Vishnu Anantasayin

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L’ AGE D’OR DE L’INDE CLASSIQUE : L’EMPIRE DES GUPTA AU IV ET V SIECLE
C’est une approche personnelle de cette période, petite mise au point scientifique. C’est une boite à idées pour
découvrir, donner envie d’approfondir.
Bibliographie
Ouvrages généraux
M. Angot, L’Inde classique. Paris, les Belles Lettres, 2002.
M. Boivin, L’histoire de l’Inde, Paris, PUF, 2005, QSJ
J. Dupuis, Histoire de l’Inde, des origines à la fin du XX siècle, Kailas, 2005
A. Basham, La civilisation de l’Inde classique, Paris, Arthaud, 1988
L. Renou, L’Inde classique, manuel des études indiennes, Paris, 1985
L. Frederic, Dictionnaire de la civilisation indienne, Bouquins, Laffont, 1987
A. Danielou, Histoire de l’Inde, Fayard, 1971
J. Auboyer, La vie quotidienne dans l’Inde ancienne : du IIe s avant J.-C.- VIIe siècle. Paris, Hachette, 1961.
L. Renou, Filliozat, Jean, L’Inde classique. Tome premier. Paris, Maisonneuve, 1985.
Ouvrages spécifiques
M. Biardeau, L’Hindouisme. Anthropologie d’une civilisation, Paris, Flammarion, 1981
J. Filliozat, Les philosophes de l’Inde, Paris, PUF, QSJ, 1970
Okada, Amina ; Zéphyr Thierry, L’âge d’or de l’Inde classique. Paris, Gallimard, Réunion des Musées Nationaux,
2007.
Pathak, Haldhar, Cultural history of the Gupta period. Delhi, Bharatiya, 1978.
Sharma, Tej Ram, A political history of the imperial Guptas, from Gupta to Skandagupta. New-Delhi, Concept
publ. Co., 1989.
O. Vallet, Spiritualités indiennes, Gallimard, 1999
L. Renou, L’hindouisme, QSJ, n°475, réed 2000
Objectifs du programme
Connaissances : . Organisation de la dynastie
. Gros plan sur l’art d’inspiration hindou et bouddhiste qui est cultuel et codifié.
Capacités : . Connaître et identifier les repères suivants : IV-V siécle
. Raconter un mythe hindou ou décrire un site
Démarche : étude d’un site ou d’un mythe
Les sources disponibles
- Travaux archéologiques de Munish Chandra Joshi, decedé en 2007 qui mena des recherches sur les sites très
divers . Grande connaissance des techniques de construction ainsi que de l’histoire des monuments.
- Les Puranas, textes d’obédience brahmanique comportant des informations d’ordre historique mentionnent les
Gupta sans apporter de grandes précisions.
- Les œuvres littéraires de Kâlidâsa, grand poète de l’époque gupta.
- Mémoires sur le pays bouddhiste de Fa-Hien a été le premier à effectuer un pèlerinage en Inde. Sa visite, qui a
duré environ seize ans, de 399 à 414, a été racontée en détail.
- Monnaies, sculptures, terres cuites, fresques, inscriptions, découverts à la fin du XIX siècle et jusqu’à
aujourd’hui.
1) Une tentative d’unification politique
a) Quelques rappels historiques
. En 1500 av JC, installation des aryens dans la péninsule indienne qui y apportent une langue et une organisation
sociale comme religieuse. Constitution de royaumes puis invasion d’Alexandre en 326 av JC puis les Scythes. Les
envahisseurs apportent leur culture et s’indianise, constituant sans doute des royaumes indépendants.
- Illustration de sa philosophie qui définit le temps comme une respiration de l'histoire, faite d'éternels
recommencements, l'Inde avait connu la grandeur et la décadence de deux grands empires, celui des Maurya, du
IVe au IIe siècle avant J.-C., et celui des Kushana, d'origine scythe, du I er au IIIe siècle après J.-C. laissant place
au morcellement en royaumes et à l’affaiblissement politique jusqu’en 320, où un clan venu de l'Uttar Pradesh
ou du Bihâr occidental, les Gupta, prit habilement le pouvoir et constitua un immense empire jusqu’à la fin du V
siécle.
Domination sans contestation du nord. Pendant deux siècles, ce petit groupe venu dont le nom, en sanskrit, signifie
« secret », allait en effet marquer l'apogée de la civilisation indienne qualifiée par plusieurs historiens, d’ « age
d’or » car après un siècle de désordres, l’avènement de cette dynastie apparaît comme le point de départ d’une
nouvelle ère .
b) Un empire étendu et unifié par les conquêtes : un empire combattant
. La puissance militaire et l’habileté politique des souverains hindous Gupta fit à nouveau accéder le monde indien à
une forme d’unité politique de 240 à 535 après J.C. Unité inachevée toutefois, des royaumes indépendants
demeurant dans le Deccan. A la différence des Maurya, ils ne sont pas les héritiers d’un empire déjà constitué.
C’est par la conquête militaire qu’ils rassemblent les territoires.
- Les Gupta sont originaires de l’Inde du nord comme les Maurya, première grande dynastie historique.
Néanmoins, les origines de la dynastie restent forts obscurs. Des inscriptions évoquent pour fondateur un certain
Shrigupta considéré comme un maharaja gupta. Ce dernier n’était sans doute qu’un chef local contrôlant un petit
territoire au dernier quart du III siècle. Leur ascendance se constitue progressivement à partir de l’éclatement
du grand empire des Kushâna vers la fin du III siècle.
- Des souverains emblématiques et charismatiques
. Chandhragupta I ( 320-328) et la fondation de l’empire
En 320, accession au pouvoir d’un nouveau Chandhragupta. C’est là que la dynastie fut officiellement fondée
apparaissant comme une résurgence de l’empire Maurya dont il fait revivre certaines traditions politiques.
C’est lui qui donne à la dynastie ses assises politiques. En effet, le Magadha sort de l’effacement où il se trouvait
depuis des siècles et recouvre sa puissance politique rendant à Pâtaliputra ( actuelle Patna) , qui est encore la
plus grande ville de l’Inde sa fonction de capitale impériale.
Ce souverain était un aventurier de basse extraction issu peut être de la classe commerçante établie à Magadha
qui s’était élevé socialement à la cour. Dans le but de consolider ses positions, il épousa en 308, la princesse
Kumaradevi de la puissante tribu des Licchavi (célèbre au temps de Budha). Ce clan avait une haute position à la
cour et avaient profité de l’absence du pouvoir pour constituer un nouveau royaume. Des pièces de monnaie sont
frappés pour commémorer l’importance de l’événement.
Le souverain prit le titre de « roi suprême des grands rois » et fonda en 320, une ère propre à sa dynastie.
En 335, il décida de designer celui de ses fils le plus digne de lui succéder qui s’était illustré par de brillantes
victoires en différents points : Samudragupta ( une inscription sur un pilier d’Ashoka s’en fait l’écho).
- Samudragupta ( 335-376) et l’extension territoriale de l’empire
Constitution d’un grand empire qui s’étendait de l’Assam au Pendjab. Ce grand conquérant rassembla les pays du
Gange et fit porté l’effort militaire contre les saces qui contrôlaient depuis deux siècles le Gujérat et le Malwa.
IL assujetit la majeure partie du nord, du centre de l’Inde et entreprend d’importantes conquêtes dans le sud.
De simples groupes tribaux ou principaux firent allégeance. D’autres souverains lui demandaient aussi conseil.
- Chandhragupta
II ( 376-415) et l’apogée de l’empire
Il utilise les conquêtes pour consolider son pouvoir politique en assujettissant les Saces peu après 388,
étendant l’empire à l’ouest et au sud.
Il devenait ainsi le souverain de toute l’Inde du nord à l’exception du nord ouest avant d’étendre son contrôle sur
la plus grande partie du Deccan. Ce dernier établit sa capitale à Ujjayini. Sous son règne, grand rayonnement
culturel qui lui vaut d’être prénommé « soleil d’héroïsme ». C’est le fondateur d’une nouvelle ère commençant en
58 av JC, l’ère Vikrama, l’un des plus importants systèmes de datation indiens encore utilisé en Inde du nord.
- L’invasion des huns hephtalites et la dislocation de l’Empire
En 455 à la mort de Chandhragupta II, son fils Kamâragupta I lui succède. Puis , la liste de ses successeurs
n’est plus claire. Bhânugupta régna peut être conjointement avec lui.
Les invasions et les incursions vers la fin du V siècle vont mettre fin à la grandeur de l’empire et le précipitait
vers un irréversible déclin, menant à sa disparition vers 550. Ainsi leur armée fut vaincue à la bataille d’Eran (
510) par Toramâna, le chef des Hephtalites.
c) Un empire puissant
- Affirmation du pouvoir royal qui s’incarne dans :
. Les monnaies frappées
D’ailleurs, on peut aborder les règnes et les personnalités des plus grands monarques de la dynastie par l’étude
de monnaies. La qualité de ce monnayage vient compléter les trop rares inscriptions. Néanmoins, leur taille
réduite et la finesse des traits rendent la lisibilité difficile.
Deux termes désignent les monnaies : dinara et suvarna. Les monnaies d’or se singularisent par l’association de
portraits royaux ( rois et reines) aux poses soignées agrémentées de légendes poétiques rédigées dans un
sanscrit raffiné afin de mettre en valeur les commanditaires.
Ces monnaies d'or à l'effigie de rois ou de reines moulés en haut-relief, sont si éblouissantes qu'on les prendrait
pour des bijoux.
La thématique choisit n’est pas exempte d’une valeur politique parfois très nette et les exemples ne manquent
pas de souverains commémorant quelques événements marquants de leur règne par une frappe monétaire
nouvelle. On voit donc que le monnayage est le reflet des aspirations personnelles, des orientations religieuses,
des idéaux politiques. Les qualités personnelles des monarques sont mises en valeur, image idéalisée qu’ils
souhaitaient donner d’eux mêmes. Les premiers rois se comparent volontiers à certaines figures du panthéon
hindou pour dire que le roi synthétise en sa personne les fonctions que représentent symboliquement les divinités
choisies : il est la richesse, la justice, le châtiment, la gloire. Ainsi au revers, des déesses telles que Durgâ ou
Lakshmi (déesse de la fortune, gardienne des cités, épouse de Vishnu, protectrice de la dynastie) sont souvent
représentées, assises sur un trône ou debout sur un socle de Lotus.
Ainsi Chandhragupta I perpétue par une monnaie l’union avec deux rois d’une dynastie par le sacrifice d’un cheval.
Sous son règne, Vishnu y est évoqué sous la forme de ses attributs. Le dieu offre sa bénédiction au roi qui,
debout, se trouve confirmé dans son statut de souverain universel, maître des 4 cadrans dans l’espace.
Monnaie d’or du régne Chandragupta II avec la déesse Lakshmi
Samudragupta qui se flattait d’être un bon musicien se fait représenter jouant du luth.
Monnaie d’or frappe sous la régne de Samudragupta
. Une cour de conseillers au palais
Des ouvrages littéraires qui nous sont parvenus en petite quantité, permettent d’affirmer que les rois étaient
entourés de lettrés sanscrits, des conseillers en matière de conduite politique.
Fresque, cour de Samudragupta
- Une administration centralisée autour de mesures d’unification
. Levée de taxes.
. Diffusion d’une monnaie royale
. Une administration efficace ( voir Fa Xien)
L’empire comptait plusieurs provinces divisées en districts, eux-mêmes subdivisés en arrondissements. De
nombreuses initiatives privées : les guildes étaient chargées de construire et d’entretenir les ouvrages d’art, les
temples, les fondations charitables ou culturelles ainsi que la gestion d’établissement de finances.
La présence de 3 pandit était requise pour régler un litige.
L’aspiration à la non violence est attestée par Fa Hsien, moine chinois, bouddhiste, qui était venu en Inde de 399
à 410 pour obtenir des copies authentiques des écritures bouddhiques. Il note que le crime est rare avec une
société non violente et végétarienne.
. Unification et simplification de l’écriture sanscrit : la parole correcte
Le sanscrit s’impose dans la culture à l’époque gupta. Les empereurs firent de cette langue le principal véhicule de
leur gloire comme le montre des inscriptions en vers pour la rédaction de l’éloge royal.
L’établissement d’une parole correcte est importante pour l’harmonie du monde dans la conception philosophique
hindouiste comme la vertu, la piété et le bon gouvernement pour établir une conformité avec le Dharma.
Le sanskrit se répand comme langue universelle dans l’univers connu indien, comme langue diplomatique pour les
relations à l’intérieur et à l’extérieure.
d) Un empire prospère et une société hiérarchisée
- Sources très lacunaires
- C’est une période de prospérité rendue possible par l’absence de conflits majeurs.
- L’artisanat est consacré à la céramique, au tissage du coton, au travail des métaux, à l’orfèvrerie.
- Des relations commerciales qui tiraient profit de la géopolitique de l’empire.
- Chez les riches, polygamie avec une épouse et des femmes de second rang. Les femmes ne sortent
qu’exceptionnellement et toujours couvertes d’un grand voile.
- Début d’une organisation en caste plus rigide sous l’influence du brahmaisme. Ainsi, le moine chinois note
également que tous les gens respectables sont végétariens alors que les bases castes et les intouchables
consomment de la viande.
2) Un rayonnement culturel : une civilisation brillante à son apogée
. Un empire atypique : il n'est marqué ni par de sanglantes conquêtes ni par une acculturation forcée des peuples
soumis. Bien au contraire, sa force était fondée sur une totale tolérance à l'égard des divers cultes, d'où un
rayonnement culturel inégalé, véritable Age d’or pour la pensée, les sciences, la littérature, le théâtre et l’art
. Une politique éclairée et tolérante des souverains qui contribuèrent par leur raffinement, leur intérêt pour
tous ce qui relevait des choses de l’art et de la pensée à créer dans un empire cosmopolite, un climat propice à un
épanouissement, à l’éclosion d’un art. D’ailleurs l’émission des monnaies traduit aussi de façon évidente leurs
préoccupations esthétiques. Néanmoins, aucune source ne permet d’affirmer que les souverains exercèrent dans
le domaine artistique, un mécénat direct.
Mais cet art part son élan créateur, comme la variété de ses expressions devait marquer d’un sceau indélébile
l’art asiatique.
a) Étape novatrice pour les sciences indiennes
. Mathématiques : instauration du système décimal avec le zéro
. Astronomie : poursuite des observations. Popularité de l’astrologie et de la pratique des horoscopes.
L’assimilation du système des planètes et des 12 signes du zodiaque était achevée.
b) Une littérature sanscrite
brillante
. La cour fut le creuset où s’exprima le talent de certains des plus grands poètes de l’Inde comme Kalidasa qui
est associé au règne de Chandhragupta
II , aussi grand dramaturge Son œuvre constitue à la fois le miroir
fidèle de l’idéal hindou puisque tout l’ordre et l’éthique y sont présents ainsi que le modèle de toute perfection
littéraire.
Extrait du « le Nuage messager », Kâlidâsa
Je reconnais dans la liane de ton corps ; ton regard dans les yeux de la gazelle craintive ; la beauté de ton visage
dans celui de la lune ; ta chevelure dans le plumage des paons et, dans les rives légères des cours d’eau, le jeu de
tes sourcils : hélas ! amie timide, à lui seul aucun objet ne suffit à te ressembler.
. Présence de lettrés autour des temples comme dans les villages réservés qui sont des fondations royales où leur
subsistance est assurée par le rendement des terres.
. Des moments d’expression littéraires divers : fêtes, organisation de discussion philosophique comme de
déclamation de vers.
Les hommes de science eux-mêmes ne répugnaient pas à faire appel à cette langue recherchée. D’ailleurs, l’usage
de la littérature transparaît également dans la statuaire.
. Un rayonnement intellectuel : c’est une époque où l’Inde reçut la visite d’hôtes prestigieux qui frequentérent
notamment la cour et des Université monastiques comme celle de Nalanda qui, du 5e siècle au 12e siècle, fut
un centre d’éducation avec internat consacré au bouddhisme mahayana. Elle attirait des étudiants non seulement
de l’Inde, mais aussi d’autres pays bouddhistes. Les savants chinois qui y ont habités et étudiés, ont laissé une
description détaillée et élaborée de l’excellence de l’éducation ainsi que de la pureté de la vie monastique menée à
cet endroit. Ils ont fait connaître les débuts du monastère, le patronage royal, les méthodes d’admission et le
système d’éducation, les étudiants et les professeurs, les édifices. La plupart de leurs positions peuvent être
reconnues et prouvées par des fouilles archéologiques. Ceci est un témoignage que , par le passé, plusieurs pays
asiatiques ont interagi les uns avec les autres de façon pacifique par la religion, le commerce et les missions
politiques. La relation entre l’Inde et la Chine peut être retracée jusqu’aux temps les plus reculés. La
dissémination progressive du bouddhisme dans ces régions a été un incitatif supplémentaire pour le
développement de cette relation. Résultat de cette relation, certains moines pèlerins chinois ont voyagé en Inde,
dans le but de rendre hommage à des lieux sacrés bouddhistes, d’apprendre des professeurs bouddhistes indiens,
et pour récolter des textes sacrés bouddhistes. Afin d’atteindre leurs objectifs, ils ont passé quelques années en
Inde. Des témoignages au sujet de cette fréquentation allaient être trouvés dans un grand nombre d’ouvrages
chinois datant des temps les plus reculés. Les plus connus sont les témoignages laissés par Fa-Hien, au cinquième
siècle, et Hiuen-Tsang ainsi que I-Tsing, au septième siècle. L’ouvrage du premier constitue une preuve précieuse
de la puissance et, dans de nombreux cas, de la domination du bouddhisme en Inde. Il est réfléchi et précis, et la
plupart de ses positions peuvent être vérifiées.
Par après ont suivi les voyages de Sung-Yun et de Hwui-Seng, en 518 ; malheureusement, leur récit est très court,
et ne doit pas être comparé avec ceux des autres voyageurs (Takakusu 1966, XVII).
c) Rayonnement d’un art raffiné, perfectionné et d’une grande qualité
- Ce raffinement et cette perfection s’expriment sous le trait d’une beauté parfaite, idéale, universelle,
ferment fécond pour l’ensemble des arts de l’Asie ( sud-est, Népal, central) qui allait perdurer au fils des siècles.
- La musique et la danse prennent leurs caractéristiques actuelles.
- Si l’art gupta plonge ses racines dans l’art robuste et fort des Grands Kushana, c’est une période de grande
innovation et de fixation de canons, de modèles esthétiques. L’exposition du Grand Palais en 2007, aborde la
genèse puis la maturité et enfin le rayonnement de cet art montrant plus de 110 oeuvres. Les productions sont
baignées par un idéal de clarté, de calme qui les placent hors du temps.
- Les conventions et directives suggérées par les commanditaires, les religieux n’ont heureusement pas étouffé
l’inspiration et la virtuosité des artistes. Pour eux, la beauté humaine en tant telle et les qualités esthétiques,
sont un agrégat d’éléments empruntés à la nature : métaphores transposées en sculpture et en peinture. Cette
beauté codifiée est sublimée avec la floraison d’un style qui naît d’explorations multiples.
Au tournant du IV et V siècle se fit jour une évolution thématique et esthétique avec pour ambition de produire
des œuvres plus attractives d’où l’intérêt porté pour le rendu des visages.
Les caractéristiques : Effigies divines, exprimant une spiritualité intériorisée, contenue. Empreinte de grâce et
d’une élégante hautaine, au modelé adouci et épuré. Ceci constitue la quintessence même du génie artistique Gupta
dont ne cesseront de se réclamer ultérieurement nombres de courants artistiques. Finesse du modelé, pureté et
douceur des traits, élégance des tracés expliquent la pérennité de ces canons d’esthétiques.
Dans la décoration des temples y participent aussi des terres cuites qui séduisent par leur fraîcheur et leur
verve narrative. Elles évoquent une veine profane et spontanée dont le répertoire emprunte aussi bien à la
mythologie qu’au théâtre ou aux scènes de la vie quotidienne.
Bien sur il y des particularismes régionaux.
- Les grands foyers artistiques furent au V siècle :
. Mâthura ( prés de New Delhi) dont viennent des statues de grande taille, en grès rose, aux traits fins,
frémissantes d'intériorité et de spiritualité contenue.
. Sâmâth (lieu du premier serment de Bouddha, prés de Bénarès ( grés beige, jaune) avec la production de
nombreuses sculptures et représentations bouddhiques, jaïnes et brahmaniques, encore plus épurées, plus
idéalisées, d'une pureté bien éloignée des créations contemporaines.
Les artistes ne négligèrent aucune technique : pierre, métal, terre cuite.
- Grande diffusion de ces œuvres au-delà des régions qui échappaient au contrôle de la dynastie renforçant
encore son influence.
- Pour la sculpture, l’époque gupta fut le temps des synthèses : concepts philosophiques et inspiration
mythologique se combinant alors à l’esprit d’invention qui semble avoir régné au sein des ateliers dont la maîtrise
technique et le savoir faire était fort élevé. Elle est aussi héritière des traditions passées : l’art dit greco-indien
du nord du Pakistan actuel ( Gandhara). Qualité inégalée et maîtrise totale des savoirs faire avec des bronzes.
-Bien que l’art soit surtout d’inspiration religieuse, il y a des composantes profanes dont les fresques d’Ajanta
plus typiquement indiennes se font l’écho. Elles restituent un monde coloré peuplé de saints, de rois, de nobles, de
courtisans, d’ascètes, d’animaux évoluant dans les espaces les plus variés : villes, cours des princes, jardins, forêt.
Bien qu’elles aient été réalisées en territoire Vakâtaka, c’est le reflet de l’esthétique gupta : grâce, élégance,
souci du détail qui n’empêchent pas la fraîcheur et le sens du mouvement.
Elles nous renseignent sur le quotidien des gens de cour, les Boddhisattvas qui sont croqués avec un réalisme
étonnant au sein d’une architecture savante ou d’une végétation luxuriante. Travail de rehauts pour faire vivre
chairs et bijoux. Seul moyen d’apercevoir la somptuosité de la joaillerie dont il ne reste rien en dehors de ces
parures peintes ou sculptées.
Fresque d' Ajanta, caverne 2 du 7/8e siècle)
- Mais c’est un art essentiellement religieux où la sculpture, la poésie, la peinture, la danse, la musique expriment
à leur manière l’adoration de la divinité. En effet, les commanditaires entendaient tirer de leur générosité des
bénéfices d’ordre spirituel autant que temporel : la parfaite connaissance et la libération de toutes souffrances.
D’ailleurs, pouvoir royal et pouvoir religieux ont travaillé ensemble à instituer ce bon ordre et en ont proposé à
leurs descendants une image cultivée.
3) Un empire polythéiste : une coexistence harmonieuse et tolérante des religions
- Si la plupart des souverains étaient majoritairement hindous visnuites au V siècle pour la plupart d’entre eux,
ils ont fait preuve d’une grande tolérance religieuse et menèrent en ce domaine une politique dépourvue de
préjugés comme la philosophie dominante les engager à la faire. Fa Xien rend compte aussi des relations
cordiales entre adeptes du culte brahamique et tenants de la religion bouddhiste.
. D’autre part, c’est un moment de fixation jusqu'à nos jours des canons des représentations si complexes de
toutes les déités des religions.
- La pensée religieuse indienne est divisée en trois courants : hindouisme, le bouddhisme et le jainisme. Chaque
pensée développe un nombre incroyable de divinités qui apparaissent aux humains sous diverses formes et possède
de multiples dénominations.
- L’héritage aryen : Les aryens ( 1500 av JC) arrivent des plateaux indo-afghan, sont des tribus de pasteurs
nomades, qui apportent leur langue, le sanskrit et leur religion polythéiste décrite dans des textes sacrés, les
vedas ( savoir), avec des prêtres ( les brahmanes).
Le védisme a évolué au contact des peuples conquis et est devenu l’hindouisme. A partir du VI siècle av JC ,
une révolution intellectuelle et spirituelle émerge sous l’action des Renonçants. Ce sont des hommes et des
femmes qui décident de quitter la société, vivant isolés ou en petites communautés, abandonnent les rites
imposés par les prêtres pour se consacrer à la méditation qui doit les libérer du corps, de la nature et de la
société pour ne plus renaître.
Les plus grands de ces renonçants au V siécle av JC sont : le Vardhamana Mahavira ( grand héros) qui fonde la
jainisme ( met l’accent sur la non violence et le respect de toute vie) et Bouddha. Donc ces deux mouvements ne
sont pas autre chose à l’origine que des sectes réformatrices à l’intérieur de la communauté hindouisme
naissante qui se posèrent en réaction de l’ancienne religion védique, à sa pratique des sacrifices, à la rigidité du
système social. Ils rejettent tant l’autorité des Veda que la notion même de dieu.
Pour l’un et l’autre de ses deux systèmes, le monde est fait de souffrance et le Karma (résultat des actes
individuels) conditionne les êtres à y renaître sans fin. Tous deux accordent une place essentielle à la notion «
d’absence de volonté de nuire » généralement entendue comme non violente.
a) Un jainisme qui ne concerne plus qu’une minorité
. La doctrine jaïne aurait été transmise par une succession de 24 maîtres appelés « tirthankara » ( faiseurs de
gué » ou jina (victorieux). Le seul dont on puisse attester l’existence est Mahavira. Le terme vient du mot
sanscrit qui veut dire « conquérir ». Il renvoie au combat que le moine jain doit mener contre ses passions, pour
arriver à la totale purification de son être et passer tous les cycles de la connaissance.
. Mahavira prônait une austerité rigoureuse, un respect très strict de la non-violence et pour les religieux le
renoncement aux biens matériels.
. Les images jaïnes : les premières représentations de Jina remonte au III siécle av jc mais c’est avec Mathura
un peu avant l’ère chrétienne que l’iconographie prend son essor. Réalisation de tablettes et d’effigies
d’hommage. Il est figuré debout ou statique, les bras le long du corps. Posture de dissolution des corps ou de
méditation.
A l’époque gupta, on retrouve des similitudes avec les représentations du bouddha. C’est au V siècle que les 24
jina voient leur spécificité se fixer, ce qui les rend identifiable.
b) Un Bouddhisme en recul au V siècle
. Fils de roi, Gautama (563-484 ? av jc.) appartient à une famille princière de la vallée du Gange, Après une
vie de plaisir, il découvre la souffrance, erra à la recherche d’une solution permettant de se délivrer du cycle
des renaissances en menant une vie ascétique de mendiant. Il y parvint à Bodh-gayâ pendant une nuit de
méditation, découvrant les 4 nobles vérités en lui-même où son visage apparut illuminé par la connaissance. Il
devint pour ses disciples « l’éveillé » ( buddha). Il devint moine et prêcha dans l’Inde du nord-est jusqu’à sa mort
à 80 ans.
. La Vérité du Buddha : la voie d’accès à la délivrance consistait à renoncer au plaisir de la vie mais sans
pratiquer les mortifications. C’est une méthode de salut qui ne remet pas en cause le système des castes.
Pour éviter la souffrance et s’éteindre dans le Nirvana ( parvenir à l’état de connaissance parfaite, c'est-à-dire
à la délivrance), il faut s’entraîner par la méditation et avoir une vie qui repose sur le renoncement aux désirs du
monde. Ni dieux, ni langue sacrée, ni sacrifices n’étaient nécessaires mais l’amour des hommes sans distinction.
Mise en garde des fidèles contre le luxe comme l’extrême rigueur.
. Après sa mort, les fidèles fixèrent par écrit ses idées et organisèrent tant des communautés de laïcs que
des monastères. Les moines vivaient humblement et consacraient leur vie à la prière et à la méditation.
Dans la voie du bouddhisme originel seuls les religieux ont accès au salut mais les laïcs peuvent l’obtenir en
accumulant un certain nombre de mérites au cours de leurs existences successives.
D’autres dieux bouddhiques sont apparus ultérieurement dont Bodhisattva, un être promis à l’éveil, qui
renonce au Nirvana, pour sauver tous les êtres. Il est le rappel d’une vertu essentielle : la compassion, aidée d’une
reconnaissance et d’une sagesse.
. Les évolutions de la période Gupta : Si le bouddhisme reste prospère à Sâmâth, lieu du premier sermon, cette
forme de pensée décline assez rapidement et ne perdure que dans des points particuliers.
. Une iconographie qui met en scène le prophète et son existence :
Le Bouddhisme des premiers siècles semble avoir reprouvé l’image. Rapidement la popularité de la dévotion
nécessitant un support matériel, les artistes eurent recours à un expédient. Dans cet art, si l’image du buddha
est absente, sa présence est suggérée par un biais symbolique : la roue, l’arbre de l’éveil, pilier enflammé, un trône
vide, des empreintes de pieds. Puis, au début de l’ère chrétienne, le bouddhisme prit son essor, prônant un
enseignement ouvert visant au salut du plus grand nombre. Les évolutions doctrinales permirent la figuration
anthropomorphe du Buddha. Les portraits de l’éveillé combinent les traits iconographiques et ceux du souverain
universel.
. A l’epoque gupta, des figurations se fixent : assis ou debout sur un trône, jambes croisées, auréolé d’un nimbe.
Vêtement monastique diaphane qui occulte le corps et le révèle en même temps.
Des signes physiques distinguent l’être d’exception et sont le reflet de la perfection spirituelle: doigts pris dans
un réseau, protubérance crânienne, (marque de sa sagesse et de son esprit éveillé) recouverte par des fines
boucles de sa chevelure. Lobes déformés en souvenir des lourds bijoux dont il se parait.
Souvent sa main droite est légèrement levée en geste de protection.
Le Boudha de Katra : le bienheureux
Il se détache sur une nimbe de grande taille, abondamment orné. Les plis du manteau monastique sont évoqués
par une succession de cannelure en relief léger. Yeux mi-clos partiellement dissimulés par le voile des paupières.
La révélation lui ayant donné toute la maturité : visage du sage absorbé dans la béatitude aux traits épurés.
Le visage ovale et la chevelure bouclée sont proches de l’art grec.
Gravée sur un socle, une inscription indique que l’effigie fut dédiée par une nonne du nom de Jayabhattâ aux
environs de 358. Dinna le maître sculpteur de Mâthurâ en est l’auteur.
Buddha, Ve siècle
.Néanmoins, le modèle le plus répandu au V siécle est un Bouddha assis, les deux mains réunis devant le torse
dans un geste de mise en mouvement de la roue de la loi qui se réfère explicitement au premier sermon.
Boudha, V siécle
Les commanditaires de ses œuvres comme le montre les inscriptions, espéraient tirer de leur généralité
quelques bénéfices spirituels ou matériels : la connaissance suprême, le bonheur et le bien être pour eux même ou
leur famille.
- Il y a aussi la représentation des moments essentiels de la vie du Bouddha, codifiés :
Une stèle raconte, telle une bande dessinée, la dernière vie de Siddartha Gautama, sa naissance du flanc de sa
mère, ses tentations par de petits démons et des femmes lascives, et enfin son « Éveil », que nous appelons mort,
c'est-à-dire la fin du cycle infernal de ses réincarnations. Des vidyadhara, petits êtres célestes, et les
bodhisattva, les sages du bouddhisme du Grand Véhicule (le plus souple) qui renoncent au Nirvana pour venir aider
les croyants à faire leur salut, se multiplient et volettent, tels nos angelots baroques, autour des dieux, avec une
grâce inégalée.
c) Renouveau de l’hindouisme sous les Gupta
- Les souverains encouragent l’adhésion aux préceptes du visnouisme qui devient la religion de l’empire.
- C’est sous l’impulsion des prêtres, que le brahmanisme se transforme pour donner l’hindouisme, prénommé de la
sorte par les musulmans pour designer les peuples rencontrer à partir de l’Indus.
- C’est l’époque probable de la fixation des grandes épopées du Mahabharata et d’une part de l’émergence du
genre des purana (recueils des récits mythologiques, dépositaire de toute la culture religieuse et morale).
- Parmi la triade brahmanique, Vishnu devient pour la dynastie leur divinité de prédilection et son culte est très
populaire connaissant un essor considérable.
- Dans sa diffusion, l’hindouisme s’est imprégné d’apports autochtones avec assimilation de cultes locaux.
- Les Védas, textes sacrés dont la rédaction se poursuit à l’époque Gupta en respectant la structure, nous
révèlent l’existence de dieux et de démons nombreux. En effet, la mythologie nouvelle a annexé sans cesse des
formes, des récits, à procéder à des substitutions mais a rarement supprimé des divinités.
- Dans ce système de pensée, le monde n’a ni fin ni début : né du néant par la divinité suprême, il est
périodiquement détruit et recréer. La vie d’un individu s’insère dans une longue chaîne d’existences successives.
. L’univers est en mouvement perpétuel. Chaque être vivant porte la responsabilité de ses actes qui feront son
salut. Après sa mort son âme se réincarne dans un autre être vivant. Pour être délivré de la chaîne des
reconnaissances, il faut accomplir les actes ( loi du Karma qui est l’acte religieux dont la bonne exécution garantit
l’ordre du monde et ensuite toutes actions qui causent les mérites ou les démérites) Le cycle de ces existences
peut s’interrompre : c’est la délivrance qui est la fusion de l’âme individuelle dans l’âme universelle de Brahman.
Mais pour y arriver, il faut que chaque vie marque un progrès. L’âme se incarne dans un être supérieur si sa vie
précédente a été pure sinon elle se incarne dans un être inférieur. Sa vie présente détermine son futur. Bonté et
vertu sont valorisées. Pour progresser et se réincarner dans un être supérieur, il faut se préserver de la souillure
qui résulte de l’activité de notre corps. De plus il faut se purifier constamment : avec l’eau,
des ablutions
jusqu’au bain dans le Gange, la bouse des vaches et le feu qui brûle le corps du défunt.
Si on accomplit tout cela correctement, on participe au maintien de l’ordre du monde ( le Dharma : ensemble
cohérent des lois religieuses, morales et sociales de l’univers) et on obtient à la fin la libération.
- Trois dieux dominent :
. Brahman est le dieu suprême, l’âme universelle qui est en tout. Par conséquent, le sacré peut se trouver
dans des plantes, des animaux ( vache), des fleuves ( Gange). Il aurait donné naissance par sa bouche, ses cuisses,
ses pieds, ses bras aux quatre castes. Il peut prendre plusieurs formes et s’incarne dans Brahmâ, créateur du
monde, doté de 4 bras et de 4 visages. Ce nombre exprime la supériorité des dieux sur les hommes. Mais à cause
d’une malédiction, Brahmâ ne reçoit pas de culte. Ainsi les dieux malgré leur pouvoir supérieur sont aussi soumis à
des lois.
Son iconographie : figuré debout ou assis sur une fleur de Lotus, doté de 4 visages ou de 4 bras. Cheveux relevé
en chignon. Ses deux attributs les plus fréquents sont le rosaire et le vase à eau.
. Vishnu (dieu bienfaiteur), conservateur du monde et protecteur de la vie. Il vient régulièrement sur terre
au secours des hommes en s’incarnant sous formes d’avatars ( poisson, tortue, sanglier, nain, berger) pour y
accomplir des exploits.
Une légende dit que du nombril de Vishnu est sorti un lotus sur lequel était assis Brahman et que c’est ainsi que
commença la création du monde .
C’était une divinité védique de second plan qui prend une importance considérable.
Son iconographie : il porte souvent un disque ou la roue ( chakrâ) qui est une arme avec la conque ( coquillage) qui
émet des sons divins. Il peut être représenté assis sur le serpent « ananta » ( infini) dont de nombreuses têtes
lui servent de dais. A ses pieds, son épouse Lakshmi, déesse de la fortune. Il a pour monture l’oiseau Garuda.
Vishnu Anantasayin
5th Century A.D. Gupta Period, Deogarh, Uttar Pradesh
A Udayagiri, la caverne 5 est consacré à Vishnu. Un grand bas relief illustre le troisième avatar du sanglier
cosmique ( Varaha) qui sauve la déesse terre.
On lui attribue 12 ou 24 attitudes. Il est surtout un dieu dormant, représenté couché sur l’océan chaotique en
train de méditer le monde.
Vishnou peut aussi être paré de colliers et de diadèmes fleuris, dont Thierry Zéphir se demande s'il ne faut pas
y voir le reflet des parures royales de l'époque.
On en vint à traiter l’image de culte sur le même plan que l’image royale.
. Çiva ou Shiva : au contraire c’est le dieu de la destruction, de la mort mais aussi de la procréation. Donc
un dieu de l’ambivalence qui assure la destruction permanente du monde mais pour le transformer avec pour
fonction de provoquer le changement. Son nom vient de « bénéfique » car il anéantit l’ignorance.
A l’époque Gupta, le shivaïsme, apparu à l’époque chrétienne avec la création de la secte Pâshupata, est présente
comme tant à l’attester la réalisation de portraits de maitres Pâshupata à Mâturâ à la fin du IV siécle selon une
inscription.
Son iconographie : il prend des formes multiples.
Sa danse dans un cercle de feu détruit le monde devenu mauvais mais le met aussi en mouvement. Représenté
comme roi dansant aux bras multiples, chargée de symboles cosmiques. Tantôt il est actif, lutte contre les
démons, tantôt il est immobile en méditation. Il peut intervenir dans la vie terrestre sous la forme d’un homme
comme le chasseur qui provoque Arjuna.
Il est reconnaissable à son troisième œil frontal et à ses attributs : le trident ou la hache, le tambour, le
rosaire. Sa monture est Nandin ( taureau à bosse). Son épouse est la déesse Pârvatî ( fille de la montagne), avec
qui il a deux fils : Ganesha reconnaissable à la tête d’éléphant. Il a pour seconde épouse : Gangâ ( le Gange
divinisé). Sa représentation sous sa forme composite se fixe sous les Gupta : mi-shiva, mi-Pârvâti. Ils ne sont plus
qu’un comme la « parole et son sens ». Il peut y avoir 4 têtes représentées symbolisant respectivement : l’eau, la
terre, l’air, le feu.
Au V siécle, Son fils, Ganesha intègre le panthéon et devient une divinité majeure. C’est une figure essentielle du
culte domestique.
C’est le dieu replet qui, à l’origine, est le chef des gana, (nains difformes de l’entourage de Shiva). Son culte
devient très populaire et son iconographie se fixe.
Son iconographie : souvent représenté en compagnie de sa monture, un paon, possédant souvent une lance (
destructeur des obstacles). Il est aussi appuyé sur l’épaule d’un gana.
Ganesha, V-VIe siècle
. Mais il y l’ existence d’autres dieux car l’univers est composé de plusieurs mondes : les enfers, le monde
terrestre et divers ciels. Tous ces mondes sont peuplés de divinités et de démons que recouvre en fait l’idée d’un
dieu unique : le brahman dont les hommes se font des représentation multiples. Ce dieu se manifeste à travers
plus de 2000 dieux. Il y a aussi des groupes divins (êtres surnaturels comme les asuras, les daityas, ennemis
traditionnels des dieux contre qui ils mènent un combat sans issus).
Les animaux sont muables en êtres sacrés : vache qui rassemble culte et mythologie, symbolisant nourriture et
purification. Le serpent, les plantes ( lotus), les eaux.
Diffusion aussi du culte des divinités planétaires ( Graha) au nombre de 8 qui furent empruntées au monde
hellénique mais leur iconographie est purement indienne. Bien que parfaitement comprise, le phénomène de
l’eclipse restera personnifiée par Râhu.
Le culte du dieu du soleil, Surya jouit encore d’une audience.
La personnalisation des fleuves par deux déesses fluviales est une nouveauté, sous forme de jeunes femmes
portant des vases debout sur un makara pour Gangâ ( Gange) et sur une tortue pour Yamunâ.
- Si les formes du même dieu incarnent le cycle de la vie, à chaque divinité masculine est associé une
représentation féminine. D’autre part, si les dieux sont des êtres puissants sans doute, doués de certains
pouvoirs, ils restent assujettis à la loi du karman. Ils naissent, perdent leur condition, meurent. Environnement qui
ressemble à celui des humains et leur rend plus proches.
- La mythologie raconte leur aventure.
Mythe de Ganeha
Dieu pittoresque doté d’une tête d’éléphant est evoqué chaque fois que l’on souhaite la réussite dans une
entreprise. Voici ce que raconte la légende. Après une longue absence, le dieu Shiva rentre auprès de son épouse
Parvati, et trouve celle-ci en compagnie d’un jeune homme. Furieux il tranche la tête de ce dernier. Puis se rend
compte que c’était son fils Ganeça. Pris de désespoir, il jure qu’il remplacera la tête par celle du premier passant.
Ce fut un éléphant. On le représente avec un ventre prédominant.
Le mythe de Krishna : naissance secrète en butte aux persécutions d’un oncle cruel, le roi Kamsa donne lieu à un
nombre de péripéties fabuleuses. On nous parle de travaux surhumains qu’il a accompli étant enfant : adolescent,
il est le bouvier divin qui joue de la flûte autour de bergères qui dansent. Plus tard il apparaît comme chef
guerrier, fondateur de villes et s’établit aux bouches de l’Indus. Il enlève sa femme Rukmini, participe à de
nombreuses guerres. C’est un personnage complexe, composite qui résume presque tous les aspects du génie
humain.
Le sommeil cosmique de Vishu : Plusieurs reliefs en terre cuite mettent en scènes des mythes.
Décor du temple de Bhitargeon. Allongé sur le serpent, le dieu semble avoir été représenté délibérément épuisé
de manière à mettre en évidence la gracieuse présence de l’invisible Tâmast, l’obscurité qui en réponse à la prière
de brahma permettra la défaite des démons jumeaux Madha et Kaitabha. Le récit est relaté dans le Devi
Mâhâtmya, du III et IV siècle qui donne ses assisses fondamentales au culte de la déesse.
- Une mythologie qui imprime l’organisation sociale :
. Ainsi toutes choses comme les êtres sont classifiés : une société hiérarchisée fondée sur la religion
C’est une forme d’existence car cette religion imprime les comportements sociaux et la condition des individus en
est subordonnée.
Les hommes sont répartis en castes (catégories hiérarchisées et fermées) : au sommet les brahmanes ( prêtres),
ensuite les guerriers puis les paysans, les commerçants. La quatrième caste est au service des autres. Ce système
est sacré et il est impossible de sortir de sa caste sinon dans une autre vie. Chaque caste est subdivisée et il
existe une catégorie nombreuses d’exclus ou d’ » intouchables » considérés comme impurs. La profession est
déterminé par la caste.
- Des rites de dévotion qui se complexifient :
. Les fidèles leur offrent des fleurs, récitent des litanies et accomplissent des rites magiques, espérant
échapper ainsi aux cycles des mauvaises réincarnations. Ce sont des hommages à la divinité dans le but d’entrer
en communication avec le monde divin et de s’en assurer le concours pour en obtenir certains avantages.
Il y a aussi des sacrifices rituels d’animaux : Sous Samudragupta ( 335-376), célébration d’un Ashvamedha ou
sacrifice du cheval. Ce rituel d’apanage védique était l’exclusif d’un souverain d’envergure politique incontesté.
Cet événement qui aurait eu lieu à la fin du règne et fut commémoré par une monnaie.
A l’époque des Gupta apparaît une coutume nouvelle : à la mort de son mari, l’épouse fidèle se fait brûler sur le
bûcher funéraire.
- Des principes religieux qui s’incarnent dans les bâtiments cultuels :
. Maturité de cette architecture à la fin du V siècle.
Certains édifices de grandes tailles comme les tirhankara jains, budha ou linga shivaiste, étaient dans la
continuité d’une tradition ancienne. Ces derniers étaient abrités dans des pavillons sous colonnes ou même isolé
sur des simples plate formes.
Les bâtisseurs de l’époque Gupta utilisaient surtout pierres et briques même s’il l y eu des édifices en bois comme
les sources littéraires l’attestent mais il n’en reste rien. D’autre part, ces derniers savaient tirer partie de la
topographie accidentée pour y établir des structures excavées comme dans la tradition.
Les édifices en brique étaient élevées sur des terrasses d’argile battue. Les murs comportaient un blocage de
briques pilées mélangés à du mortier. Les parois étaient enduites de chaux ou revêtus d’un pavement de pierre.
La sculpture fait partie intégrante des édifices religieux. Reliefs et images participent à la célébration du culte.
L’iconographie religieuse est soumise à des règles très strictes que dictent les divergences sectaires, les
prescriptions des textes, les thèmes mythologiques et les concepts doctrinaux dominants. C’est une période de
grande innovation avec l’apparition d’ animaux, de monture des dieux.
. Les sanctuaires bouddhiques :
Udayagiri
Son corps cylindrique dont la partie supérieure a aujourd’hui disparu, se dresse sur une haute basse dont les
parois sont percées par 8 niches qui abritaient autrefois les effigies du Buddha. A la structure de base en brique
fut ajouté un beau parement de pierre au décor complexe combinant arabesques et motifs géométriques. Les
reliques funéraires sont regroupées dans un Stupa.
. Les temples hindouistes
Le temple hindou n’est pas un lieu de réunion mais glorifie des divinités. Au fond, le sanctuaire qui est minuscule
est dédié aux offrandes. Il est surmonté d’une tour dont le sommet est en relation avec les autres mondes où
vivent les être divins. Les statues et les fresques racontent les légendes et décrivent les caractères de la
divinité. Les proportions du temple et l’emplacement des éléments décoratifs sont prescrits par la science des
nombres sacrés, ceux là qui régissent l’univers dont le temple est considéré comme une réduction.
Leur plan était rectangulaire dotée d’une toiture curviligne et l’entrée est située au centre de l’un des longs cotés.
Ils étaient soi disant destinés à abriter une image de Vishnu reposant sur le serpent cosmique Ananta ou sur des
effigies des déesses mères.
Les encadrements de portes sont dotés d’un décor d’une extrême richesse.
Les déesses fluviales, Ganga et Yamuna font de l’édifice l’équivalent d’un lieu de pèlerinage, purifiant le dévot qui
en franchit le seuil et évoquant par leur présence le confluent sacré des deux grands fleuves du nord de l’Inde.
Dans le décor, il y a aussi des couples d’amoureux, des gardiens de portes et des nains difformes, facétieux.
Infinies variétés de motifs géométriques ou de rinceaux végétaux. La divinité à laquelle le sanctuaire est
consacré est souvent dans la position centrale du linteau.
Les murs extérieurs des temples importants étaient percés de niches destinées à abriter les statues des
divinités secondaires ou des reliefs inspirés de l’inépuisable source que constituait la mythologie hindoue.
Accolé à la tour sanctuaire, sur la façade principale, un espace fait office de fronton abritant l’effigie de la
divinité prédominante du sanctuaire.
Il semble qu’à partir du V siècle, il était d’usage d’édifier une enceinte autour des complexes religieux, qui
formaient de véritables villes.
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