
 
En ce qui concerne Mr P., j’estime son PS à 3/5. 
 
Mr P. lui-même ne se plaint pas particulièrement d’une mauvaise qualité de vie 
en dehors du fait qu’il est fatigué. Avant que l’on ne découvre sa maladie il était 
déjà plutôt casanier …  
Est-ce que sa qualité de vie qui me parait médiocre (PS=3) est au contraire 
acceptable pour lui ? La qualité de vie me parait être une notion extrêmement 
subjective. En effet, chaque patient a ses propres repères, ses propres envies. Si 
rester chez lui avec sa compagne, regarder la télé et se reposer lui convient, je 
n’ai pas le droit de juger ceci comme état une « mauvaise » qualité de vie. 
 
Dans un article paru dans Br J Cancer en 1981 (who should mesure the quality of life, 
the doctor or the patient ?Br J Cancer, 1988), les auteurs se demandent si c’est au 
médecin ou au patient d’évaluer la qualité de vie. Les résultats de l’étude 
montrent une grande différence entre l’évaluation de la qualité de vie faite par 
les médecins et par le patient. Il existe une variabilité allant de 30% à 50% selon 
le score utilisé. 
Les auteurs ne sont pas étonnés par les résultats et l’expliquent par le fait que la 
qualité de vie contient des éléments très subjectifs et ne peut donc pas être 
entièrement mesurée par des scores scientifiques. 
 
Je pense qu’il faut donc se garder d’appliquer ses propres références aux autres. 
On doit accepter que chaque patient soit différent.  
Dans ces situations difficiles où il est plus question d’accompagnement que de 
soin, il faut arriver à mettre en avant les désirs du patient et ne pas projeter les 
notres sur eux. 
 
 
 
2°) Mr P voudrait-il poursuivre s’il savait le pronostic de sa maladie? 
 
Je me suis demandé si la décision de poursuite du traitement par Mr P  n’était 
pas liée au fait qu’il ne savait pas tout sur sa maladie en particulier sur le 
pronostic.  
J’ai lu un article paru en 1990 dans BMJ, ou les auteurs montrent que les 
patients qui ont un cancer acceptent plus facilement un traitement radical que les 
médecins ou que n’importe quelle personne non malade: 
 
(Attitudes to chemotherapy : comparing views of patients with cancer with thoses of doctors, 
nurses, and general public. ML Selvin, BMJ 1990)