Un Etat et un espace en recomposition : la Russie Depuis 1992, la

Un Etat et un espace en recomposition : la Russie
Depuis 1992, la fédération de Russie est entrée dans l’ère du capitalisme et de l’économie
de marché. L’apprentissage délicat de la démocratie, l’irruption rapide et mal contrôlée du
libéralisme, les mutations internes d’une société de plus en plus inégalitaire, l’accentuation
des séparatismes régionaux, posent le problème d’un Etat fragile en proie aux
recompositions. La maîtrise d’un territoire immense, la gestion des ressources naturelles,
la reconversion de l’appareil productif, l’ouverture sur l’économie mondiale à l’heure de la
privatisation sont les enjeux majeurs d’une Russie en transition, la recherche d’une
nouvelle modernité.
Le territoire russe et les ressources naturelles constituent-ils un atout ou une contrainte
au développement du pays ?
La société russe s’est-elle adaptée à la transition vers l’économie de marché ?
Quel bilan tirer après une décennie de post-soviétisme ?
I. Une renaissance de la Russie
A. Une économie en pleine mutation
A la fin de l’année 1991, l’URSS a disparu. Très vite, la transition entre l’économie
collectivisée et l’économie de marché s’est traduite par des mutations économiques
spectaculaires. La plupart des grandes entreprises d’Etat sont alors passées aux mains
d’oligarques
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issus de l’ancienne nomenklatura
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soviétique.
Avec Vladimir Poutine, l’Etat est devenu plus interventionniste : il contrôle notamment le
secteur-clé de l’énergie (gaz, trole, électricité) ; tandis que les capitaux privés russes et
les acteurs privés ou publics étrangers sont invités à participer à la modernisation de la
Russie.
Les profits tirés des ressources naturelles ont facilité le redémarrage de l’économie russe ;
depuis 1998, la Russie est membre du G8. Sur le plan industriel, la politique efficace de
diversification industrielle a permis la constitution de groupes russes d’envergure mondiale
: Severstal, groupe sidérurgique privé, ou Rosoboronexport, entreprise publique
d’armement (3ème rang mondial).
Dans les campagnes, l’exode rural est fort et les changements sont plus lents. L’essentiel
de la production s’effectue toujours dans le cadre de fermes collectives (héritières des
Kolkhozes soviétiques), et des lopins individuels. Mais de nouveaux acteurs dynamiques
s’affirment : fermes privées, groupes agro-industriels, coopératives...
B. Une nouvelle société russe
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En Russie, personnalité ayant un pouvoir important qui se situe entre monde de la finance, de l’industrie et
de la politique.
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Dans l’Ex-URSS, classe privilégiée composée des mebres du parti communiste et de l’administration
d’Etat.
Un Etat et un espace en recomposition : la Russie
La Russie a connu une transformation brutale de sa société. Au cours des années 1990
les inégalités sociales, déjà observables à l’époque soviétique, se sont aggravées et
l’économie souterraine
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est réapparue.
Les «perdants» de la transition économique sont nombreux : salariés des industries
lourdes mis au chômage, fonctionnaires (militaires, enseignants, professions de santé),
retraités... A l’autre extrémité, les «nouveaux Russes», sont les grands bénéficiaires de
l’introduction de l’économie de marché.
Ces dernières années, la croissance économique se traduit par une dette amélioration du
niveau de vie : en moyenne plus de 12 % par an. Une véritable classe moyenne, présente
dans les grandes villes, avide de consommation, est en train d’émerger. La population
vivant en dessous du seuil de pauvreté représente 12 % de la population en 2007 contre
25 % en 2000. La Russie a gagné dix places au classement mondial de l’IDH (57e rang
mondial).
C. Le contrôle du territoire, encore un enjeu majeur
La fin de l’URSS a laissé à la Russie un équilibre régional précaire. Le découpage
administratif du territoire russe est constitué de circonscriptions administratives, les sujets
de la Fédération.
Au début des années 1990, plusieurs d’entre eux ont profité de l’affaiblissement du
pouvoir central pour accroître leur autonomie. Les plus riches (Tatarstan,Yakoutie-
Sakha...), ont élaboré leurs propres institutions, soucieux de disposer librement de leurs
revenus.
Actuellement, la prééminence de la législation fédérale est nettement réaffirmée. Depuis
2004, les gouverneurs ne sont plus élus mais nommés par le Kremlin et le nombre de
sujets a été ramenée de 89 à 84.
Cependant, la Russie, Etat multinational, comprend plus d’une centaine de nationalités ou
groupes ethniques. Si les Russes en constituent l’écrasante majorité (82 %), la question
tchétchène témoigne des difficultés du pouvoir central à concilier autorité et démocratie.
II. Les ressources naturelles, fondement de la puissance russe ?
A. La nature russe, entre atouts et contraintes
Eurasiatique la Russie, avec 17 millions de km2, est le plus vaste pays du monde. Elle
s’étend sur 9 000 km d’Est en Ouest et plus de 3 000 km du Nord au Sud ; le territoire
s’étire sur onze fuseaux horaires.
Ses paysages sont d’une grande monotonie. De part et d’autre de l’Oural, s’étendant de
vastes plaines, Russie d’Europe à l’Ouest, plaines de Sibérie occidentale à l’Est. Le
Caucase, la Sibérie centrale et orientale offrent des ensembles de relief plus élevés.
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Ensemble d’activités fonctionnant en dehors des circuits économiques officiels, sans déclaration légale.
Un Etat et un espace en recomposition : la Russie
Nordique avec près de 90 % de son territoire au Nord du 50e parallèle, la Russie est
fortement marquée par la continentalité qui impose un climat rigoureux. L’hiver, la
merzlota
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s’étend sur une grande partie du territoire, tandis que le printemps est « la
saison des mauvaises routes », la raspoutitsa
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.
Les milieux naturels se répartissent en bandes latitudinales : la toundra au Nord, le taÏga
au centre, bordée par la forêt mixte. Au Sud, les steppes donnent des sols fertiles, les
terres noires
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.
Les contraintes du milieu dessinent les contours d’une « Russie utile» , se concentre
l’essentiel des 143 millions d’habitants. Mais l’immense territoire recèle de très
importantes ressources.
B. Des ressources considérables
Le Russie est l’un des pays les mieux dotés au monde en ressources énergétiques.
Second producteur de pétrole, elle tire l’essentiel de sa production du bassin de l’Ob en
Sibérie occidentale (70%) et de la région Volga-Oural (30 %). Toutefois, l’essentiel de ses
réserves se situe en Sibérie orientale, dans le Grand Nord et en Extrême-Orient
(Sakhaline).
La Russie fournit le quart de la production mondiale de gaz naturel. Elle détient près de 40
% des réserves de la planète, localisées au Nord de la Sibérie occidentale. Assurant le
quart de l’approvisionnement de l’UE, l’Etat Russe et sa puissante société Gazprom
utilisent le gaz naturel comme un moyen de pression diplomatique efficace avec ses
partenaires. Les réserves en charbon sont considérables (20 % des réserves mondiales),
avec des gisements d’excellente qualité (Kouzbass en Sibérie).
Les ressources minières sont d’une grande variété. Importantes dans la partie
européenne, elles abondent en Sibérie.
Les forêts couvrent 45% du territoire russe. Si les potentialités sont énormes en Sibérie,
c’est la partie européenne qui produit encore la majorité des cubages (60%).
C. Le défi de la maîtrise du territoire.
Les ressources naturelles sont le principal atout de la Russie. Malgré leur abondance, ces
richesses sont difficiles à exploiter.
Aux contraintes naturelles s’ajoutent le poids des ritages. C’est le cas du réseau de
transport : la Russie a le réseau de communication le moins dense de tous les pays
développés. La vétusté du réseau russe est la cause, aujourd’hui encore, dénormes
gaspillages.
L’éloignement des zones de production oblige à des transports sur de très grandes
distances, aussi bien pour l’approvisionnement des centres industriels nationaux que pour
l’exportation. Les contraintes climatiques exigent une technologie très coûteuse qui oblige
les entreprises à coopérer avec des sociétés occidentales et asiatiques.
II. Un territoire en recomposition
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En Russie, sol gelé en permanence sur une épaisseur variable.
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En Russie,période pendant laquelle le dégel de la partie superficielle des sols et la fonte des neiges
rendent les communications difficiles.
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Tchernozium en russe : terre fertile, riche en humus.
Un Etat et un espace en recomposition : la Russie
A. Un territoire à réaménager
L’éclatement de l’URSS a privé la Russie d’une partie de ses façades maritimes et de ses
débouchés terrestres. Pour retrouver la maîtrise des flux énergétiques destinés à
l’exportation, elle doit repenser son réseau de transport.
Pour suppléer aux ports baltes, cinq ports, reliés aux gisements de Sibérie occidentale,
sont en cours d’aménagement près de Saint-Pétersbourg. Sur la mer noire, Novorossisk
s’impose sormais comme le principal débouché des gisements d’hydrocarbures de la
mer Caspienne et des nouveaux Etats indépendants d’Asie centrale : Kazakhstan,
Azerbaïdjan.
L’élargissement de l’UE vers l’Est ouvre de nouvelles perspectives : la Russie souhaite
valoriser sa position intercontinentale. Des travaux sur l’axe ferroviaire du transsibérien et
du Baïkal-Amour-Magistral (BAM) visent à améliorer la desserte du pont transsibérien
entre l’Europe et Vladivostok, port ouvert sur l’aire de l’Asie orientale.
B. Une nouvelle donne spatiale
La Russie se caractérise par d’importants contrastes régionaux. Les migrations internes
opposent les régions attractives, la partie européenne ouverte sur le monde, aux régions
de la Sibérie, plus périphériques. Incertitudes politiques dans les territoires vivent des
peuples non-russes, dégradation des conditions de vie dans les régions à fortes
contraintes climatiques expliquent un mouvement de rétraction du peuplement russe et la
faiblesse des investissements dans les régions difficiles.
En Russie d’Europe, les agglomérations concentrent les pouvoirs économiques,
financiers, politiques. Disposant d’une main d’oeuvre qualifiée, de pôles d’innovation
technologique et de bonnes infrastructures de communication, elles affirment leur fonction
d’organisation régionale. Cest le cas de Nijni Novgorod, de Samara dans la région de la
Volga ou d’Ekaterinbourg dans l’Oural dont l’aéroport est relié à huit métropoles
européennes.
Les écarts de richesse entre les sujets de la fédération sont très importants. Les riches
régions détentrices de ressources naturelles exportables sont nettement privilégiées, alors
que la modernisation des vieux bastions industriels de l’Oural et du sud de la Sibérie est
difficile.
C. Moscou, «centre» de la Russie
Moscou (11 millions d’hbts) s’affirme comme le centre incontesté de la nouvelle Russie. La
capitale contrôle l’essentiel de l’activité économique et affiche une prospérité insolente.
Elle abrite le siège des principales sociétés, concentre 40% des revenus et plus de la
moitié des opérations financières du pays.
Moscou aspire au statut de ville mondiale. La municipalité favorise les grands projets
architecturaux : le centre daffaire de Moskva City, situé à proximité du centre historique,
possédera le plus haut gratte-ciel d’Europe, la tour de la fédération (367m). En proie à une
intense spéculation immobilière, Moscou est une des villes les plus chères au monde, et
aussi une des plus violentes.
Comparée Moscou, Saint-Petersbourg (5millions d’Hbts), contribue pour une faible part de
l’activité de la Russie. Métropole culturelle, disposant d’une population au niveau de
formation élevé, la ville pourrait, dans l’avenir, se trouver au coeur de la fenêtre maritime
de la Baltique, ouverte vers l’Europe.
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