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professionnelle. Sur toutes ces grandes questions, il y a de multiples débats qu’on peut un peu
sommairement regrouper dans trois grandes familles de pensées :
Il y a l’idée qu’il faut continuer à peu près comme avant : appelons cela pour simplifier le
statu quo qui est comme toujours surtout défendu par ceux qui profitent du système, en
l’occurrence une grande partie du Parti/État, les grands « néo » capitalistes millionnaires,
une partie des couches « moyennes » qui craint de perdre ce qu’elle a acquis ces dernières
années et qui pense comme les privilégiés que le statu quo axé sur la croissance
économique est la meilleure garantie pour l’avenir. Dans cette famille de pensées, il y a
ceux qui estiment que la Chine doit davantage s’intégrer au marché capitaliste mondial,
« ouvrir » davantage son économie et viser son positionnement en tant que grand
partenaire dans une sorte de « G2 » ou en tout cas dans le cadre des grandes structures
globalisantes en place (FMI, Banque mondiale, G20, etc.). Il y a ceux cependant qui se
méfient des États-Unis et qui adoptent une position plus nationaliste.
Il y a l’idée qu’il faut réformer le système, essentiellement pour l’améliorer, pour
« boucher des trous ». C’est ce qu’on peut appeler le « secteur » réformiste du PCC et de
l’État, qui estime que la croissance « folle » des trente dernières années n’est pas durable,
et que par conséquent, il faut trouver d’autres moyens de renforcer la Chine tant sur le
plan économique et social qu’environnemental. Ces « réformistes » veulent réorienter
l’économie vers « l’intérieur » (diminuer la dépendance envers les exportations), ce qui
veut dire augmenter la capacité de consommation de la population. Ils veulent aussi
promouvoir un « tournant vert » qui permettrait de créer de nouveaux emplois tout en
diminuant la pollution. Sans vouloir mettre à terre le système actuel, ils seraient partisans
d’une certaine démocratisation « à la chinoise », via la décentralisation et la dévolution de
certains pouvoirs (vers les villes notamment). Les réformistes sont également divisés
entre eux. Essentiellement, il y a ceux qui pensent que toute réforme doit se faire à
l’intérieur du cadre actuel (à l’intérieur du PCC et de l’État) et il y a ceux qui pensent que
le changement doit s’effectuer d’abord dans les mentalités, dans la culture.
Enfin, il y a ce qui s’appelle une « nouvelle gauche », qui pense qu’il faut aller plus loin
que des réformes timides. Cette nouvelle gauche par ailleurs se réclame d’un répertoire
assez large (marxisme, anarchisme, pensée libertaire, social-démocratie, écologie radicale,
etc.). Elle est surtout présente dans le monde universitaire, mais elle a une influence
également sur certains nouveaux mouvements sociaux chinois, tout en étant présente dans
la galaxie de l’altermondialisme au niveau mondial. La « nouvelle gauche » propose
d’accroître l’autonomie des collectivités (autogestion des entreprises, assemblées
délibérantes dans les communautés locales, mise en place d’instances participatives, etc.).
Elle pense que la croissance doit être radicalement repensée pour faire face au défi
environnemental. La « nouvelle gauche » se divise sur la question des moyens. Pour
certains, la priorité doit être de participer à la construction d’une alternative,
essentiellement par des recherches, des débats, des interventions. Pour d’autres, le
changement va venir de la lutte, de la confrontation!
Des résistances
Pendant que se développent des débats, divers secteurs de la population s’impatientent et
demandent des changements maintenant. On pense notamment aux travailleurs migrants qui sont