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RÉSUMÉ
La thèse s’inscrit dans un projet de recherche global visant à caractériser les tumeurs thyroïdiennes sur
le plan moléculaire, afin de mieux comprendre leur physiopathologie et afin d’identifier des
biomarqueurs (signatures moléculaires) qui pourront être utilisés pour le diagnostic, le pronostic et
leur traitement. Parmi celles-ci, nous distinguons les adénomes autonomes (AA) et folliculaires (FTA)
tumeurs bénignes encapsulées, et les carcinomes, tumeurs malignes. Ceux-ci sont eux-mêmes
subdivisés en carcinomes différenciés, folliculaires (FTC) ou papillaires (PTC), et peuvent évoluer en
carcinomes anaplasiques (ATC), totalement dédifférenciés. Un autre type de tumeurs bénignes
différenciées, très rares, existe: l’hyperthyroïdie non auto-immune familiale (FNAH). Ces tumeurs
sont causées pour la plupart par des mutations qui activent de manière constitutive des cascades de
signalisation, essentiellement la cascade de l’AMPc et la cascade des MAPK. Le but de notre thèse
était de valider un système expérimental in vitro des PTC, d’étudier les profils d’expression génique
des FNAH et de les comparer avec ceux des AA, et de définir les profils ARNm et miRNA des ATC
pour les comparer à ceux des PTC pour identifier de nouvelles cibles thérapeutiques potentielles. Pour
réaliser ces objectifs, nous avons utilisé la technologie des microarrays qui permet d’analyser
simultanément l’expression de milliers de gènes dans différentes conditions. Nous avons donc utilisé
une approche multidisciplinaire alliant une partie expérimentale et une partie bioinformatique.
La première partie du travail a consisté à réaliser un modèle d’étude in vitro pour caractériser les PTC
au niveau moléculaire. A cet effet, des cultures primaires de thyrocytes ont été traitées avec de l’EGF
et du sérum pendant différents temps (1,5h, 3h, 16h, 24h et 48h) ce qui stimule la cascade des MAPK,
activée constitutivement dans les PTC. Nous avons hybridé sur des lames microarrays maison les
différents échantillons et nous avons montré que les cultures primaires stimulées pendant des temps
longs (24h et 48h) ont des profils d’expression génique qui ressemblent à ceux des PTC et constituent
donc un bon modèle d’étude de cette tumeur.
La seconde partie a pour objectif de définir les phénotypes moléculaires et fonctionnels des FNAH et
de les comparer aux AA. Ces deux pathologies résultent d’une mutation dans le récepteur de la TSH
(TSHR) activant de manière constitutive la cascade de l’AMPc. Dans le cas des FNAH, la mutation est
héréditaire et toute la glande est affectée contrairement aux AA où la mutation survient plus tard,
généralement à l’âge adulte, et où seule une partie de la glande est affectée. Nous avons comparé le
profil d’expression génique des FNAH avec celui des AA, par hybridation sur des lames microarrays
HEEBO. L’intégration de ces différentes données montre que les AA et les FNAH sont deux sous-
types différents de la même maladie: l’hyperthyroïdie génétique. Les caractéristiques de chacun de ces
sous-types dépendent de l’intensité de la mutation, du nombre de cellules initialement affectées et du
stade de développement au moment duquel la mutation survient.
Dans la dernière partie de ce travail, nous avons caractérisé les ATC au niveau du profil d’expression
des ARNm et des miRNA par hybridation respectivement sur lames Affymetrix ou sur lames miRNA
maison et au niveau de leur état mutationnel du gène p53. Le profil d’expression génique des ATC a
été comparé avec celui des PTC afin de mettre en évidence des gènes différentiellement exprimés
entre les 2 types de cancers, que nous avons ensuite tenté d’invalider par siRNA, dans un modèle in
vitro de lignée cellulaire thyroïdienne dérivée d’un ATC (8505C). Les résultats obtenus jusqu’ici ne
sont malheureusement pas prometteurs. Le profil d’expression des miRNA nous a permis d’identifier
une signature de 34 miRNA caractéristique des ATC.