Rousseau Rousseau dans le Contrat Social pose la question de la sociabilité de l’Homme. Il voit le sauvage, la véritable jeunesse du monde. Rousseau pose la problématique fondamentale de l’anthropologie moderne comme étant celle du décentrement ; « quand on veut étudier les hommes, il faut regarder près de soi, mais pour étudier l’Homme, il faut apprendre à porter sa vue au loin, il faut d’abord observer les différences pour découvrir les priorités. » = Rousseau porte le regard lointain comme condition d’une réflexion générale sur l’Homme ; définition reprise par Levi Strauss qui considère Rousseau comme fondateur de la méthode anthropologique. « sur le plant théorique, en distinguant avec clarté l’objet propre de l’ethnologue ( étudier l’universel), de celui du moralsite et historien (étudier sa propre société). » Voltaire Parti en guerre contre la notion de sauvagerie (mauvais concept), son apport est important sur le plan de l’histoire culturelle comparée. Il présente des classifications des différentes sociétés conçues dans un esprit de relativisme culturel, sans juger, ni hiérarchiser. Les apports au 18ème siècle des concepts d’évolution et de progrès résultent en parti de cette réflexion voltairienne. Le 18ème siècle est le siècle où le sauvage va devenir un « primitif » c'est-à-dire que le sauvage que l’on découvre très loin va être situé dans une histoire universelle. Le primitif va prendre place sur une échelle parant des sociétés dites « simples » vers les sociétés les plus « complexes ». Les questions qui seront posées ne seront plus : pourquoi le sauvage est-il ce qu’il est ? mais Pourquoi et comment n’a-t-il pas progressé au même rythme que nous ? Ce siècle est porteur du germe évolutionniste qui va fleurir au 19ème siècle. C’est finalement leur état social qui va inscrire les sociétés dans le temps et non dans leur durée réelle. Cette vision évolutionniste nous aide à penser notre propre histoire. Cette vision de la différence de nos sociétés nous rassure dans la mesure où elle confirme notre sentiment de supériorité par rapport aux autres. Pendant longtemps, ces sociétés primitives seront dites sans histoire, comme si elles étaient restées stagnantes. Apports du 18ème siècle : Concept évolutionniste pour expliquer ces différences Le fait humain va devenir un fait social Le sicèle des Lumières va s’emparer du sauvage dans une perspective de se penser elle-même. Fin du 18ème siècle => 1ère véritable société savante d’anthropologie qui tente de vérifier sur le terrain les idées des Lumières : société des observateurs de Se forme alors le couple du voyageur et du philosophe, les uns voyagent, les autres éclairent les réflexions apportées par les voyageurs. Couple pas irréprochable. Cette société organisa, multiplia les missions scientifiques => étude ethnographique. Histoire de l’anthropologie sous ses diverses formes en survolant la 19ème siècle qui est caractérisé par un siècle entre science et idéologie. Multiplications des interrogations sur l’Homme, sur les raisons des différences culturelles. Création de nombreuses sociétés d’ethnologie. 1ère école : L’école évolutionniste en Anthropologie Rappel sur la des naturalistes (théorie de l’évolution de l’espèce de Darwin) va prendre une telle ampleur qu’elle va devenir une véritable idéologie : une espèce naturelle n’est pas fixe, elle est capable de se transformer en une autre espèce. Malthus : Essais sur le principe de population : « trop de monde sur la planète » Cette théorie aura un impact idéologique très important sur la réflexion anthropologique. Ces théories de l’évolutionnisme naturel vont s’inscrire par les thèmes de l’évolutionnisme social. Le processus d’évolution sociale est un processus de complexification (du + simple au + complexe) => ce mouvement représente un progrès. L’évolutionnisme social est une théorie du progrès mais aussi une théorie sur l’inéluctabilité du progrès. (Spencer) =>le progrès n’est pas un accident mais une nécessité, autrement on ne survit pas (= essence même de l’évolution) ce n’est plus seulement l’Homme qui fait partie de la Nature, c’est aussi les sociétés. Les représentants de l’évolutionnisme en anthropologie ont accomplis un travail fondamental dans le devenir de la discipline. Michel Panoff Ethnologue contemporain, ethnologie le 2ème souffle « C’est l’influence des idées évolutionnistes qui a réellement décidé de la naissance de l’anthropologie au 19ème siècle, pour la bonne et simple raison que ces idées ont introduit une perspective cohérente dans le chaos formé par les divers matériaux ramassés les voyageurs et des siècles passés. » La quasi-totalité de ces 1ers anthropologues ont considéré comme acquise la notion d’évolution et de progrès et acceptèrent ces idées aux sans penser à examiner le problème de leur validité. Cette explication est aussi spéculative que la précédente car pas de faits suffisamment pour affirmer que cette diversité culturelle provient de voyages. Progressivement d’explications de types générales à une attitude beaucoup plus limitée qui est celle de commencer à connaître cette diversité qui passe par la description de toutes les cultures. 3ème école : l’école culturaliste en anthropologie avec comme point de départ les Etats-Unis (Franz Boas) A partir de 1920, va apparaître une seconde génération d’anthropologues aux Etats-Unis qui va se distinguer de la précédente, par son approche théorique et par ses terrains de recherches. En effet cette 1ère génération s’était spécialisée sur les amérindiens, la seconde propose de partir sur vers les villes du Pacifique, le projet de cette génération est de récupérer, d’analyser sur ces sociétés primitives avant leurs disparitions. Cet empressement à comprendre, décrire ces sociétés va se prolonger jusqu’à la seconde guerre mondiale. On s’oriente vers l’étude des cultures en voie de disparition. (Ici on assiste on assiste un déplacement de la problématique, on ne cherche plus à s’intéresser à l’unité de l’homme mais plutôt à la description de la diversité.) Les disciplines de Boas vont opérer un rapprochement de l’anthropologie avec la psychologie. Personnalité de base : on peut dire que la vision des cultures reste identiques à celle des différents caractères humains. Cette démarche de rapprochement avec la psychologie, deux élèves : Ruth Benedict & Margaret Mead ; le dénominateur commun de cette école réside donc dans la tentative de caractérisation d’une culture et tentative de saisir influence de cette culture sur la personnalité de ces membres. Cette association va déboucher sur ce concept de personnalité de base, cette question de la personnalité va déboucher sur l’étude du caractère national. Cette école culturaliste insiste donc sur la variété des cultures contrairement aux écoles précédentes et sur l’originalité de chaque culture : elle présente chacune une personnalité propre. Ce qui les intéresse c’est de savoir par quelles transformations des individus à la nature identique finisse par acquérir différents types de personnalité. Le culturalisme : à la pluralité des cultures doit correspondre une pluralité des personnalités. Cette école repose principalement sur deux postulats principaux : Celui de la continuité, il y a une continuité entre les expériences vécues pendant la petite enfance et la personnalité adulte. Façon de penser la culture comme les individus. Les personnalités culturelles résulteraient de l’histoire de leur enfance Celui de l’uniformité : affirme que chaque société est caractérisée par une personnalité propre, correspondance entre une culture et une personnalité. Mécanisme circulaire Ruth Benedict Marquera ethnologie américaine par la publication de échantillons de civilisations : grand succès à l’époque. La réflexion de cet auteur porte d’abord sur la notion de culture, elle rejette toutes formes de déterminisme biologique/écologique pour mettre en évidence le principe du déterminisme culturel. (Ce qui détermine ces sociétés, c’est la culture) Elle dit que la nature humaine est malléable et que finalement, chaque culture apportera des réponses différentes aux problèmes qui se posent aux Hommes. Toutes les sociétés humaines rencontrent les mêmes problèmes, questionnements mais y répondent de façon différente. Le but de l’anthropologie devient de rendre compte de cette diversité de culture, chaque société est une configuration particulière, un assemblage singulier d’éléments culturels qui peuvent se combiner à l’infini. Dans ces conditions, chaque culture est unique et ne peut être jugée, classée selon les termes d’une autre société. Elle va mettre l’accent sur le relativisme culturel : affirmation de la singularité de chaque société, culture. (Opposition de principes universalistes à des principes particularistes) Cette conception va déboucher sur la notion de caractère psychologique appliqué aux cultures. Montrer qu’une culture offre donc une configuration propre, singulière et qu’il n’y a pas d’antagonisme entre une société et les individus qui la compose. La culture fournit à un individu les matériaux à partir desquels, il va construire sa vie. Dans son ouvrage, elle va se livrer à cette expérience dans 3cultures : Société des indiens Zumis : sociétés qui construisent des villages, culture matérielle développée. Société des indiens Kwakiutl : indiens de la Colombie britannique c'est-à-dire nord est des Etats-unis et du Canada ; chasseurs & pêcheurs, ils ont pratiquement disparus. Société des Dobu : population de Mélanésie ; agriculteurs Son analyse s’inspire d’un ouvrage de Nietzsche : l’origine de la…., dans cet ouvrage il oppose deux caractères fondamentaux qui sont d’une part le caractère dionysiaque ( = caractère qui poursuit ses buts sans s’assigner de limites, qui vit dans l’émotion, l’essai, la passion) et d’autre part, le caractère apollonien ( = ne connaît que la loi, la respecte, caractère qui est mesuré, caractère un peu conformiste.) Benedict constate que les indiens Zumis correspondent au type apollonien : c’est une société où les individus sont très cérémonieux, respectueux des règles, sobres, pacifiques. Cette société valorise la tradition. Contrairement à d’autres tribus indiennes, c’est la modération que les caractérise. Modération et maîtrise de soi. Donc distinction avec d’autres tribus indiennes dont le caractère dionysiaque est fortement marqué ; C’est le cas des indiens Kwakiutl dont le caractère dionysiaque est fortement marqué, la violence, le sacrifice, la drogue constitue règles de cette société dans laquelle tout tourne autour de la compétition de la violence, de la recherche du prestige. Tout est objet de se montrer supérieur à l’autre. Ils manifestent leurs sentiments de façon explosive. Une institution qui sera étudié par Benedict c’est celle potlach : mot d’origine indienne qui signifie donner mais don de provocation ; il s’agissait d’offrir à un rival des richesses afin de le défier ; celui qui reçoit ne peut refuser le cadeau. Ces grandes cérémonies se préparaient à l’avance et ce potlach avait comme principale fonction d’exercer un rôle de distribution ou de redistribution des rôles sociaux des individus dans la société (grâce à la bataille des dons), construire une hiérarchie sociale à l’intérieur de cette société. Par la suite avec invasions des occidentaux, institution a survécu comme acte de cérémonies ostentatoires. Les Dobu vivent apparemment sans loi, sans organisation politique, dans le danger permanent. On voit bien à travers ces exemples comment Ruth Benedict tente d’expliquer comment se construit cette personnalité de base et comment chaque culture se caractérise par une certaine personnalité. Ces grandes configurations présentées par elle sont aussi de grandes indications : les caractères dionysiaque et apollonien sont en quelque sorte des stéréotypes. Ces exemples montraient à quel point les occidentaux avaient un mode de vie supérieur à ceux décrits dans le livre de Benedict : moyen constater combien notre société est construite et raisonnable. Margaret Mead Elève de Boas, elle va se spécialiser dès 1925 sur la Polynésie et en particulier travailler dans les îles Samoas. A partir de ces travaux, sa popularité ne va cesser d’augmenter, un des grands leaders du mouvement féministe aux Etats-Unis. Pourquoi ce succès ? => A travers ces écrits d’ethnologie, elle va toujours tenter de résoudre des problèmes contemporains qui se posaient aux Nord-Américains. Elle va orienter son travail vers la façon dont un individu reçoit sa culture, l’intériorise et les conséquences que cela entraîne sur la formation de sa personnalité. C’est donc le processus de transmission culturelle de socialisation de la personnalité qu’elle va décidé de placer au centre de ces réflexions et de ces enquêtes. Une partie de son œuvre sera consacré aux différences entre les sexes dans les sociétés et à la question de la crise de l’adolescence. Dans Mœurs & sexualité en Océanie, elle va s’intéresser à la question des différences entre les sexes et comment ces différences sont institutionnaliser différemment selon les sociétés : montrer que ces différences ne répondent pas à des impératifs biologiques. Montrera à partie de 3cas que ces prétendues personnalités masculines et féminines que l’on pense universelles, n’existe pas tel qu’on les imagine dans toutes les sociétés ; elle va tenter de montrer que relations hommes/femmes ne sont pas partout des relations de domination et de soumission. Arapesh : Vivent dans le nord ouest de la Nvelle Guinée, les hommes sont doux, aimables ; ils ne sont pas entraînés à commander et les jeunes gens ne font preuve d’aucune agressivité. Mundugumor : caractère aux antipodes des autres, l’agressivité et la violence caractère la vie sociale et familiale ; le bébé est accueilli dans un monde hostile. Chambuli : les hommes sont susceptibles, méfiants, individualistes alors que les femmes sont organisées, solidaires donc, il y a une sorte de complémentarité et opposition entre hommes et femmes, les femmes organisent la société et serait par nature ouvertes, entreprenantes. Margaret Mead à la vue de cette analyse conclut que des sociétés géographiquement voisines peuvent se montrer différentes, illustrant ainsi la plasticité de la nature humaine. Les caractères de l’homme et de la femme sont culturellement déterminés. Autre problème : crise de l’adolescence, dans Adolescence à Samoa, elle tente de voir comment dans cette société on passait cette période de la vie, savoir si les troubles dont souffrent les ados des sociétés occidentales sont du à la nature ou à notre civilisation. Au terme d’une analyse de ces jeunes, elle va apporter une réponse catégorique en disant que puberté dans ces sociétés ne s’accompagnent d’aucun trouble spécifique. L’ado de Samoa correspond à une évolution calme et tranquille vers la maturité. Tout ça conduit à penser que crise de l’ado des sociétés occidentales est culturelle, en transformant la culture, la socialisation, on pourrait se dispenser de cette période difficile. Dans les îles Samoa perspective offerte à ces ados ne sont pas multiples, le destin des individus est déjà tracé. Mead dénonce cette contradiction de la société américaine qui est d’imposer des conceptions strictes alors que le tableau de ces ados est celui de la diversité, donc il faut changer l’éducation. Le cas de Mead offre à la suite de bcp d’auteurs un exemple typique de l’exploitation de l’utilisation de l’altérité de l’autre pour mettre en question la société occidentale. Pour un objectif militant, Mead est allée chercher dans sociétés primitives, ce qu’elle avait envie d’y trouver pour intervenir dans sa propre société. Conclusion sur école culturaliste : rôle important sur le plan idéologique et théorique, sur le plan idéologique : la défense du relativisme culturel que l’on peut résumer par : tous les hommes sont égaux mais divers et, toutes les diversités sont égales. donc lutte contre les préjugés racistes, ethnocentriques, sexistes. Période de constitution de l’anthropologie comme discipline : l’école française d’ethnologie La France présente une certaine originalité dans le développement des sciences sociales, c’est principalement en France que naît la sociologie comme discipline scientifique. Cette antériorité dans l’apparition des sciences sociales va entraîner un certain retard dans la fondation de l’ethnologie ; la sociologie dans un 1er temps va occuper tout l’espace de la recherche sur les sociétés humaines. L’ethnologie est alors réduite au statut de branche annexe de la sociologie : en France, la question sociale va dominer la question culturelle, et la distinction entre sociologie et anthropologie est récente. Il faudra attendre les 30’s pour que naisse une école d’ethnologie française. 1ère période époque de l’ethnologie : l’ethnologie des sociologues (19ème siècle jusque 1930’s) La caractéristique de ces chercheurs est qu’ils n’ont jamais fait d’études de terrain. Ces 1ers ethnologues sont des théoriciens qui vont élaborer des théories mais qui n’ont pas travaillés empiriquement sur le terrain. 2ème caractéristique : terme de fonction est au cœur de la réflexion, celui de culture va quant à lui perdre toute la puissance qu’il pouvait avoir dans l’école Nord américaine. La notion de culture va être marginalisé au profit de la notion de société. Sociologues français trop attachés à l’universalisme de la philosophie des Lumières. Notion de culture et de relativisme va disparaître de la pensée des hommes de sciences français qui sont attirés par la recherche et la production de lois universelles du fonctionnement des sociétés. On pourrait dire que c’est une école d’anthropologie sociale plutôt qu’une école d’anthropologie culturelle. Conception très sociale d’analyse des sociétés. Durkheim Durkheim a été le 1er représentant de cette catégorie d’ethnologue/sociologue. Très attiré par l’étude des sociétés primitives même si il en a une conception parfois méprisante. Il considère que la sociologie à la différence de l’ethnographie ne cherche pas à connaître les formes périmées de la civilisation humaine dans le seul but de les connaître mais pour expliquer une réalité actuelle. La pensée de Durkheim est encore imprégnée par un postulat, à savoir que les formes complexes et différenciées des sociétés contemporaines proviennent de formes sociales plus simple dont les peuples primitifs ont conservés des exemples. Les sociétés primitives sont conçues comme « un laboratoire des faits sociaux susceptibles de remplacer l’expérimentation en sociologie. » L’utilisation des sociétés primitives va avoir plusieurs rôles : ces sociétés sont facilement plus analysables et vont servir comme une expérimentation réduite pour comprendre un phénomène. Donc pour lui, l’ethno est un moyen d’utiliser des sociétés différentes pour, après comparaison, établir des lois générales sur la nature sociale de l’Homme. De tous ces travaux, les formes élémentaires de la vie religieuse est son ouvrage le plus ethnologique construit sur des données ethnographiques. Durkheim se considérait comme athée et, était convaincu que le rôle de la religion traditionnelle devait s’affaiblir avec le progrès scientifique. Convaincu de l’importance des croyances collectives (=la conscience collective), pour lui les systèmes de croyances étaient des moyens pour cimenter le groupe sociale. Pour lui, cette conscience collective précède l’individu, s’impose à lui. Pour Durkheim, la religion ne pouvait pas être définie ni par l’existence d’un Dieu transcendant, ni par la croyance au surnaturelle (comme l’avait expliqué taylor). Durkheim va constater que ce qui est commun à tous les systèmes religieux c’est l’existence du sacré c'est-à-dire un espace définie par ces sociétés comme un espace sacré. Cette notion de sacré va être décrite par la notion d’interdit (= qu’on ne peut pas toucher) et va donc s’opposer à la notion de profane. Déf de Durkheim de la religion = > Une religion est un système solidaire de croyances et de pratiques relatives à des choses sacrées c'est-à-dire séparées intérieurement. Le sacré est perçu, pour Durkheim, comme une force impersonnelle et anonyme que nulle ne peut posséder tout entier et dans laquelle tous les individus participent, contribuent à créer cette force. Pour Durkheim =>La seule force réelle qui dépasse les individus qui prend la forme de cette force impersonnelle et anonyme est la Société elle-même. Durkheim voyait dans cette production religieuse un moyen de maintenir la cohésion des sociétés dans son ensemble et donc, la religion est un moyen par lequel les individus se considèrent lié entre eux. Pour Durkheim, la religion est donc une chose évidemment humaine, collective et par delà ces manifestations, ces diverses formes, elle est universelle. La religion est une divinisation de la société par elle-même. Durkheim s’est également intéressé à d’autres questions ethnologiques, tous ces travaux étaient publiés dans l’année sociologique (revue fondée par Durkheim) E cette époque les études ethnologiques étaient faiblement institutionnalisées, peu valorisées et ne résistaient pas ou peu à l’emprise de la sociologie. Le poids du postulat méthodologique qui consistaient à dire que les sociétés primitives étaient antérieurs à la société moderne et donc conçues plus simplement, ils étaient donc logique pour les sociologues d’aller au plus simple vers le plus complexe. Réduction de ces sociétés laissaient penser qu’on pouvait les appréhender dans leur pluralité parce qu’elles étaient plus simples, plus petites. Un des apports de Durkheim a été de montrer l’interdépendance des faits sociaux dans un système. Pour représentants de Durkheim, il était plus facile de parler de faits sociaux tels que la religion à propos de sociétés exotiques que de la religion en France ( cf contexte de l’époque, 3ème république) Marcel Mauss Il va revendiquer émancipation de l’ethnologie. Va surtout déterminer la place de l’ethnologie par rapport à la sociologie Manuel ethnographique Son apport se marque dans 3directions : objectivité, signification et totalité. L’objectivité : mettre en œuvre la sociologie de Durkheim en la nuançant et en la fondant sur le réel, le concret. Il faut partir des faits concrets. La signification : Mauss va effectuer un renversement de perspective. Pour lui, les sociétés primitives ne sont pas plus simples que les sociétés modernes. Il faut comprendre les faits sociaux à partir de leurs usages sociaux, dans leur relation avec l’ensemble du corps social. Certains éléments de la société ne prennent sens que mis en relation avec d’autres. La totalité : la construction de l’objet de connaissance ne doit plus se focaliser sur l’étude es institutions, des mythes…à travers le découpage de la réalité. Ne pas étudier séparément telle institution, il faut au contraire en rendre compte en les reliant à la totalité sociale. Les sociétés primitives pour Mauss sont d’une complexité différente. C’est l’approche fonctionnaliste qui va permettre à Mauss de forger le concept de fait social total. 1er article : dans les variations saisonnières, Mauss montre comment la morphologie du groupe et son organisation sont dans la dépendance de l’écologie. Le changement de saison s’exprime dans la morphologie des sociétés. L’essai sur le Don => Mauss montre que l’échange, les systèmes d’échanges recèle bien d’autres choses que le strict échange auxquels ils s’apparentent. Montre que ces systèmes, ces dons contiennent un principe directeur du fonctionnement social qui est celui de la réciprocité. Principe de réciprocité : ces échanges, dons sont apparemment gratuits, n’ont pas de significations éco, mais servent à éviter l’hostilité entre les différents groupes sociaux. Qu’est-ce qui pousse les individus à devoir accepter un don et de se sentir, par la suite, obligé de le rendre ? D’autres chercheurs => ethnologie des praticiens Issus de la recherche sur le terrain L’école anthropologique britannique : le fonctionnalisme en anthropologie 1er représentant de cette école à été l’autrichien polonais Bronislaw Malinowski : un des grands anthropologues du début du 20ème siècle. Va venir en Angleterre en 1910 (rappel : à cette époque principalement l’évolutionnisme mais aussi présence de la sociologie de Durkheim et, la psychanalyse de Freud.) Avec lui, le projet de l’anthropologie va être modifié : il ne s’agit plus de savoir comment l’espèce humaine à évolué, ni d’expliquer la diversité des cultures & des sociétés, mais de trouver l’explication de la société en elle-même c'est-à-dire retrouver la cohérence structurelle et fonctionnelle de la société. La connaissance des sociétés primitives va constituée une finalité en soi. Lorsqu’il arrive en Angleterre pour étudier l’anthropologie, on va l’envoyer faire des études en 1914 en Nouvelle Guinée. Il va se faire arrêter dans ce pays (contexte de l’époque), parvient à convaincre les autorités de le laisser seul pendant la guerre dans un archipel : l’archipel des trop C’est grâce à ce hasard qu’on à la première étude où un ethnologue reste longtemps sur le terrain. Observation participante. L’œuvre de Malinowski est très importante. Au départ son premier travail va porter sur la famille conjugale dans les sociétés primitives : existe-t-elle ou pas ? Son 2ème travail qui résulte de sa présence sur le terrain, en 1916 : Baroma ou les esprits de la mort dans les îles Trobriand Dans son expérience de terrain, il va constater que pour les Trobriandais, ils existent deux types d’esprits : le 1er qui est la forme principale et durable de l’esprit du mort : Baloma ; le 2ème, Kosi qui est un esprit séjournant dans « l’île des morts » et dont la fonction principale est de faire peur aux vivants. Son grand ouvrage : les Argonautes du Pacifique occidentale, 1922 Un des grands travails de l’ethnologie. Sujet porte sur une sorte de grande expédition qui existe entre différentes tribus du sud-est de la Nouvelle Guinée. Ces grandes expéditions s’appellent la/le Kula => la Kula est une forme d’échange intertribale de grandes envergures, elle s’effectue entre des archipels dont la disposition en cercle constitue un circuit fermé. Dans ces expéditions, deux sortes d’articles circulent sans cesse dans des directions opposées : le 1er est un long collier en coquillages et le 2ème qui est composé de bracelets blancs. Ils se rencontrent et s’échangent constamment. Ces objets ne quittent jamais l’itinéraire Kula, ils mettrent entre 2 et 10ans pour accomplir la boucle totale. Ces objets ne peuvent pas être appropriés par des individus, restent toujours des biens collectifs même si l’échange est individuel. Ils peuvent apporter une sorte de prestige à ceux qui les reçoivent et à ceux qui les échangent : un individu dans le circuit peut accumuler un certain nombre de biens Kula qui va lui donner du prestige. Ce système d’échange ne peut pas être qualifié de commerciale, c’est purement symbolique. L’auteur va montrer que cette histoire d’échange mobilise la totalité de la société : tout tourne autour de cette institution. A quoi sert cette histoire, cette institution qui est purement symbolique ? L’auteur dit qu’elle sert principalement à éviter la guerre entre les différentes tribus et c’est par cet échange, que la société Trobriandaise forge son identité. Il va écrire aussi un autre ouvrage : les jardins de corail => porte sur une tentative de définition sur ce que peut être l’économie dans une société primitive. Dans l’hypothèse des ethnologues de cette époque, l’analyse de l’économie des sociétés primitives pouvait s’apparenter à un communisme primitif => pas de propriétés privées, pas de possibilités de développement capitaliste. Or Malinowski va démontrer qu’il existe dans ces sociétés la notion de propriété privée et que, la société trobriandaise était tout à fait capable de produire des surplus économique car il a constaté, par ex, que certaines tribus étaient capables de laisser pourrir des fruits, etc.… Montre aussi le rôle du chef de tribu : c’est lui qui est chargé d’assurer la redistribution des impôts (fruits, etc.…) Deux essais : Le mythe dans la psychologie primitive et sexe et répression dans la société primitive Il va définir sa position vis-à-vis du travail de Freud. Rappel : à partir de 1910, Freud va tenter d’expliquer l’homme social, individuel. Deux postulats à la base de l’analyse de la société chez Freud : pour lui, l’humanité est un être collectif qui à une existence propre, les rituels, les mœurs sont l’homologue des névroses, des refoulement de l’individu ; et, les phénomènes qui étaient conscients dans la société à son origine sont devenus inconscients dans les sociétés contemporaines. Théorie de Freud est-elle applicable à la société Trobriandaise ? Comment le complexe d’oedipe se manifeste-t-il dans une société comme les Trobriandaise ? (Société matrilinéaire du point de vue de la structure familiale) On peut dire que la conception de la reproduction dans société Trobriandaise est la suivante : un enfant est conçu lorsque deux éléments s’unissent : le sang de la mère et surtout, l’intervention d’un esprit défunt de la mère. C’est en quelque sorte, la femme qui conçoit seule l’enfant, il lui appartient strictement, mais aussi aux frères de la mère. L’individu que l’on craint dans cette société c’est le frère de la mère c'est-à-dire l’oncle maternel. Malinowski va conclure que le complexe d’oedipe est à la fois universel mais transformé, modifié parce que cette « haine » du père est transférée sur l’oncle. Au centre de cette ouvrage, la notion de fonction qui est assez mal définie. On peut dire que la notion de fonction varie d’un sens organiciste à un sens symbolique => hésitation sur la définition de la notion, ce qui traduit une explication assez simpliste qui dit finalement que rien dans une société existe sans remplir une fonction déterminée. Ces apports : le rôle du terrain comme laboratoire indispensable à l’ethnologue. Exigence de totalité dans l’analyse des sociétés primitives. Le fonctionnalisme de Malinowski sera poursuivit par une école britannique qui va le rendre plus pertinent. Fonctionnalisme de Malinowski proche du culturalisme. (Chaque courant que nous avons vu traduit la construction, la progression de l’anthropologie en tant que recherche d’explication sur la présence de l’autre, comment expliquer cette présence ?) Le culturalisme français avec Levi-Strauss Levi Strauss : l’anthropologue le plus connu aujourd’hui dans le monde mais aussi le plus difficile. Il doit sa célébrité à sa réflexion théorique. Né en 1908. Il s’est intéressé à l’ethnologie et en 1934, un enseignant de l’école durkheimienne lui propose un mémoire de philosophie sur Marx et un poste au Brésil : il va donc au Brésil en 1935 où il va y rester jusqu’en 1938. C’est au Brésil qu’il va réaliser ces premières enquêtes ethnographiques et c’est ce premier voyage qui sera repris dans Tristes Tropiques. En 1939, il va partir aux Etats-Unis (guerre), ce qui va lui permettre de rencontrer un linguiste structurale, Roman Jakobson. Levi-Strauss va trouver dans la méthode de la linguistique structurale un modèle applicable à l’analyse des faits humains. Il va donc s’inspirer de ce modèle pour élaborer une nouvelle école anthropologique qui visera essentiellement à découvrir les ressorts mentaux qui donnent formes à la société et à la culture. Quelles sont les grandes caractéristiques de son œuvre ? Avec Lévi-Strauss, on revient d’une certaine façon au projet fondamental que les premiers anthropologues avaient donné à cette discipline (= retrouver l’unité de l’homme sous la diversité qu’il recouvre), il va chercher à formuler une explication de portée beaucoup plus générale Levi- Strauss va devoir rejeter toutes les enquêtes théoriques de l’anthropologie et proposer une nouvelle forme d’interprétation qui sera celle du sens : quelles significations peut-on trouver dans cette diversité ? L’originalité de sa réponse va donc de récuser plutôt que d’opposer nature humaine et variété culturelle. Il va s’attacher à montrer que l’une sous-tend l’autre comme une structure abstraite gouvernant, organisant des manifestations complexes et variées : c’est ce que l’Homme possède de la nature qui explique les variations de son existence, de ses formes d’expressions. Il va tenter de montrer que la différence correspond, est produit par la Nature humaine. Ce qui est naturel à l’Homme c’est d’être différent. Pour réaliser ce projet, il va mettre en place une méthodologie qui sera celle de la mise en évidence des invariances culturelles = choses que l’on retrouve dans toutes les sociétés, et si on les retrouve dans toutes les sociétés c’est qu’elles renvoient à la nature et sont universelles. Les principes généraux de la méthode structurale en anthropologie : à la base de cette méthode, il y a l’unité fondamentale de l’esprit humain. Exemple du jeu de cartes : l’ensemble de l’humanité serait comme un jeu de cartes ; il y a des règles mais néanmoins chaque distribution de cartes qui correspond à une société, les hommes doivent faire avec ce qu’ils reçoivent. Pourquoi le modèle linguistique a-t-il influencé Lévi-Strauss ? La langue est un phénomène social qui est apparu très tôt dans l’histoire du développement humain. Presque toutes les pratiques linguistiques se situent au niveau de la pensée inconsciente. Une langue est également une sélection de son réalisé inconsciemment par les sociétés. Les linguistes structuraux vont se dire qu’on ne peut pas expliquer ce phénomène si on cherche à reconstruire la généalogie des mots, des sons. Pour faire une étude scientifique de la langue, il faut la considérer comme un système autonome sans, l’expliquer avec d’autres systèmes, dimensions = on peut étudier une langue à partir d’elle-même. Il faut étudier le langage en lui-même avant de considérer ces rapports avec d’autres systèmes (historiques, sociologiques, etc.) Pour les linguistes, la parole, les manifestations perceptibles du langage doivent être décomposés en nombre finis d’éléments minimaux : les phonèmes. Entre le niveau linguistique et anthropologique, il y a une différence. Ce que Lévi-Strauss va retenir : on peut étudier l’Homme à partir des différents systèmes qui le compose, comme un ensemble de systèmes. Les structures élémentaires de la parenté : Les systèmes de parenté se présentent sous des formes diverses, variés. Lévi-Strauss va se proposer de dégager un petit nombre de principes simples et universelles susceptibles de révéler le sens qu’on peut trouver dans ces diverses solutions retenues par telle ou telle société. Sa démarche sera de dire que la famille biologique constitue le point de départ à partir duquel les systèmes de parenté sont élaborés. Pour qu’il y ait système de parenté, il faut l’union de deux individus. Il va ajouter ce qui lui confère son caractère de fait social : ce n’est pas ce que la parenté doit conserver de la nature (l’union) mais c’est ce qui va l’en séparer. Lévi-Strauss va se mettre à la tâche d’examiner l’ensemble des systèmes de parenté qu’il a pu identifier dans le monde. Qu’est-ce que je retrouve de permanent dans cette forme de parenté dans le monde ? Dans tous les systèmes de parenté, il y a quelque chose d’universelle, qui relève de la nature, c’est la prohibition de l’inceste. Si il y prohibition de l’inceste, c’est parce qu’il n’y pas de désir de l’autre proche, on a pas envie physiologiquement de se reproduire avec l’autre. Cette règle prend donc sur une donnée de nature (union d’un homme et d’une femme) mais cette règle va constituer la règle fondamentale par laquelle les sociétés humaines vont progressivement se séparer de la nature pour construire de la culture, du social. L’existence de cette règle montre que l’initiative de l’union est retirée aux membres de groupe co-sanguins, ce qui veut dire qu’elle est conférée à un autre groupe social c'est-à-dire que si on s’interdit un certain nombre de femmes de son groupe co-sanguin, on doit aller en chercher ailleurs, se marier en dehors de son groupe : règle d’exogamie. La prohibition de l’inceste au niveau social, contraint l’individu à un échange et donc par conséquent, construction d’un lien social. Ce sont les femmes le plus souvent qui circulent entre les groupes d’hommes. Cet échange se concrétise à partir des femmes qui symbolisent en quelque sorte le bien le plus précieux de l’Humanité. Lévi-Strauss fait donc un constat universel, il recherche le sens de cette prohibition de l’inceste (échange est l’élément essentiel de cette prohibition). L’atome de parenté est l’élément à partir duquel on peut reconstruire la diversité des systèmes de parenté. Le structuralisme parvient à résoudre le paradoxe initial de l’anthropologie : levi-strauss a concilier et résoudre le paradoxe