Christiane Gaudreault et Hélène Lemieux, Éthique et poltique,cégep de Jonquière, A-05 Cours 10
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B. La notion d’aliénation
Les sociétés de classes et en particulier le capitalisme sont aussi, selon Marx, à
l’origine de l’aliénation de l’homme. Un projet de société juste exigerait qu’on
mette fin à l’aliénation en instaurant une société socialiste.
L’aliénation est un concept important de l’analyse marxiste. Il signifie le fait que
les activités humaines n’ont pas leur but en elles-mêmes, ne visent pas
l’accomplissement de soi, mais sont soumises aux exigences d’un pouvoir
étranger. En ce sens, l’aliénation empêche l’être humain d’être véritablement
autonome, de disposer de lui-même, de fixer ses propres fins.
L’aliénation dans un système capitaliste se vit d’abord au travail. Or pour Marx,
c’est principalement par le travail que l’homme devrait se définir et se réaliser.
Dans le capitalisme, où les moyens de production ne lui appartiennent pas,
l’ouvrier ne fait que vendre sa force de travail. Il devient lui-même une machine
au service des capitalistes. Ce travail le déshumanise.
Dans son travail, l’ouvrier ne s’affirme pas, mais se nie; il ne s’y sent
pas satisfait, mais malheureux; il n’y déploie pas une libre énergie
physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit.
(…) Le travail de l’ouvrier n’est pas volontaire, mais contraint.
Travail forcé, il n’est pas la satisfaction d’un besoin, mais seulement
un moyen de satisfaire des besoins en dehors du travail.
Afin de mettre un terme à cette aliénation économique, il faut redonner aux
producteurs le contrôle de leur travail et ceci ne peut se faire sans le socialisme,
qui remettra entre leurs mains la propriété des moyens de production.
C. Le rôle de l’État
Cette aliénation a aussi un pendant politique. Les membres d’une société
capitaliste vivent, selon Marx, dans l’illusion que l’État est un appareil neutre au
service de toute la communauté. L’État se présente comme un arbitre, capable de
résoudre de façon équitable les oppositions que la lutte des classes fait naître.
Mais cette image est aussi une aliénation parce qu’elle est fausse. En réalité nous
dit Marx, l’État est toujours un instrument au service de la classe dominante. La
classe capitaliste, qui domine sur le plan économique, s’empare de l’État afin de
maintenir ses privilèges. Le gouvernement moderne, dit Marx, n’est qu’un comité
qui gère les affaires de la classe bourgeoise tout entière.
MARX, Économie et philosophie, (Manuscrits de 1844), dans Œuvres, (Économie), t.2, Collection La
Pléiade, Gallimard, Paris,p.60.
MARX, Ket F ENGELS, Manifeste du parti communiste, collection 10-18, Paris1962, p.22