grâce à la théorie de la tectonique des plaques, que les continents ont bougé
tout au long de l'histoire géologique, et le paléomagnétisme est utilisé comme outil de base pour
reconstituer la position des continents aux diverses époques géologiques (voir section 4: Histoire
de la Planète).
2 - Les Inversions du Magnétisme terrestre
En 1906, Brunhes découvre que non seulement les laves ont une mémoire magnétique, mais
aussi que certaines montrent des inversions du magnétisme; en d'autres termes, que le dipôle
Nord-Sud aurait été à certaines époques Sud-Nord. A la même époque, le japonais Matuyama
ajoute une notion temporelle à ces inversions. Il date diverses coulées de laves et conclut à
l'existence d'inversions multiples à travers les temps géologiques. Les conclusions de Matuyama
tombent dans l'indifférence et l'oubli pour une période de près de 50 ans, jusqu'à ce que les
américains qui prenaient beaucoup leurs distances par rapport à l'application du
paléomagnétisme aux dérives continentales se passionnent pour les inversions de polarité
magnétique.
Le physicien américain J. Graham (1950) a été en quelque sorte l'étincelle dans le renouveau
d'intérêt pour les inversions. Il avait émis l'idée que les inversions de polarité magnétique ne sont
pas dues à une inversion du champ magnétique terrestre comme l'avait proposé Matuyama, mais
à un phénomène bien connu en physique des solides, l'auto-inversion, qui interviendrait lors de la
cristallisation de certains minéraux. Bien que fausse, cette proposition a eu le mérite d'avoir
amorcé un débat qui remit à l'ordre du jour le paléomagnétisme.
En 1960, John Reynolds du département de physique de Berkeley (Californie) et John
Verhoogen du département de géologie de la même université unissent leurs efforts pour étudier
des basaltes: l'un met au point une méthode de datation isotopique permettant d'avoir des âges
précis, l'autre s'applique à obtenir des mesures fiables d'orientation du paléomagnétisme sur les
mêmes échantillons. Ils démontrent rapidement le bien-fondé des conclusions de Matuyama.
Walter Elsasser de l'Université Princeton et Ted Bullard de Cambridge en Grande Bretagne
développent l'idée d'une dynamo centrale située dans le noyau terrestre. Pour expliquer les
retournements épisodiques du champ magnétique, ils conçoivent que cette dynamo pourrait
présenter des comportements instables.
Finalement, la réalité des inversions du champ magnétique va être démontrée entre 1960 et 1966
par deux équipes issues de Berkeley: une équipe du USGS (United State Geological Survey) en
Californie composée d'Alan Cox, Richard Doell et Brant Dalrymple, et une équipe de l'ANU
(Australian National University) formée de Ian McDougall et François Chamalun. A partir de
laves relativement récentes, ils construisent ensemble une échelle des inversions de la polarité
magnétique pour les derniers 4 Ma, une échelle applicable aux U.S.A., à l'Europe, au Pacifique et
à l'Australie, et qui a valeur mondiale.
Les schémas qui suivent expliquent comment on a utilisé les inversions du champ magnétique
terrestre pour construire une échelle magnétostratigraphique.
La figure A montre comment on peut établir une échelle magnétostratigraphique locale à partir
d'un empilement de coulées de laves, chacune bien datée. Les laves enregistrent, au moment de
leur cristallisation, le champ magnétique terrestre telle qu'il est à ce moment. Par exemple,
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