l` age d`or de l`inde classique : l`empire des gupta au iv et v

L’ AGE D’OR DE L’INDE CLASSIQUE : L’EMPIRE DES GUPTA AU IV ET V SIECLE
C’est une approche personnelle de cette période, petite mise au point scientifique. C’est une boite à idées pour
découvrir, donner envie d’approfondir.
Bibliographie
Ouvrages généraux
M. Angot, L’Inde classique. Paris, les Belles Lettres, 2002.
M. Boivin, L’histoire de l’Inde, Paris, PUF, 2005, QSJ
J. Dupuis, Histoire de l’Inde, des origines à la fin du XX siècle, Kailas, 2005
A. Basham, La civilisation de l’Inde classique, Paris, Arthaud, 1988
L. Renou, L’Inde classique, manuel des études indiennes, Paris, 1985
L. Frederic, Dictionnaire de la civilisation indienne, Bouquins, Laffont, 1987
A. Danielou, Histoire de l’Inde, Fayard, 1971
J. Auboyer, La vie quotidienne dans l’Inde ancienne : du IIe s avant J.-C.- VIIe siècle. Paris, Hachette, 1961.
L. Renou, Filliozat, Jean, L’Inde classique. Tome premier. Paris, Maisonneuve, 1985.
Ouvrages spécifiques
M. Biardeau, L’Hindouisme. Anthropologie d’une civilisation, Paris, Flammarion, 1981
J. Filliozat, Les philosophes de l’Inde, Paris, PUF, QSJ, 1970
Okada, Amina ; Zéphyr Thierry, L’âge d’or de l’Inde classique. Paris, Gallimard, Réunion des Musées Nationaux,
2007.
Pathak, Haldhar, Cultural history of the Gupta period. Delhi, Bharatiya, 1978.
Sharma, Tej Ram, A political history of the imperial Guptas, from Gupta to Skandagupta. New-Delhi, Concept
publ. Co., 1989.
O. Vallet, Spiritualités indiennes, Gallimard, 1999
L. Renou, L’hindouisme, QSJ, n°475, réed 2000
Objectifs du programme
Connaissances : . Organisation de la dynastie
. Gros plan sur l’art d’inspiration hindou et bouddhiste qui est cultuel et codifié.
Capacités : . Connaître et identifier les repères suivants : IV-V siécle
. Raconter un mythe hindou ou décrire un site
Démarche : étude d’un site ou d’un mythe
Les sources disponibles
- Travaux archéologiques de Munish Chandra Joshi, decedé en 2007 qui mena des recherches sur les sites très
divers . Grande connaissance des techniques de construction ainsi que de l’histoire des monuments.
- Les Puranas, textes d’obédience brahmanique comportant des informations d’ordre historique mentionnent les
Gupta sans apporter de grandes précisions.
- Les œuvres littéraires de Kâlidâsa, grand poète de l’époque gupta.
- Mémoires sur le pays bouddhiste de Fa-Hien a été le premier à effectuer un pèlerinage en Inde. Sa visite, qui a
duré environ seize ans, de 399 à 414, a été racontée en détail.
- Monnaies, sculptures, terres cuites, fresques, inscriptions, couverts à la fin du XIX siècle et jusqu’à
aujourd’hui.
1) Une tentative d’unification politique
a) Quelques rappels historiques
. En 1500 av JC, installation des aryens dans la péninsule indienne qui y apportent une langue et une organisation
sociale comme religieuse. Constitution de royaumes puis invasion d’Alexandre en 326 av JC puis les Scythes. Les
envahisseurs apportent leur culture et s’indianise, constituant sans doute des royaumes indépendants.
- Illustration de sa philosophie qui définit le temps comme une respiration de l'histoire, faite d'éternels
recommencements, l'Inde avait connu la grandeur et la décadence de deux grands empires, celui des Maurya, du
IVe au IIe siècle avant J.-C., et celui des Kushana, d'origine scythe, du Ier au IIIe siècle après J.-C. laissant place
au morcellement en royaumes et à l’affaiblissement politique jusqu’en 320, un clan venu de l'Uttar Pradesh
ou du Bihâr occidental, les Gupta, prit habilement le pouvoir et constitua un immense empire jusqu’à la fin du V
siécle.
Domination sans contestation du nord. Pendant deux siècles, ce petit groupe venu dont le nom, en sanskrit, signifie
« secret », allait en effet marquer l'apogée de la civilisation indienne qualifiée par plusieurs historiens, d’ « age
d’or » car après un siècle de désordres, l’avènement de cette dynastie apparaît comme le point de départ d’une
nouvelle ère .
b) Un empire étendu et unifié par les conquêtes : un empire combattant
. La puissance militaire et l’habileté politique des souverains hindous Gupta fit à nouveau accéder le monde indien à
une forme d’unité politique de 240 à 535 après J.C. Unité inachevée toutefois, des royaumes indépendants
demeurant dans le Deccan. A la différence des Maurya, ils ne sont pas les héritiers d’un empire déjà constitué.
C’est par la conquête militaire qu’ils rassemblent les territoires.
- Les Gupta sont originaires de l’Inde du nord comme les Maurya, première grande dynastie historique.
anmoins, les origines de la dynastie restent forts obscurs. Des inscriptions évoquent pour fondateur un certain
Shrigupta considéré comme un maharaja gupta. Ce dernier n’était sans doute qu’un chef local contrôlant un petit
territoire au dernier quart du III siècle. Leur ascendance se constitue progressivement à partir de l’éclatement
du grand empire des Kushâna vers la fin du III siècle.
- Des souverains emblématiques et charismatiques
. Chandhragupta I ( 320-328) et la fondation de l’empire
En 320, accession au pouvoir d’un nouveau Chandhragupta. C’est là que la dynastie fut officiellement fondée
apparaissant comme une résurgence de l’empire Maurya dont il fait revivre certaines traditions politiques.
C’est lui qui donne à la dynastie ses assises politiques. En effet, le Magadha sort de l’effacement il se trouvait
depuis des siècles et recouvre sa puissance politique rendant à Pâtaliputra ( actuelle Patna) , qui est encore la
plus grande ville de l’Inde sa fonction de capitale impériale.
Ce souverain était un aventurier de basse extraction issu peut être de la classe commerçante établie à Magadha
qui s’était élevé socialement à la cour. Dans le but de consolider ses positions, il épousa en 308, la princesse
Kumaradevi de la puissante tribu des Licchavi (célèbre au temps de Budha). Ce clan avait une haute position à la
cour et avaient profité de l’absence du pouvoir pour constituer un nouveau royaume. Des pièces de monnaie sont
frappés pour commémorer l’importance de l’événement.
Le souverain prit le titre de « roi suprême des grands rois » et fonda en 320, une ère propre à sa dynastie.
En 335, il décida de designer celui de ses fils le plus digne de lui succéder qui s’était illustré par de brillantes
victoires en différents points : Samudragupta ( une inscription sur un pilier d’Ashoka s’en fait l’écho).
- Samudragupta ( 335-376) et l’extension territoriale de l’empire
Constitution d’un grand empire qui s’étendait de l’Assam au Pendjab. Ce grand conquérant rassembla les pays du
Gange et fit porl’effort militaire contre les saces qui contrôlaient depuis deux siècles le Gujérat et le Malwa.
IL assujetit la majeure partie du nord, du centre de l’Inde et entreprend d’importantes conquêtes dans le sud.
De simples groupes tribaux ou principaux firent allégeance. D’autres souverains lui demandaient aussi conseil.
- Chandhragupta II ( 376-415) et l’apogée de l’empire
Il utilise les conquêtes pour consolider son pouvoir politique en assujettissant les Saces peu après 388,
étendant l’empire à l’ouest et au sud.
Il devenait ainsi le souverain de toute l’Inde du nord à l’exception du nord ouest avant d’étendre son contrôle sur
la plus grande partie du Deccan. Ce dernier établit sa capitale à Ujjayini. Sous son gne, grand rayonnement
culturel qui lui vaut d’être prénommé « soleil d’héroïsme ». C’est le fondateur d’une nouvelle ère commençant en
58 av JC, l’ère Vikrama, l’un des plus importants systèmes de datation indiens encore utilisé en Inde du nord.
- L’invasion des huns hephtalites et la dislocation de l’Empire
En 455 à la mort de Chandhragupta II, son fils Kamâragupta I lui succède. Puis , la liste de ses successeurs
n’est plus claire. Bhânugupta régna peut être conjointement avec lui.
Les invasions et les incursions vers la fin du V siècle vont mettre fin à la grandeur de l’empire et le précipitait
vers un irréversible déclin, menant à sa disparition vers 550. Ainsi leur armée fut vaincue à la bataille d’Eran (
510) par Toramâna, le chef des Hephtalites.
c) Un empire puissant
- Affirmation du pouvoir royal qui s’incarne dans :
. Les monnaies frappées
D’ailleurs, on peut aborder les gnes et les personnalités des plus grands monarques de la dynastie par l’étude
de monnaies. La qualité de ce monnayage vient compléter les trop rares inscriptions. Néanmoins, leur taille
réduite et la finesse des traits rendent la lisibilité difficile.
Deux termes désignent les monnaies : dinara et suvarna. Les monnaies d’or se singularisent par l’association de
portraits royaux ( rois et reines) aux poses soignées agrémentées de légendes poétiques rédigées dans un
sanscrit raffiné afin de mettre en valeur les commanditaires.
Ces monnaies d'or à l'effigie de rois ou de reines moulés en haut-relief, sont si éblouissantes qu'on les prendrait
pour des bijoux.
La thématique choisit n’est pas exempte d’une valeur politique parfois très nette et les exemples ne manquent
pas de souverains commémorant quelques événements marquants de leur règne par une frappe monétaire
nouvelle. On voit donc que le monnayage est le reflet des aspirations personnelles, des orientations religieuses,
des idéaux politiques. Les qualités personnelles des monarques sont mises en valeur, image idéalisée qu’ils
souhaitaient donner d’eux mêmes. Les premiers rois se comparent volontiers à certaines figures du panthéon
hindou pour dire que le roi synthétise en sa personne les fonctions que représentent symboliquement les divinités
choisies : il est la richesse, la justice, le châtiment, la gloire. Ainsi au revers, des esses telles que Durou
Lakshmi (déesse de la fortune, gardienne des cités, épouse de Vishnu, protectrice de la dynastie) sont souvent
représentées, assises sur un trône ou debout sur un socle de Lotus.
Ainsi Chandhragupta I perpétue par une monnaie l’union avec deux rois d’une dynastie par le sacrifice d’un cheval.
Sous son règne, Vishnu y est évoqué sous la forme de ses attributs. Le dieu offre sa bénédiction au roi qui,
debout, se trouve confirmé dans son statut de souverain universel, maître des 4 cadrans dans l’espace.
Samudragupta qui se flattait d’être un bon musicien se fait représenter jouant du luth.
. Une cour de conseillers au palais
Des ouvrages littéraires qui nous sont parvenus en petite quantité, permettent d’affirmer que les rois étaient
entourés de lettrés sanscrits, des conseillers en matière de conduite politique.
- Une administration centralisée autour de mesures d’unification
. Levée de taxes.
. Diffusion d’une monnaie royale
. Une administration efficace ( voir Fa Xien)
L’empire comptait plusieurs provinces divisées en districts, eux-mêmes subdivisés en arrondissements. De
nombreuses initiatives privées : les guildes étaient chargées de construire et d’entretenir les ouvrages d’art, les
temples, les fondations charitables ou culturelles ainsi que la gestion d’établissement de finances.
La présence de 3 pandit était requise pour régler un litige.
L’aspiration à la non violence est attestée par Fa Hsien, moine chinois, bouddhiste, qui était venu en Inde de 399
à 410 pour obtenir des copies authentiques des écritures bouddhiques. Il note que le crime est rare avec une
société non violente et végétarienne.
. Unification et simplification de l’écriture sanscrit : la parole correcte
Le sanscrit s’impose dans la culture à l’époque gupta. Les empereurs firent de cette langue le principal véhicule de
leur gloire comme le montre des inscriptions en vers pour la rédaction de l’éloge royal.
L’établissement d’une parole correcte est importante pour l’harmonie du monde dans la conception philosophique
hindouiste comme la vertu, la piété et le bon gouvernement pour établir une conformité avec le Dharma.
Le sanskrit se pand comme langue universelle dans l’univers connu indien, comme langue diplomatique pour les
relations à l’intérieur et à l’extérieure.
d) Un empire prospère et une société hiérarchisée
- Sources très lacunaires
- C’est une période de prospérité rendue possible par l’absence de conflits majeurs.
- L’artisanat est consacré à la céramique, au tissage du coton, au travail des métaux, à l’orfèvrerie.
- Des relations commerciales qui tiraient profit de la géopolitique de l’empire.
- Chez les riches, polygamie avec une épouse et des femmes de second rang. Les femmes ne sortent
qu’exceptionnellement et toujours couvertes d’un grand voile.
- but d’une organisation en caste plus rigide sous l’influence du brahmaisme. Ainsi, le moine chinois note
également que tous les gens respectables sont végétariens alors que les bases castes et les intouchables
consomment de la viande.
2) Un rayonnement culturel : une civilisation brillante à son apogée
. Un empire atypique : il n'est marqué ni par de sanglantes conquêtes ni par une acculturation forcée des peuples
soumis. Bien au contraire, sa force était fondée sur une totale tolérance à l'égard des divers cultes, d'où un
rayonnement culturel inégalé, véritable Age d’or pour la pensée, les sciences, la littérature, le théâtre et l’art
. Une politique éclairée et tolérante des souverains qui contribuèrent par leur raffinement, leur intérêt pour
tous ce qui relevait des choses de l’art et de la pensée à créer dans un empire cosmopolite, un climat propice à un
épanouissement, à l’éclosion d’un art. D’ailleurs l’émission des monnaies traduit aussi de façon évidente leurs
préoccupations esthétiques. Néanmoins, aucune source ne permet d’affirmer que les souverains exercèrent dans
le domaine artistique, un mécénat direct.
Mais cet art part son élan créateur, comme la variété de ses expressions devait marquer d’un sceau indélébile
l’art asiatique.
a) Étape novatrice pour les sciences indiennes
. Mathématiques : instauration du système décimal avec le zéro
. Astronomie : poursuite des observations. Popularité de l’astrologie et de la pratique des horoscopes.
L’assimilation du système des planètes et des 12 signes du zodiaque était achevée.
b) Une littérature sanscrite brillante
. La cour fut le creuset s’exprima le talent de certains des plus grands poètes de l’Inde comme Kalidasa qui
est associé au règne de Chandhragupta II , aussi grand dramaturge Son œuvre constitue à la fois le miroir
fidèle de l’idéal hindou puisque tout l’ordre et l’éthique y sont présents ainsi que le modèle de toute perfection
littéraire.
Extrait du « le Nuage messager », Kâlidâsa
Je reconnais dans la liane de ton corps ; ton regard dans les yeux de la gazelle craintive ; la beauté de ton visage
dans celui de la lune ; ta chevelure dans le plumage des paons et, dans les rives légères des cours d’eau, le jeu de
tes sourcils : hélas ! amie timide, à lui seul aucun objet ne suffit à te ressembler.
. Présence de lettrés autour des temples comme dans les villages réservés qui sont des fondations royales leur
subsistance est assurée par le rendement des terres.
. Des moments d’expression littéraires divers : fêtes, organisation de discussion philosophique comme de
déclamation de vers.
Les hommes de science eux-mêmes ne répugnaient pas à faire appel à cette langue recherchée. D’ailleurs, l’usage
de la littérature transparaît également dans la statuaire.
. Un rayonnement intellectuel : c’est une époque l’Inde reçut la visite d’hôtes prestigieux qui frequentérent
notamment la cour et des Université monastiques comme celle de Nalanda qui, du 5e siècle au 12e siècle, fut
un centre d’éducation avec internat consacré au bouddhisme mahayana. Elle attirait des étudiants non seulement
de l’Inde, mais aussi d’autres pays bouddhistes. Les savants chinois qui y ont habités et étudiés, ont laissé une
description détaillée et élaborée de l’excellence de l’éducation ainsi que de la pureté de la vie monastique menée à
cet endroit. Ils ont fait connaître les débuts du monastère, le patronage royal, les méthodes d’admission et le
système d’éducation, les étudiants et les professeurs, les édifices. La plupart de leurs positions peuvent être
reconnues et prouvées par des fouilles archéologiques. Ceci est un moignage que , par le passé, plusieurs pays
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