Stiglitz J.E.

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J.E. Stiglitz, Quand le capitalisme perd la tête, 2003
Présentation générale
Chapitre 1 : Expansion-récession : le ver dans le fruit.
Fiche réalisée par
OUMABADY Radja
Chapitre 2 : Coup de génie ou coup de chance ?
Fiche réalisée par Nassim
BENCHALEL
Chapitre 3 : La Fed toute puissante. Fiche réalisée par Nikola MILENKOVIC
Chapitre 4 : La Déréglementation tourne au délire.
Fiche réalisée par Alyeska
GUILLAUD
Chapitre 5 : « Comptabilité : l’imagination au pouvoir ».
Fiche réalisée par Marc
FROGET
Chapitre 6 : Les banques et la bulle. Fiche réalisée par Nina AURIAC
Chapitre 7 : Les réductions d’impôt nourrissent la frénésie.
Fiche réalisée par
Clotilde CAVAROC
Chapitre 8 : Vivre dangereusement. Fiche réalisée par Emir BERKANE
Chapitre 9 : Mondialisation : les premières razzias. Fiche réalisée par Julie BEZEJAT
Chapitre 11 : Déboulonnons les mythes. Fiche réalisée par Béryl TROUSSEL
Chapitre 12 : Vers un nouvel idéalisme démocratique : une perspective, des
valeurs. Fiche réalisée par Caroline HUET.
Présentation générale
Joseph Eugène Stiglitz est un économiste américain né le 9 février
1943 qui reçut le « Prix Nobel » d'économie en 2001 pour ses travaux sur
« l’économie de l’information », avec G. Akerlof et A.M. Spence. Il est un des
fondateurs et un des représentants les plus connus du « nouveau
keynésianisme ».De 1995 à 1997, il est le conseiller économique principal du
président Clinton. Cette expérience au sein du pouvoir exécutif américain lui
permet de comprendre quelles ont été les failles du modèle capitaliste. Il a
acquis sa notoriété à la suite de ses violentes critiques envers le FMI, qu’il
attaque dans La Grande Désillusion paru en 2002, et la Banque Mondiale,
critiques émises peu après son départ de la Banque Mondiale en 2000, alors
qu’il en était l’économiste en chef.
En 2003, dans « Quand le capitalisme perd la tête », fait le procès du
libéralisme sans limites : il retrace l’histoire des « folles années 1990 »,
essayant d’analyser les erreurs qui ont conduit l’économie américaine (et par
là le reste du monde) à l’éclatement de la bulle des nouvelles technologies et
à la phase de récession particulièrement violente qui a suivi.
D’un point de vue historique, le capitalisme prend son essor avec la
fin de la Guerre Froide, les Etats-Unis deviennent alors la seule
superpuissance, le capitalisme triomphe du communisme.
Chapitre 1 : Expansion-récession : le ver dans le fruit
Fiche réalisée par OUMABADY Radja
Dans le 1er chapitre, Stiglitz s’intéresse au cycle d’expansionrécession. Suite à l’ouverture internationale au profit des Etats-Unis, les
États-Unis connaissent dans les années 1990 caractérisées de “folles
années” des taux de croissance très élevés. Cependant cette période de forte
expansion est suivie d’une récession beaucoup plus importante : c’est ce qui
caractérise le capitalisme depuis deux siècles.
L’ampleur du bouleversement de la nouvelle économie, basée sur les
nouvelles technologies de l’information et de la communication, serait
équivalente à celui de la révolution industrielle d’il y a deux siècles, où
l’économie était passée de l’agriculture à l’industrie.
Cependant après une période d’essor les vraies répercussions de la
mondialisation au profit des États unis se font sentir peu à peu par des
crises alarmantes vers la fin des années 1990 qui se situe à la fois à
l’étranger comme les premières en Asie, et à la fois aux États-Unis même
surtout celle à Seattle en décembre 1999.
De plus, du fait que les intérêts spéciaux et immédiats l’aient emporté
sur l’intérêt général et durable, grâce à des lois fiscales et à la législation
limitant les plaintes en matières financières, les inégalités entre les différents
pays du monde face aux États unis se sont aggravées ; d’où, la montée
croissante de l’anti-américanisme.
Les causes de l’échec du capitalisme dans cette période seraient
essentiellement
une
carence
du
rôle
de
l’Etat
liée
à
l’excès
de
déréglementation. Cependant un nouveau problème se pose : l’Etat luimême fait-il des échecs ?
C’est pourquoi Stiglitz préconise par sa grande connaissance et son
incroyable expérience que l’Etat et le marché bien qu’étant tous deux
défaillants, devraient coopérer, se compléter chacun compensant les
faiblesses de l’autre et prenant appuis sur ses forces.
Pendant ces folles années 1990 au lieu d’investir en masse dans la
bourse, qui fut pour la plupart des investisseurs du gâchis, les agents
économiques auraient mieux fait en investissant plus dans les besoins
publics vitaux de la société tels que l’éducation, la recherche, les
infrastructures…
Mais il ne faut pas oublier que le fanatisme du marché a conduit, les
États-Unis à saboter les processus et les principes même de la démocratie.
Néanmoins ce gâchis et cette incompétence de l’Etat ne demeurent
pas inévitable puisque Stiglitz nous dit que “ce n’est que par des accords
internationaux équitables que nous parviendrons à stabiliser les marchés
mondiaux”.
Chapitre 2 : Coup de génie ou coup de chance ?
Fiche réalisée par Nassim Benchalel
Présentation préliminaire des personnes physiques et morales
évoquées dans le chapitre :
- Bill Clinton (1946 - ) : Président démocrate des Etats-Unis de 1992
à 2000, il fut très populaire, car réussit grâce à une politique de réduction
du déficit budgétaire à rétablir l’économie américaine, alors en récession.
- Ronald Reagan (1911–2004) : Président républicain des Etats-Unis
de 1980 à 1988, a voulu résoudre la crise économique, due aux chocs
pétroliers et à la Guerre du Viêt-Nam, aux Etats-Unis, en préconisant une
politique de restriction des dépenses de l’Etat (système d’austérité).
- La Federal Reserve Board (Réserve Fédérale des Etats-Unis) :
Institution indépendante, introduite par le Federal Reserve Act le 23
décembre 1913, décide de la politique monétaire des Etats-Unis (recherchant
stabilité des prix, croissance économique), supervise le système bancaire
américain, publie des rapports en rapport avec l’économie américaine (le
livre beige) et enfin agit comme « prêteur de dernier ressort ».
-
Le
Fond
Monétaire
Internationale
(FMI) :
Institution
internationale regroupant 185 pays créée en 1944 avec le rôle d’assurer la
stabilité du système monétaire international et de gérer les crises financières
(en fournissant des aides aux pays en difficulté).
Résumé du Chapitre 2 :
L’économie a sa place en politique, ainsi quand la conjoncture est
opportune, les élections sont quasi acquises pour le candidat. (Exemple :
la victoire de Clinton sur Bush en 1992 sur fond de récession.). Quand un
pouvoir politique maîtrise et considère le poids des outils économiques, il en
résulte bien souvent un engouement populaire pour l’économie, et une
légitime reconnaissance pour les économistes contribuant aux bons
résultats conjoncturels (Exemple : les bons résultats de Clinton permirent à
son équipe de conseillers économiques de sortir de l’anonymat, y compris
pour Stiglitz).
Mais parfois la conjoncture est comme un jeu de carte avec une main
dépendant des aléas du hasard (ex : 11 septembre 2001). Il semblerait que
selon Stiglitz la vie économique ne soit qu’un jeu soumis au hasard. Dés lors
tout gouvernement en fonction doit jouer avec la « donne » qu’elle a : c’est à
dire pour l’administration Clinton, une « reprise sans emploi », situation
d’expansion privée de création d’emploi ; un déficit budgétaire important
issu de l’ère Reagan, ayant baissé la pression fiscale, en vertu de la courbe
de Laffer. Stiglitz avance que les choix politiques déterminent la donne
future.
L’administration Clinton dut relever l’économie d’un déficit du PIB
américain de 5 % et d’une situation sociale critique. Mais Stiglitz n’hésite
pas à avancer que Clinton a été bien aidé par la conjoncture économique.
Stiglitz surenchérit même en déclarant que les collaborateurs de Clinton
étaient au bon endroit et au bon moment. L’objectif majeur de Clinton était
de maîtriser le déficit, il fallait réduire les dépenses ou augmenter les impôts.
Mais ces deux solutions menaçaient de ralentir l’économie. Finalement la
stratégie d’équilibre budgétaire fut un succès et le déficit se transforma
rapidement en excédent.
Pour Stiglitz, cette réussite est due au contexte historique.
Il s’explique : le Fédéral Reserve Board mena dans les années 1980
une politique d’austérité, visant à augmenter les taux d’intérêts afin de
juguler l’inflation. (De 13.5% en 1980 à 3.2% en 1983). Mais rapidement, les
conséquences se firent sentir avec une hausse de chômage, et un système
bancaire ravagé, par les taux d’intérêts fort, mettant en situation de faillite
les caisses d’épargne de prêts immobiliers. Pour les sauver, Reagan les
autorisa à évaluer très haut leurs profits futurs. Mais cela ne fut pas
suffisant, et le « pari de la résurrection » fut tenté en consentant des prêts à
hauts risques, mais à haut rendement. Reagan dû en 1988 employer de
lourdes dépenses (1 milliard de dollars) pour sauver les caisses
d’épargne. Finalement, il réussit à sauver son erreur de 1980 mais le
budget général en avait souffert et, la récession de 1990 était amorcée.
Ces taux d’intérêts élevés eurent aussi des conséquences hors des USA,
notamment en Amérique Latine, qui avait beaucoup emprunté aux USA et
dont les pays durent bien vite se déclarer en défaut de paiement et donc
fragilisèrent le système bancaire Américain.
Bush
Senior
mit
en
place
des
réglementations
bancaires
restrictives afin d’assainir les bases financières, mais les banques durent
aussi dans cet effort, réduire leurs prêts.
Dès lors, l’économie Américaine s’assèche et la Federal Reserve
reprend les maladresses, en traitant les bons d’Etats à long terme dont le
rendement est sensible aux variations du taux d’intérêt, incitant les banques
à placer leur argent en bons d’état, plutôt que de proposer des prêts pour les
entreprises créatrice d’emploi. En 1991, la Federal Reserve baisse enfin
ses taux d’intérêts.
Bill Clinton, bénéficia de ces erreurs de gestion économique pour être
élu. Mais sa politique de réduction du déficit, fut « un coup de chance »
selon Stiglitz, qui entraîna un mécanisme de relance keynésienne, malgré lui
car en réduisant le déficit, l’administration Clinton avait recapitalisé les
banques. Une fois la réduction du déficit entamée, les taux d’intérêts
diminuèrent
également.
Par
ce
même
processus,
les
banques
se
désintéressent des bons d’Etats, pour reprendre une activité de « prêt
intensif ». L’économie américaine est alors relancée. Les 16 millions
d’emplois créés en 8 ans par Clinton, ne sont donc pas complètement dus à
sa politique, selon Stiglitz, mais surtout à la reprise de confiance des
agents économiques, due à la politique de restriction budgétaire. Cette prise
de confiance est nécessaire, selon Stiglitz, afin que les entrepreneurs
investissent et, que la fédérale réserve indépendante ne choisisse pas
d’intervenir afin de réguler une éventuelle inflation.
Stiglitz enchaîne sur la contestation de la politique de réduction du
déficit menée par Clinton, en mettant en avant la non relation entre cette
politique et la sortie de la récession, alors qu’en temps normal, augmenter le
déficit via une politique de relance keynésienne en comptant sur l’effet
multiplicateur, est le meilleur moyen de relancer l’économie. De plus, la
réduction du déficit n’était absolument pas nécessaire, car toute
récession prend fin un jour, et la réduction du déficit aurait pu être
chaotique. Toute expansion finit par une chute et toute récession est suivie
d’une reprise. De plus la baisse de l’inflation, fut à l’origine de la baisse des
taux d’intérêts à long terme. La confiance n’est pas forcément le fruit de la
politique clintonnienne, mais plus basée sur le fait que « rien n’inspire
davantage confiance que la croissance ». En outre, les innovations
techniques et la révolution informatique, amorcées avant Clinton furent
un déterminant de la confiance.
Stiglitz poursuit en précisant que si Clinton avait utilisé les fonds
libérés pour investir dans la Recherche et Développement, sans doute, le PIB
de 2 000 aurait connu meilleur sort. Des choix furent fait, qui avec le recul,
sont contestables. Et la donne laissée à Bush, ne fut peut être pas optimale,
selon Stiglitz, revenant sur le thème de la « donne » abordée en début de
chapitre. Le regard de Stiglitz quant à l’avenir est pessimiste, il estime que
les infrastructures américaines finiront par flancher. Il tire 3 conclusions
l’analyse qu’il a développée :
-
Un mauvais système de comptabilité est à l’origine de
mauvaises informations et de mauvaises décisions économiques.
-
Les experts du marché financier sont incapables de
remarquer que l’état des Etats-Unis se détériore.
-
En règle générale, la baisse du déficit n’a pas de lien
avec la reprise.
Enfin, il ponctue par des critiques envers l’Union Européenne
entravée par le pacte de stabilité où chaque pays doit lutter contre le déficit.
Et selon lui, le FMI dévie aussi de sa mission qui était de fournir des
liquidités aux pays nécessitant une relance économique. Il conclue donc sur
la nécessité de privilégier les politiques de relance économique, d’influence
keynésienne, afin de revigorer l’économie mondiale.
Mécanismes économiques présents dans le Chapitre 2 :
Tout d’abord Joseph Eugène Stiglitz
évoque la Courbe de Laffer,
justifiant la politique de baisse de la pression fiscale pratiquée par Reagan.
L’économiste libéral Arthur Laffer, modélisait graphiquement le fait que les
rentrées fiscales de l’Etat étaient croissantes en fonction du taux
d’imposition, et ce jusqu’à un taux d’imposition maximal. Une fois ce taux
dépassé, les rentrées fiscales devenaient décroissantes en fonction du taux,
dans la mesure où plus la pression fiscale est forte, moins les individus
consentent à travailler pour céder une grande partie du fruit de leur travail.
Stiglitz s’oppose à cette théorie.
Stiglitz développe pour contester la politique de Clinton, la théorie
des cycles, laquelle expliquant qu’une phase de récession est toujours
suivie d’une phase de croissance, et vice versa. Dès lors, cela implique une
activité cyclique dans l’économie, théorie emprunte à un certain fatalisme.
On remarquera également avec la notion de « donne » et d’ « héritage »
des choix et situations économiques, qu’il fait une allusion aux effets
d’hystérèse, c'est-à-dire qu’une période de récession a des conséquences
néfastes sur la croissance future (car le capital humain est endommagé par
le chômage de longue durée, baissant la productivité du travail).
Stiglitz mettra également en avant pour expliquer la crise des sociétés
de crédits immobiliers amorçant la dépression de 1990, les mécanismes de
la sphère monétaire et financière tels que les décrivait Keynes, c'est-à-dire
qu’un taux d’intérêt fort, ne facilite pas l’accès aux liquidités pour les
entreprises, qui ne peuvent donc pas investir. Dans le cadre d’une société de
crédit immobilier, les prêts proposés étaient alors moins avantageux (car les
coûts plus élevés), donc moins sollicités et les sociétés de crédit immobilier
multipliaient les difficultés à partir de ce moment là.
Stiglitz parlera également des atouts d’une relance keynésienne,
basée sur une politique monétaire incitative (baisse du taux d’intérêt,
hausse de la masse monétaire, accès aux liquidités facilité) et une hausse du
déficit, permettant en vertu du multiplicateur keynésien de relancer la
production. C’est pour cela qu’il critique l’excès de la restriction budgétaire,
en avançant que la croissance aurait pu être largement supérieure si Clinton
avait opté pour une relance keynésienne.
Enfin, il énonce le raisonnement de la relance « hasardeuse »
clintonnienne, c'est-à-dire que la réduction du déficit de Clinton, entraîne
une hausse de la confiance des entrepreneurs et une baisse du taux
d’intérêt, ces deux facteurs stimulant l’investissement et favorisant une
hausse de la production, et aboutissant à une hausse des emplois.
SCHEMA DE LA RELANCE « HASARDEUSE » CLINTONNIENNE :
Réduction
Confiance des
Hausse des
Hausse
Production
du déficit
investisseurs
Baisse taux d’intérêt
investissements
et emplois.
Chapitre 3 : La Fed toute puissante
…et comment elle a gonflé la bulle
Fiche réalisée par Nikola MILENKOVIC
Introduction : La Réserve fédérale1 appelée souvent Federal Reserve ou
encore, FED, est la banque centrale privée des États-Unis. Elle décide de la politique
monétaire des États-Unis, avec un double objectif de stabilité des prix et de plein
emploi, et l'obligation de faciliter la croissance économique. Stiglitz l’accuse d’avoir fait
gonfler la bulle spéculative2 durant les années 1990 et de n’avoir rien tenté pour la
dégonfler avant qu’elle ne finisse par éclater en 2000.
I. Des mots contre une bulle
En décembre 1996, lors d’un discours devant l’American Entreprise Institute
à Washington, Alan Greenspan3, alors président de la Federal Reserve, prononce
une phrase qui déclenche en apparence un début de panique sur les marchés
financiers mondiaux. Le poids démesuré de ces quelques mots : « Comment savonsnous à quel moment l’exubérance irrationnelle a gonflé indûment les valeurs ?» sème
le doute chez les courtiers. Bien que cette question
est relative à la chute
inattendue des prix de l’immobilier au Japon et à la difficulté de savoir lorsqu’une
bulle spéculative se crée et éclate, tout le monde est convaincu et à juste titre qu’elle
concerne implicitement les marchés financiers américains dont les prix ne cessent
d’augmenter. En effet une bulle s’était formée depuis quelque temps déjà et en
posant cette fameuse question Greenspan essaie de la dégonfler en appelant
implicitement à la prudence les agents économiques ayant tendance à surestimer le
prix des valeurs boursières. Le lendemain de ce discours, de nombreuses actions
baissent et les investisseurs imaginent déjà le pire. Mais ce n’est qu’une simple
fluctuation, la portée du discours du président de la FED se révèle bien faible et,
1
Créée le 23 décembre 1913 par le Federal Reserve Act dit aussi Owen-Glass Act.
2
Une bulle spéculative, aussi appelée bulle boursière ou bulle financière, est une hausse des prix très
excessive sur le marché des actifs financiers (Bourse), de l'immobilier, des changes, des matières
premières, etc.
3
Alan Greenspan (né le 6 mars 1926 à New York) a été le président de la Réserve fédérale, la banque
centrale des États-Unis, du 11 août 1987 au 31 janvier 2006. Il est considéré par beaucoup comme le
maître à penser de la politique économique intérieure des États-Unis. Sa gestion de l'inflation fait
référence auprès des gouvernements successifs. Louant sa grande expérience, les médias l'ont appelé
« l'économiste des économistes », ou encore le « Maestro ».
quelques temps après, les valeurs boursières continuent à augmenter encore et
toujours jusqu’à ce que la bulle éclate. Les conséquences de l’éclatement d’une bulle
peuvent être catastrophiques pour une économie. En effet lorsque cela se produit les
ménages se sentant appauvris réduisent leur consommation et les entreprises
diminuent leurs investissements quand elles ne font pas faillites, il est donc
primordial d’agir afin que cela se fasse « en douceur ». La solution logique est
d’augmenter les taux d’intérêts (afin de freiner les investissements sur les marchés)
mais étrangement celle-ci n’a pas été retenue par Greenspan estimant que cette
hausse risquait d’entrainer un ralentissement de l’économie. Il a donc préféré jouer
de son statut et de sa supposée influence sur le marché financier en prononçant ces
quelques mots dont l’impact n’a été qu’éphémère. Dans un sens cela semble plutôt
logique car si cela n’avait pas été le cas cela signifierait que les acteurs du marché
financier ont un mode de pensée irrationnel basé sur des mots plutôt que sur des
calculs rationnels.
II. « exubérance irrationnelle » et efficacité du marché
Greenspan en soulignant dans son discours l’ « exubérance irrationnelle » du
marché remet en cause l’idée même qu’il a du fonctionnement du marché. En
d’autre termes prononcer une telle phrase reviendrait à affirmer qu’il ne croit plus
que les prix des marchés sont déterminés par l’information qu’on a sur ceux-ci
(situation des secteurs, des firmes ou encore du climat social) et que les décisions
prises à partir de ces prix permettent une bonne allocation des ressources ce qui
permet la croissance de l’économie. Il n’adhèrerait plus à la conception des marchés
efficients où les prix reflètent la totalité de l’information disponible sur ce qui les
composent et varient seulement lors d’évènements imprévus; mais à la conception
opposée des marchés sur lesquels les prix sont incontrôlables et résultent des
« caprices » des acteurs des marchés.
Dès 1996 Greenspan avait perçu la formation d’une bulle. Les conséquences
de l’éclatement d’une bulle ne sont pas négligeables, il existe des coûts
macroéconomiques supportés par l’ensemble de la société. Concrètement après
l’éclatement d’une bulle l’économie tourne à 2% au dessous de son potentiel
pendant deux ans. Par exemple une économie qui pèse 10 000 milliards de dollars
perdra 400 milliards de dollars après l’éclatement d’une bulle. En tant que président
de la FED il avait le devoir non seulement d’éviter l’inflation (son principal objectif)
mais aussi de stabiliser cette bulle. Pourtant il n’a rien fait si ce n’est prononcer une
phrase préventive. Comment Greenspan justifie-t-il cela ?
En 2002, deux ans après l’éclatement de la bulle, Greenspan s’explique
enfin : d’une part il n’était pas sûr de l’existence de cette bulle et d’autre part il
hésitait sur la manière à intervenir. Comment pouvait-t-il nier l’existence d’une bulle
sur le marché financier après avoir observé une hausse importante des indices des
actions (à titre d’information l’indice de Standart & Poor’s est passé de 740 à 1534
de 1996 à 2000). En ce qui concerne les remèdes à utiliser, si Greenspan refusait de
jouer sur les taux d’intérêts comme nous l’avons expliqué précédemment , d’autres
possibilités s’offraient à lui, à savoir faire pression contre la forte baisse de
l’imposition des plus values ou encore relever les marges qui déterminent la hauteur
à laquelle on a le droit d’acheter des titres avec de l’argent emprunté. En
effet
l’augmentation des marges réduit la possibilité des investisseurs d’acheter des
actions ce qui entraine une baisse des prix sur les marchés et donc une atténuation
de la bulle. Tout ceci nous montre que la FED aussi importante et respectée soit-elle
est faillible. Ce n’est pas vraiment étonnant car il est plus que difficile de prendre
des décisions à partir d’interprétations relatives à de multiples analyses statistiques
complexes du marché financier.
L’arrivée des Démocrates au pouvoir marque la volonté de réduire le chômage
grâce à la résorption du déficit budgétaire. En effet une baisse du déficit budgétaire
est censé entrainer une diminution des taux intérêts qui eux-mêmes contribuent à
la hausse des investissements et donc permet une augmentation du PIB qui se
traduit par des créations d’emplois. Cela n’est possible que s’il y a un consensus
entre les politiques budgétaire et monétaire à mener. En théorie c’est le cas puisque
La FED a pour mission de maintenir l’inflation tout en diminuant le chômage et ce
en jouant avec les taux d’intérêt. Greenspan soutient donc la politique budgétaire de
la présidence car il estime qu’un déficit élevé est synonyme d’investissements
timides dans le secteur privé et donc entraine une diminution de la consommation.
Il souligne cependant qu’il existe un seuil critique du niveau du chômage en dessous
duquel se matérialise l’inflation. Ce seuil critique appelé NAIRU 1,
est estimé à
l’époque par Greenspan entre 6% et 6,2% pour le taux de chômage. La FED est donc
très vigilante d’autant plus que les effets en matière de politique monétaire ne se
font sentir qu’entre 6 mois et 1 an après le lancement, si elle estime que le chômage
passe en dessous du seuil de la NAIRU elle devra donc intervenir plusieurs mois
avant. Mais dès le début du premier mandat de Clinton la croissance reprend et le
chômage baisse sans que la FED ne l’anticipe. C’est seulement au début de l’année
1994 qu’elle agit en relevant les taux d’intérêt mais il est déjà trop tard car le
chômage ne cesse de diminuer pour atteindre 3,9% bien en dessous du NAIRU. La
FED prédit alors que le pays devra bientôt faire face à une forte inflation étant
1
non-accelerating inflation rate of unemployment
donnée cette baisse considérable du chômage. Ce n’est qu’une question de temps.
C’est pour cela que la FED s’engage à stabiliser le chômage au niveau du NAIRU et à
ralentir la croissance en continuant à augmenter progressivement les taux
d’intérêts. Clinton est alors inquiet de la tournure des événements. Pour lui
l’économie peut supporter un tel taux de chômage car l’inflation ne s’est toujours
pas fait ressentir. Relever le taux de chômage à 6% est risqué surtout si l’inflation ne
se matérialise pas. Cela revient à stabiliser le chômage à un niveau plus élevé qu’il
peut être, coût qui sera supporté par les américains les plus pauvres. De plus, pour
le président, l’augmentation du chômage représente un manque à gagner de 200 à
400 milliards de dollars. Il se fonde sur la loi d’Okun : une augmentation de 2% du
chômage équivaudrait à une diminution de 2 à 4% de la production. Mais la FED
décide de relever progressivement les taux d’intérêt et ce dernier passe de 3% au
double entre 1993 et 1995. Aussi étrange que cela puisse paraitre l’économie n’en a
pas pâti : le taux de croissance au lieu de se stabiliser croit jusqu’à 5%, le taux de
chômage n’a pas augmenté et ne s’est pas stabilisé aux alentours du seuil de la
NAIRU et l’inflation est restée relativement au même niveau que les années
précédentes.
III. LES LECONS
Ainsi, aussi bien la présidence que la FED avait tord.
De plus le comportement de Greenspan semble remettre en question la
relative indépendance de la FED pour deux raisons. Bien qu’il soutient la politique
budgétaire de Clinton de lutte contre le déficit avec comme nous venons de le voir
certaines réserves, il soutiendra quelques années plus tard la politique budgétaire
de G.W. Bush de réduction des impôts qui est synonyme de diminution de l’excédent
budgétaire (légué par Clinton) voire de déficit mais aussi de réduction du service
public. Dans les faits c’est d’ailleurs ce qui s’est produit puisque l’éclatement de la
bulle en 2000 (qui a entrainé un ralentissement économique et donc une baisse des
recettes de l’impôt) ajouté à une politique de réduction d’impôts ne peut qu’entrainer
un déficit budgétaire. Déficit budgétaire tant critiqué par Greenspan, celui-ci seraitt-il pro-républicain ? En réalité le comportement du président de la FED viendrait
traduire non pas un attachement au parti Republicain comme on peut le supposer
mais une volonté de réduire l’intervention de l’Etat car au travers de la politique
budgétaire de Clinton et de Bush c’est ce qui se dégage. La seconde explication est
que la FED ait accordé plus d’importance aux entreprises et à leurs intérêts
financiers qu’aux salariés. Comme nous l’avons compris le rôle de la FED est de
lutter contre l’inflation tout en permettant une réduction du chômage. Cependant
durant le mandat de Clinton, Greenspan se souci plus des conséquences de
l’inflation sur les acteurs du marché financier que des conséquences du chômage
sur les salariés. A partir de là on peut s’interroger sur la capacité de la FED à servir
l’intérêt économique de tous.
Conclusion : Au-delà du fait d’avoir montré que le phénomène de bulle est
complexe et que la dégonfler l’est encore plus, Stiglitz met l’accent sur la difficulté
d’appréhender le marché financier. D’ailleurs aussi bien l’administration Clinton que
la FED se sont fourvoyés : la première en sous-estimant la force de l’économie à
affronter les assauts de la FED et la deuxième en surestimant les tendances
inflationnistes du marché financier. Est-ce un signe d’une crise des institutions
économiques américaines ou une simple accumulation d’erreurs inévitables ?
Chapitre 4 : La Déréglementation tourne au délire
Fiche réalisée par Guillaud Alyeska
Qu’est ce que la réglementation ?
La réglementation quand elle est bien faite permet de maintenir la
concurrence, limite les conflits d’intérêt et les abus de pouvoir (notamment
lorsqu’il y a monopole naturel). Elle permet de garantir le fonctionnement
équitable du marché.
Le revers de la réglementation est la réduction des profits (en effet, la
concurrence oblige les entreprises à ne pas trop élever leur prix). Donc
nécessairement la déréglementation entraîne une augmentation des
profits.
Les années folles ainsi que la bulle des années 1990 ont été la conséquence
de la déréglementation du marché, c’est ainsi le juste rôle de l’Etat qui a
totalement été remis en cause.
Même si la Federal Reserve n’a pas fait tout ce qu’elle pouvait pour
l’éviter, ce n’est pas elle qui a créé la bulle. Il est difficile de prévoir une bulle
ou même savoir quand elle prendra fin. Certains facteurs renforcent la
probabilité d’une récession ou d’une crise économique.
Ces trente dernières années, il y a eu une centaine de crises dans le monde
dont beaucoup ont été causées par une déréglementation trop rapide.
Ainsi la déréglementation des années 1990 a eu un rôle dans la récession de
2001.
Par exemple, le laxisme de la déréglementation de la comptabilité a provoqué
des asymétries d’information qui n’ont pas été pas sans conséquences.
Les erreurs de marché (ici nous ne parlerons que de déréglementation
« mal faite ») coûtent cher. Si certains pays comme les Etats-Unis ont les
moyens de payer pour réparer ces erreurs, d’autres ne peuvent pas et sont
contraints de faire face aux conséquences étant obligés de consacrer une
grosse part de leur PIB.
Précisons que les récessions sont généralement causées par des erreurs de
la Federal Reserve, de déréglementation et de réformes fiscales et ont pour
conséquence la création et le gonflement d’une bulle jusqu’à son explosion.
Explicaction de la bulle des années 1990
Quels rapports entre la déréglementation et la crise (la bulle) des
années 1990 : cette période était fondée sur un fort optimisme dû aux
résultats des investissements de la décennie précédente qui voyaient naître
leur fruit notamment dans la technologie de pointe. Il y a eu une
augmentation de la productivité qui a permis une baisse des prix. De plus, il
est vrai que les Etats-Unis ont connu une forte délocalisation de la
production industrielle à l’étranger (les coûts étant moindres) mais elle a été
inférieure à la création de nouveaux emplois dans le secteur des services.
Ainsi on a pu remarquer une baisse du chômage (sans faire monter
l’inflation). Il y a également eu une hausse de la concurrence.
Le revers de la médaille concerne les salaires qui n’augmentent pas aussi
vite
qu’ils
le
faisaient
généralement
lors
d’une
reprise.
(Mais
la
consommation tout de même soutenue par la revalorisation des avoirs des
ménages continue de se développer.)
Donc la forte croissance économique ainsi qu’une hausse de productivité
ajoutées aux faibles salaires sont autant de facteurs d’augmentation des
profits. Ajoutons a cela de faibles taux d’intérêts (donc une « Bourse
prospère »), l’économie était au mieux de sa forme.
La pire des choses était donc de déréglementer à ce moment.
Les entrepreneurs se sont rendu-compte des bénéfices considérables
qu’ils pourraient faire en déréglementant le marché alors ils ont énormément
investi pour convaincre le gouvernement en instaurant des groupes de
pressions. La réglementation était de plus en plus inadaptée. Ces lobbyistes
ont argumenté en disant qu’une déréglementation allait rendre les marchés
plus concurrentiels ce qui serait donc bénéfique pour les consommateurs et
la société en général.
Or nous savons que la concurrence tend à réduire les profits à 0 donc
pourquoi dépensaient-ils tant alors que ça aurait dû contribuer à diminuer
leur profits ?
Grâce aux nouveaux démocrates (voulant se différencier des anciens en
favorisant une forte déréglementation), ils obtiennent enfin satisfaction après
de
nombreuses
années
d’argumentation.
L’époque
d’un
Etat
trop
envahissant était révolu (les républicains ont également contribué à le faire
reculer à leur arrivée au Congrès en 1994)
Nous
pouvons
distinguer
une
différence
d’enthousiasme
entre
les
deux partis :
-
les Républicains veulent tout déréglementer
-
les Démocrates veulent y aller petit à petit en gardant un minimum de
règles pour un minimum de sécurité.
En effet, pour que l’économie de marché fonctionne, il faut un minimum de
règles
afin
d’assurer
l’environnement
ainsi
une
que
concurrence
protection
équitable,
des
la
défense
consommateurs
et
de
des
investisseurs.
Il ne fallait donc pas tout déréglementer mais réformer la réglementation.
Effectivement, nous allons étudier un exemple précis des problèmes
causés par une déréglementation générale dans les télécommunications.
Comment
la
déréglementation
des
télécommunications
a
contribué à la grande bulle
La déréglementation a eu un rôle central dans le boom des 90’s.
Pour reprendre les termes de Stiglitz, le terme « Télécommunications »
évoque l’ascension puis la chute.
En chiffre :
De 1992 à 2001 : l’ascension : le poids des télécommunications a doublé
dans l’économie créant les 2/3 des nouveaux emplois et recevant le 1/3 des
investissements. Cette nouvelle technologie crée de nouvelles fortunes chez
les professionnels du secteur ou dans les transactions financières.
2002 : la chute : 500 000 emplois sont supprimés, 2000 milliards de dollars
se sont évaporés à la Bourse (l’indice Dow Jones chute de 86%), il y a eu de
nombreux dépôts de bilan, et 23 compagnies sombrent dans la faillite. Pour
citer le président de la FCC (Federal Communications Commission) : « Peu
de firmes gagnent de l’argent. Peu se développent. Peu dépensent. Peu
investissent. Le statut quo, c’est la mort certaine. »
Bilan :
Ceux qui étaient pour la déréglementation disaient qu’elle allait
intensifier la concurrence puisque les compagnies rivaliseraient pour
les parts de marché mais ils croyaient surtout à l’avantage du premier
qui aurait la possibilité de dominer, donc tout le monde a investi et
dépensé sans compter afin de pouvoir dominer ce qui a provoqué un
surinvestissement et donc une surcapacité.
Le retournement de l’économie a eu lieu lorsque les investissements se sont
interrompus.
La déréglementation des télécommunications a provoqué une « ruée
vers l’or » que les banques n’ont pu contrôler (parce qu’elles aussi avaient
été déréglementées).
8 février 1996 : (après de longues négociations) apparaît une nouvelle loi sur
les télécommunications : obligation aux baby bells de « déverrouiller » leur
ligne de branchement en laissant leurs concurrents y accéder à bas prix
(sous la juridiction de la FCC et non des Etats). (En échange, ils ont eu le
droit d’entrer sur le marché du téléphone longue distance).
Perspective sur la déréglementation
Le dispositif réglementaire avait été mis en place aux Etats-Unis dans
les années 1930 au lendemain de la grande expansion et de la crise.
Les dérégulateurs avaient une « vision manichéenne » du monde et ne
voyaient que les bons côtés d’une économie de marché d’un côté et l’inutilité
de l’intervention de l’Etat de l’autre sans mentionner une fois le fait que le
bon fonctionnement du marché puisse reposer sur un certain niveau de
réglementation.
Par exemple, la déréglementation des lignes aériennes a certes fait naître de
nombreuses compagnies, mais peu ont survécu (il y avait un noyau et des
lignes secondaires, mais quand les nouveaux concurrents se sont
installés,
les
anciennes
compagnies
réagissaient
en
baissant
brutalement leur prix et en augmentant leurs capacités de transport, ça
a peut-être été une perte d’argent sur le court terme mais après avoir chassé
ses nouveaux concurrents [qui ne pouvaient lutter contre cette réaction]
elles pouvaient retrouver leur situation de monopole).
Les échecs de marché sont souvent liés à la concurrence imparfaite
(Information imparfaite et asymétrie => prix Nobel), à l’absence de marché ou
aux externalités.
Sans Etat, il y a trop d’externalités négatives et pas assez d’externalités
positives alors que la recherche fondamentale financée par l’Etat s’est révélée
centrale au XXe et au XXIe siècles (ex : c’est le gouvernement fédéral qui
a construit la 1e ligne de télégraphe, qui a lancé Internet, la Federal
National
Mortgage
Association
a
permis
d’accroître
le
nombre
de
propriétaires en baissant les taux d’intérêt des prêts immobilier par rapport
aux marchés privés).
L’un des échecs le plus important du marché est le fait que les
entreprises veuillent supprimer la concurrence (en imposant des prix
élevés au consommateurs et refusant l’entrée de nouveaux concurrents),
cela avait déjà été souligné par Adam Smith, c’est pourquoi des politiques
antitrust pour lutter contre ces pratiques anticoncurrentielles sont mises en
place : il existe encore aujourd’hui de nombreux exemples notamment
Microsoft qui jouit du monopole du système d’exploitation (encore
d’actualité ces derniers mois).
Sous l’administration Bush, ces problèmes n’ont pas été pris en compte,
mais Clinton a bien compris l’importance de maintenir la concurrence (qui
permet de bons prix, la stimulation de l’innovation ainsi que la création de
produits).
Aides sociales aux entreprise et hypocrisie d’entreprise
Ce sont des subventions publiques aux entreprises et leur protection
par l’Etat.
Lorsque les chefs d'entreprises demandent de l'aide à l'Etat (notamment au
Council Economic Advisers) ils sont généralement tous d’accord pour
appliquer la concurrence, et la transparence et sont également contre
les subventions, bien sur, sauf en ce qui les concerne (et toujours avec
une bonne argumentation).
L’aide sociale aux entreprises est souvent remise en cause, d’autant plus
qu’elle a contribué à l’abandon de programmes comme l’investissement dans
l’éducation, la recherche ou la santé et donc de sacrifier l’aide aux pauvres
ce qui nous permet de voir se dégager de ce terme aide sociale aux
entreprises une certaine idée de lutte des classes.
Pour citer Stiglitz, «Nous avons serré la ceinture des pauvres et
desserré celle des riches.», c’est pourquoi, si on préconise le marché il faut
limiter ce genre de subvention.
Mais pratiquement rien n’a été fait pour réduire ces programmes
d’aides sociales, dans quelques cas le risque a été pris (malgré l’opposition
du Congrès), ce qui a été le cas pour les flottes aériennes d’entreprise.
Les flottes aériennes d'entreprise
Cette action a plus eu plus une valeur symbolique que d'impact
économique et relevait avant tout de la scène politique.
Nous pouvons noter une différence de mode de vie entre les
entrepreneurs (qui voyagent en avion d’affaire) et « le commun des mortels »
qui fréquentent les aéroports. Or ce sont les contribuables qui financent ces
avions d’affaire sans le savoir. Les avions de ligne payent une lourde taxe
afin de financer le système de contrôle aérien tandis que les avions d’affaire
ne payent rien. D’autant plus que l’austérité budgétaire ne permettait pas
d’investir dans le contrôle aérien qui se faisait dans des conditions
médiocres. Ainsi, s’est mise en place une forme de privatisation qui a permis
d’emprunter pour améliorer et moderniser, de cette manière toute société
privée allait forcer les avions d’affaires à payer ce qu’ils doivent ce qui a eu
pour conséquence de supprimer toute forme d’aide sociale aux entreprises,
mais le secteur privée a refusé, ayant compris que cette privatisation
mettrait fin a ces « subventions cachées ».
Le spectre
L'aide social aux entreprises peut également prendre la forme d’un
accès peu coûteux aux richesses naturelles (pétrole, gaz, minerais, bois).
C’est pourquoi les Etats-Unis ont décidé de mettre en vente (en 1993) le
spectre électromagnétique (le droit d'utiliser les ondes publiques), c’est une
ressource invisible qui a une grande valeur.
Avant cela, les entreprises utilisant ces ondes ont fait fortune. La mise
en vente permet une meilleure utilisation de ces ondes en imposant par
exemple des clauses de « responsabilité sociale », en exigeant la diffusion de
certains types d’émission à certaines heures.
Mais les médias étaient contre ce projet donc ce fut encore un échec
de l’élimination de l’aide sociale aux entreprises.
Les formes les plus répandues d’aide sociale dissimulée aux
entreprises sont les déductions d’impôts ainsi que la protection contre la
concurrence.
Les leçons
Puisque le monde était en pleine transition, l’Amérique se devait de
changer son système de réglementation, il fallait redéfinir le rôle de l'Etat,
c’est à dire déréglementer dans certains domaines en donnant moins
d’importance à l’Etat en réduisant les aides sociales aux entreprises d’un
côté et maintenir la présence de l’Etat d’un autre en favorisant les aides
sociales aux défavorisés et la recherche fondamentale. Le tout étant de
trouver le juste équilibre, puisque si le marché peut connaître des
défaillances, l’Etat aussi, c’est pourquoi il faut les coopérer.
Des erreurs ont été faites quant à la déréglementation de l’électricité,
des télécoms et des banques, il aurait fallu modifier la réglementation.
Pourtant aujourd’hui, après tant de déréglementation désastreuse, ce sujet
reste d’actualité et la concurrence dans les télécommunications reste
toujours limitée, tout cela étant la conséquence des économies capitalistes.
La
quête
déréglementation
des
a
fait
monopoles
sombré
que
tout
le
devait
marché
permettre
dans
un
la
total
déséquilibre ce qui pousse les entrepreneurs à investir excessivement
et ce qui coûte cher à tout le pays jusqu’à tomber dans une phase de
récession.
Booms et crises sont principalement liés a un surinvestissement
dans les nouvelles technologies, des erreurs de jugement étant commises,
la rentabilité de l’investissement et la croissance qui devaient en découler ne
sont pas à la hauteur des résultats prévus.
Chapitre 5 : « Comptabilité : l’imagination au pouvoir »
Fiche réalisée par Marc FROGET
.Ce chapitre porte, comme son nom l’indique, sur les systèmes de
comptabilité des entreprises. En plusieurs points, Stiglitz s’attaque ici à la
mauvaise gestion et surtout au manque de transparence des grandes
entreprises.
.L’auteur commence ce chapitre avec le sujet des « stock-options » ou
options sur titre : le droit réservé aux hauts dirigeants d’acheter des actions
de la firme au-dessous du cours du marché. Elles ont pour principale
avantage de ne pas être inscrites aux charges de l’entreprise comme une
dépense. De sorte que la firme satisfait ainsi salariés et investisseurs
attentifs aux bons résultats financiers de l’entreprise. Elles permettent
également la rémunération des hauts dirigeants (en 2001, dans les
entreprises américaines, elles représentent 80% de leur rémunération).
Une première controverse autour des stock-options voit le jour au
début des années 1990 et porte sur l’honnêteté dans l’information. Ainsi en
1993, la FASB (chargée de définir la réglementation comptable) demande
aux firmes d’inscrire les stock-options dans leurs charges d’exploitation.
Bien évidemment les grandes firmes s’y opposent et par un système de
pression, notamment politiques, la FASB est contrainte de reculer. Les
entreprises seront seulement priées de noter en bas de page leur remise
d’options sur titre.
Une seconde controverse apparaît vers la fin des années 1990 à
propos du salaire mirobolant de grands entrepreneurs perçus grâce aux
stock-options. Mais ce n’est qu’un des nombreux aspects de la question.
Selon Stiglitz, le public ne voit pas réellement combien gagnent les hauts
dirigeants, et en réalité il ne le peut car l’information est montrée de façon
technique et donc compliquée. De là, personne ne connaît ni la vraie
valeur ni la santé actuelle de l’entreprise.
.De plus, il est important que les institutions chargées de donner les
informations comptables soient totalement indépendantes, sans quoi il y a
des asymétries d’informations. Cependant, comme l’a montré le cas Enron,
les notes en bas de pages sont souvent et délibérément incompréhensibles.
Enfin, Stiglitz explique comment les opposants à cette norme (inscrire
les options sur titre) reconnaissent et approuvent l’asymétrie d’information :
selon eux, si les actionnaires voyaient la réalité, cela dévaloriserait beaucoup
d’entreprise.
Puis, dans un sous chapitre, il parle de « vol patronal » sur des
actionnaires « naïfs » qui ne comprennent pas qu’ils perdent (leurs actions se
négocient à 30 dollars au lieu de 40, 20 au lieu de 30…). Un autre problème
est
souligné :
l’indépendance
contestable
des
membres
du
conseil
d’administration, plus soucieux de plaire au PDG que de défendre les
intérêts des actionnaires.
En clair, pour Stiglitz, l’omission des options sur titres a entraîné une
énorme distorsion de l’information.
Dans un autre sous chapitre nommé « Comptabilité truquée », il
s’attaque aux experts comptables.
Ceux-ci ont un rôle d’information très important puisqu’ils doivent
présenter les rapports financiers des entreprises. Or selon lui, ces deux
dernières décennies, les forces œuvrant en faveur de l’exactitude de
l’information ont été sapées.
C’est justement au début des années 1980 que les entreprises ont
commencé à payer moins d’impôts et leurs dettes visibles étaient moindres
grâce au contournement des lois du gouvernement Reagan. Mais dans les
années 1990, les techniques employées pour tromper l’IRS (le fisc
américain) allaient servir à duper les actionnaires.
Les dirigeants de la SEC prennent alors conscience des dangers de la
complexité du traitement comptable. Cependant, la commission réunie était
composée, nous dit l’auteur, de personnalités qui bénéficiaient de la
situation. Ainsi, ce ne sont pas seulement les cabinets d’audits (avec leur
service de « conseil » également très controversée) qui sont « corrompus »
mais également des institutions comme la SEC.
Pour finir, Stiglitz se penche sur l’Europe et remarque que c’est sans
doute grâce à de meilleurs principes de comptabilité qu’elle n’a pas été
autant touchée par les scandales du type Enron.
Enfin, pour lui, les options sur titres ont dévié les incitations des
chefs d’entreprises, et l’activité du conseil a dévié celles des auditeurs. La
solution pour éviter de telles crises aurait été, selon lui, d’imposer plus de
réglementations et des plus contraignantes.
Chapitre 6 : Les banques et la bulle
Fiche réalisée par AURIAC Nina
Lors de la période d’expansion économique des années 90, l’éthique de
beaucoup a été balayée par l’ambition de faire fortune. Mais, alors qu’il était
considéré comme le garde–fou de l’économie, ce fût le secteur bancaire le
plus touché par cette vénalité nouvelle. La rentabilité des banques
d’affaire reposait traditionnellement sur la véracité des informations qu’elles
délivraient. Mais les mutations économiques des années 90 ainsi que
d’importantes contreparties financière les ont incitées à fausser ces
informations dans le but d’émettre des actions peu fiables. Ce
comportement a donné lieu à des fortes asymétries d’information et quand la
vérité a percé, les cours se sont écroulés.
L’exploitation du boom boursier
Lorsqu’une entreprise a besoin de capitaux supplémentaires, elle
s’adresse traditionnellement à une banque d’affaire pour émettre des actions
ou des obligations. Cette dernière endosse alors le rôle d’informatrice et
prête sa réputation. Elle devient alors un gage de sérieux. En effet des
conseils fallacieux auraient pour conséquence, soit, une commission de la
part des entreprises à court terme mais surtout une perte de la clientèle à
plus long terme.
C’est la transformation en société anonyme de l’une des banques
d’affaires les plus prestigieuses, Goldman Sachs, qui transforme leur
mentalité. Ainsi ces établissements qui étaient organisés en partenariat se
trouvent cotés en bourse ce qui se traduit par une forte augmentation
des risques et du profit à court terme.
Les analystes
Quand le scandale a éclaté c’est principalement le rôle des analystes qui
a été mis en évidence. Les analystes sont des experts de Wall Street. Ils sont
censés faire des rapports détaillés sur chaque firme cotée en bourse sur
lesquels s’appuient les agents de change pour conseiller les petits
investisseurs. Mais en réalité ils encensaient, auprès des non avertis, des
actions qu’ils savaient très peu fiables en échange de contreparties
financières ou tout simplement pour conserver leur emploi.
On assiste ici à une totale remise en cause de la pensée économique
reposant sur les anticipations rationnelles et, a contrario, à un exemple
frappant d’asymétries d’information. Cette irrationalité, bien qu’ignorée par
nombre d’économistes, est bien connue des chefs d’entreprise et des
analystes financiers et c’est d’ailleurs sur cette connaissance que repose
toute la stratégie du gonflement des cours.
Pour évident que ce scénario ne se reproduise l’indépendance du
financement des analystes n’est pas suffisante. Il faudrait surtout une
transparence totale des activités boursières afin de limiter les asymétries
d’information.
La divulgation équitable
Le caractère indispensable des analystes vient non seulement du fait
qu’ils soient les mieux informés mais surtout du fait qu’ils soient les seuls à
être en capacité d’être totalement informé. Ainsi un investisseur ne pourra
jamais être entièrement informé sans l’aide d’un analyste ayant accès de
l’intérieur
aux
marchés
financiers.
L’investisseur
resterait
alors
obligatoirement dépendant du bon vouloir et des accords tacites des acteurs
de ce marché.
C’est pourquoi les firmes de Wall Street s’opposèrent farouchement au
projet de divulgation équitable visant à limité l’opacité de la bourse. Ce
projet fut tout de même adopté en 2000.
Les introductions en bourse
Par l’intermédiaire " d’échange de don ", les introductions en bourse
étaient devenues un moyen de récompenser les cadres des institutions
négociant leurs titres par le biais de la maison de change d’une banque
d’affaires.
Transactions peu reluisantes
C’est principalement le scandale des analystes qui a discrédité les
banques d’affaires aux yeux du public mais elles furent également
impliquées dans un autre scandale, plus discret, mais qui a engendré le vol
de million d’investisseurs. Elles ont en effet reçu d’importantes contreparties
financières
pour
avoir
volontairement
dissimulé
des
informations
capitales aux actionnaires.
Le Glass – Steagall Act
Il s’agit de la loi interdisant les banques de dépôts et les banques
d’affaires de fusionner. Ainsi le même établissement ne peut pas prêter de
l’argent et émettre des actions. Au milieu des années 90, les banques
américaines ont fait pression pour obtenir la suppression de cette loi qu’elles
qualifiaient d’entrave à leurs profits. La loi fut abrogée.
Ainsi, contre toute sécurité, les banques, attirées par l’appât du gain
potentiel, continuaient à prêter de l’argent aux firmes dont elles
émettaient les titres jusqu’à la faillite.
Les fusions
Une fusion est toujours l’occasion pour une banque de toucher beaucoup
d’argent. Le salaire des chefs d’entreprise étant lié au niveau du cours des
actions, ils avaient également tout intérêt à les faire monter au maximum et
donc à fusionner. Ce sont les actionnaires qui financent ces fusions pensant
accroître leurs dividendes mais dans bien des cas les fusions n’ont pas les
résultats escomptés. Le système boursier fonctionne alors sur un modèle
pyramidal : chaque nouvelle génération d’investisseurs apporte l’argent
nécessaire au financement de la génération précédente. Mais ce système ne
peut pas tenir éternellement.
WorldCom : une étude de cas
Pris dans des difficultés financières importantes, le PDG de WorldCom,
Bernie Ebbers, a usé de plusieurs astuces comptables et de fraudes pour
gonfler ses profits afin de préserver les cours de ses actions. De plus, par
l’intermédiaire de son analyste, Grubman, WorldCom a divulgué de fausses
informations aux investisseurs pour favoriser l’émission d’actions. La firme a
finalement fait faillite, les investisseurs ont perdu leur argent et Grubman a
donné sa démision.
Les expériences ailleurs
Pour plusieurs raisons, culturelles (principes éthiques et comptables plus
forts) ou encore juridiques, aucun pays n’a connu un tel dérapage que les
Etats–Unis. Dans un contexte de mondialisation et de concurrence
exacerbée il est pourtant étonnant qu’aucune banque n’est suivi l’exemple
américain jusque ici.
Les leçons
L’opposition d’intérêts individuels, accentuée par une déréglementation
trop importante et de fortes asymétries d’informations, a engendré aux
Etats–Unis un éclatement de la bulle.
Le bon fonctionnement de l’économie reposera toujours sur la confiance
et les normes c’est pourquoi la plus grande transparence est nécessaire.
Chapitre 7 : Les réductions d’impôt nourrissent la frénésie
Fiche réalisée par Clotilde CAVAROC
Joseph Stiglitz critique le système actuel capitaliste dont les EtatsUnis sont le plus fidèle modèle. Il fait notamment la critique, dans ce
chapitre de l’ « économie vaudoue » menée par Reagan dans les années 1980,
de la baisse de la taxation sur la plus-value et du principe de « stock
option ». L’ancien conseiller du président démocrate Bill Clinton veut
dénoncer les aberrations du capitalisme qui ont conduit à des catastrophes
boursières et à des conséquences relativement lourdes sur l’économie. En
effet les Etats-Unis sont le pays le plus endetté aujourd’hui. D’après
Stiglitz, ces politiques de relance sont la cause de l’explosion du déficit initial
des Etats-Unis.
La première politique de relance, menée par Reagan dans les années
1980 a provoqué une crise budgétaire de 10 ans. Le président républicain
avait promis une réduction d’impôts qui ferait augmenter les rentrées
fiscales. Son argument majeur était que la baisse du taux d’imposition allait
stimuler l’activité et le dynamisme économique et ainsi permettre des
rentrées fiscales plus nombreuses donc plus importantes : « moins d’impôts,
mieux d’impôts ». Mais l’objectif premier était tout autre : créer un déficit
pour justifier la réduction des dépenses publiques et ainsi restreindre le
rôle de l’Etat.
En janvier 1993, le président démocrate Bill Clinton est élu, et
l’année suivante les républicains sont majoritaires au Congrès. La politique
que veut exercer Clinton se trouve alors « contrôlée » par les Républicains.
Fortement poussé par le Congrès, Bill Clinton fait voter la loi sur la
détaxation des plus-values. Il apparaît alors un optimisme général de la
population qui ne voit que les avantages de cette loi, à savoir une
augmentation des dividendes. Personne ne conteste la loi. La mystification
est complète car tout le monde est persuadé d’être bénéficiaire de cette
baisse de la taxation sur les plus-values (car tout le monde aux Etats-Unis
possède un petit portefeuille boursier). Or ce sont les plus riches qui en
tirent le plus d’avantages. A court terme, cet artifice budgétaire semble
créer un surplus de rentrées fiscales puisque l’on incite les actionnaires à
prendre leur plus-value plus tôt. En effet ils décident de sauter sur
l’occasion et de vendre pendant que l’impôt est en solde. La taxation est plus
faible mais s’exerce sur une plus grande quantité de dividendes. En principe
cette réduction avait pour but de favoriser l’investissement et de promouvoir
l’épargne (relance de la demande et de la consommation à la marge mais
entraîne surtout un mouvement boursier amplifié). Les stocks options
libérés de cette taxation devaient stimuler les PDG et les aider à prendre des
décisions
douloureuses
dans
l’optique
d’améliorer la profitabilité
de
l’entreprise. Il fallait les intéresser à la performance et à la bonne santé de
l’entreprise. On a donné aux PDG la possibilité d’acheter à la fin d’une année
les actions de l’entreprise au même prix qu’en début d’année. S’ils voulaient
en tirer bénéfice, les PDG avaient intérêt à augmenter la valeur boursière des
actions de l’entreprise. La baisse des taxes sur la plus-value les a incité
d’autant plus à agir sur le court terme.
Les paiements de la taxe sur la plus-value que les actionnaires
avaient anticipé constituaient donc un surprofit « tombé du ciel ». Ceux qui
s’apprêtaient à vendre de toute façon ont été agréablement surpris, ce qui a
favorisé en outre la spéculation immobilière et l’idée que spéculer est plus
rentable que travailler. Or les spéculateurs n’apportent rien à l’économie.
Seul le spéculateur bénéficie de la plus-value réalisée.
Clinton voulait rendre efficace les réductions d’impôts en stimulant
l’économie, c’est à dire en réduisant les taux d’imposition liés aux
investissements supplémentaires pour éviter l’effet d’aubaine. C’est à dire,
inciter les entreprises à investir plus que ce qu’elles ne comptaient investir
au départ (sachant qu’une entreprise investit toujours un minimum pour ne
pas faire faillite) mais le Congrès s’y est opposé. De plus le système de stock
option a obligé les PDG à se concentrer sur la valorisation boursière de leurs
entreprises à court terme au détriment de la rentabilité sur le long terme. En
effet les PDG ont eut tendance, pour monter le cours de l’action à négliger
les investissements à long terme et à réduire la masse salariale. Ils ont donc
mené une politique à court terme sans prendre en compte les conséquences
futures.
Sous la présidence de Clinton les réformes, hormis celle sur les plus
values avaient pour but d’améliorer l’économie en préparant l’avenir (réforme
sur le long terme) comme le crédit sur l’éducation, l’investissement et les
économies d’énergie.
Cette réforme de détaxation des plus-values a effectivement aboutit.
Les rentrées fiscales ont augmenté à court terme jusqu’à l’éclatement
de la bulle. En 2000, la bulle Internet est à son apogée, les valeurs
boursières des entreprises sont surévaluées. Ce phénomène est dû à
l’euphorie et à l’optimisme général. Les actions des entreprises high Tech
(ebay, Amazone, Google) se vendent au prix de l’or. Avec l’explosion de la
bulle, les plus-values se sont transformées en moins-value et l’Etat a dû
indemniser les actionnaires. L’effet de la bulle Internet a donc été négatif.
La réforme des taxations sur la plus-value a engendré l’amplification du
phénomène de spéculation (effet de la bulle Internet). Au lieu de stimuler le
travail, on récompense la rente.
Chapitre 8 : Vivre dangereusement
Fiche réalisée par Emir BERKANE
La bulle des années 1990 a eu son lot de nouveaux riches et de
bénéfices astronomiques, mais aussi de magouilles et de comptabilités
douteuses. Surtout, l'euphorie qui régnait a conduit à des changements
économiques qui ont gonflé la bulle spéculative et qui aggravèrent la
récession lors de l'éclatement de la bulle constatée : ces changements
concernent essentiellement le système de retraites, pour lequel les risques
encourus pendant l'expansion des années 1990 sont chèrement payés depuis
le début de la récession, en 1999. Tout ceci a conduit à l'émergence d'une
économie très instable.
La hausse de la productivité dans les années 1990 fut une arme à
double tranchant : durant l'expansion, un cercle vertueux s'est mis en
place, car l'augmentation du PIB, conséquence directe de la hausse de la
productivité, a permis une augmentation des revenus et donc une
augmentation du niveau de vie; mais en phase de récession, le maintien d'un
certain niveau de productivité nécessite un "dégraissage", ou baisse des
effectifs et provoque l'augmentation du nombre de chômeurs. Cette dernière
fut d'autant plus importante au moment de l'éclatement de la bulle, du fait
du
changement
de
mentalité
des
dirigeants
d'entreprise :
alors
qu'auparavant, les entreprises conservaient leurs employés, même en période
de récession afin de profiter de leur productivité et de leur loyauté, les
dirigeants d'aujourd'hui sont impitoyables et n'hésitent plus à licencier
massivement dans l'optique de maximiser les profits.
Ceci a eu pour effet une montée de l'angoisse chez les travailleurs
américains, puisqu'on l'a vu, ils étaient sous la menace permanente de
perdre leur emploi, mais surtout parce que le risque de perte d'emploi a
augmenté sans que le "filet de sécurité" n’augmente en même temps: les
indemnités diminuaient et l'administration Bush a entériné le passage de 39
semaines de droits aux indemnités-chômage à 26 semaines. L'administration
Clinton avait auparavant cru bon d'allonger cette durée des droits aux
prestations sociales, ainsi que de mettre un système de formation "à vie", afin
que les individus soient employables tout au long de leur vie active, la
mobilité du travail étant devenue la règle.
Mais c'est la réforme des retraites qui s'est avérée la plus urgente,
après les changements concernant les régimes de retraites pendant la
formidable expansion des années 1990.
En effet, l'effet de la bulle a eu pour conséquence le placement par des
particuliers de plusieurs milliards de dollars, à travers les régimes de
retraites à cotisations déterminées afin de faire fructifier leur retraite : pour
eux, le choc de l'éclatement de 1999 fut rude. De plus, concernant les
régimes à prestations déterminées, par lequel l'entreprise elle-même gère la
retraite de ses ex-salariés, alors que les entreprises dégageaient des profits
mirobolants grâce à la bulle qui leur permettaient de gérer au mieux les
retraites des anciens employés, l'effondrement boursier a tout chamboulé et
les entreprises rognaient sur leurs profits pour être capable de payer les
pensions, voire ne les payaient pas du tout lorsqu'elle déposaient le bilan. Il
est à déplorer que malgré ces exemples; l'administration Bush préconise tout
de même la privatisation, totale ou partielle, de la Social Security,
l'organisme public (efficace) de gestion des retraites aux Etats-Unis.
Mais revenons un moment à l'administration Clinton, et à sa volonté
de gérer les risques en matière de retraites, à travers deux initiatives
majeures. Tout d'abord, le fait qu'un employeur verse une retraite à son exsalarié est la règle dans un régime de retraite à prestations déterminées,
mais la réalité démontrait la quasi-disparition des emplois uniques aux
Etats-Unis et il était donc nécessaire de gérer au mieux le transfert du
"dossier de retraites" d'une entreprise à une autre en même temps que l'actif,
et ce pour un coût tel qu'il n'encourage pas les entreprises à s'y soustraire.
La deuxième initiative fut l'indexation des bons d'Etat sur l'inflation. Ainsi,
l'Etat pouvait remédier à la situation dans laquelle se trouvaient les actifs
ayant placé une certaine somme dans des régimes de retraite privés et qui,
un temps plus tard et du fait de l'inflation, ne retrouvaient pas cette somme
en termes réels. L'Etat pouvait donc émettre des bons qui garantissaient une
somme en termes réels afin de garantir un certain pouvoir d'achat aux
retraités. Cependant, cette deuxième initiative n'eût pas le temps d'être
appliquée,
le
Trésor
américain
n'admettant
pas
cette
intrusion
de
l'administration sur son domaine, alors que l'idée était plutôt bien accueillie
par le monde professionnel américain.
Mais
le
vrai
débat
est
ailleurs :
il
concerne
les
projets
de
privatisation de la Social Security abordés précédemment déjà. Les
détracteurs de ce projet, comme Stiglitz, s'y opposent en prenant soin de
démonter tous les arguments des Conservateurs à ce sujet. Certes, le
placement de capitaux sur les marchés financiers induit des revenus plus
importants que ceux de la Social Security en période d'expansion; certes, la
Social Security est en déficit. Mais les détracteurs de cette privatisation
jugent qu'une certaine base sécuritaire est nécessaire avant tout pari plus ou
moins osé sur les marchés financiers, que la Social Security n'empêche
d'ailleurs pas pour ceux ayant les moyens de le tenter. De plus, elle apparaît
comme nécessaire en tant que distributeur de revenus de base sachant qu'en
période de récession, les actifs ayant placé leurs retraites sur les marchés
financiers épargnent plus et consomment moins, ce qui peut aggraver la
récession naissante. De plus, le déséquilibre budgétaire de la Social Security
aurait seulement besoin d'un court laps de temps pour se résorber, et les
arguments de l'administration Bush à propos de ce déficit, mêlant
catastrophisme
et
exagération,
sont
donc
infondés.
Ces
détracteurs
préconisent même une éventuelle entrée de l'Etat en Bourse, et lorsque les
Conservateurs dénoncent la possibilité de conflits d'intérêts à l'intérieur de
l'Etat, ils répondent que les marchés financiers ne devraient sûrement pas se
priver d'un acteur aussi humain et neutre que l'Etat. La privatisation de la
Social Security est donc loin de faire l'unanimité.
Les systèmes économiques étant instables, il semble nécessaire, tout
d'abord, que l'Etat intervienne à bon escient et de la meilleure façon possible.
Il doit agir notamment sur les stabilisateurs de l'économie et surtout sur le
plus important d'entre eux : les indemnités-chômage. On pourrait regretter
que l'administration Clinton n'ait pas assez renforcé ce stabilisateur essentiel
de l'économie, ce qui a eu pour conséquence la dégradation de ce dernier au
fil des ans, notamment lors de l'arrivée au pouvoir de G.W. Bush. De plus, la
disparition de la loyauté mutuelle entre employeurs et employés est à
déplorer tellement elle jouait un rôle essentiel dans le maintien de l'emploi et
donc dans l'équilibre économique. A l'heure qu'il est, la récession est
toujours présente, directement ou indirectement, et on ne sait toujours pas
quand on s'en relèvera vraiment. Mais en tout cas, elle dure plus que toutes
les autres récessions d'après-guerre et cela nous démontre bien la nécessité
de gérer au mieux les risques économiques, ainsi que de maintenir une
certaine stabilité économique.
Chapitre 9 : Mondialisation : les premières razzias
Fiche réalisée par Julie BEZEJAT
Le neuvième chapitre de son ouvrage porte un titre évocateur qui
confirme l’aspect critique du livre notamment sur la question du rôle des
Etats-Unis dans l’organisation de la mondialisation. En effet, l’intitulé
« mondialisation: les premières razzias » montre de toute évidence la
désapprobation de l’auteur à ce sujet.
Bilan du mandat Clinton:
Tout d’abord, Stiglitz met en avant les succès connus lors de la
présidence de Bill Clinton : il parle alors de la reprise économique grâce à la
réduction du déficit américain, ou à une utilisation de ce déficit jugée plus
efficace et utile à long terme (en utilisant les emprunts des Etats-Unis pour
des investissements publics par exemple comme le dit l’auteur à la page
400).
Stiglitz va ensuite évoquer les succès de Clinton en matière de
politique extérieure. Il cite notamment l’Uruguay round, l’ouverture de la
Chine au commerce extérieur, le projet de la zone de libre-échange des
Amériques (ZLEA), la zone de libre-échange entre les Etats-Unis et
notamment les pays de l’Asie Pacifique (APEC).
Les Etats-Unis et la mondialisation
Stiglitz poursuit son raisonnement en nuançant ces premières
constatations : ces succès si on les analyse en profondeur n’en sont en
réalité que des façades qui cachent des échecs cuisant des Etats-Unis en
matière de mondialisation. En effet, Stiglitz semble accuser les Etats-Unis
d’avoir causé bon nombre de crises financières dans le monde et critique
l‘attitude « injuste » et « unilatéraliste » américaine.
Dès le début de ce chapitre Stiglitz remet clairement en question la capacité
des Etats-Unis à gérer la mondialisation. En effet, depuis la fin de la guerre
froide dans les années 1980, les Etats-Unis se sont imposés comme la
puissance
mondiale
« responsabilité »
et
de
se
gérer
sont
les
vus
incomber
affaires
par
cette
internationales,
voie
du
la
moins
commerciales. Mais pourtant Stiglitz n’est pas pour autant alter mondialiste.
Il prône l’ouverture des pays et déclare que: « le problème n’est pas de se
demander si la mondialisation est bénéfique pour les pauvres du
monde. Bien sur qu’elle peut l’être ».
Stiglitz dénonce en fait les mesures prises par les Etats-Unis (qui
seront développées plus loin) en montrant les paradoxes qu’elles soulevaient.
On voit ici amorcer l’idée de l’agissement des Etats-Unis dans leur propre
intérêt au risque de se contredire ouvertement, en prenant des mesures
différentes en matière de politiques extérieure ou intérieure.
Pour illustrer ces observations, l’auteur va ensuite développer des exemples
concrets.
Stiglitz nous donne ici des exemples de traités établis entre les EtatsUnis et les pays d’Amérique latine notamment, il nous donne en premier
l’exemple de l’Uruguay round.
L’auteur utilise cet exemple pour en réalité dénoncer les pratiques
injustes prises par les Etats-Unis qui vont se révéler bénéfiques uniquement
pour leur commerce. Il parle du fait que les Etats-Unis prône une ouverture
totale des économies et un libre-échangisme sans faille mais n’applique pas
forcément ces mesures à l’intérieur même de son territoire: en effet, les
Etats-Unis mettent en œuvre de nombreuses ruses afin d’éviter de voir
leur marché intérieur inondé de produits étrangers qui pourraient
concurrencer les leurs. On peut également citer les subventions pour
l’agriculture,
qui
bien
que
totalement
interdites
dans
les
accords
internationaux avec les pays de l’Amérique latine sont largement appliquées
aux Etats-Unis même. Cette mesure fait diminuer les prix du marché et peut
évidemment
nuire
à
la
compétitivité
des
agriculteurs
de
pays
en
développement car leur coût de production ne leur permet pas de baisser
leur prix. On peut alors répliquer que l’Union Européenne pratique
également le principe de subvention (avec notamment la PAC), cependant la
réponse serait de préciser que l’UE n’est pas aussi investie dans le
développement du libre-échange que le revendique les Etats-Unis.
De manière générale, les Etats-Unis (par l’intermédiaire d’institutions
internationales telles que le FMI par exemple) vont imposer leurs conditions
aux pays en développement qui sollicitent leur aide, malheureusement, en
agissant souvent dans leur propre intérêt.
Stiglitz dénonce aussi les conditions de négociation des accords, c’està-dire que des techniques peu loyales telles que la mauvaise foi envers
l’application des traités ou l’intimidation sont utilisées par les Etats-Unis
afin de faire valoir leur intérêts avant tout. Le terme de « négociations
musclées » utilisé par l’auteur est à ce sujet évocateur. L’exemple des
brevets dans l’industrie pharmaceutique montre ainsi l’emprise et la
position de pouvoir des Etats-Unis dans ces traités internationaux,
puisqu‘ils privent clairement les autres pays d‘un savoir qui serait très
bénéfique aux pays en développement qui ne peuvent pas accorder
énormément de budget à la recherche et au développement.
Un exemple montrant la mauvaise foi des Etats-Unis et leur démesure
face à la peur de la concurrence est l’exemple du recours à des « mesures de
sauvegarde » qui sont à la base réservées a la protection d’un pays face à
une réelle menace venant des importations et menaçant le marché intérieur.
On comprend aisément ici que considérant l’immense puissance
commerciale
des
Etats-Unis
une
telle
mesure
est
complètement
disproportionnée par rapport au danger encouru.
Les Etats-Unis et les crises dans le monde
Stiglitz va ensuite montrer l’implication des Etats-Unis dans les
différentes crises connues au travers du monde, comme la crise mexicaine
ou les crises asiatiques, par l’intermédiaire d’organisations internationales
telles que le FMI.
Le FMI (Fond Monétaire International): le FMI est une
institution internationale regroupant 185 pays, dont le rôle est de
« promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la
stabilité financière, de facilité les échanges internationaux, de
contribuer à un niveau élevé d’emploi et à la stabilité économique et
de faire reculer la pauvreté ».
Il fournit des crédits aux pays qui connaissent des difficultés
financières
telles
qu’elles
mettent
en
péril
l’organisation
gouvernementale du pays, la stabilité de son système financier
(banques…), ou les flux d’échange de commerce international avec les
autres pays. (définition de Wikipédia)
Nous allons pourtant exposer ici le point de vue de l’auteur sur cette
institution qui s’inscrit donc dans les courants de pensés hostiles aux
mesures prises par le FMI, à travers des exemples donnés dans ce chapitre.
En effet, il semble qu’une relation de causalité entre l’application des
conseils du FMI et des crises financières existe.
La crise asiatique: La crise financière en Asie de l’Est a
commencé en mai 1997 par une attaque spéculative classique, qui a
rompu l’ancrage du baht thaïlandais sur le dollar américain. On a
constaté alors une contagion rapide aux devises malaise, philippine et
indonésienne, ainsi que l’apparition de tensions intenses dans les
systèmes financiers des pays en question (taux d’intérêt très élevés,
effondrement des cours boursiers, risques de faillites massives dans le
secteur bancaire et manufacturier).
L’Indonésie et la Thaïlande semblent être les exemples des pires cas
recensés dans la crise asiatique de 1997. Or, il semble que ces pays ainsi
que d’autres ont connus de graves crises économiques après avoir suivi les
prérogatives du FMI. En effet, l’octroi des aides internationales sont
soumises a certaines conditions comme par exemple l’application d’une
politique d’austérité dans les pays concernés, la privatisation des
entreprises d’Etat (afin d’élaguer les entreprises qui pèsent sur le budget par
leur déficits chroniques, soit de réaliser l’actif pour diminuer l’endettement
pour les entreprises rentables), le combat contre la corruption, une
ouverture aux IDE (Investisseur Direct à l’Etranger), ou encore la mise en
place de réformes pour supprimer les entraves au développement
économique.
Les crises latino-américaines et notamment l’exemple de l’Argentine
constituent d’autres arguments en défaveur des mesures préconisées par le
FMI. Cependant, on peut voir qu’en réalité ce ne sont pas que ces mesures
mêmes qui nuisent aux économies des pays en développement. En effet, la
manière de les appliquer est pour beaucoup dans le déclenchement ou non
des crises : on sait que le FMI est largement contrôlé par les pays développés
du Nord (notamment les Etats-Unis), on peut alors penser qu’il y a conflit
d’intérêt car les besoins des pays en développement pour ouvrir leur
économie ne correspondent pas aux intérêts des pays développés. L’auteur
précise que les décisions du FMI, concernant les politiques de réajustement,
sont prises en grande majorité par le « consensus de Washington ».
Le consensus de Washington: désigne une liste de dix
prescriptions économiques recommandées aux économies en difficulté
afin de promouvoir leur croissance proposée par John Williamson.
Cette liste tente de résumer les positions et les prérogatives de la
plupart des experts des institutions financières internationales (telles
que la Banque mondiale, le Fond Monétaire International) et du
Département du Trésor américain.
Loin d’être effectivement consensuelle, cette liste, d’inspiration
libérale, contient des points rejetés par de nombreux économistes, y
compris libéraux (dont Stiglitz fait partie), ainsi que les alter
mondialistes.
Bien qu’un désir de multilatéralisme ait été le modèle prôné à la fin de
la Seconde Guerre mondiale en matière de politique étrangère, on sait que
les Etats-Unis ont agi et agissent souvent de manière unilatérale sans
vraiment prêter attention aux décisions internationales, et donc dans leur
propre intérêt et dans celui de leurs firmes multinationales.
On peut citer ici l’exemple du déficit budgétaire pour illustrer cette
idée : en effet on sait que le déficit budgétaire est totalement interdit par le
FMI pour les pays en développement demandant une aide, cependant, d’une
part on sait que les Etats-Unis ont un déficit colossal car le pays vit
largement au dessus de ses moyens et doit dons emprunter de fortes
sommes, de plus, pour que l’économie mondiale trouve son équilibre il est
tout à fait normal de voir des économies en déficit qui répondent en réalité
aux excédent d‘autres économies.
Une des aberrations résultant de ces mesures injustes est l’exemple
du flux de capitaux dans les pays ayant recours à l’aide internationale : en
effet, avec la logique première du FMI, les économies des pays demandeurs,
avec l’ouverture de leur marché financier aux IDE, devraient donc voir leur
flux de capitaux entrants augmenter. Cependant, l’effet inverse est observé:
les Etats-Unis, ayant un grand besoin de financement car vivant au dessus
de leurs moyens doivent emprunter à l’étranger et ces « nouveaux » marchés
financiers sont donc très attirants. Réflexion à part, les Etats-Unis
n’utilisent pas leur emprunt pour aider les pays en difficultés dans le monde
car ils sont les moins généreux des pays développés en matière d’aide
extérieure, soit 0.1% du PIB américain (contre 1% par exemple pour les
pays scandinaves).
L’exemple de l’obligation de réserve internationale pour pouvoir
emprunter à l’étranger est un autre paradoxe de la politique prônée par les
institutions
internationales :
les
pays
emprunteurs
doivent
posséder
l’intégralité de leur emprunt en réserve dans leur pays au risque de voir leur
emprunt refusé. Ici, la logique est difficile à saisir.
Autant d’exemples qui montrent les insuffisances évidentes des
institutions actuelles. Pourtant, un désir de réformes s’est fait ressentir
(notamment après le constat des échecs des politiques du FMI incarnés par
les différentes crises énoncées précédemment): ces tentatives n’ont abouti à
aucun résultat notable. Ce phénomène est sûrement dû à la peur des EtatsUnis de perdre leur main mise sur l’économie mondiale, qu’ils ont su mettre
à leur avantage, en réformant ces institutions. On voit encore la mauvaise
foi des Etats-Unis entrer en compte lorsque, par exemple, le Trésor a refusé
une réforme sur la transparence du marché (qui est pourtant une
condition de la CPP et donc une condition libérale) concernant notamment
les paradis fiscaux. Ici, l’attitude du Trésor s’explique par une volonté de
préserver les intérêts des firmes américaines. Dans cet exemple on peut voir
une triste ironie du sort avec le fait que la « discrétion » de ces paradis
fiscaux a finalement contribué au financement des attentats du 11
septembre 2001 (c’est un retournement de situation triste mais évocateur).
On a vraiment l’impression d’une volonté des Etats-Unis de conserver leurs
intérêts et qui finalement conduit à un immobilisme des politiques
internationales. On voit cette idée grâce à l’exemple donné par l’auteur de la
tentative d’établissement d’une sorte de FMI asiatique au niveau local
contrôlé par le Japon. Le refus catégorique des Etats-Unis montre sans
aucun doute le refus du pays à céder son emprise sur cette région
stratégique du monde.
Stiglitz va ensuite conclure sur un bilan de ce qu’aurait pu être la
reconstruction du monde après la Guerre Froide comme on l’avait décrit à
cette époque. Pour l’auteur, les Etats-Unis ont largement contribué et sont
peut-être même la cause du désordre mondiale économique actuel. Stiglitz
considère d’ailleurs que c’était le rôle même des Etats-Unis de remettre sur
pied l’économie mondiale et d’y instaurer un nouvel ordre mondial afin de
garantir l’égalité des chances à tous les pays du monde.
Cependant, une amélioration peut être possible puisque Stiglitz donne
des exemples tentatives de rectifications de ces injustices : l’exemple du
Development Round, la remise en cause des mesures du FMI et
l’augmentation du montant de l’aide internationale américaine.
Pourtant il semble un peu tard pour les Etats-Unis de vouloir
remettre sur pied leur image entachée par toutes les pratiques décrites, en
effet, on peut voir la montée du terrorisme et particulièrement celui envers
les Etats-Unis comme une manifestation d’un rejet du modèle américain.
Chapitre 11 : Déboulonnons les mythes.
Fiche réalisée par Béryl TROUSSEL
Les investissements des années 1990 ont été essentiels pour créer la
nouvelle
économie
mais
l’euphorie
débordante
a
conduit
à
un
surinvestissement ; signe d’un gâchis de ressources.
Dans l’immédiat l’Amérique n’en souffre pas mais toutefois des effets
se manifestent déjà : moins de confiance de la part de l’opinion dans les
marchés (marchés boursiers plus particulièrement) mais aussi dans l’Etat.
Stiglitz nous dit qu’il faut tirer des leçons des erreurs commises.
Les principaux responsables : le secteur privé et l’Etat.
Nécessité de déboulonner c’est à dire percer à jour une série de
mythes qui expliquent les succès des années 1990. Il insiste sur le fait que
certains mythes ont en effet rendu service à court terme mais qu’ils se sont
révélés en fin de compte nuisibles.
Le mythe de la réduction du déficit.
Idée selon laquelle la réduction d’un déficit va ramener la prospérité.
Or
la quasi-totalité
des économistes
recommandent
une
politique
budgétaire expansionniste, alimentée si nécessaire par de gros déficits (les
déficits peuvent être essentiels pour se relever d’une récession)
Selon l’auteur il est important
d’investir pour la croissance à long
terme (surtout dans les nouvelles technologies même si cela provoque une
augmentation du déficit budgétaire) et il insiste sur la nécessité que l’Etat,
sur la durée, maintienne un budget en équilibre, voire en excédent.
Le mythe de la guerre « bonne pour l’économie ».
Beaucoup sont convaincus que la guerre est bonne pour l’économie.
(Ils s’appuient sur l’exemple de la Seconde Guerre mondiale qui avait aidé
l’Amérique à sortir de la Grande Dépression).
Néanmoins, la guerre moderne n’exige pas de mobilisation donc les
conclusions sont toutes autres (exemple de la Guerre du Golfe qui a sans
doute aggravé la récession).
L’effet stimulant que peut avoir les dépenses militaires est compensé
par deux facteurs contraires : un climat d’incertitude et l’éviction d’autres
dépenses auxquelles on renonce.
Les guerres bien que parfois nécessaires (sécurité du pays) ne sont
pas bonnes pour l’économie ni à court ni à long terme.
Le mythe du héros. (C’est à dire « la prospérité est l’œuvre de nos
héros économiques »)
Ce mythe détourne l’attention de ce qui est réellement important et
fragilise l’économie. En situation où la conjoncture est mauvaise, l’opinion
publique va émettre des doutes sur la capacité de ses héros à faire des
miracles, et ainsi en perdant confiance en eux elle perdra confiance en
l’économie.
Stiglitz ainsi que d’autres spécialistes de l’économie pensent que
« nous prodiguons à nos dirigeants plus d’éloges et de reproches qu’ils n’en
méritent ». On s’empresse d’attribuer le mérite d’une réussite quelconque
aux politiciens qui l’acceptent volontiers mais si ils n’étaient pas là d’autres
le feraient avec des résultats très proches.
Au contraire d’autres croient au rôle crucial des « chefs ». Comme
contre argument Stiglitz oppose le fait que les germes des succès et des
échecs du jour ont été semés des années plus tôt dans la presque totalité
des cas. Il est persuadé que les effets d’annonces de nos dirigeants sont au
moins aussi important que les mesures elles mêmes.
Le mythe de la main invisible d’ Adam Smith.
Il insiste sur la force de ce mythe : les marchés libres et sans entraves
aboutissent à des résultats efficients comme s’ils étaient conduits par une
main invisible. Si on laisse les individus poursuivre leurs intérêts
personnels alors ils semblent guidés par une main invisible qui mène à
l’intérêt général.
Jusque dans les années 1990, on pensait que la main invisible faisait
avancer l’intérêt général. Or, selon l’auteur les intérêts particuliers n’ont
nullement renforcé l’économie générale.
Il
prend
pour
exemple
Michael
Milken,
l’inventeur
des
« obligations pourries » ; cela consistait à emprunter plus que de besoin
avec ces obligations, pour masquer les problèmes ultérieurs. Cela était à son
profit au dépend des souscripteurs d’obligations (fonds de pension de
retraités etc. …).
La logique Smithienne semblait suggérer que la morale n’avait aucun
rôle à jouer.
Toutes
ces
dérives
économiques
et
financières
ont
eu
une
conséquence désastreuse pour l’économie : la perte de la confiance (pour
Stiglitz ce qui devrait faire tourner le système économique c’est la confiance).
Par exemple, la rupture des contrats en général, et implicites en particulier.
Le mythe de la Finance.
Dans les années 1990, la finance et ses financiers rencontrèrent un
grand succès. L’opinion publique s’est alors juré de respecter la discipline
du marché financier car « la finance savait ce qui était bon pour l’économie ».
Or Stiglitz constate que les politiques inspirées par la finance amélioraient
dans l’immédiat (court terme) les comptes, mais souvent en affaiblissant
l’économie sur la durée. Au final il semblerait que celles-ci ont aggravé
l’instabilité et réduit la croissance dans bien des cas. (La finance servait son
intérêt davantage que l’intérêt général).
L’auteur insiste sur l’argent gagné par Wall Street dans les années
1990 (avec les fusions, l’afflux des capitaux sur les marchés émergents,
conseils, avec les opportunités créées par les déréglementations…..)
De plus, la comptabilité truquée et la réduction de l’impôt sur les plus
values ont alimenté la bulle, et la bulle a « nourri » Wall Street. A l’étranger,
ce sont les contribuables qui ont payé les pots cassés.
Aujourd’hui d’après l’auteur la finance a perdu son éclat et il souligne
la nécessité de tirer une leçon de tout ceci « Ce qui est bon pour Wall Street
peut être bon ou mauvais pour le reste de la société ; et les marchés
financiers ont la vue courte ».
Le mythe du Grand méchant Etat.
Les problèmes de l’économie viennent de ce grand méchant Etat, qui
force les Américains à payer des impôts écrasants et les accable de
réglementations. Les conclusions de ce mythe sont claires : réduire l’Etat,
diminuer les impôts, déréglementer.
Or la déréglementation aboutit dans bien des cas à de nouvelles
sources de conflits et des méthodes inédites pour manipuler les marchés
(gaspillage
de
milliards
de
dollars
comme
par
exemple
avec
la
déréglementation de l’énergie en Californie).
Le mythe selon lequel la baisse des impôts allait relancer l’économie
mondiale n’a pas été vérifié dans les faits. L’époque Reagan de diminution
des impôts n’a pas véritablement relancé la croissance et l’augmentation des
impôts de l’époque Clinton n’a pas eu de conséquence sur celle-ci.
Le mythe du capitalisme mondial.
A l’étranger, les Etats Unis ont prêché un modèle de capitalisme dans
lequel l’Etat est minimaliste, alors que les Américains étaient eux mêmes
conscients de l’importance du rôle de l’Etat du point de vue des
réglementations, des services essentiels (santé, retraite, éducation …).
Au lieu d’encourager les autres pays à adopter des institutions
similaires, Stiglitz nous dit qu’ils ont incité ces pays à privatiser. De plus,
ces privatisations dans un monde libéral étaient encouragées pour faire
entrer les capitaux sans aucune garantie pour les prêteurs.
Le mythe du triomphe du capitalisme à l’Américaine.
La chute du communisme a contribué à renforcer l’idée chez les
Américains de la suprématie du modèle capitaliste et de l’économie de
marché ainsi que la conviction qu’il était bon pour le monde entier :
entreprise de conversion des pays étrangers.
Stiglitz insiste sur le fait que ce modèle a beaucoup de mérites mais
qu’il n’est pas le seul possible, et que certains pourraient mieux convenir à
d’autres pays (exemple du système Suédois de prestations sociales qui
fonctionne très bien). De plus chaque pays est différent et il est indéniable
que certains modèles apportent des revenus inférieurs tout en assurant
davantage de sécurité pour l’emploi et la santé.
L’effondrement de l’économie-bulle et l’éclatement des scandales ont
produit de violentes attaques et l’hostilité des pays du reste du monde contre
le « retournement de fortune » et l’arrogance des Etats Unis. Cela s’est
traduit par une prise de conscience des autres pays ; il existe beaucoup
d’autres modèles d’économie de marché.
Pour une stratégie à long terme.
La stratégie et le programme du conservateur Bill Clinton n’ont pas
été suivis d’effets durant son mandat de président des Etats-Unis, car très
vite l’urgence l’a emporté. Il a du adopter un programme qui n’était pas le
sien (éliminer le déficit, réduire les impôts des riches etc.…).
Sans une vue à long terme le risque de faire des erreurs est bien plus
fort.
Stiglitz termine le chapitre en encourageant les Américains à former
d’autres mythes qui soient fondés sur des réalités concrètes de l’économie
actuelle, et qui intègrent les leçons des années 1990.
Conclusion :
A l'occasion de cette plongée au cœur des centres de décision de la
plus grande économie de marché du monde, l'auteur procède à la démolition
des divers mythes qui étaient au fondement des politiques économiques des
Etats-Unis, mais aussi de nombreux autres pays occidentaux dans les
années 1990 : la réduction du déficit ne relance pas l'économie, l'impact des
guerres sur cette dernière est négatif ; il n'y a pas de héros économique (c'est
la politique qui compte et non les hommes) ; la main invisible d'Adam Smith
est invisible pour la bonne raison qu'elle n'existe pas ; la finance n'est pas la
source de toute sagesse ; l'Etat n'est pas systématiquement mauvais...
Enfin, fort de ses observations, Stiglitz esquisse les grandes lignes
d'un idéalisme démocratique, vision d'avenir et stratégie à long terme.
Joseph E. Stiglitz, Quand le capitalisme perd la tête
Chapitre 12 : Vers un nouvel idéalisme démocratique : une
perspective, des valeurs.
Fiche réalisée par Caroline Huet
Dans cet ouvrage, Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001, poursuit sa
démolition du modèle libéral. Il fut le conseiller économique principal du
président Clinton pendant 4ans. Cela lui permet de proposer une réponse à la
question de la crise du modèle américain en 2001 avec l’éclatement de la bulle
Internet. Il s’appuie sur les faiblesses des marchés, de l’Etat et des mécanismes
économiques du pays du capitalisme.
Le chapitre étudié ici est celui qui clôt le livre. Stiglitz nous donne enfin ici
les grandes idées de son modèle : l’ « idéalisme démocratique », qui serait le
modèle approprié à l’Amérique d’aujourd’hui.
Une 3e voie pourrait être imaginée pour la politique américaine, entre le
socialisme (« Etat envahissant ») et la droite de Reagan et Thatcher (« Etat
minimaliste »).
La politique qu’a menée Clinton a échoué pour 2 raisons :
-
trop de déréglementation et de réduction du déficit
-
peu d’importance donnée au rôle de l’Etat.
Les objectifs de « l’idéalisme politique » sont : la justice sociale et le
rétablissement des responsabilités individuelles et nationales. Il y a donc 2
niveaux : individuel et collectif.
CE QUE NOUS NE VOULIONS PAS :
Par opposition à la politique menée par Reagan puis par Bush I dans les
années 90 qui était conservatrice avec peu d’impôts et d’Etat, l’ « idéalisme
politique » propose :
-
l’intervention de l’Etat (dépenses et réglementation) dans des champs
où son action est légitime comme l’éducation ou la protection des personnes
âgées.
-
La recherche d’un équilibre marché/Etat qui n’est pas le même selon
les pays et les époques. Cet équilibre est le meilleur moyen d’aboutir à une
croissance durable et à l’efficacité du marché.
Stiglitz prend l’exemple de l’environnement : si on laisse uniquement
fonctionner le marché, il y a trop de pollution. Par son intervention l’Etat peut
faire entendre les préoccupations publiques et faire baisser la pollution sans pour
autant bloquer le marché.
Ceux en faveur de l’Etat minimal sont qualifiés de « fanatiques » du
marché, ils pensent que par le laisser-faire total, les marchés se stabilisent et
sont efficaces. Mais cette théorie est fausse car la réalité est différente (asymétries
d’informations, concurrence imparfaite…). Pour eux, l’Etat est problème et non
solution : pourtant, empiriquement, les périodes de récession ont été plus longues
quand l’Etat n’intervenait pas. Même Reagan et Bush I avaient compris que l’Etat
était nécessaire sur certains plans, ils avaient par exemple augmenté les
dépenses militaires pendant leurs mandats.
LES DEFIS AUXQUELS DOIVENT FAIRE FACE LES DEMOCRATIES
LIBERALES.
Clinton est démocrate, il succédait, lors de son élection, aux républicains
avec Bush I qui sont des conservateurs. Ils présentaient Clinton comme le
« partisan du tout Etat et des impôts écrasants ». Le président démocrate a donc
été confronté à plusieurs défis :

expliquer
ce
qui
n’allait
pas
dans
l’idéologie
conservatrice et offrir une autre perspective.

formuler un programme de justice sociale s’adressant à
tous mais aidant plus particulièrement les individus défavorisés.
La « social security » ou l’aide à la recherche médicale en sont des
exemples. Mais ces mesures ont échoué à cause du marché et des
problèmes de redistribution.
Les démocrates ont compris qu’une des causes de la pauvreté était due au
manque d’éducation.
Finalement républicains comme démocrates n’ont répondu que partiellement
au problème des inégalités.
L’EFFICACITE ET LA CROISSANCE
Les démocrates promettent la croissance, la baisse du déficit, la baisse de
l’intervention de l’Etat et une déréglementation « honnête ».
Il y a 2 limites à ces promesses :
-
il y a eu beaucoup trop d’aides aux entreprises qui ont favorisé leur
intérêt particulier.
-
Ces promesses s’éloignent trop de l’idéal de départ des démocrates
dans lequel le marché est un moyen et non une fin en soi. Les objectifs du marché
seul sont étroits, il vise surtout l’intérêt personnel.
Pour Stiglitz, il est très important que l’économie soit la plus proche possible
du plein emploi. C’est un des premiers devoirs de l’Etat. Or, aujourd’hui on est loin
de cette situation car l’Etat ne s’y engage pas totalement et qu’il a peur de
l’inflation.
Années 90 : une réussite : baisse du chômage en même temps qu’une
augmentation de la productivité et de la croissance. La diminution du chômage a
encouragé la prise de risque, et cela a permis la hausse du niveau de qualification
des individus entrant dans la vie active.
LES VALEURS DE L’IDEALISME DEMOCRATIQUE.
Il faut aller plus loin que la croissance et l’efficacité. Il faut aussi de la justice
sociale, des valeurs politiques (démocratie, liberté), et des relations entre les
individus et la collectivité.
LA JUSTICE SOCIALE.
Elle se compose de 4éléments :
1) l’égalité des chances
Elle doit être renforcée afin de mieux utiliser les ressources humaines,
chacun vivant ainsi au niveau de son potentiel. La croissance serait favorisée,
respectant les principes d’efficacité et d’équité.
2) l’emploi
Le travail est la plus grande chance de l’homme. L’emploi doit donc être un
but avéré pour l’Etat. Pour atteindre le plein-emploi, il faudrait :
-
développer l’éducation et les programmes de formation qui
facilitent la mobilité de l’emploi.
-
Mettre en œuvre des politiques macroéconomiques orientées
vers le plein emploi. Le problème est que la BCE se soucie plus de l’inflation.
3) les moyens de l’autonomie.
L’égalité des chances devrait se traduire par un minimum de sécurité
économique (comme par exemple le Child Trust Fund qui avait été proposé par
Blair). Les étudiants ne seraient ainsi pas criblés de dettes dès leur entrée dans la
vie active.
4) l’équité intergénérationnelle et la durabilité.
Ce dernier point concerne le souci du bien-être des générations futures
(protection de l’environnement, des ressources naturelles, des infrastructures et
renforcement des cultures.)
LA POLITIQUE ET LE POUVOIR
Le lien entre l’argent et le politique pose problème. Le financement des
campagnes présidentielles américaines peut illustrer ce lien. Tant qu’il existe, les
intérêts particuliers passeront avant l’intérêt général. Le pouvoir concerne aussi les
médias et donc l’information. Ils favorisent et fragilisent (exemple de la Russie où la
télévision était contrôlée par l’Etat) la diplomatie. Aux Etats-Unis, les médias
auraient pu être le moyen de réduire le rôle des contributions financières lors des
élections, mais au contraire on est aujourd’hui face à un véritable « marché
politique ».
Il faut renforcer la démocratie, en permanence. Pour cela, il faut passer par
la société civile. Pour qu’elle participe activement elle doit être composée de
personnes instruites en informées. Les ONG et Internet ont participé à ce
renforcement. Il y a un « droit fondamental de savoir », qui permet aux droits
comme la liberté d’expression et la liberté de la presse de jouer un rôle. Il faut
limiter le secret gouvernemental, qui s’est au contraire accru. En 2000, la bulle
Internet a éclaté et a ainsi accentué les inégalités. Or pouvoir économique est
synonyme de pouvoir politique (exemple de la réduction des impôts de 2001 aux
EU avec l’abolition de l’impôt sur les successions).
L’INDIVIDU ET LA SOCIETE
Le vrai combat de la société porte sur la nature de la société et sur sa
relation avec l’individu. Les affrontements en ce qui concerne les impôts par
exemple, ne sont que secondaires. Dans notre culture, l’individu est privilégié, tout
en sachant qu’il dépend fortement des autres. L’ « idéal » conservateur est un
individualisme pur et dur, mais la réalité est différente. L’Etat a un rôle important,
par exemple quand il finance la recherche. L’Etat agit quand le marché est
défaillant, même s’il n’arrive pas toujours à atteindre les objectifs qu’il se fixe. Mais
il existe aussi des échecs du marché. Plus l’Etat est efficace, plus l’intérêt général
sera satisfait.
1) les droits comme contraintes et comme objectifs.
Le domaine où l’intervention de l’Etat est indispensable est celui de la
protection de la liberté et des droits fondamentaux. Les droits sont les limites que
l’ont impose à l’Etat, il ne peut les remettre en cause, mais c’est grâce à lui qu’ils
peuvent être appliqués.
2) au-delà du marché et de l’Etat
Le besoin d’agir collectivement s’est accru ces dernières années. L’Etat n’est
pas le seul moyen, mais il est particulier car il a le pouvoir de contraindre. Les
autres formes d’actions sont basées sur la volonté. Les ONG par exemple, qui sont
des « porte-parole » et qui assurent certains services.
3) au-delà de l’égoïsme
Au Etats-Unis, la main invisible de Smith n’est plus vraiment
d’actualité. On est entré dans la logique du profit immédiat où confiance et
loyauté sont laissées de côté. Les externalités négatives sont de plus en plus
grandes, et l’Etat tente de les corriger par des normes de comportement qui
distingue le bien du mal (exemple du tabagisme passif). Républicains et démocrates
sont d’accord sur l’idée que l’Etat doit « orienter » ses citoyens sauf que les
conservateurs croient à la théorie de Smith et les démocrates, non. Ainsi les
entreprises se cachaient derrière la « morale » pour faire augmenter leurs profits.
4) le remodelage des individus
Les années 90, avec tous les changements qui ont eu lieu aux Etats-Unis,
ont remodelé les Américains. Les étudiants se sont plus tournés vers le commerce,
qui rapportait beaucoup, que vers le service public. La 2nde modification fut le
progrès dans l’économie, basé sur la science et la technologie. Malgré ce succès
économique, les Etats-Unis empruntaient beaucoup. Les immigrés étaient ceux
qui s’intéressaient le plus à la science et l’économie (les étudiants américains
ne représentaient que 50% des diplômés dans ces matières). Ces changements de
morale
et de
comportements ont touchés
toute
l’Europe, « l’égoïsme
et
l’immoralité » dont on accusait les Américains concernaient en fait tous les
entrepreneurs suivant une logique de capitalisme à l’américaine, se concentrant
plus sur leur propre intérêt.
LA MONDIALISATION
La mondialisation a posé ces questions (rôle de l’Etat, limites du marché,
comportements des entrepreneurs) à plus grande échelle. Les règles du jeu sont
fixées au niveau international et certains pays ont plus de poids que d’autres, et
donc ces règles les touchent plus. Les Etats-Unis par exemple, encouragent l’Etat
de droit au niveau mondial, du moment que ses effets restent conformes à leur
volonté. La mondialisation économique a été plus rapide que la mondialisation
politique. L’idée de démocratie est devenue l’idéal à atteindre, notamment sous la
pression américaine. Pourtant, parfois, donner raison aux Etats-Unis n’est pas un
choix.
Les pays sont de plus en plus interdépendants. Le besoin d’action collective
est donc encore plus important. De même, la justice sociale doit être une
préoccupation mondiale. La mondialisation a aussi accentué certains dangers
comme le terrorisme, car les frontières sont ouvertes. A long terme, les
contradictions du monde occidental auront du mal à convaincre les jeunes du
monde entier que c’est le meilleur modèle possible et à les empêcher de
basculer dans des activités destructrices. C’est pourquoi nos sociétés ne doivent
pas entrer en contradiction avec certaines valeurs comme l’équité.
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