PARTIE IV: EXPRESSION, STABILITE, VARIATION DU PATRIMOINE GENETIQUE CHAP 8: "L'ADN, UNE MOLECULE INFORMATIVE PARFOIS PATHOGENE" 8.1 Quelques aspects moléculaires de la molécule d'A.D.N TP8.1 visualisation ADN avec logiciel Rastop: mise en évidence des différents constituants de la molécule d'A.D.N 8.2 Une maladie génétique; La drépanocytose TP8.2 visualisation de molécules (drépanocytaire et non drépanocytaire) d'hémoglobine TD8.2 Décrivez succinctement en quelques lignes la mise en place de cette maladie génétique. La drépanocytose est une maladie qui affecte les globules rouges d'un individu; Notamment l'hémoglobine que ceux-ci contiennent à l'état dissous. Cette molécule est primordiale pour le transport du dioxygène et est mise en place grâce à l'expression d'un gène. C'est lorsque ce gène présente une anomalie particulière au niveau de sa séquence nucléotidique que les molécules d'hémoglobine s'agrègent entre elles dans les GR. A l'aide des informations extraites du document 1, Repérez et classez les différents niveaux phénotypiques (à l'échelle moléculaire, à l'échelle cellulaire et à l'échelle clinique) de la maladie. Différents niveaux phénotypiques Niveau clinique Niveau moléculaire Niveau cellulaire macroscopique Molécule d'hémoglobine ayant une constitution anormale. Les molécules d'hémoglobine s'agrègent entre elles Globule rouge en forme de faux Obstruction de capillaires sanguins Transport du dioxygène insuffisant Anémie Douleurs abdominales ………….. L'acide aminé VALINE 6 remplace l'acide aminé ACIDE.GLUTAMIQUE 6 ou Destruction de certains globules rouges intenses GR deviennent indéformables (rigides) 8.2.1 Une mutation à l'origine de la maladie TD8.2.1 utilisation du logiciel "Anagène" ou document équivalent Après avoir chargé les séquences nucléotidiques du gène responsable de la chaîne béta S et de la chaîne béta A, repérez la (ou les) différence(s) observée(s). Après avoir chargé les séquences d'acides aminés des chaînes béta S et béta A, repérez la (ou les) différence(s) observée(s). Une molécule d’hémoglobine est constituée de 4 sous unités ; 2 chaînes polypeptidiques alpha et de 2 chaînes polypeptidiques bêta. Chaque chaîne bêta est constituée de 146 acides aminés et sont identiques 2 à 2. L’ordre et l’identité des acides aminés qui les constituent sont respectés. Dans le cas d’une hémoglobine A : l’ordre des a.a est Met-val-his-leuthr-pro-glu-glu-lys… Dans le cas d’une hémoglobine S : l’ordre des a.a est Met-val-his-leuthr-pro-val-glu-lys… On s’aperçoit qu’un seul acide aminé fait la différence entre les deux molécules d’hémoglobine ; c’est au niveau des deux allèles du gène responsable de la synthèse de la chaîne Bêta de la molécule d’hémoglobine qu’un nucléotide induit la mise en place d’un « acide aminé intrus » L’hémoglobine S dite "anormale", notée HbS, se retrouve donc présente dans les globules rouges et provoque du même coup leur éclatement. En effet, l’hémoglobine S, lorsque l’oxygène se raréfie, se dissout mal et polymérise sous forme de microfibrilles. Celles-ci rigidifient le globule rouge le rendant indéformable, les hématies obstruent les petits capillaires qui finissent par céder. L’individu anémié, atteint par cette maladie génétique, souffre de douleurs chroniques abdominales, de fatigues et d’essoufflements. Traitements On ne sait pas encore guérir la drépanocytose. On sait très bien en revanche soigner, voire prévenir les symptômes : - les jeunes enfants reçoivent tous les jours un sirop antibiotique et sont vaccinés contre certains germes auxquels ils sont particulièrement susceptibles comme le pneumocoque. - La prise quotidienne d’acide folique évite certaines aggravations de l’anémie. - Les enfants doivent boire régulièrement pour éviter la déshydratation. Les enfants doivent éviter l’exposition au froid. - En cas de douleur, on administre des antalgiques de puissance croissante, y compris à l’école grâce au Projet d’accueil individualisé (PAI). Certains d’entre eux selon le degré de sévérité de la maladie pourront bénéficier de traitements beaucoup plus lourds (transfusion sanguine, voire greffe de moelle). BILAN : L’étude de la drépanocytose montre 3 niveaux de définition du phénotype ; clinique, cellulaire et moléculaire. Du phénotype moléculaire dépendent les phénotypes cellulaire et clinique. On s’aperçoit également que ce sont les protéines synthétisées qui sont à l’origine des différents phénotypes ; à savoir, pour le phénotype drépanocytaire; L'hémoglobine HbS (avec la valine en position 6 de la chaîne Béta à la place de l'acide glutamique) et pour le phénotype non drépanocytaire; L'hémoglobine HbA. C'est la substitution d'un nucléotide qui provoque cette maladie génétique. Rq : Toutefois à génotype équivalent, le phénotype attendu ne sera pas forcément le même pour deux individus (différences observés chez des vrais jumeaux) ou alors à phénotype équivalent, le génotype envisagé sera parfois différent chez les deux individus (cas des groupes sanguins ; [A, 0] et [A, A]) Qu'est qu'un phénotype? Ensemble des caractères observables d'un individu. Le phénotype dépend de la réalisation du génotype (expression des gènes) mais est souvent influencé par le milieu de vie (naturel, social, ethnique...) Plus généralement le sens du mot phénotype est plus restrictif car il ne s'applique qu'à un seul caractère (phénotype yeux verts, phénotype groupe sanguin B, phénotype obèse…) L'ensemble des phénotypes observables chez un individu donné est appelé le phénome. Facteurs épigénétiques Information génétique Facteurs environnementaux Protéines Phénotype Qu'est-ce qu'une protéine? La réalisation d’un phénotype nécessite la synthèse de protéines (ou de polypeptides) Une protéine est constituée d’acides aminés (rappel des visualisations obtenues grâce au logiciel RASTOP) Les protéines sont des molécules organiques ainsi que les molécules de glucides et de lipides ; elles contiennent toutes des liaisons covalentes C-H. La concentration sanguine des protéines (protéinémie) atteint 70 à 80 g/l. Ce sont des molécules très importantes en quantité et en fonction. Elles interviennent dans la constitution des cellules et/ou dans leur fonctionnement. Une protéine est toujours constituée d’un enchaînement d’acides aminés mais elle peut également être associée à d’autres molécules glucidiques ou lipidiques. Elément de base d’une protéine : l’acide aminé Fonction amine H H OH H – N - Cɑ – C R Glycine (acide aminé le plus simple) Fonction carboxyle (acide) O R En fonction de l’acide aminé, c’est le radical R qui change. Dans le cas de la glycine le radical R est un atome d'hydrogène. BILAN : Une protéine est un enchaînement d’acides aminés reliés entre eux par des liaisons peptidiques. Il existe 20 acides aminés dans l’environnement. Une liaison peptidique relie une fonction amine terminale d’un acide aminé 1 et une fonction carboxyle terminale d’un acide aminé 2…Le radical R change en fonction de l’acide aminé considéré. Application des savoirs faire et des connaissances à une autre maladie génétique, la mucoviscidose. 8.3 L'ADN peut connaître certaines variations On a vu dans le cas de la drépanocytose et de la mucoviscidose que la molécule d'ADN peut présenter une information erronée. Dans ces deux cas ces variations sont des mutations ponctuelles; C'est-à-dire que le changement ne concerne qu'un nucléotide dans le cas de la drépanocytose ou trois nucléotides non contigus dans la mucoviscidose. Dans le cas de la drépanocytose, il s'agit d'une mutation par substitution alors que dans le cas de la mucoviscidose il s'agit d'une mutation par délétion. Quoiqu'il en soit dans les deux cas la mutation entraîne un changement non seulement au niveau de la protéine fabriquée mais également au niveau de sa fonction dans l'organisme. La drépanocytose est causée par une mutation ponctuelle faux-sens non conservative par substitution. La mucoviscidose est causée par une mutation ponctuelle faux-sens non conservative par délétion (le cadre de lecture des triplets est décalé) 8.4 Des mutations et des conséquences 8.4.1 Conséquences des mutations Sq. NUC monocaténaire Transcription ARNm Traduction Protéine 8.4.1.1Conséquences des mutations par substitution Leurs conséquences sont très variables: Exemple ADN (brin transcrit) ARN messager Polypeptide formé Avt mutation TGG-AAT-CAC ACC-UUA-GUG Thr-Leu-Val Après mutation TGT-AAT-CAC ACA-UUA-GUG Thr-Leu-Val Dans ce cas la mutation n'a aucune conséquence, en effet les deux codons (ACC et ACA) codent pour le même acide aminé; Le code génétique est dit redondant ou dégénéré. On qualifie cette mutation de mutation ponctuelle silencieuse. Exemple ADN (brin transcrit) ARN messager Polypeptide formé Avt mutation TGG-AAT-CAC ACC-UUA-GUG Thr-Leu-Val Après mutation TCG-AAT-CAC AGC-UUA-GUG Ser-Leu-Val Dans ce cas la mutation a provoqué un changement au niveau du polypeptide. On qualifie cette mutation de mutation ponctuelle fauxsens. Deux cas de figure à envisager: Si le changement d'acide aminé n'affecte pas la configuration spatiale de la protéine, celle-ci conserve ses propriétés: on dit alors que c'est une mutation ponctuelle faux-sens conservative. Le changement d'acide aminé entraîne une modification au niveau du site actif de la protéine: on dit alors que c'est une mutation ponctuelle faux-sens non-conservative. Exemple 3 Avt mutation ADN (brin transcrit) ARN messager Polypeptide formé TGG-AAT-CAC ACC-UUA-GUG Thr-Leu-Val Après mutation TGG-ACT-CAC ACC-UGA-GUG Thr- La mutation a entraîné l'apparition d'un codon stop donc un arrêt prématuré de la synthèse de la protéine. Elle est donc plus courte, elle perd sa configuration spatiale et ses propriétés. Les conséquences phénotypiques sont importantes: On parle alors de mutation ponctuelle non-sens. 8.4.1.2 Conséquences des mutations par délétion ou addition Les conséquences de ces mutations sont souvent perturbatrices. En effet, elles provoquent un décalage du cadre de lecture et donc des conséquences sur la synthèse de l'ARN messager. Toute la partie de la chaîne qui se situe au-delà de la mutation voit sa séquence modifiée. Ce type de mutation créé souvent l'apparition d'un codon stop prématuré; le polypeptide sera donc plus court et les répercussions sur le phénotype seront importantes. Ex: Béta thalassémie 5 mutation par addition Ex: Mucoviscidose mutation par délétion de 3 nucléotides non contigus 8.4.1.3 Conséquences des mutations étendues Elles sont en général très lourdes de conséquences. Rq: Les mutations affectant les cellules germinales (cellules qui donnent naissance aux cellules sexuelles) sont transmissibles de manière héréditaire à la descendance. 8.5 Les mutations; Sources de variabilité des individus 8.5.1 Les mutations sont aléatoires et non orientées Les mutations sont des modifications de la séquence de nucléotides d'une molécule d'ADN. L'information génétique peut donc varier (en bien, en mal ou de façon neutre) (10-8 à chaque multiplication, 1 nucléotide sur 100 000 000 sera différent) Dans la plupart des cas elles sont réparées ou silencieuses. Statistiquement plus une molécule d'ADN est reproduite et plus la probabilité de voir apparaître un accident est grande. Application: Soit 5 Giga bases sur l'ensemble des chromosomes du noyau d'une cellule; Combien de mutations pourraient-être comptées après un cycle cellulaire. BILAN: Les mutations aléatoires se produisent naturellement sans qu'une cause particulière leurs soit attribuées. Toutefois certaines substances, dites mutagènes, peuvent provoquer et/ou augmenter leur fréquence d'apparition. 8.5.2 Différents types de mutation Des mutations ponctuelles: Elles sont dites ponctuelles quand elles ne touchent qu'un seul nucléotide. Des mutations chromosomiques (étendues): Cela concerne un grand nombre de nucléotides dans l'ADN de telle sorte que la mutation est observable lorsqu'on fait un caryotype : duplication, translocation, inversion, délétion, insertion. Il peut s'agir aussi d'une perte ou d'un gain de chromosomes EX: La trisomie 21 ROBERTSONNIENNE Le phénotype des trisomiques 21 s'explique par la présence en triple de certains gènes, portés par le bras long du chromosome 21. D'autres anomalies chromosomiques peuvent donc conduire à ce phénotype : il suffit pour cela que le bras long du chromosome 21 soit présent en triple exemplaire. C'est ce qui arrive lors de translocations (réciproques ou non) de ce bras chromosomique. A. Représentation très schématique d'une translocation d'un fragment de chromosome 21 vers un autre chromosome. B. conséquence de la présence dans une même cellule d'un chromosome portant un fragment de chromosome 21 et d'une paire de chromosomes 21 Des mutations dynamiques: Ces mutations évoluent d'une génération à l'autre, elles correspondent à des répétitions importantes de certains triplets au niveau de l'ADN (CAG et GGG). Elles sont rencontrées dans certaines maladies génétiques (Syndrome de l'X fragile, dystrophie myotonique de Steinert) Ex: Chorée de Huntington Surnommée "danse de saint-Guy", la chorée de Huntington est liée à une anomalie génétique localisée sur le chromosome 4, à transmission autosomique dominante (la présence de l’anomalie génétique sur un seul des deux chromosomes provoque le développement de la maladie) et à pénétrance complète (l’anomalie génétique provoque toujours la maladie). Il s’agit d’une répétition anormale d’une partie de l’information génétique ou ADN au niveau de ce chromosome : à l’état normal un code ADN est répété entre 11 et 34 fois, alors que dans la chorée de Huntington il est répété entre 37 et 86 fois. Cette augmentation du nombre de triplet est souvent progressive sur plusieurs générations et ses mécanismes sont mal connus. Des mutations autosomiques dominantes Ces mutations touchent les chromosomes autres que les chromosomes sexuels et sont actives lorsqu'un seul des deux chromosomes en est atteint (syndrome de MARFAN) Des mutations autosomiques récessives Ces mutations touchent les chromosomes autres que les chromosomes sexuels et sont actives lorsque les deux chromosomes en sont atteints (anémie falciforme) Des mutations gonosomiques Ces mutations touchent les chromosomes sexuels X ou Y (myopathie de DUCHENNE 46XY; Syndrome de KLINEFELTER 48, XXYY) Rq: Les mutations pour être transmises à une descendance doivent être présentes dans les cellules germinales. Les mutations affectant seulement les cellules somatiques ne sont pas transmises à une descendance.