partie 3 : la regulation economique et sociale

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PARTIE 3 : LA REGULATION ECONOMIQUE ET SOCIALE.
3. A.
LE MARCHE : SON INSTITUTIONNALISATION ET SON
FONCTIONNEMENT.
3.A. 1 L’analyse de Polanyi
§1. L'on voudrait donc donner ici à entendre les concepts fondamentaux de l'école
polanyienne, les illustrations qu'ils ont reçues, les réserves qu'ils appellent. L'idée centrale est
que, dans les sociétés non marchandes qui couvraient la planète jusqu'au XIXe siècle,
l'économie était « embedded », enchâssée dans les relations sociales ; que les comportements
économiques répondaient à des motivations plutôt sociales (conservation et reproduction des
statuts) qu'économiques (satisfaction des besoins matériels). L'Europe du xrxe siècle a libéré
l'économie du contexte social et idéologique et amorcé un processus par lequel les facteurs
économiques en sont venus à dominer la société : l'économie y est disembedded s, coupée des
relations sociales et elle peut être analysée comme une instance autonome. La théorie
économique élaborée depuis le XVIIIe siècle convient donc aux économies de marché
contemporaines ; elle ne peut être appliquée aux sociétés non marchandes qui exigent, par
conséquent, un jeu de concepts spéciaux. Polanyi pose comme antinomiques les termes de
trade et market. Dans le système de l'économie du marché, la vocation de l'économie est le
profit, mesurable en prix, lesquels sont exprimés en monnaie_ Les moyens de production, la
terre, le travail, sont des marchandises subordonnées aux lois du marché. Le marché, autorégulateur, en vient à modifier les conditions de la production, à la ville comme à la
campagne, et à contrôler les termes de l'échange. Anthropologie économique et histoire. Lucette
Valensi Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, Année 1974, Volume 29, Numéro 6 p. 1311 - 1319
§ 2. L'histoire de l'économie menée par selon Karl Polanyi montre que le marché n'est pas un
ordre naturel, spontanément auto-engendré, mais un ordre construit en étroite symbiose avec
l'ordre politique et étatique, et en grande partie par lui. Le système de marché généralisé n'a
pas existé en tous lieux et à toutes époques : il n'est pas la norme générale des échanges
économiques, mais plutôt une exception historique. Ailleurs, antérieurement, il existe des
enclaves marchandes, des « ports de commerce », des marchés saisonniers plus ou moins
interstitiels, des foires, mais pas de véritable économie de marché. L'économie, pourtant, y
existe bien : il y a production et circulation des moyens matériels de satisfaire les besoins.
L'économie n'est toutefois pas organisée et structurée par le marché à prix variables. Plus
généralement, il ne faut pas identifier commerce et marché. Ce qui est en effet à peu près
aussi vieux que l'humanité, c'est la pratique du commerce. Mais celui-ci, loin de s'organiser
nécessairement et toujours sur le modèle du marchandage et de l'achat et de la vente, obéit en
fait le plus souvent à la logique de la réciprocité - c'est-à-dire du don/contre-don, que Marcel
Mauss a étudié dans l'Essai sur le don (1920) -, ou de la redistribution patrimoniale ou
étatique. Le commerce peut être commerce par dons, commerce administré ou commerce de
marché.
Le cadre conceptuel élaboré montre que dans les sociétés préindustrielles, le système
économique n'apparaît être qu'une simple fonction de l'organisation sociale. Ces sociétés, non
réglées par le marché, sont intégrées selon différentes formes institutionnelles[4]. D'après
Polanyi, l'échange marchand n'est en fait resté jusqu'au 19e siècle "qu'un trait secondaire de la
vie économique" (Polanyi, [1983, p. 72]), le système économique étant submergé et absorbé
dans les relations sociales. Or, pour que l'échange marchand ait un effet intégratif sur la
société, il est nécessaire que la structure institutionnelle soit le marché autorégulateur. C'est au
mécanisme des prix que revient la tâche d'assurer l'ordre dans la production et dans la
distribution des biens. Dans cette perspective, la relation entre l'échange marchand et les
institutions le supportant impose de liquider les règles sociales et les institutions qui
contraignent la définition de tout produit comme marchandise. Dans ce modèle institutionnel,
les relations sociales passent sous le diktat des forces économiques et la sphère de l'économie
se sépare et se différencie de la société, qui devient soumise au marché, "un appendice du
système économique" (Polanyi, [1983, p. 111]). Granovetter L'échange marchand réenchanté: du marché autorégulé
aux marchés encastrés Par Sébastien Plociniczak
§ 3. L'avènement de l'économie de marché suppose l'autorégulation du système économique,
i.e. : a) les quantités produites et vendues sont réglées par les prix ; b) tous les biens (et
services) utiles à la production se trouvent sur le marché, y compris le travail, la terre et la
monnaie ; c) l'État ne doit pas intervenir dans les affaires économiques. Sur ces trois points,
on assiste donc à un complet bouleversement de la société à partir de la dernière décennie du
XVIIIe siècle.
Les conséquences.
1) rationalité
Sur la place du marché, c’est évident, nous sommes des individus-indivisés qui, enfermés en
eux-mêmes, ont pour tâche de défendre leurs intérêts personnels, individuels: c’est en vue de
ceux-ci que nous agissons en tant qu’“agents” (économiques). Sur cette place, nous estimons
que nous sommes libres de nos choix: rationnels, ils s’effectueraient à la suite de décisions
elles aussi rationnelles et cela même si l’on reconnaît que notre raison est “limitée” (Simon),
que ses effets sont parfois “pervers” (Boudon), et que notre temps se passe plutôt à “éviter les
gaffes”, comme nous l’avait rappelé Gellner (1975).
2) rareté
Optimisation, maître mot de notre économie, nous paraît évident. Mais: l’est-il? Optimiser,
rentabiliser, cela est indispensable lorsqu’on pense que nos ressources sont toujours rares par
rapport non pas à nos besoins, qui sont en fait ou peuvent être bien limités, mais à nos désirs,
infinis d’après nous. C’est donc l’infini de nos désirs qui conduit au postulat de la rareté de
nos ressources. Si la rareté est pour nous une évidence, elle relève en fait d’une mise en forme
de la société parmi d’autres possibles. D’où le paradoxe: nous, qui sommes parmi les peuples
les plus riches, nous disposons de moyens toujours insuffisants par rapport à nos fins et
vivons donc dans la “rareté”, alors que les populations nomades, décrites par l’anthropologue
Sahlins, vivent –comme il dit– dans “l’abondance”: chez elles en effet, contrairement à ce qui
arrive chez nous, les moyens, qui ne sont pas bien importants, correspondent cependant à des
fins, elles aussi limitées. L’on comprend ainsi la pertinence de l’opposition établie par
Salhins: abondance (eux) contre rareté (nous) (Sahlins, 1976).
3) Intérêt.
L’intérêt économique de l’individu l’emporte rarement, car la communauté évite à tous ses membres de mourir de faim, sauf
si la catastrophe l’accable elle-même, auquel cas ce n’est pas individuellement que les intérêts sont menacés. D’autre part, le
maintien des liens entre les membres est essentiel. D’abord, parce que, s’il n’observe pas le code admis de l’honneur ou de la
générosité, l’individu se coupe de la communauté et devient un paria; ensuite, parce que toutes les obligations, étant à long
terme réciproques, c’est en les observant que l’individu sert également au mieux ses intérêts “donnant donnant”.
Dans l’Essai sur le don, (1923) Mauss retranscrit le texte du Sage Rainipiri, informateur de
l’anthropologue Best qui, au début du siècle, avait étudié les Maori, tribu nomade de la
Nouvelle-Zélande. Dans ce texte, le Sage Maori explique le mot “hau”, dans le cadre de
l’échange de réciprocité: «Tu me donnes en cadeau un objet précieux -taonga- et moi je le
donne à mon tour à une tierce personne”... “Et le temps passe et passe, et cette troisième
personne décide de me donner quelque chose en retour. Or, ce taonga qu’elle me donne est le
hau du taonga que j’ai reçu de toi. Il faut donc que je te le restitue, sous peine de mort». Et
Mauss de commenter:
«Ce texte, étonnamment clair, n’offre qu’une obscurité, l’intervention d’une tierce personne.
Mais pour bien comprendre, il suffit de dire: les “taonga” –les biens– ont un “hau”, un
pouvoir spirituel, qui les pousse à revenir au foyer d’origine». Pour Mauss, le hau représente
l’“Esprit” du donateur, resté dans la chose donnée qui, selon lui, en impose le “retour”. Marie L.
Pellegrin-Rescia Docteur d'état en Anthropologie sociale (Lyon III et Paris V-Sorbonne)
§1:
§ 2.
Relevez les idées générales.
En quoi la première phrase soulignée est une critique de la théorie néo-classique ?
En quoi la deuxième phrase soulignée reprend-elle l’idée du § 1 ?
Donnez des exemples précis de l’économie embedded déjà vus en classe.
Quelles sont les conséquences du désencastrement de l’économie ?
§ 3.
Montrez en quoi la rationalité est une nécessité de l’économie de marché ?
Expliquez la phrase soulignée.
Quel intérêt prime entre celui de l’individu et celui de la société en fonction des
deux types de société ici exposées ?
Pourquoi existe-t-il du don-contre-don dans les sociétés primitives ? Pourquoi cela
n’existe plus dans l’économie moderne ?
A quelles occasions cela existe-t-il encore dans nos économies ?
1. A. 2. Qu’est-ce que l’institutionnalisation du marché ? En Moldavie, le trafic
d'organes prospère sur fond d'exploitation de la misère LE MONDE | 25.03.04 | 17h11
Mirel Bran
Pour changer de vie, Sergiu, 23 ans, a accepté de vendre
l'un de ses reins. Des réseaux, liés à des cliniques turques, fournissent le marché des transplantations en Israël et en Occident.
Chisinau de notre envoyé spécial Sergiu Axenti serre contre lui son saxophone. Cet instrument, dont il rêvait depuis
l'enfance, lui a coûté un rein. "J'avais 23 ans, j'étais marié depuis un an et ma vie était déjà finie, lance-t-il.
J'avais entendu beaucoup d'histoires sur les Moldaves qui vendent un rein en Turquie. J'ai des amis qui l'ont fait, mais ils se
sont fait avoir. J'ai décidé de le faire moi aussi, mais à ma manière." A Edinet, petite ville située dans le nord de la Moldavie,
la vente d'un rein pour une poignée de dollars n'est pas un acte extraordinaire. Enclavée entre la Roumanie et l'Ukraine, la
Moldavie est devenue le principal fournisseur d'un commerce aussi sordide que lucratif : le trafic d'organes qui relie cette
ancienne république soviétique à Israël et aux pays occidentaux via la Turquie. A 23 ans, la vie de Sergiu, comme celle de
beaucoup de jeunes Moldaves, était dans une impasse. Enfant, il a erré d'un groupe de musique à un autre avant d'échouer au
collège musical Stefan-Neaga où il a commencé à étudier la clarinette. Au terme de sa première année, il est renvoyé pour
cause d'absences répétées. "Je devais aller jouer dans des mariages pour payer mon loyer à Edinet, raconte-t-il. Ma mère
vivait dans un petit village où elle ne gagnait rien et mon père nous a quittés lorsque j'avais 3 mois." Le
jeune Moldave fait ses bagages et prend la route de la Roumanie voisine. "C'était dur, mais j'ai survécu une année à Giurgiu,
dans le sud de la Roumanie, sur les rives du Danube, se souvient-il. Je me suis fait des amis parmi les musiciens roumains et
turcs que j'ai rencontrés."
Des contacts lui permettent de contourner les réseaux de trafic d'organes en Moldavie. "Ce n'est pas un bon plan de faire
appel aux Moldaves pour vendre un rein, explique-t-il. Tu es payé en moyenne 3 000 dollars, le reste va à ceux qui organisent
l'opération. Je me suis dit que si je devais me séparer de mon rein, il fallait en tirer le meilleur prix." Il se rend alors
directement à la source, en Turquie. "J'ai contacté un ami turc qui a tout arrangé à Istanbul", avoue-t-il. "J'y suis arrivé fin
août 2003, précise-t-il. Le soir même, on m'a conduit dans une clinique où on m'a fait un scanner et un tas d'analyses. Le
lendemain, j'ai signé des papiers où je donnais mon accord pour la transplantation de mon rein à Razi, un Israélien âgé de 24
ans. J'ai été hospitalisé à 16 heures et l'opération a eu lieu à 21 heures." Depuis la fin des années 1990, les cliniques privées
turques sont devenues une plaque tournante du trafic de reins moldaves. Je suis resté à l'hôpital une semaine, le temps de
récupérer après l'opération, continue Sergiu. Les parents de Razi ont été très gentils avec moi. Ils m'ont rendu visite et m'ont
offert une veste toute neuve. Ils m'ont versé 10 000 dollars pour mon rein. Une fortune, n'est-ce pas ?" Certes, comparé à 3
000 dollars, le prix moyen à la bourse moldave du trafic d'organes, 10 000 dollars est un véritable pactole.
FÊTE DE MARIAGE
"J'ai mis l'argent dans mes baskets et j'ai pris l'avion pour la Moldavie, dit Sergiu. Quand je suis arrivé à Edinet, ma femme,
qui n'était pas au courant de mon aventure, s'est évanouie deux fois. D'abord, parce que j'avais un rein en moins. Ensuite,
lorsque j'ai jeté les 10 000 dollars sur notre lit. Elle n'avait jamais vu autant d'argent de sa vie." L'argent a servi à acheter un
appartement à Edinet et surtout un saxophone et autres accessoires musicaux. Pour Sergiu, le rêve de sa vie s'est accompli.
Un rein de moins et un saxophone de plus a été pour lui une véritable victoire. "J'ai pu aussi me payer une vraie fête de
mariage avec Tania, ma femme, ajoute-t-il. Elle est tombée enceinte, depuis, et ma vie a pris un autre cours." Sergiu s'est
installé dans cette nouvelle vie de musicien. Remarqué par les membres d'une association française alors qu'il jouait dans un
bar à Edinet, il se voit proposer un voyage en France. "Je suis allé à Charleville, à Amiens et dans d'autres villes dont je ne
me rappelle
plus les noms, déclare-t-il. De mars à juin, je serai de nouveau en France pour des concerts destinés aux
personnes âgées et handicapées. A Edinet aussi, je connais le succès. Je fais beaucoup de mariages et gagne bien ma vie.
Maintenant je suis une petite vedette locale. Mon rêve est de mettre en place un vrai studio de musique." Sergiu met pourtant
un bémol à sa "success story". "Ma mère a été choquée quand elle a découvert ma cicatrice, avoue-t-il. Je ne lui avais rien dit
mais elle a tout de suite compris. Début mars, elle est partie en Italie où elle compte travailler au noir pendant cinq ans. Elle
veut économiser pour acheter un rein et me le remettre. Je n'ai rien pu faire pour l'en empêcher. Elle n'a que moi."
Sergiu colle ses lèvres sur son saxophone. Il ferme les yeux mais ne joue pas. "Savez-vous pourquoi je pleure ?, interroge-t-il.
Je suis heureux d'être encore ici. Depuis que j'ai vendu mon rein, j'ai compris combien la vie était précieuse. Je ne regrette pas
de l'avoir fait. Razi, le jeune Israélien qui l'a reçu, ne pouvait se déplacer qu'en fauteuil roulant. Maintenant, grâce à mon rein,
il marche. Au moins j'ai l'impression d'avoir sauvé une vie. Mais j'ai peur pour la mienne. Souvent j'ai peur de m'endormir car
j'ai l'impression que je suis encore sur la table d'opération et que je ne vais plus me réveiller. Oui, pour moi, vivre, c'est
quelque chose de très urgent."
QUESTIONS. Peut-on dire qu’il y a eu marchandisation du corps ? Quel a été le
mobile de l’acte ? Quels sont les bénéficiaires de l’acte ? Quelles sont les
conséquences ? Que savez-vous de la législation française en ce domaine ? Pourquoi
est-elle différente ? Quel est le métier qui s’apparente à cet acte ? Est-ce la
même action ?
Statut de la mère porteuse.
Rémunérée
Non Rémunérée
Libre Droit à
l’avortement
Droit conditionnel à
l’avortement
Libre suivi médical
Suivi médical
contrôlé
Droit de visite après
l’accouchement
Aucun droit de visite
après
l’accouchement
Accord donné par la
mère porteuse après
l’accouchement
Jeu de rôle.
Le but est de déterminer un texte de loi
sur les mères porteuses. L’objectif est
de s’interroger sur la marchandisation
possible ou souhaitable du corps
humain.
Deux cas :
1) Soit vous refusez de légiférer
sur les mères porteuses. Dans ce
cas il faut rédiger les attendus
de la Loi expliquant pourquoi
vous refusez de légiférer. Il faut
prendre en compte le couple
demandeur et la mère porteuse.
2) Soit vous acceptez de légiférer
sur les mères porteuses. Dans ce
cas vous remplissez le tableau
ci-après et vous rédigez les
attendus de la LOI en prenant
en compte les cases que vous
avez cochées.
Déroulement du jeu :
Le hasard déterminera si vous êtes :
Pas de possibilité de
mettre fin au contrat
Couple demandeur ayant grand désir
d’enfant et recherchant mère porteuse,
Mère porteuse désirant ou pas être
rémunérée,
Représentant de l’église Catholique ou
autre Eglise,
Représentante du mouvement des
femmes.
Devoir de conduite
irréprochable
pendant la maternité
( ne pas fumer, ne
T1 : 10 minutes de réflexion
individuelle pour penser votre
argumentation.
Aucun accord
demandé
Possibilité de mettre
fin au contrat
T2 : discussion et rédaction.
Si vous ne vous mettez pas d’accord,
vous rédigerez un texte présentant vos
pas boire, et pire
encore…)
Liberté de mener sa
gestation à sa guise
QUESTIONS. Peut-on dire qu’il y a eu marchandisation du corps ? Quel a été le
mobile de l’acte ? Quels sont les bénéficiaires de l’acte ? Quelles sont les
conséquences ? Que savez-vous de la législation française en ce domaine ? Pourquoi
est-elle différente ? Quel est le métier qui s’apparente à cet acte ? Est-ce la
même action ?
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