INTEGRATION § 1 Notion d’intégrale d’une fonction Le plan étant muni d'un repère orthogonal (O ; i , j ) , on définit les points I, Jet K par OI = i , OJ = j et OIKJ rectangle. L'aire du rectangle OIKJ définit alors l'unité d'aire (u.a.). 1. Aire et intégrale d'une fonction positive Définition Soit f une fonction continue et positive sur un intervalle [a ; b] et C sa courbe représentative dans le repère (O ; i , j ) L'intégrale de a à b de f est le réel noté b f (x )dx , égal à l'aire, exprimée en unités d'aire, du domaine a D délimité par C, l'axe des abscisses et les droites d'équations x = a et x = b. 2. 1. Remarque a et b sont les bornes de l'intégrale et x est une variable muette : elle n'intervient pas dans le résultat. On peut la remplacer par les lettres t ou u, ainsi : b b b a a a f (x )dx = f ( t )dt = f (u )du Exemples 0 3dx = 6 2 3 1 tdt = 2 (3 1) =4 2 D1 est un rectangle D2 est un trapèze 2. Valeur moyenne Définition Soit f une fonction continue et positive sur un intervalle [a ; b] avec a < b. La valeur moyenne de f sur b 1 f ( x )dx [a ; b] est le réel μ = ba a b b 1 f ( x )dx μ= équivaut à μ (b - a) = f ( x )dx a ba a La valeur moyenne de f sur [a ; b] est donc le réel μ tel que le rectangle de dimensions μ et b - a soit de même aire que le domaine D délimité par la courbe représentant f, l'axe des abscisses et les droites d’équations x = a et x = b 1/8 § 2 Intégrale et primitive 1. Intégrale d’une fonction continue, positive et croissante sur un intervalle [a ; b] Théorème : Soit f une fonction continue, positive et croissante sur un intervalle I = [a ; b] . On note C, sa courbe représentative dans le plan muni d'un repère orthogonal. x On définit sur [a; b] la fonction A : x f ( t )dt et on fixe x0 dans [a ; b] a la fonction A est dérivable sur I et sa dérivée est f Démonstration : L'aire de la surface coloriée est A(x0 + h) - A(x0) On a h f(x0) ≤ A(x0 + h) - A(x0) ≤ h f(x0 + h), puisque f est croissante sur I. Selon que h > 0 ou h < 0 , on a : A(x 0 h) A(x 0 ) A(x 0 h) A( x 0 ) f(x0) ≤ ≤ f(x0 + h) ou f(x0 + h) ≤ ≤ f(x0) h h Or, f est continue sur I, donc lim f(x0 + h) = f(x0) , et d'après le théorème des gendarmes, il en résulte h0 A(x 0 h) A(x 0 ) = f(x0). h Donc A est dérivable en x0 et A'(x0) = f(x0) pour tout x0 de I. Donc A est une primitive de f sur I Soit F une primitive quelconque de f sur I alors A(x) = F(x) + C Or A(a) = 0, d’où : A(a) = F(a) + C = 0 C = - F(a) Et A(x) = F(x) – F(a) lim h 0 2. Primitive d’une fonction continue Théorème admis : Soit f une fonction continue sur un intervalle [a ; b] La fonction Φ définie sur [a ; b] par Φ(x) = x a f ( t )dt est : L’unique primitive de f sur [a ; b] qui s’annule en a Remarques • La fonction Φ, définie dans le théorème, est donc dérivable sur [a ; b] , de dérivée f Ce résultat montre que toute fonction continue sur [a ; b] admet une, donc des primitives sur [a ; b] Plus généralement, toute fonction continue sur un intervalle I quelconque admet des primitives • Soit F une primitive quelconque de f sur [a ; b], alors 2/8 b f ( t )dt = F(b) - F(a) a 3. Généralisation de l’intégrale à l’aide d’une primitive Propriété et définition Soit f une fonction continue sur un intervalle I et F une primitive quelconque de f sur I. Pour tous réels a et b de I, la différence F(b) - F(a) ne dépend pas de la primitive de f choisie On définit alors l'intégrale de a à b de f par b f ( t )dt = F(b) - F(a) a Exemple La fonction polynôme f : x x2 - 1 est continue sur ℝ x3 L'une de ses primitives est F : x -x 3 On a ainsi : 1 1 2 4 1 1 (x ² 1)dx = F(1) - F(- 1) = ( 3 - 1) - ( 3 + 1) = 3 - 2 = 3 § 3 Propriétés de l’intégrale 1. Relation de Chasles Soit f une fonction continue sur un intervalle I. Pour tous réels a, b et c de I, on a : c b c a a b f (x )dx = f ( x )dx + f ( x )dx Démonstration : Soit F une primitive de f sur I b c a b f ( x )dx + f ( x )dx = F(b) – F(a) + F(c) – F(b) = F(c) – F(a) = c f (x )dx a Remarques : Lorsque f est positive sur I et si a ≤ b ≤ c, la relation de Chasles traduit que l'aire du domaine hachuré est la somme des aires des deux domaines D1 et D2 En prenant c = a et du fait que a b a f (x )dx a = 0, on obtient : b f ( x )dx = f ( x )dx a 2. Linéarité Soit f et g deux fonctions continues sur un intervalle I et k un réel. Pour tous réels a et b de I, on a : b b a a (f g)( x)dx = f ( x )dx + b g( x )dx a b (k.f )( x )dx et a =k× b f (x )dx a Démonstration : Si F et G sont des primitives de f et g sur I, alors F + G est une primitive de f + g, et kF une primitive de kf sur I 3/8 3- Intégrales et inégalités Soit f une fonction définie et continue sur un intervalle I de ℝ, et a, b deux réels appartenant à I. b (1) Si a ≤ b et f ≥ 0 sur l'intervalle I, alors f ( x )dx ≥ 0. a b (2) Si a ≤ b et f ≤ 0 sur l'intervalle I, alors f ( x )dx ≤ 0. a b (3) Si a ≥ b et f ≥ 0 sur l'intervalle I, alors f ( x )dx ≤ 0. a b (4) Si a ≥ b et f ≤ 0 sur l'intervalle I, alors f ( x )dx ≥ 0. a Exemple : 1 2 Déterminer le signe de l’intégrale ln x dx 1 4- Conservation de l’ordre Soit f et g deux fonctions continues sur [a ; b]. Si f ≤ g sur [a ; b], c'est-à-dire si, pour tout réel x de b b a a [a ; b], f(x) ≤ g(x) , alors f ( x )dx ≤ g( x )dx Démonstration : Si f ≤ g sur [a ; b] , alors, pour tout réel x de [a ; b] , g(x) - f(x) ≥ 0 . D'autre part, g - f est continue sur [a ; b] . b D'après la propriété de positivité, on obtient [g( x ) f ( x )]dx ≥0 a b b a a puis, par linéarité, g( x )dx - f ( x )dx ≥ 0 ; d'où le résultat. Lorsque f et g sont positives sur [a ; b], l'inégalité traduit le fait que l'aire du domaine D1 situé sous Cf, est inférieure à l'aire du domaine D2 situé sous Cg 4/8 5- Inégalités de la moyenne Soit f une fonction continue sur un intervalle I, et a et b deux réels de I. Si a ≤ b et s'il existe deux réels m et M tels que m ≤ f (x) ≤ M, pour tout réel x de [a ; b] b m(b – a) ≤ f ( x )dx ≤ M(b – a) alors a b S'il existe un réel M positif tel que | f | ≤ M sur I, alors f (x )dx ≤M|b–a| a Démonstration : m ≤ f (x) ≤ M, donc, par conservation de l'ordre, on obtient : Pour tout réel x de [a ; b] , on a : b b b a a a m dx ≤ f (x)dx ≤ M dx b ce qui donne le résultat puisque dx = b - a . a Remarques : Lorsque a ≤ b et f positive, ainsi que m, cet encadrement traduit que l'aire du domaine D est comprise entre les aires des deux rectangles de hauteurs m et M et de largeur b - a . L'encadrement montre aussi que la valeur moyenne μ de f sur [a ; b] est comprise entre m et M. Exemple : Pour tout réel x de [1 ; 8] ,on a 2 ≤ 1 x ≤ 3, donc : 8 7 2 ≤ 1 x dx ≤ 21 1 5/8 § 4 Intégrale d'une fonction continue et négative sur [ a , b ] f est une fonction continue et négative sur [a ; b] . C est la courbe représentative de f dans un repère orthogonal. D est le domaine compris entre C , l'axe des abscisses et les droites d'équations x = a et x = b . Dans ce cas, on convient que l'intégrale de a à b de f est l'opposée de l'aire de D.. . b On note f (x ) dx = - aire (D ) . a Vocabulaire : b On dit parfois que f (x ) dx est l'aire algébrique du domaine compris entre C , l'axe des abscisses et a les droites d'équations x = a et x = b pour indiquer qu'elle est positive si f est positive sur [a ; b], négative si f est négative sur [a ; b] . Exemple : f est la fonction définie sur [1 ; 3] par f(x) = 1 - x . Le domaine D est le triangle ABC ci-contre ; son 3 aire est égale à 2, donc : (1 x ) dx = - 2 . 1 § 5 Intégrale d'une fonction continue de signe quelconque sur [a ; b] Pour une fonction continue et de signe quelconque sur [a ; b] , on convient que l'intégrale de a à b de f est la somme des aires algébriques des domaines définis à partir des intervalles sur lesquels f(x) garde un signe constant. Exemple : f est la fonction définie sur [a ; b] par la courbe ci-contre. b f (x ) dx = aire (D 1) - aire (D 2)) + aire (D 3) - aire (D 4) a 6/8 § 6 Aire d'un domaine compris entre deux courbes Théorème : Soit f et g deux fonctions continues, a et b deux réels de I tels que a b. Lorsque f g sur [a, b] , l'aire en u.a. du domaine limité par les courbes C f et C g sur [a, b] (en bleuté sur la figure) est calculée par : b aire (D ) = (g(t) f (t )) dt . a Le domaine D peut être décrit, si besoin est, comme l'ensemble des points M(x,y) tels que : a x b et f ( x ) y g( x ) § 7 Volume d'un solide L'espace est muni d'un repère orthonormal (0, J, J, K) et l'unité de volume (u.v.) est le volume du cube construit sur (0, J, J, K). Théorème : On considère un solide (Ʃ) limité par les plans parallèles d'équations : z = a et z = b (a b ) z = a et z = b (a b). Pour tout z (a z b), on note : P z le plan perpendiculaire à (Oz) et de cote z ; S z l'aire de la section du solide par le plan P z. Lorsque S est une fonction continue sur [a, b] , le volume V du solide est calculé (en u.v.) par : b V= S (z) dz . a 7/8 § 8 Intégration par parties Propriété : intégration par parties Soit u et v deux fonctions dérivables sur l'intervalle I telles que u' et v' soient continues sur I. Pour tous réels a et b de I, on a : b b u' (x) v(x)dx [u(x) v(x)] u(x) v' (x)dx b a a a Démonstration : On sait que (u × v)' = u' × v + u × v', soit u' × v = (u × v)' - u × v' D'où, en égalant les intégrales des deux membres on obtient la formule donnée car les primitives de (u × v)' ne sont autres que u × v + C Exemples : 1 Calculer l’intégrale K = (1 x )e x dx 0 Trouver une primitive sur ]0 ; + ∞[ de f : x ln x π x sin x dx Calculer l’intégrale M = 0 e Calculer l’intégrale P = x ln x dx 1 8/8