
compte du tout du social. Cette tentative de synthèse va permettre d'approfondir l'intériorisation par 
l'individu des règles sociales, c'est l'idée d'habitus chez Bourdieu. Parce que l'individu a intériorisé 
des règles de la vie sociale, son comportement peut ressembler à une stratégie individuelle afin de 
maximiser son intérêt alors qu'il ne fait que reproduire une structure sociale déjà existante. Produit 
d'une structure, l'habitus reproduit la structure.  
Ce point d'équilibre entre individualisme et holisme doit cependant être dépassé. En effet,  Bourdieu 
néglige, malgré ses propres propos, le caractère historique du social et le phénomène propre à la 
modernité de la montée de l'individualisme.  
D'une société à une autre, Bourdieu ne voit comme seul changement le primat d'un capital sur un 
autre  ou  à  la  rigueur  une  autonomie  croissante  des  différents  capitaux.  Or,  la  montée  de 
l'individualisme met à mal l'idée même d'habitus. Par exemple dans sa sociologie de l'individu, le 
sociologue contemporain Jean-Claude Kaufmann ( qui a été auparavant connu par l'observation de 
faits négligés traditionnellement par la sociologie , son ouvrage le plus connu , et ressortant chaque 
été étant « Corps de femme, regards d'homme : sociologie des seins nus sur la plage ») postule que 
la montée de l'individualisme se traduit par un écart croissant entre l'habitus et l'habitude. L'habitus 
étant  un  rôle  socialement  construit  alors  que  l'habitude  étant  un  comportement  proprement 
individuel. 
Partant d'un constat relativement proche, le sociologue contemporain Francois Dubet considère que 
nous vivons « la fin de l'institution » c'est-à-dire la faillite de rôles prédéfinis qui régleraient par 
avance notre comportement. Cette faillite laisse alors une place grandissante à l'acteur sociale qui 
doit  par  lui-même  construire  une  synthèse  toujours  précaire  entre  trois  régimes  d'action:  la 
socialisation, dernier reste de l'intégration holiste, l'action stratégique, dans laquelle l'individu essaie 
de maximiser son intérêt , et enfin l'action éthique dans laquelle l'individu tente de faire reconnaître 
son autonomie et son identité. La fragilisation des rôles sociaux accroit donc le travail social des 
individus. 
 
Evidemment, nous aurons à reprendre précisèment chacune des étapes de ce parcours. De plus, il 
faudra  aussi  examiner  précisèment  la  méthodologie  utilisée  pour  aborder  le  social:  méthode 
quantitative ou qualitative , utilisation des statistiques, observation, questionnaire. 
Cependant,  ce  survol  rapide  été  nécessaire  pour  comprendre  que  si  les  sciences  sociales  sont 
traversées par l'opposition entre individualisme et holisme, c'est sans doute à cause de leur objet 
d'étude lui-même. L'opposition ou plutôt la tension entre individu et social réside au coeur du fait 
social lui-même. Il n'y pas de société si le fait social ne forme par un tout qui dépasse les individus. 
Il n'y a de sociétés que s'il y a du commun. Mais, une société humaine est une société d'individus, 
d'acteurs sociaux dont les comportement sont plus ou moins construits socialement. L'histoire des