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l’école des illettrés, ils devaient être rééduqués par des paysans pauvres avant de pouvoir
recommencer une nouvelle vie. Dans le but de poursuivre la rééducation des intellectuels, des
professeurs de l’Université de Tsinghua (Qinghua) ont été exilés sur l’île de Carp à Nanchang
dans la province de Jiangxi. La bilharziose [11] était une maladie courante dans cette région à tel
point qu'un camp de travail de la région avait dû être déplacé. Les professeurs ont été infectés
après avoir été en contact avec l’eau de la rivière et ont développé des cirrhoses du foie, perdant
ainsi toute capacité de travailler et de vivre.
Le Parti communiste cambodgien (les khmers rouges), encouragé par l’ancien Premier ministre
Zhou Enlai, a persécuté les intellectuels avec une cruauté inimaginable. Toute personne ayant une
pensée indépendante devait être réformée et détruite autant spirituellement que physiquement. De
1975 à 1978, un quart de la population cambodgienne a été tuée. Certaines personnes ont
simplement été tuées parce qu’elles portaient la marque des lunettes sur leur visage.
Après la victoire du communisme au Cambodge en 1975, Pol Pot a commencé à installer le
socialisme de manière prématurée – « un paradis dans la société humaine » - qui promouvait une
société sans classe, sans différence entre la campagne et la ville, sans monnaie et sans échanges
commerciaux. Finalement, la structure familiale a été éclatée pour être remplacée par des équipes
de travail d'hommes et des équipes de travail de femmes. Tous étaient obligés de travailler, de
manger ensemble et de porter le même uniforme révolutionnaire noir ou l’habit militaire. Les maris
et les femmes ne pouvaient se rencontrer qu’une fois par semaine à condition d'en avoir
l'autorisation.
Le Parti communiste prétend qu’il ne craint ni le ciel ni la terre, pourtant il a essayé avec arrogance
de réformer le ciel et la terre. Ceci au mépris complet des éléments et des forces justes de
l’univers. Alors qu’il était étudiant à Hunan, Mao Zedong a écrit :
« Dans l’histoire, toutes les nations ont mené de grandes révolutions. Le vieux est
blanchi et imprégné de nouvelles teintures ; de grands changements sont apparus
mêlant vie et mort, succès et ruine. Il en va de même avec la destruction de l’univers.
La destruction de l’univers n’est sûrement pas sa destruction finale et il ne fait aucun
doute que la destruction ici sera une naissance là-bas. Tous, nous nous attendons à
une telle destruction, parce qu’en détruisant l’univers ancien, nous amènerons un
univers nouveau. Ne sera-t-il pas mieux que l’ancien ?! »
L’affection est une émotion naturelle Entre mari et femme, parents et enfants, entre les amis et
dans la société en général. Par ces campagnes politiques continues, le PCC a changé les
hommes en loups ou même en animaux encore plus féroces et cruels que les loups. Un ancien
dicton dit : « Même s’ils sont des animaux cruels et féroces, jamais les tigres ne mangent leurs
propres petits. » Mais sous la coupe du PCC, il était courant que des parents et des enfants se
dénoncent les uns les autres et que des maris et femmes se dénoncent mutuellement ; il était
courant que des gens renoncent totalement à leurs relations familiales.
Dans une école élémentaire de Pékin, au milieu des années 1960, une enseignante a, par
inadvertance, juxtaposé les idéogrammes « socialisme » et « chuter » alors qu’elle préparait un
examen d’orthographe pour ses écoliers. Ceux-ci en ont informé les fonctionnaires du PCC, suite à
quoi elle a été critiquée quotidiennement et frappée par des écoliers. Sa fille l'a reniée. Chaque
fois que la lutte devenait plus intense, sa fille critiquait la « nouvelle lutte de classe » de sa mère
lors de réunions politiques. Pendant les années qui ont suivi cette mésaventure, sa seule tâche a
été de faire le ménage de l'école, y compris des toilettes.
Les gens qui ont vécu la période de la Révolution culturelle n’oublieront probablement jamais
Zhang Zixin, envoyée en prison parce qu’elle disait la vérité et critiquait Mao pour ses échecs dans
le Grand Bond en avant. De nombreuses fois, les policiers de la prison lui ont arraché ses
vêtements, puis l’ont menottée les mains derrière le dos et jetée dans une cellule de prisonniers
pour qu’ils la violent. Elle a fini par perdre la raison. Au moment de son exécution, redoutant qu’elle