Dans le cadre d'une concurrence pure et parfaite, la loi de l'offre et de la demande correspond donc à un
mécanisme d'ajustement automatique des prix. Le credo libéral se fonde largement sur la croyance dans les
vertus des lois du marché pour la régulation automatique de l'économie ( voir le concept de « main invisible »
d'Adam Smith) .
La loi de l'offre et de la demande est censée s'appliquer sur tous les types de marchés:
Sur le marché du travail (rencontre entre l'offre de travail en provenance des salariés et la demande de travail
en provenance des employeurs) -- le prix du travail (salaire) résulterait donc d'un ajustement automatique.
Sur le marché des capitaux (rencontre entre les offreurs et les demandeurs de capitaux) -- la fixation des taux
d'intérêt résulterait donc également d'un mécanisme d'ajustement automatique.
Sur le marché du change -- la fixation du cours des monnaies dépendrait également des lois du marché.
Toutefois, l'application parfaite des lois du marché suppose que les conditions de réalisation de la concurrence
pure et parfaite soient remplies.
La concurrence peut-elle être réellement pure et parfaite ? Cette notion n'est-elle pas utopique ? La loi de l'offre
et de la demande ne correspond-t-elle pas finalement à une modélisation abstraite parfois bien éloignée de la
réalité ?
II -- La notion de concurrence pure et parfaite.
La concurrence parfaite n'existe pas dans la réalité, elle correspond toutefois un schéma idéal que les
économistes ont tracé. Cette notion ne doit donc être conçue qu'en tant que base de raisonnement.
Ce schéma idéal se caractérise par la réunion de cinq éléments :
1er élément : l'atomicité.
L'atomicité d'un marché se caractérise par la présence d'un grand nombre d'offreurs et de demandeurs. Ces
offreurs et ces demandeurs doivent être de taille réduite ( « atomes »). On dit qu'il y a atomicité d'un marché
lorsque aucun agent du marché (acheteur ou vendeur) ne peut, par sa seule action exercer une influence sur les
conditions du marché. En bref, cela signifie qu'un seul acheteur ou un seul le vendeur ne peut, par sa seule
action, faire baisser le prix du marché. Par exemple, si un seul acheteur décide de doubler sa consommation
journalière de sel, cela représentera une "goutte d'eau dans la mer", et le prix du sel ne baissera pas.
Inversement, si un seul vendeur de sel décide de monter ses prix, cette variation n'aura aucune influence sur le
prix global du sel. Ainsi, aucun vendeur ou acheteur ne représente un poids suffisant pour influencer les
conditions du marché et notamment le prix d'équilibre. Cette situation d'atomicité suppose l'absence totale de
monopole, l'absence totale d'entente entre les groupes d'entreprise, l'absence de position dominante. Le prix
correspond donc un prix d'équilibre déterminé par le marché et ce prix imposera à tous les agents, qu'ils soient
consommateurs ou producteurs.
Si l'on prend l'exemple du marché du travail, la concurrence pure et parfaite se caractériserait par le fait qu'aucun
travailleur ou groupes de travailleurs ne pourrait prendre de décisions susceptibles de modifier sensiblement la
quantité globale de travail disponible est donc le salaire d'équilibre -- cela suppose donc l'absence de syndicats
ou de groupes de pression ! ! !
2° élément : L'entrée libre sur un marché.
Dans cette hypothèse l'accès des offreurs ou des demandeurs sur un marché doit être totalement libre. Toute
réglementation imposant des conditions préalables à l'exercice d'une activité est donc exclue. On devrait pouvoir
librement créer une pharmacie, par exemple ! !
3° élément : l'homogénéité.
Tous les produits offerts sur le marché doivent être comparables ou homogènes. En d'autres termes chacune des
unités proposées par les offreurs doit être totalement interchangeable. Curieusement, cela suppose l'absence de
publicité et cela suppose aussi que les vendeurs ne pratiquent pas une politique de différenciation des produits.
Pour en faire une application au marché du travail, cela supposerait que les employeurs soient indifférents à la
personnalité des travailleurs. De ce point de vue, un employeur n'établirait pas une relation avec un travailleur
mais se contenterait d'acheter des heures de travail en étant indifférent au fait que ces heures soient effectuées
par tel ou tel..