nature et de la configuration des protéines, ainsi que de leur degré de dégradation
éventuelle et de la présence d'acides aminés libres ou d'oligopeptides.
La réactivité des sucres
A l'exception des polyols dérivant des sucres, la plupart des glucides peuvent être à
l'origine d'une réaction de Maillard: les sucres réducteurs réagissent directement avec
les acides aminés et les protéines mais d'autres sont susceptibles d'être convertis en
sucres réducteurs au cours d'un chauffage intense. A titre d'exemple, le saccharose
de la graine d'arachide donne naissance à des éléments réducteurs pendant le
grillage: malgré la part consommée par la réaction avec les acides aminés, la graine
grillée tend à contenir plus de sucres réducteurs que l'arachide crue (+ 4% en
moyenne). Une observation analogue concerne davantage la zootechnie. Il s'agit des
farines de poisson qui sont souvent fabriquées de façon discontinue, les déchets de
conserverie étant abandonnés un certain temps avant leur cuisson et leur séchage.
Pendant ce délai, les nucléases agissent et libèrent une fraction du ribose constitutif
des acides nucléiques; cette hydrolyse est suffisante pour entraîner ultérieurement
une réaction de Maillard dans le sous-produit d'une ressource qui est initialement peu
favorable à ce type de réaction.
Pour discrets que soient ces mécanismes, ils ne peuvent être ignorés de ceux qui ont
la responsabilité de traiter des ressources industrielles ayant déjà subi des opérations
technologiques.
Un autre aspect à souligner est la part respective des sucres et des acides aminés
dans le développement des brunissements et des réactions de Maillard. Les sucres
en constituent toujours l'élément actif tandis que les protéines et les acides aminés en
sont un facteur passif. D'une part, ils renforcent le brunisse ment obtenu par la
caramélisation du sucre; de l'autre, ils subissent l'action des sucres dans le cas d'une
réaction de Maillard.
La réactivité des sucres est donc une donnée essentielle pour prévoir le
comportement d'un produit lors de traitements thermiques. Les sucres les plus réactifs
sont:
-le lactose, parmi les disaccharides -le galactose, parmi les hexoses
-le ribose, parmi les pentoses, mais cette classe de sucres offre, dans son ensemble,
une grande réactivité avec les protéines et les acides aminés, même à concentration
isomoléculaire avec des hexoses.
La réactivité des sucres dépend, de plus, de leur stéréoisomérie et de la nature de
leur fonction réductrice, ainsi qu'il ressort du Tableau 4. A partir de là, on peut en
déduire que le lactose hydrolysé est plus réactif que le glucose, lui-même étant
responsable d'une réactivité plus forte que l'isoglucose. En ce qui concerne les
constituants des pentosanes ou des hémicelluloses (xylose et arabinose) , ils
présentent une réactivité élevée et comparable: une dégradation partielle des
hémicelluloses renforcera très nettement l'intensité d'une réaction de Maillard.
Acides aminés et protéines
Ce sont des éléments passifs, exposés à subir la réactivité chimique des sucres
réducteurs et de leurs dérivés, tels les réductones, qui peuvent être issus de la
caramélisation des sucres comme de la réaction de Maillard elle-même. Nous
examinerons rapidement les différents cas qui peuvent se présenter, en allant du plus
simple au plus complexe.
a) Une solution d'un sucre et d'un acide aminé est un modèle de laboratoire qui
apporte des enseignements utiles, même en milieu industriel. Sur le plan de la
réaction de Maillard, l'ensemble des acides aminés, à l'état libre, présente un
comportement voisin; notamment un acide aminé basique (Lys, Arg, His) n'accuse
pas une réactivité double de celle d'un acide aminé neutre.
Par contre, en ce qui concerne le développement d'une coloration, ils interviennent
très activement. En règle générale, leur présence accroît fortement le brunissement,
proportionnelle à leur concentration et à la valeur du pH (Figure 3) : la présence de
glycine -en rapport isomoléculaire avec le glucose -décuple l'intensité du