type 1 (avec subordonnant)
type 2 (sans subordonnant)
Absence du sujet dans la
première proposition
lorsque les sujets sont
coréférentiels
OUI
La première proposition peut se
référer au sujet de la seconde,
même si elle est positionnée
devant cette dernière.
NON
Seule une relation coréférentielle
anaphorique est admise entre les
sujets de deux propositions.
Enchâssement à Marie
dit que
OUI
L'ensemble des 2 propositions est
enchâssé.
NON
Seule la première proposition est
dans la portée de Marie dit que.
Interrogation par shi-bu-
shi 'est-il vrai que…?'
OUI
L'ensemble des deux propositions
entre dans la portée de
l'interrogation (i.e. il est possible
de questionner sur la relation
établie entre les deux
propositions).
NON
L'interrogation n'est pas toujours
possible et est parfois peu naturelle,
car il est impossible de déterminer la
portée de shi-bu-shi, ce qui rend
difficile l'interprétation de la phrase.
Lorsqu'une co-jonction et/ou un adverbe corrélateur figure(nt) dans la seconde
proposition, en cooccurrence avec un subordonnant dans la proposition antécédente, celle-ci
manifeste une dépendance importante vis-à-vis de la seconde proposition. D'abord, elle peut
se passer de sujet en se référant à celui de la seconde proposition. Ensuite, l'ensemble des
deux propositions constitue une seule unité syntaxique et discursive qui peut être enchâssée et
questionnée.
En revanche, lorsque seul(e)(s) une co-jonction et/ou un adverbe corrélateur figure(nt)
dans la seconde proposition en l'absence d'élément connectif dans la proposition antécédente,
la relation entre les deux propositions est relativement "lâche", c'est pourquoi les phrases du
second type répondent négativement aux tests d'enchâssement et d'interrogation.
Comme l'indique Rebuschi (2001), la distinction "absolue" entre subordination et
coordination est contestable. Par ailleurs, nous admettons l'idée défendue dans Rebuschi
(ibid. : 27), selon laquelle "il y a d'incontestables indices de co-dépendance dans les structures
généralement considérées comme coordonnant de manière "égalitaire" des sous-structures du
même type." D'une manière encore plus générale, à partir du moment où il y a une jonction, il
existe forcément une dépendance réciproque entre les deux propositions jointes, quel que soit
le type de connexion opérée. Néanmoins, les différences observées entre les phrases
complexes du type (1) et du type (2) nous indiquent qu'il est tout de même possible de
distinguer différents degrés de dépendance entre les propositions jointes. Nous pouvons
analyser les différences résumées dans le tableau ci-dessus de la façon suivante. D'un côté,
dans le premier type de connexion, la dépendance entre les deux propositions est
asymétrique : la première proposition manifeste une plus grande dépendance à l'égard de la
seconde proposition. De l'autre, il existe plutôt une sorte de"co-dépendance" symétrique entre
deux propositions jointes en l'absence d'un subordonnant. De plus, la dépendance de la
première proposition vis-à-vis de la seconde dans les phrases du type (1) est d'un degré plus
élevé que la "co-dépendance" entre les deux propositions "co-jointes" et "co-dépendantes"
des phrases du type (2).