J.E. Stiglitz, Quand le capitalisme perd la tête, 2003 Présentation générale Chapitre 1 : Expansion-récession : le ver dans le fruit. Fiche réalisée par OUMABADY Radja Chapitre 2 : Coup de génie ou coup de chance ? Fiche réalisée par Nassim BENCHALEL Chapitre 3 : La Fed toute puissante. Fiche réalisée par Nikola MILENKOVIC Chapitre 4 : La Déréglementation tourne au délire. Fiche réalisée par Alyeska GUILLAUD Chapitre 5 : « Comptabilité : l’imagination au pouvoir ». Fiche réalisée par Marc FROGET Chapitre 6 : Les banques et la bulle. Fiche réalisée par Nina AURIAC Chapitre 7 : Les réductions d’impôt nourrissent la frénésie. Fiche réalisée par Clotilde CAVAROC Chapitre 8 : Vivre dangereusement. Fiche réalisée par Emir BERKANE Chapitre 9 : Mondialisation : les premières razzias. Fiche réalisée par Julie BEZEJAT Chapitre 11 : Déboulonnons les mythes. Fiche réalisée par Béryl TROUSSEL Chapitre 12 : Vers un nouvel idéalisme démocratique : une perspective, des valeurs. Fiche réalisée par Caroline HUET. Présentation générale Joseph Eugène Stiglitz est un économiste américain né le 9 février 1943 qui reçut le « Prix Nobel » d'économie en 2001 pour ses travaux sur « l’économie de l’information », avec G. Akerlof et A.M. Spence. Il est un des fondateurs et un des représentants les plus connus du « nouveau keynésianisme ».De 1995 à 1997, il est le conseiller économique principal du président Clinton. Cette expérience au sein du pouvoir exécutif américain lui permet de comprendre quelles ont été les failles du modèle capitaliste. Il a acquis sa notoriété à la suite de ses violentes critiques envers le FMI, qu’il attaque dans La Grande Désillusion paru en 2002, et la Banque Mondiale, critiques émises peu après son départ de la Banque Mondiale en 2000, alors qu’il en était l’économiste en chef. En 2003, dans « Quand le capitalisme perd la tête », fait le procès du libéralisme sans limites : il retrace l’histoire des « folles années 1990 », essayant d’analyser les erreurs qui ont conduit l’économie américaine (et par là le reste du monde) à l’éclatement de la bulle des nouvelles technologies et à la phase de récession particulièrement violente qui a suivi. D’un point de vue historique, le capitalisme prend son essor avec la fin de la Guerre Froide, les Etats-Unis deviennent alors la seule superpuissance, le capitalisme triomphe du communisme. Chapitre 1 : Expansion-récession : le ver dans le fruit Fiche réalisée par OUMABADY Radja Dans le 1er chapitre, Stiglitz s’intéresse au cycle d’expansionrécession. Suite à l’ouverture internationale au profit des Etats-Unis, les États-Unis connaissent dans les années 1990 caractérisées de “folles années” des taux de croissance très élevés. Cependant cette période de forte expansion est suivie d’une récession beaucoup plus importante : c’est ce qui caractérise le capitalisme depuis deux siècles. L’ampleur du bouleversement de la nouvelle économie, basée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, serait équivalente à celui de la révolution industrielle d’il y a deux siècles, où l’économie était passée de l’agriculture à l’industrie. Cependant après une période d’essor les vraies répercussions de la mondialisation au profit des États unis se font sentir peu à peu par des crises alarmantes vers la fin des années 1990 qui se situe à la fois à l’étranger comme les premières en Asie, et à la fois aux États-Unis même surtout celle à Seattle en décembre 1999. De plus, du fait que les intérêts spéciaux et immédiats l’aient emporté sur l’intérêt général et durable, grâce à des lois fiscales et à la législation limitant les plaintes en matières financières, les inégalités entre les différents pays du monde face aux États unis se sont aggravées ; d’où, la montée croissante de l’anti-américanisme. Les causes de l’échec du capitalisme dans cette période seraient essentiellement une carence du rôle de l’Etat liée à l’excès de déréglementation. Cependant un nouveau problème se pose : l’Etat luimême fait-il des échecs ? C’est pourquoi Stiglitz préconise par sa grande connaissance et son incroyable expérience que l’Etat et le marché bien qu’étant tous deux défaillants, devraient coopérer, se compléter chacun compensant les faiblesses de l’autre et prenant appuis sur ses forces. Pendant ces folles années 1990 au lieu d’investir en masse dans la bourse, qui fut pour la plupart des investisseurs du gâchis, les agents économiques auraient mieux fait en investissant plus dans les besoins publics vitaux de la société tels que l’éducation, la recherche, les infrastructures… Mais il ne faut pas oublier que le fanatisme du marché a conduit, les États-Unis à saboter les processus et les principes même de la démocratie. Néanmoins ce gâchis et cette incompétence de l’Etat ne demeurent pas inévitable puisque Stiglitz nous dit que “ce n’est que par des accords internationaux équitables que nous parviendrons à stabiliser les marchés mondiaux”. Chapitre 2 : Coup de génie ou coup de chance ? Fiche réalisée par Nassim Benchalel Présentation préliminaire des personnes physiques et morales évoquées dans le chapitre : - Bill Clinton (1946 - ) : Président démocrate des Etats-Unis de 1992 à 2000, il fut très populaire, car réussit grâce à une politique de réduction du déficit budgétaire à rétablir l’économie américaine, alors en récession. - Ronald Reagan (1911–2004) : Président républicain des Etats-Unis de 1980 à 1988, a voulu résoudre la crise économique, due aux chocs pétroliers et à la Guerre du Viêt-Nam, aux Etats-Unis, en préconisant une politique de restriction des dépenses de l’Etat (système d’austérité). - La Federal Reserve Board (Réserve Fédérale des Etats-Unis) : Institution indépendante, introduite par le Federal Reserve Act le 23 décembre 1913, décide de la politique monétaire des Etats-Unis (recherchant stabilité des prix, croissance économique), supervise le système bancaire américain, publie des rapports en rapport avec l’économie américaine (le livre beige) et enfin agit comme « prêteur de dernier ressort ». - Le Fond Monétaire Internationale (FMI) : Institution internationale regroupant 185 pays créée en 1944 avec le rôle d’assurer la stabilité du système monétaire international et de gérer les crises financières (en fournissant des aides aux pays en difficulté). Résumé du Chapitre 2 : L’économie a sa place en politique, ainsi quand la conjoncture est opportune, les élections sont quasi acquises pour le candidat. (Exemple : la victoire de Clinton sur Bush en 1992 sur fond de récession.). Quand un pouvoir politique maîtrise et considère le poids des outils économiques, il en résulte bien souvent un engouement populaire pour l’économie, et une légitime reconnaissance pour les économistes contribuant aux bons résultats conjoncturels (Exemple : les bons résultats de Clinton permirent à son équipe de conseillers économiques de sortir de l’anonymat, y compris pour Stiglitz). Mais parfois la conjoncture est comme un jeu de carte avec une main dépendant des aléas du hasard (ex : 11 septembre 2001). Il semblerait que selon Stiglitz la vie économique ne soit qu’un jeu soumis au hasard. Dés lors tout gouvernement en fonction doit jouer avec la « donne » qu’elle a : c’est à dire pour l’administration Clinton, une « reprise sans emploi », situation d’expansion privée de création d’emploi ; un déficit budgétaire important issu de l’ère Reagan, ayant baissé la pression fiscale, en vertu de la courbe de Laffer. Stiglitz avance que les choix politiques déterminent la donne future. L’administration Clinton dut relever l’économie d’un déficit du PIB américain de 5 % et d’une situation sociale critique. Mais Stiglitz n’hésite pas à avancer que Clinton a été bien aidé par la conjoncture économique. Stiglitz surenchérit même en déclarant que les collaborateurs de Clinton étaient au bon endroit et au bon moment. L’objectif majeur de Clinton était de maîtriser le déficit, il fallait réduire les dépenses ou augmenter les impôts. Mais ces deux solutions menaçaient de ralentir l’économie. Finalement la stratégie d’équilibre budgétaire fut un succès et le déficit se transforma rapidement en excédent. Pour Stiglitz, cette réussite est due au contexte historique. Il s’explique : le Fédéral Reserve Board mena dans les années 1980 une politique d’austérité, visant à augmenter les taux d’intérêts afin de juguler l’inflation. (De 13.5% en 1980 à 3.2% en 1983). Mais rapidement, les conséquences se firent sentir avec une hausse de chômage, et un système bancaire ravagé, par les taux d’intérêts fort, mettant en situation de faillite les caisses d’épargne de prêts immobiliers. Pour les sauver, Reagan les autorisa à évaluer très haut leurs profits futurs. Mais cela ne fut pas suffisant, et le « pari de la résurrection » fut tenté en consentant des prêts à hauts risques, mais à haut rendement. Reagan dû en 1988 employer de lourdes dépenses (1 milliard de dollars) pour sauver les caisses d’épargne. Finalement, il réussit à sauver son erreur de 1980 mais le budget général en avait souffert et, la récession de 1990 était amorcée. Ces taux d’intérêts élevés eurent aussi des conséquences hors des USA, notamment en Amérique Latine, qui avait beaucoup emprunté aux USA et dont les pays durent bien vite se déclarer en défaut de paiement et donc fragilisèrent le système bancaire Américain. Bush Senior mit en place des réglementations bancaires restrictives afin d’assainir les bases financières, mais les banques durent aussi dans cet effort, réduire leurs prêts. Dès lors, l’économie Américaine s’assèche et la Federal Reserve reprend les maladresses, en traitant les bons d’Etats à long terme dont le rendement est sensible aux variations du taux d’intérêt, incitant les banques à placer leur argent en bons d’état, plutôt que de proposer des prêts pour les entreprises créatrice d’emploi. En 1991, la Federal Reserve baisse enfin ses taux d’intérêts. Bill Clinton, bénéficia de ces erreurs de gestion économique pour être élu. Mais sa politique de réduction du déficit, fut « un coup de chance » selon Stiglitz, qui entraîna un mécanisme de relance keynésienne, malgré lui car en réduisant le déficit, l’administration Clinton avait recapitalisé les banques. Une fois la réduction du déficit entamée, les taux d’intérêts diminuèrent également. Par ce même processus, les banques se désintéressent des bons d’Etats, pour reprendre une activité de « prêt intensif ». L’économie américaine est alors relancée. Les 16 millions d’emplois créés en 8 ans par Clinton, ne sont donc pas complètement dus à sa politique, selon Stiglitz, mais surtout à la reprise de confiance des agents économiques, due à la politique de restriction budgétaire. Cette prise de confiance est nécessaire, selon Stiglitz, afin que les entrepreneurs investissent et, que la fédérale réserve indépendante ne choisisse pas d’intervenir afin de réguler une éventuelle inflation. Stiglitz enchaîne sur la contestation de la politique de réduction du déficit menée par Clinton, en mettant en avant la non relation entre cette politique et la sortie de la récession, alors qu’en temps normal, augmenter le déficit via une politique de relance keynésienne en comptant sur l’effet multiplicateur, est le meilleur moyen de relancer l’économie. De plus, la réduction du déficit n’était absolument pas nécessaire, car toute récession prend fin un jour, et la réduction du déficit aurait pu être chaotique. Toute expansion finit par une chute et toute récession est suivie d’une reprise. De plus la baisse de l’inflation, fut à l’origine de la baisse des taux d’intérêts à long terme. La confiance n’est pas forcément le fruit de la politique clintonnienne, mais plus basée sur le fait que « rien n’inspire davantage confiance que la croissance ». En outre, les innovations techniques et la révolution informatique, amorcées avant Clinton furent un déterminant de la confiance. Stiglitz poursuit en précisant que si Clinton avait utilisé les fonds libérés pour investir dans la Recherche et Développement, sans doute, le PIB de 2 000 aurait connu meilleur sort. Des choix furent fait, qui avec le recul, sont contestables. Et la donne laissée à Bush, ne fut peut être pas optimale, selon Stiglitz, revenant sur le thème de la « donne » abordée en début de chapitre. Le regard de Stiglitz quant à l’avenir est pessimiste, il estime que les infrastructures américaines finiront par flancher. Il tire 3 conclusions l’analyse qu’il a développée : - Un mauvais système de comptabilité est à l’origine de mauvaises informations et de mauvaises décisions économiques. - Les experts du marché financier sont incapables de remarquer que l’état des Etats-Unis se détériore. - En règle générale, la baisse du déficit n’a pas de lien avec la reprise. Enfin, il ponctue par des critiques envers l’Union Européenne entravée par le pacte de stabilité où chaque pays doit lutter contre le déficit. Et selon lui, le FMI dévie aussi de sa mission qui était de fournir des liquidités aux pays nécessitant une relance économique. Il conclue donc sur la nécessité de privilégier les politiques de relance économique, d’influence keynésienne, afin de revigorer l’économie mondiale. Mécanismes économiques présents dans le Chapitre 2 : Tout d’abord Joseph Eugène Stiglitz évoque la Courbe de Laffer, justifiant la politique de baisse de la pression fiscale pratiquée par Reagan. L’économiste libéral Arthur Laffer, modélisait graphiquement le fait que les rentrées fiscales de l’Etat étaient croissantes en fonction du taux d’imposition, et ce jusqu’à un taux d’imposition maximal. Une fois ce taux dépassé, les rentrées fiscales devenaient décroissantes en fonction du taux, dans la mesure où plus la pression fiscale est forte, moins les individus consentent à travailler pour céder une grande partie du fruit de leur travail. Stiglitz s’oppose à cette théorie. Stiglitz développe pour contester la politique de Clinton, la théorie des cycles, laquelle expliquant qu’une phase de récession est toujours suivie d’une phase de croissance, et vice versa. Dès lors, cela implique une activité cyclique dans l’économie, théorie emprunte à un certain fatalisme. On remarquera également avec la notion de « donne » et d’ « héritage » des choix et situations économiques, qu’il fait une allusion aux effets d’hystérèse, c'est-à-dire qu’une période de récession a des conséquences néfastes sur la croissance future (car le capital humain est endommagé par le chômage de longue durée, baissant la productivité du travail). Stiglitz mettra également en avant pour expliquer la crise des sociétés de crédits immobiliers amorçant la dépression de 1990, les mécanismes de la sphère monétaire et financière tels que les décrivait Keynes, c'est-à-dire qu’un taux d’intérêt fort, ne facilite pas l’accès aux liquidités pour les entreprises, qui ne peuvent donc pas investir. Dans le cadre d’une société de crédit immobilier, les prêts proposés étaient alors moins avantageux (car les coûts plus élevés), donc moins sollicités et les sociétés de crédit immobilier multipliaient les difficultés à partir de ce moment là. Stiglitz parlera également des atouts d’une relance keynésienne, basée sur une politique monétaire incitative (baisse du taux d’intérêt, hausse de la masse monétaire, accès aux liquidités facilité) et une hausse du déficit, permettant en vertu du multiplicateur keynésien de relancer la production. C’est pour cela qu’il critique l’excès de la restriction budgétaire, en avançant que la croissance aurait pu être largement supérieure si Clinton avait opté pour une relance keynésienne. Enfin, il énonce le raisonnement de la relance « hasardeuse » clintonnienne, c'est-à-dire que la réduction du déficit de Clinton, entraîne une hausse de la confiance des entrepreneurs et une baisse du taux d’intérêt, ces deux facteurs stimulant l’investissement et favorisant une hausse de la production, et aboutissant à une hausse des emplois. SCHEMA DE LA RELANCE « HASARDEUSE » CLINTONNIENNE : Réduction Confiance des Hausse des Hausse Production du déficit investisseurs Baisse taux d’intérêt investissements et emplois. Chapitre 3 : La Fed toute puissante …et comment elle a gonflé la bulle Fiche réalisée par Nikola MILENKOVIC Introduction : La Réserve fédérale1 appelée souvent Federal Reserve ou encore, FED, est la banque centrale privée des États-Unis. Elle décide de la politique monétaire des États-Unis, avec un double objectif de stabilité des prix et de plein emploi, et l'obligation de faciliter la croissance économique. Stiglitz l’accuse d’avoir fait gonfler la bulle spéculative2 durant les années 1990 et de n’avoir rien tenté pour la dégonfler avant qu’elle ne finisse par éclater en 2000. I. Des mots contre une bulle En décembre 1996, lors d’un discours devant l’American Entreprise Institute à Washington, Alan Greenspan3, alors président de la Federal Reserve, prononce une phrase qui déclenche en apparence un début de panique sur les marchés financiers mondiaux. Le poids démesuré de ces quelques mots : « Comment savonsnous à quel moment l’exubérance irrationnelle a gonflé indûment les valeurs ?» sème le doute chez les courtiers. Bien que cette question est relative à la chute inattendue des prix de l’immobilier au Japon et à la difficulté de savoir lorsqu’une bulle spéculative se crée et éclate, tout le monde est convaincu et à juste titre qu’elle concerne implicitement les marchés financiers américains dont les prix ne cessent d’augmenter. En effet une bulle s’était formée depuis quelque temps déjà et en posant cette fameuse question Greenspan essaie de la dégonfler en appelant implicitement à la prudence les agents économiques ayant tendance à surestimer le prix des valeurs boursières. Le lendemain de ce discours, de nombreuses actions baissent et les investisseurs imaginent déjà le pire. Mais ce n’est qu’une simple fluctuation, la portée du discours du président de la FED se révèle bien faible et, 1 Créée le 23 décembre 1913 par le Federal Reserve Act dit aussi Owen-Glass Act. 2 Une bulle spéculative, aussi appelée bulle boursière ou bulle financière, est une hausse des prix très excessive sur le marché des actifs financiers (Bourse), de l'immobilier, des changes, des matières premières, etc. 3 Alan Greenspan (né le 6 mars 1926 à New York) a été le président de la Réserve fédérale, la banque centrale des États-Unis, du 11 août 1987 au 31 janvier 2006. Il est considéré par beaucoup comme le maître à penser de la politique économique intérieure des États-Unis. Sa gestion de l'inflation fait référence auprès des gouvernements successifs. Louant sa grande expérience, les médias l'ont appelé « l'économiste des économistes », ou encore le « Maestro ». quelques temps après, les valeurs boursières continuent à augmenter encore et toujours jusqu’à ce que la bulle éclate. Les conséquences de l’éclatement d’une bulle peuvent être catastrophiques pour une économie. En effet lorsque cela se produit les ménages se sentant appauvris réduisent leur consommation et les entreprises diminuent leurs investissements quand elles ne font pas faillites, il est donc primordial d’agir afin que cela se fasse « en douceur ». La solution logique est d’augmenter les taux d’intérêts (afin de freiner les investissements sur les marchés) mais étrangement celle-ci n’a pas été retenue par Greenspan estimant que cette hausse risquait d’entrainer un ralentissement de l’économie. Il a donc préféré jouer de son statut et de sa supposée influence sur le marché financier en prononçant ces quelques mots dont l’impact n’a été qu’éphémère. Dans un sens cela semble plutôt logique car si cela n’avait pas été le cas cela signifierait que les acteurs du marché financier ont un mode de pensée irrationnel basé sur des mots plutôt que sur des calculs rationnels. II. « exubérance irrationnelle » et efficacité du marché Greenspan en soulignant dans son discours l’ « exubérance irrationnelle » du marché remet en cause l’idée même qu’il a du fonctionnement du marché. En d’autre termes prononcer une telle phrase reviendrait à affirmer qu’il ne croit plus que les prix des marchés sont déterminés par l’information qu’on a sur ceux-ci (situation des secteurs, des firmes ou encore du climat social) et que les décisions prises à partir de ces prix permettent une bonne allocation des ressources ce qui permet la croissance de l’économie. Il n’adhèrerait plus à la conception des marchés efficients où les prix reflètent la totalité de l’information disponible sur ce qui les composent et varient seulement lors d’évènements imprévus; mais à la conception opposée des marchés sur lesquels les prix sont incontrôlables et résultent des « caprices » des acteurs des marchés. Dès 1996 Greenspan avait perçu la formation d’une bulle. Les conséquences de l’éclatement d’une bulle ne sont pas négligeables, il existe des coûts macroéconomiques supportés par l’ensemble de la société. Concrètement après l’éclatement d’une bulle l’économie tourne à 2% au dessous de son potentiel pendant deux ans. Par exemple une économie qui pèse 10 000 milliards de dollars perdra 400 milliards de dollars après l’éclatement d’une bulle. En tant que président de la FED il avait le devoir non seulement d’éviter l’inflation (son principal objectif) mais aussi de stabiliser cette bulle. Pourtant il n’a rien fait si ce n’est prononcer une phrase préventive. Comment Greenspan justifie-t-il cela ? En 2002, deux ans après l’éclatement de la bulle, Greenspan s’explique enfin : d’une part il n’était pas sûr de l’existence de cette bulle et d’autre part il hésitait sur la manière à intervenir. Comment pouvait-t-il nier l’existence d’une bulle sur le marché financier après avoir observé une hausse importante des indices des actions (à titre d’information l’indice de Standart & Poor’s est passé de 740 à 1534 de 1996 à 2000). En ce qui concerne les remèdes à utiliser, si Greenspan refusait de jouer sur les taux d’intérêts comme nous l’avons expliqué précédemment , d’autres possibilités s’offraient à lui, à savoir faire pression contre la forte baisse de l’imposition des plus values ou encore relever les marges qui déterminent la hauteur à laquelle on a le droit d’acheter des titres avec de l’argent emprunté. En effet l’augmentation des marges réduit la possibilité des investisseurs d’acheter des actions ce qui entraine une baisse des prix sur les marchés et donc une atténuation de la bulle. Tout ceci nous montre que la FED aussi importante et respectée soit-elle est faillible. Ce n’est pas vraiment étonnant car il est plus que difficile de prendre des décisions à partir d’interprétations relatives à de multiples analyses statistiques complexes du marché financier. L’arrivée des Démocrates au pouvoir marque la volonté de réduire le chômage grâce à la résorption du déficit budgétaire. En effet une baisse du déficit budgétaire est censé entrainer une diminution des taux intérêts qui eux-mêmes contribuent à la hausse des investissements et donc permet une augmentation du PIB qui se traduit par des créations d’emplois. Cela n’est possible que s’il y a un consensus entre les politiques budgétaire et monétaire à mener. En théorie c’est le cas puisque La FED a pour mission de maintenir l’inflation tout en diminuant le chômage et ce en jouant avec les taux d’intérêt. Greenspan soutient donc la politique budgétaire de la présidence car il estime qu’un déficit élevé est synonyme d’investissements timides dans le secteur privé et donc entraine une diminution de la consommation. Il souligne cependant qu’il existe un seuil critique du niveau du chômage en dessous duquel se matérialise l’inflation. Ce seuil critique appelé NAIRU 1, est estimé à l’époque par Greenspan entre 6% et 6,2% pour le taux de chômage. La FED est donc très vigilante d’autant plus que les effets en matière de politique monétaire ne se font sentir qu’entre 6 mois et 1 an après le lancement, si elle estime que le chômage passe en dessous du seuil de la NAIRU elle devra donc intervenir plusieurs mois avant. Mais dès le début du premier mandat de Clinton la croissance reprend et le chômage baisse sans que la FED ne l’anticipe. C’est seulement au début de l’année 1994 qu’elle agit en relevant les taux d’intérêt mais il est déjà trop tard car le chômage ne cesse de diminuer pour atteindre 3,9% bien en dessous du NAIRU. La FED prédit alors que le pays devra bientôt faire face à une forte inflation étant 1 non-accelerating inflation rate of unemployment donnée cette baisse considérable du chômage. Ce n’est qu’une question de temps. C’est pour cela que la FED s’engage à stabiliser le chômage au niveau du NAIRU et à ralentir la croissance en continuant à augmenter progressivement les taux d’intérêts. Clinton est alors inquiet de la tournure des événements. Pour lui l’économie peut supporter un tel taux de chômage car l’inflation ne s’est toujours pas fait ressentir. Relever le taux de chômage à 6% est risqué surtout si l’inflation ne se matérialise pas. Cela revient à stabiliser le chômage à un niveau plus élevé qu’il peut être, coût qui sera supporté par les américains les plus pauvres. De plus, pour le président, l’augmentation du chômage représente un manque à gagner de 200 à 400 milliards de dollars. Il se fonde sur la loi d’Okun : une augmentation de 2% du chômage équivaudrait à une diminution de 2 à 4% de la production. Mais la FED décide de relever progressivement les taux d’intérêt et ce dernier passe de 3% au double entre 1993 et 1995. Aussi étrange que cela puisse paraitre l’économie n’en a pas pâti : le taux de croissance au lieu de se stabiliser croit jusqu’à 5%, le taux de chômage n’a pas augmenté et ne s’est pas stabilisé aux alentours du seuil de la NAIRU et l’inflation est restée relativement au même niveau que les années précédentes. III. LES LECONS Ainsi, aussi bien la présidence que la FED avait tord. De plus le comportement de Greenspan semble remettre en question la relative indépendance de la FED pour deux raisons. Bien qu’il soutient la politique budgétaire de Clinton de lutte contre le déficit avec comme nous venons de le voir certaines réserves, il soutiendra quelques années plus tard la politique budgétaire de G.W. Bush de réduction des impôts qui est synonyme de diminution de l’excédent budgétaire (légué par Clinton) voire de déficit mais aussi de réduction du service public. Dans les faits c’est d’ailleurs ce qui s’est produit puisque l’éclatement de la bulle en 2000 (qui a entrainé un ralentissement économique et donc une baisse des recettes de l’impôt) ajouté à une politique de réduction d’impôts ne peut qu’entrainer un déficit budgétaire. Déficit budgétaire tant critiqué par Greenspan, celui-ci seraitt-il pro-républicain ? En réalité le comportement du président de la FED viendrait traduire non pas un attachement au parti Republicain comme on peut le supposer mais une volonté de réduire l’intervention de l’Etat car au travers de la politique budgétaire de Clinton et de Bush c’est ce qui se dégage. La seconde explication est que la FED ait accordé plus d’importance aux entreprises et à leurs intérêts financiers qu’aux salariés. Comme nous l’avons compris le rôle de la FED est de lutter contre l’inflation tout en permettant une réduction du chômage. Cependant durant le mandat de Clinton, Greenspan se souci plus des conséquences de l’inflation sur les acteurs du marché financier que des conséquences du chômage sur les salariés. A partir de là on peut s’interroger sur la capacité de la FED à servir l’intérêt économique de tous. Conclusion : Au-delà du fait d’avoir montré que le phénomène de bulle est complexe et que la dégonfler l’est encore plus, Stiglitz met l’accent sur la difficulté d’appréhender le marché financier. D’ailleurs aussi bien l’administration Clinton que la FED se sont fourvoyés : la première en sous-estimant la force de l’économie à affronter les assauts de la FED et la deuxième en surestimant les tendances inflationnistes du marché financier. Est-ce un signe d’une crise des institutions économiques américaines ou une simple accumulation d’erreurs inévitables ? Chapitre 4 : La Déréglementation tourne au délire Fiche réalisée par Guillaud Alyeska Qu’est ce que la réglementation ? La réglementation quand elle est bien faite permet de maintenir la concurrence, limite les conflits d’intérêt et les abus de pouvoir (notamment lorsqu’il y a monopole naturel). Elle permet de garantir le fonctionnement équitable du marché. Le revers de la réglementation est la réduction des profits (en effet, la concurrence oblige les entreprises à ne pas trop élever leur prix). Donc nécessairement la déréglementation entraîne une augmentation des profits. Les années folles ainsi que la bulle des années 1990 ont été la conséquence de la déréglementation du marché, c’est ainsi le juste rôle de l’Etat qui a totalement été remis en cause. Même si la Federal Reserve n’a pas fait tout ce qu’elle pouvait pour l’éviter, ce n’est pas elle qui a créé la bulle. Il est difficile de prévoir une bulle ou même savoir quand elle prendra fin. Certains facteurs renforcent la probabilité d’une récession ou d’une crise économique. Ces trente dernières années, il y a eu une centaine de crises dans le monde dont beaucoup ont été causées par une déréglementation trop rapide. Ainsi la déréglementation des années 1990 a eu un rôle dans la récession de 2001. Par exemple, le laxisme de la déréglementation de la comptabilité a provoqué des asymétries d’information qui n’ont pas été pas sans conséquences. Les erreurs de marché (ici nous ne parlerons que de déréglementation « mal faite ») coûtent cher. Si certains pays comme les Etats-Unis ont les moyens de payer pour réparer ces erreurs, d’autres ne peuvent pas et sont contraints de faire face aux conséquences étant obligés de consacrer une grosse part de leur PIB. Précisons que les récessions sont généralement causées par des erreurs de la Federal Reserve, de déréglementation et de réformes fiscales et ont pour conséquence la création et le gonflement d’une bulle jusqu’à son explosion. Explicaction de la bulle des années 1990 Quels rapports entre la déréglementation et la crise (la bulle) des années 1990 : cette période était fondée sur un fort optimisme dû aux résultats des investissements de la décennie précédente qui voyaient naître leur fruit notamment dans la technologie de pointe. Il y a eu une augmentation de la productivité qui a permis une baisse des prix. De plus, il est vrai que les Etats-Unis ont connu une forte délocalisation de la production industrielle à l’étranger (les coûts étant moindres) mais elle a été inférieure à la création de nouveaux emplois dans le secteur des services. Ainsi on a pu remarquer une baisse du chômage (sans faire monter l’inflation). Il y a également eu une hausse de la concurrence. Le revers de la médaille concerne les salaires qui n’augmentent pas aussi vite qu’ils le faisaient généralement lors d’une reprise. (Mais la consommation tout de même soutenue par la revalorisation des avoirs des ménages continue de se développer.) Donc la forte croissance économique ainsi qu’une hausse de productivité ajoutées aux faibles salaires sont autant de facteurs d’augmentation des profits. Ajoutons a cela de faibles taux d’intérêts (donc une « Bourse prospère »), l’économie était au mieux de sa forme. La pire des choses était donc de déréglementer à ce moment. Les entrepreneurs se sont rendu-compte des bénéfices considérables qu’ils pourraient faire en déréglementant le marché alors ils ont énormément investi pour convaincre le gouvernement en instaurant des groupes de pressions. La réglementation était de plus en plus inadaptée. Ces lobbyistes ont argumenté en disant qu’une déréglementation allait rendre les marchés plus concurrentiels ce qui serait donc bénéfique pour les consommateurs et la société en général. Or nous savons que la concurrence tend à réduire les profits à 0 donc pourquoi dépensaient-ils tant alors que ça aurait dû contribuer à diminuer leur profits ? Grâce aux nouveaux démocrates (voulant se différencier des anciens en favorisant une forte déréglementation), ils obtiennent enfin satisfaction après de nombreuses années d’argumentation. L’époque d’un Etat trop envahissant était révolu (les républicains ont également contribué à le faire reculer à leur arrivée au Congrès en 1994) Nous pouvons distinguer une différence d’enthousiasme entre les deux partis : - les Républicains veulent tout déréglementer - les Démocrates veulent y aller petit à petit en gardant un minimum de règles pour un minimum de sécurité. En effet, pour que l’économie de marché fonctionne, il faut un minimum de règles afin d’assurer l’environnement ainsi une que concurrence protection équitable, des la défense consommateurs et de des investisseurs. Il ne fallait donc pas tout déréglementer mais réformer la réglementation. Effectivement, nous allons étudier un exemple précis des problèmes causés par une déréglementation générale dans les télécommunications. Comment la déréglementation des télécommunications a contribué à la grande bulle La déréglementation a eu un rôle central dans le boom des 90’s. Pour reprendre les termes de Stiglitz, le terme « Télécommunications » évoque l’ascension puis la chute. En chiffre : De 1992 à 2001 : l’ascension : le poids des télécommunications a doublé dans l’économie créant les 2/3 des nouveaux emplois et recevant le 1/3 des investissements. Cette nouvelle technologie crée de nouvelles fortunes chez les professionnels du secteur ou dans les transactions financières. 2002 : la chute : 500 000 emplois sont supprimés, 2000 milliards de dollars se sont évaporés à la Bourse (l’indice Dow Jones chute de 86%), il y a eu de nombreux dépôts de bilan, et 23 compagnies sombrent dans la faillite. Pour citer le président de la FCC (Federal Communications Commission) : « Peu de firmes gagnent de l’argent. Peu se développent. Peu dépensent. Peu investissent. Le statut quo, c’est la mort certaine. » Bilan : Ceux qui étaient pour la déréglementation disaient qu’elle allait intensifier la concurrence puisque les compagnies rivaliseraient pour les parts de marché mais ils croyaient surtout à l’avantage du premier qui aurait la possibilité de dominer, donc tout le monde a investi et dépensé sans compter afin de pouvoir dominer ce qui a provoqué un surinvestissement et donc une surcapacité. Le retournement de l’économie a eu lieu lorsque les investissements se sont interrompus. La déréglementation des télécommunications a provoqué une « ruée vers l’or » que les banques n’ont pu contrôler (parce qu’elles aussi avaient été déréglementées). 8 février 1996 : (après de longues négociations) apparaît une nouvelle loi sur les télécommunications : obligation aux baby bells de « déverrouiller » leur ligne de branchement en laissant leurs concurrents y accéder à bas prix (sous la juridiction de la FCC et non des Etats). (En échange, ils ont eu le droit d’entrer sur le marché du téléphone longue distance). Perspective sur la déréglementation Le dispositif réglementaire avait été mis en place aux Etats-Unis dans les années 1930 au lendemain de la grande expansion et de la crise. Les dérégulateurs avaient une « vision manichéenne » du monde et ne voyaient que les bons côtés d’une économie de marché d’un côté et l’inutilité de l’intervention de l’Etat de l’autre sans mentionner une fois le fait que le bon fonctionnement du marché puisse reposer sur un certain niveau de réglementation. Par exemple, la déréglementation des lignes aériennes a certes fait naître de nombreuses compagnies, mais peu ont survécu (il y avait un noyau et des lignes secondaires, mais quand les nouveaux concurrents se sont installés, les anciennes compagnies réagissaient en baissant brutalement leur prix et en augmentant leurs capacités de transport, ça a peut-être été une perte d’argent sur le court terme mais après avoir chassé ses nouveaux concurrents [qui ne pouvaient lutter contre cette réaction] elles pouvaient retrouver leur situation de monopole). Les échecs de marché sont souvent liés à la concurrence imparfaite (Information imparfaite et asymétrie => prix Nobel), à l’absence de marché ou aux externalités. Sans Etat, il y a trop d’externalités négatives et pas assez d’externalités positives alors que la recherche fondamentale financée par l’Etat s’est révélée centrale au XXe et au XXIe siècles (ex : c’est le gouvernement fédéral qui a construit la 1e ligne de télégraphe, qui a lancé Internet, la Federal National Mortgage Association a permis d’accroître le nombre de propriétaires en baissant les taux d’intérêt des prêts immobilier par rapport aux marchés privés). L’un des échecs le plus important du marché est le fait que les entreprises veuillent supprimer la concurrence (en imposant des prix élevés au consommateurs et refusant l’entrée de nouveaux concurrents), cela avait déjà été souligné par Adam Smith, c’est pourquoi des politiques antitrust pour lutter contre ces pratiques anticoncurrentielles sont mises en place : il existe encore aujourd’hui de nombreux exemples notamment Microsoft qui jouit du monopole du système d’exploitation (encore d’actualité ces derniers mois). Sous l’administration Bush, ces problèmes n’ont pas été pris en compte, mais Clinton a bien compris l’importance de maintenir la concurrence (qui permet de bons prix, la stimulation de l’innovation ainsi que la création de produits). Aides sociales aux entreprise et hypocrisie d’entreprise Ce sont des subventions publiques aux entreprises et leur protection par l’Etat. Lorsque les chefs d'entreprises demandent de l'aide à l'Etat (notamment au Council Economic Advisers) ils sont généralement tous d’accord pour appliquer la concurrence, et la transparence et sont également contre les subventions, bien sur, sauf en ce qui les concerne (et toujours avec une bonne argumentation). L’aide sociale aux entreprises est souvent remise en cause, d’autant plus qu’elle a contribué à l’abandon de programmes comme l’investissement dans l’éducation, la recherche ou la santé et donc de sacrifier l’aide aux pauvres ce qui nous permet de voir se dégager de ce terme aide sociale aux entreprises une certaine idée de lutte des classes. Pour citer Stiglitz, «Nous avons serré la ceinture des pauvres et desserré celle des riches.», c’est pourquoi, si on préconise le marché il faut limiter ce genre de subvention. Mais pratiquement rien n’a été fait pour réduire ces programmes d’aides sociales, dans quelques cas le risque a été pris (malgré l’opposition du Congrès), ce qui a été le cas pour les flottes aériennes d’entreprise. Les flottes aériennes d'entreprise Cette action a plus eu plus une valeur symbolique que d'impact économique et relevait avant tout de la scène politique. Nous pouvons noter une différence de mode de vie entre les entrepreneurs (qui voyagent en avion d’affaire) et « le commun des mortels » qui fréquentent les aéroports. Or ce sont les contribuables qui financent ces avions d’affaire sans le savoir. Les avions de ligne payent une lourde taxe afin de financer le système de contrôle aérien tandis que les avions d’affaire ne payent rien. D’autant plus que l’austérité budgétaire ne permettait pas d’investir dans le contrôle aérien qui se faisait dans des conditions médiocres. Ainsi, s’est mise en place une forme de privatisation qui a permis d’emprunter pour améliorer et moderniser, de cette manière toute société privée allait forcer les avions d’affaires à payer ce qu’ils doivent ce qui a eu pour conséquence de supprimer toute forme d’aide sociale aux entreprises, mais le secteur privée a refusé, ayant compris que cette privatisation mettrait fin a ces « subventions cachées ». Le spectre L'aide social aux entreprises peut également prendre la forme d’un accès peu coûteux aux richesses naturelles (pétrole, gaz, minerais, bois). C’est pourquoi les Etats-Unis ont décidé de mettre en vente (en 1993) le spectre électromagnétique (le droit d'utiliser les ondes publiques), c’est une ressource invisible qui a une grande valeur. Avant cela, les entreprises utilisant ces ondes ont fait fortune. La mise en vente permet une meilleure utilisation de ces ondes en imposant par exemple des clauses de « responsabilité sociale », en exigeant la diffusion de certains types d’émission à certaines heures. Mais les médias étaient contre ce projet donc ce fut encore un échec de l’élimination de l’aide sociale aux entreprises. Les formes les plus répandues d’aide sociale dissimulée aux entreprises sont les déductions d’impôts ainsi que la protection contre la concurrence. Les leçons Puisque le monde était en pleine transition, l’Amérique se devait de changer son système de réglementation, il fallait redéfinir le rôle de l'Etat, c’est à dire déréglementer dans certains domaines en donnant moins d’importance à l’Etat en réduisant les aides sociales aux entreprises d’un côté et maintenir la présence de l’Etat d’un autre en favorisant les aides sociales aux défavorisés et la recherche fondamentale. Le tout étant de trouver le juste équilibre, puisque si le marché peut connaître des défaillances, l’Etat aussi, c’est pourquoi il faut les coopérer. Des erreurs ont été faites quant à la déréglementation de l’électricité, des télécoms et des banques, il aurait fallu modifier la réglementation. Pourtant aujourd’hui, après tant de déréglementation désastreuse, ce sujet reste d’actualité et la concurrence dans les télécommunications reste toujours limitée, tout cela étant la conséquence des économies capitalistes. La quête déréglementation des a fait monopoles sombré que tout le devait marché permettre dans un la total déséquilibre ce qui pousse les entrepreneurs à investir excessivement et ce qui coûte cher à tout le pays jusqu’à tomber dans une phase de récession. Booms et crises sont principalement liés a un surinvestissement dans les nouvelles technologies, des erreurs de jugement étant commises, la rentabilité de l’investissement et la croissance qui devaient en découler ne sont pas à la hauteur des résultats prévus. Chapitre 5 : « Comptabilité : l’imagination au pouvoir » Fiche réalisée par Marc FROGET .Ce chapitre porte, comme son nom l’indique, sur les systèmes de comptabilité des entreprises. En plusieurs points, Stiglitz s’attaque ici à la mauvaise gestion et surtout au manque de transparence des grandes entreprises. .L’auteur commence ce chapitre avec le sujet des « stock-options » ou options sur titre : le droit réservé aux hauts dirigeants d’acheter des actions de la firme au-dessous du cours du marché. Elles ont pour principale avantage de ne pas être inscrites aux charges de l’entreprise comme une dépense. De sorte que la firme satisfait ainsi salariés et investisseurs attentifs aux bons résultats financiers de l’entreprise. Elles permettent également la rémunération des hauts dirigeants (en 2001, dans les entreprises américaines, elles représentent 80% de leur rémunération). Une première controverse autour des stock-options voit le jour au début des années 1990 et porte sur l’honnêteté dans l’information. Ainsi en 1993, la FASB (chargée de définir la réglementation comptable) demande aux firmes d’inscrire les stock-options dans leurs charges d’exploitation. Bien évidemment les grandes firmes s’y opposent et par un système de pression, notamment politiques, la FASB est contrainte de reculer. Les entreprises seront seulement priées de noter en bas de page leur remise d’options sur titre. Une seconde controverse apparaît vers la fin des années 1990 à propos du salaire mirobolant de grands entrepreneurs perçus grâce aux stock-options. Mais ce n’est qu’un des nombreux aspects de la question. Selon Stiglitz, le public ne voit pas réellement combien gagnent les hauts dirigeants, et en réalité il ne le peut car l’information est montrée de façon technique et donc compliquée. De là, personne ne connaît ni la vraie valeur ni la santé actuelle de l’entreprise. .De plus, il est important que les institutions chargées de donner les informations comptables soient totalement indépendantes, sans quoi il y a des asymétries d’informations. Cependant, comme l’a montré le cas Enron, les notes en bas de pages sont souvent et délibérément incompréhensibles. Enfin, Stiglitz explique comment les opposants à cette norme (inscrire les options sur titre) reconnaissent et approuvent l’asymétrie d’information : selon eux, si les actionnaires voyaient la réalité, cela dévaloriserait beaucoup d’entreprise. Puis, dans un sous chapitre, il parle de « vol patronal » sur des actionnaires « naïfs » qui ne comprennent pas qu’ils perdent (leurs actions se négocient à 30 dollars au lieu de 40, 20 au lieu de 30…). Un autre problème est souligné : l’indépendance contestable des membres du conseil d’administration, plus soucieux de plaire au PDG que de défendre les intérêts des actionnaires. En clair, pour Stiglitz, l’omission des options sur titres a entraîné une énorme distorsion de l’information. Dans un autre sous chapitre nommé « Comptabilité truquée », il s’attaque aux experts comptables. Ceux-ci ont un rôle d’information très important puisqu’ils doivent présenter les rapports financiers des entreprises. Or selon lui, ces deux dernières décennies, les forces œuvrant en faveur de l’exactitude de l’information ont été sapées. C’est justement au début des années 1980 que les entreprises ont commencé à payer moins d’impôts et leurs dettes visibles étaient moindres grâce au contournement des lois du gouvernement Reagan. Mais dans les années 1990, les techniques employées pour tromper l’IRS (le fisc américain) allaient servir à duper les actionnaires. Les dirigeants de la SEC prennent alors conscience des dangers de la complexité du traitement comptable. Cependant, la commission réunie était composée, nous dit l’auteur, de personnalités qui bénéficiaient de la situation. Ainsi, ce ne sont pas seulement les cabinets d’audits (avec leur service de « conseil » également très controversée) qui sont « corrompus » mais également des institutions comme la SEC. Pour finir, Stiglitz se penche sur l’Europe et remarque que c’est sans doute grâce à de meilleurs principes de comptabilité qu’elle n’a pas été autant touchée par les scandales du type Enron. Enfin, pour lui, les options sur titres ont dévié les incitations des chefs d’entreprises, et l’activité du conseil a dévié celles des auditeurs. La solution pour éviter de telles crises aurait été, selon lui, d’imposer plus de réglementations et des plus contraignantes. Chapitre 6 : Les banques et la bulle Fiche réalisée par AURIAC Nina Lors de la période d’expansion économique des années 90, l’éthique de beaucoup a été balayée par l’ambition de faire fortune. Mais, alors qu’il était considéré comme le garde–fou de l’économie, ce fût le secteur bancaire le plus touché par cette vénalité nouvelle. La rentabilité des banques d’affaire reposait traditionnellement sur la véracité des informations qu’elles délivraient. Mais les mutations économiques des années 90 ainsi que d’importantes contreparties financière les ont incitées à fausser ces informations dans le but d’émettre des actions peu fiables. Ce comportement a donné lieu à des fortes asymétries d’information et quand la vérité a percé, les cours se sont écroulés. L’exploitation du boom boursier Lorsqu’une entreprise a besoin de capitaux supplémentaires, elle s’adresse traditionnellement à une banque d’affaire pour émettre des actions ou des obligations. Cette dernière endosse alors le rôle d’informatrice et prête sa réputation. Elle devient alors un gage de sérieux. En effet des conseils fallacieux auraient pour conséquence, soit, une commission de la part des entreprises à court terme mais surtout une perte de la clientèle à plus long terme. C’est la transformation en société anonyme de l’une des banques d’affaires les plus prestigieuses, Goldman Sachs, qui transforme leur mentalité. Ainsi ces établissements qui étaient organisés en partenariat se trouvent cotés en bourse ce qui se traduit par une forte augmentation des risques et du profit à court terme. Les analystes Quand le scandale a éclaté c’est principalement le rôle des analystes qui a été mis en évidence. Les analystes sont des experts de Wall Street. Ils sont censés faire des rapports détaillés sur chaque firme cotée en bourse sur lesquels s’appuient les agents de change pour conseiller les petits investisseurs. Mais en réalité ils encensaient, auprès des non avertis, des actions qu’ils savaient très peu fiables en échange de contreparties financières ou tout simplement pour conserver leur emploi. On assiste ici à une totale remise en cause de la pensée économique reposant sur les anticipations rationnelles et, a contrario, à un exemple frappant d’asymétries d’information. Cette irrationalité, bien qu’ignorée par nombre d’économistes, est bien connue des chefs d’entreprise et des analystes financiers et c’est d’ailleurs sur cette connaissance que repose toute la stratégie du gonflement des cours. Pour évident que ce scénario ne se reproduise l’indépendance du financement des analystes n’est pas suffisante. Il faudrait surtout une transparence totale des activités boursières afin de limiter les asymétries d’information. La divulgation équitable Le caractère indispensable des analystes vient non seulement du fait qu’ils soient les mieux informés mais surtout du fait qu’ils soient les seuls à être en capacité d’être totalement informé. Ainsi un investisseur ne pourra jamais être entièrement informé sans l’aide d’un analyste ayant accès de l’intérieur aux marchés financiers. L’investisseur resterait alors obligatoirement dépendant du bon vouloir et des accords tacites des acteurs de ce marché. C’est pourquoi les firmes de Wall Street s’opposèrent farouchement au projet de divulgation équitable visant à limité l’opacité de la bourse. Ce projet fut tout de même adopté en 2000. Les introductions en bourse Par l’intermédiaire " d’échange de don ", les introductions en bourse étaient devenues un moyen de récompenser les cadres des institutions négociant leurs titres par le biais de la maison de change d’une banque d’affaires. Transactions peu reluisantes C’est principalement le scandale des analystes qui a discrédité les banques d’affaires aux yeux du public mais elles furent également impliquées dans un autre scandale, plus discret, mais qui a engendré le vol de million d’investisseurs. Elles ont en effet reçu d’importantes contreparties financières pour avoir volontairement dissimulé des informations capitales aux actionnaires. Le Glass – Steagall Act Il s’agit de la loi interdisant les banques de dépôts et les banques d’affaires de fusionner. Ainsi le même établissement ne peut pas prêter de l’argent et émettre des actions. Au milieu des années 90, les banques américaines ont fait pression pour obtenir la suppression de cette loi qu’elles qualifiaient d’entrave à leurs profits. La loi fut abrogée. Ainsi, contre toute sécurité, les banques, attirées par l’appât du gain potentiel, continuaient à prêter de l’argent aux firmes dont elles émettaient les titres jusqu’à la faillite. Les fusions Une fusion est toujours l’occasion pour une banque de toucher beaucoup d’argent. Le salaire des chefs d’entreprise étant lié au niveau du cours des actions, ils avaient également tout intérêt à les faire monter au maximum et donc à fusionner. Ce sont les actionnaires qui financent ces fusions pensant accroître leurs dividendes mais dans bien des cas les fusions n’ont pas les résultats escomptés. Le système boursier fonctionne alors sur un modèle pyramidal : chaque nouvelle génération d’investisseurs apporte l’argent nécessaire au financement de la génération précédente. Mais ce système ne peut pas tenir éternellement. WorldCom : une étude de cas Pris dans des difficultés financières importantes, le PDG de WorldCom, Bernie Ebbers, a usé de plusieurs astuces comptables et de fraudes pour gonfler ses profits afin de préserver les cours de ses actions. De plus, par l’intermédiaire de son analyste, Grubman, WorldCom a divulgué de fausses informations aux investisseurs pour favoriser l’émission d’actions. La firme a finalement fait faillite, les investisseurs ont perdu leur argent et Grubman a donné sa démision. Les expériences ailleurs Pour plusieurs raisons, culturelles (principes éthiques et comptables plus forts) ou encore juridiques, aucun pays n’a connu un tel dérapage que les Etats–Unis. Dans un contexte de mondialisation et de concurrence exacerbée il est pourtant étonnant qu’aucune banque n’est suivi l’exemple américain jusque ici. Les leçons L’opposition d’intérêts individuels, accentuée par une déréglementation trop importante et de fortes asymétries d’informations, a engendré aux Etats–Unis un éclatement de la bulle. Le bon fonctionnement de l’économie reposera toujours sur la confiance et les normes c’est pourquoi la plus grande transparence est nécessaire. Chapitre 7 : Les réductions d’impôt nourrissent la frénésie Fiche réalisée par Clotilde CAVAROC Joseph Stiglitz critique le système actuel capitaliste dont les EtatsUnis sont le plus fidèle modèle. Il fait notamment la critique, dans ce chapitre de l’ « économie vaudoue » menée par Reagan dans les années 1980, de la baisse de la taxation sur la plus-value et du principe de « stock option ». L’ancien conseiller du président démocrate Bill Clinton veut dénoncer les aberrations du capitalisme qui ont conduit à des catastrophes boursières et à des conséquences relativement lourdes sur l’économie. En effet les Etats-Unis sont le pays le plus endetté aujourd’hui. D’après Stiglitz, ces politiques de relance sont la cause de l’explosion du déficit initial des Etats-Unis. La première politique de relance, menée par Reagan dans les années 1980 a provoqué une crise budgétaire de 10 ans. Le président républicain avait promis une réduction d’impôts qui ferait augmenter les rentrées fiscales. Son argument majeur était que la baisse du taux d’imposition allait stimuler l’activité et le dynamisme économique et ainsi permettre des rentrées fiscales plus nombreuses donc plus importantes : « moins d’impôts, mieux d’impôts ». Mais l’objectif premier était tout autre : créer un déficit pour justifier la réduction des dépenses publiques et ainsi restreindre le rôle de l’Etat. En janvier 1993, le président démocrate Bill Clinton est élu, et l’année suivante les républicains sont majoritaires au Congrès. La politique que veut exercer Clinton se trouve alors « contrôlée » par les Républicains. Fortement poussé par le Congrès, Bill Clinton fait voter la loi sur la détaxation des plus-values. Il apparaît alors un optimisme général de la population qui ne voit que les avantages de cette loi, à savoir une augmentation des dividendes. Personne ne conteste la loi. La mystification est complète car tout le monde est persuadé d’être bénéficiaire de cette baisse de la taxation sur les plus-values (car tout le monde aux Etats-Unis possède un petit portefeuille boursier). Or ce sont les plus riches qui en tirent le plus d’avantages. A court terme, cet artifice budgétaire semble créer un surplus de rentrées fiscales puisque l’on incite les actionnaires à prendre leur plus-value plus tôt. En effet ils décident de sauter sur l’occasion et de vendre pendant que l’impôt est en solde. La taxation est plus faible mais s’exerce sur une plus grande quantité de dividendes. En principe cette réduction avait pour but de favoriser l’investissement et de promouvoir l’épargne (relance de la demande et de la consommation à la marge mais entraîne surtout un mouvement boursier amplifié). Les stocks options libérés de cette taxation devaient stimuler les PDG et les aider à prendre des décisions douloureuses dans l’optique d’améliorer la profitabilité de l’entreprise. Il fallait les intéresser à la performance et à la bonne santé de l’entreprise. On a donné aux PDG la possibilité d’acheter à la fin d’une année les actions de l’entreprise au même prix qu’en début d’année. S’ils voulaient en tirer bénéfice, les PDG avaient intérêt à augmenter la valeur boursière des actions de l’entreprise. La baisse des taxes sur la plus-value les a incité d’autant plus à agir sur le court terme. Les paiements de la taxe sur la plus-value que les actionnaires avaient anticipé constituaient donc un surprofit « tombé du ciel ». Ceux qui s’apprêtaient à vendre de toute façon ont été agréablement surpris, ce qui a favorisé en outre la spéculation immobilière et l’idée que spéculer est plus rentable que travailler. Or les spéculateurs n’apportent rien à l’économie. Seul le spéculateur bénéficie de la plus-value réalisée. Clinton voulait rendre efficace les réductions d’impôts en stimulant l’économie, c’est à dire en réduisant les taux d’imposition liés aux investissements supplémentaires pour éviter l’effet d’aubaine. C’est à dire, inciter les entreprises à investir plus que ce qu’elles ne comptaient investir au départ (sachant qu’une entreprise investit toujours un minimum pour ne pas faire faillite) mais le Congrès s’y est opposé. De plus le système de stock option a obligé les PDG à se concentrer sur la valorisation boursière de leurs entreprises à court terme au détriment de la rentabilité sur le long terme. En effet les PDG ont eut tendance, pour monter le cours de l’action à négliger les investissements à long terme et à réduire la masse salariale. Ils ont donc mené une politique à court terme sans prendre en compte les conséquences futures. Sous la présidence de Clinton les réformes, hormis celle sur les plus values avaient pour but d’améliorer l’économie en préparant l’avenir (réforme sur le long terme) comme le crédit sur l’éducation, l’investissement et les économies d’énergie. Cette réforme de détaxation des plus-values a effectivement aboutit. Les rentrées fiscales ont augmenté à court terme jusqu’à l’éclatement de la bulle. En 2000, la bulle Internet est à son apogée, les valeurs boursières des entreprises sont surévaluées. Ce phénomène est dû à l’euphorie et à l’optimisme général. Les actions des entreprises high Tech (ebay, Amazone, Google) se vendent au prix de l’or. Avec l’explosion de la bulle, les plus-values se sont transformées en moins-value et l’Etat a dû indemniser les actionnaires. L’effet de la bulle Internet a donc été négatif. La réforme des taxations sur la plus-value a engendré l’amplification du phénomène de spéculation (effet de la bulle Internet). Au lieu de stimuler le travail, on récompense la rente. Chapitre 8 : Vivre dangereusement Fiche réalisée par Emir BERKANE La bulle des années 1990 a eu son lot de nouveaux riches et de bénéfices astronomiques, mais aussi de magouilles et de comptabilités douteuses. Surtout, l'euphorie qui régnait a conduit à des changements économiques qui ont gonflé la bulle spéculative et qui aggravèrent la récession lors de l'éclatement de la bulle constatée : ces changements concernent essentiellement le système de retraites, pour lequel les risques encourus pendant l'expansion des années 1990 sont chèrement payés depuis le début de la récession, en 1999. Tout ceci a conduit à l'émergence d'une économie très instable. La hausse de la productivité dans les années 1990 fut une arme à double tranchant : durant l'expansion, un cercle vertueux s'est mis en place, car l'augmentation du PIB, conséquence directe de la hausse de la productivité, a permis une augmentation des revenus et donc une augmentation du niveau de vie; mais en phase de récession, le maintien d'un certain niveau de productivité nécessite un "dégraissage", ou baisse des effectifs et provoque l'augmentation du nombre de chômeurs. Cette dernière fut d'autant plus importante au moment de l'éclatement de la bulle, du fait du changement de mentalité des dirigeants d'entreprise : alors qu'auparavant, les entreprises conservaient leurs employés, même en période de récession afin de profiter de leur productivité et de leur loyauté, les dirigeants d'aujourd'hui sont impitoyables et n'hésitent plus à licencier massivement dans l'optique de maximiser les profits. Ceci a eu pour effet une montée de l'angoisse chez les travailleurs américains, puisqu'on l'a vu, ils étaient sous la menace permanente de perdre leur emploi, mais surtout parce que le risque de perte d'emploi a augmenté sans que le "filet de sécurité" n’augmente en même temps: les indemnités diminuaient et l'administration Bush a entériné le passage de 39 semaines de droits aux indemnités-chômage à 26 semaines. L'administration Clinton avait auparavant cru bon d'allonger cette durée des droits aux prestations sociales, ainsi que de mettre un système de formation "à vie", afin que les individus soient employables tout au long de leur vie active, la mobilité du travail étant devenue la règle. Mais c'est la réforme des retraites qui s'est avérée la plus urgente, après les changements concernant les régimes de retraites pendant la formidable expansion des années 1990. En effet, l'effet de la bulle a eu pour conséquence le placement par des particuliers de plusieurs milliards de dollars, à travers les régimes de retraites à cotisations déterminées afin de faire fructifier leur retraite : pour eux, le choc de l'éclatement de 1999 fut rude. De plus, concernant les régimes à prestations déterminées, par lequel l'entreprise elle-même gère la retraite de ses ex-salariés, alors que les entreprises dégageaient des profits mirobolants grâce à la bulle qui leur permettaient de gérer au mieux les retraites des anciens employés, l'effondrement boursier a tout chamboulé et les entreprises rognaient sur leurs profits pour être capable de payer les pensions, voire ne les payaient pas du tout lorsqu'elle déposaient le bilan. Il est à déplorer que malgré ces exemples; l'administration Bush préconise tout de même la privatisation, totale ou partielle, de la Social Security, l'organisme public (efficace) de gestion des retraites aux Etats-Unis. Mais revenons un moment à l'administration Clinton, et à sa volonté de gérer les risques en matière de retraites, à travers deux initiatives majeures. Tout d'abord, le fait qu'un employeur verse une retraite à son exsalarié est la règle dans un régime de retraite à prestations déterminées, mais la réalité démontrait la quasi-disparition des emplois uniques aux Etats-Unis et il était donc nécessaire de gérer au mieux le transfert du "dossier de retraites" d'une entreprise à une autre en même temps que l'actif, et ce pour un coût tel qu'il n'encourage pas les entreprises à s'y soustraire. La deuxième initiative fut l'indexation des bons d'Etat sur l'inflation. Ainsi, l'Etat pouvait remédier à la situation dans laquelle se trouvaient les actifs ayant placé une certaine somme dans des régimes de retraite privés et qui, un temps plus tard et du fait de l'inflation, ne retrouvaient pas cette somme en termes réels. L'Etat pouvait donc émettre des bons qui garantissaient une somme en termes réels afin de garantir un certain pouvoir d'achat aux retraités. Cependant, cette deuxième initiative n'eût pas le temps d'être appliquée, le Trésor américain n'admettant pas cette intrusion de l'administration sur son domaine, alors que l'idée était plutôt bien accueillie par le monde professionnel américain. Mais le vrai débat est ailleurs : il concerne les projets de privatisation de la Social Security abordés précédemment déjà. Les détracteurs de ce projet, comme Stiglitz, s'y opposent en prenant soin de démonter tous les arguments des Conservateurs à ce sujet. Certes, le placement de capitaux sur les marchés financiers induit des revenus plus importants que ceux de la Social Security en période d'expansion; certes, la Social Security est en déficit. Mais les détracteurs de cette privatisation jugent qu'une certaine base sécuritaire est nécessaire avant tout pari plus ou moins osé sur les marchés financiers, que la Social Security n'empêche d'ailleurs pas pour ceux ayant les moyens de le tenter. De plus, elle apparaît comme nécessaire en tant que distributeur de revenus de base sachant qu'en période de récession, les actifs ayant placé leurs retraites sur les marchés financiers épargnent plus et consomment moins, ce qui peut aggraver la récession naissante. De plus, le déséquilibre budgétaire de la Social Security aurait seulement besoin d'un court laps de temps pour se résorber, et les arguments de l'administration Bush à propos de ce déficit, mêlant catastrophisme et exagération, sont donc infondés. Ces détracteurs préconisent même une éventuelle entrée de l'Etat en Bourse, et lorsque les Conservateurs dénoncent la possibilité de conflits d'intérêts à l'intérieur de l'Etat, ils répondent que les marchés financiers ne devraient sûrement pas se priver d'un acteur aussi humain et neutre que l'Etat. La privatisation de la Social Security est donc loin de faire l'unanimité. Les systèmes économiques étant instables, il semble nécessaire, tout d'abord, que l'Etat intervienne à bon escient et de la meilleure façon possible. Il doit agir notamment sur les stabilisateurs de l'économie et surtout sur le plus important d'entre eux : les indemnités-chômage. On pourrait regretter que l'administration Clinton n'ait pas assez renforcé ce stabilisateur essentiel de l'économie, ce qui a eu pour conséquence la dégradation de ce dernier au fil des ans, notamment lors de l'arrivée au pouvoir de G.W. Bush. De plus, la disparition de la loyauté mutuelle entre employeurs et employés est à déplorer tellement elle jouait un rôle essentiel dans le maintien de l'emploi et donc dans l'équilibre économique. A l'heure qu'il est, la récession est toujours présente, directement ou indirectement, et on ne sait toujours pas quand on s'en relèvera vraiment. Mais en tout cas, elle dure plus que toutes les autres récessions d'après-guerre et cela nous démontre bien la nécessité de gérer au mieux les risques économiques, ainsi que de maintenir une certaine stabilité économique. Chapitre 9 : Mondialisation : les premières razzias Fiche réalisée par Julie BEZEJAT Le neuvième chapitre de son ouvrage porte un titre évocateur qui confirme l’aspect critique du livre notamment sur la question du rôle des Etats-Unis dans l’organisation de la mondialisation. En effet, l’intitulé « mondialisation: les premières razzias » montre de toute évidence la désapprobation de l’auteur à ce sujet. Bilan du mandat Clinton: Tout d’abord, Stiglitz met en avant les succès connus lors de la présidence de Bill Clinton : il parle alors de la reprise économique grâce à la réduction du déficit américain, ou à une utilisation de ce déficit jugée plus efficace et utile à long terme (en utilisant les emprunts des Etats-Unis pour des investissements publics par exemple comme le dit l’auteur à la page 400). Stiglitz va ensuite évoquer les succès de Clinton en matière de politique extérieure. Il cite notamment l’Uruguay round, l’ouverture de la Chine au commerce extérieur, le projet de la zone de libre-échange des Amériques (ZLEA), la zone de libre-échange entre les Etats-Unis et notamment les pays de l’Asie Pacifique (APEC). Les Etats-Unis et la mondialisation Stiglitz poursuit son raisonnement en nuançant ces premières constatations : ces succès si on les analyse en profondeur n’en sont en réalité que des façades qui cachent des échecs cuisant des Etats-Unis en matière de mondialisation. En effet, Stiglitz semble accuser les Etats-Unis d’avoir causé bon nombre de crises financières dans le monde et critique l‘attitude « injuste » et « unilatéraliste » américaine. Dès le début de ce chapitre Stiglitz remet clairement en question la capacité des Etats-Unis à gérer la mondialisation. En effet, depuis la fin de la guerre froide dans les années 1980, les Etats-Unis se sont imposés comme la puissance mondiale « responsabilité » et de se gérer sont les vus incomber affaires par cette internationales, voie du la moins commerciales. Mais pourtant Stiglitz n’est pas pour autant alter mondialiste. Il prône l’ouverture des pays et déclare que: « le problème n’est pas de se demander si la mondialisation est bénéfique pour les pauvres du monde. Bien sur qu’elle peut l’être ». Stiglitz dénonce en fait les mesures prises par les Etats-Unis (qui seront développées plus loin) en montrant les paradoxes qu’elles soulevaient. On voit ici amorcer l’idée de l’agissement des Etats-Unis dans leur propre intérêt au risque de se contredire ouvertement, en prenant des mesures différentes en matière de politiques extérieure ou intérieure. Pour illustrer ces observations, l’auteur va ensuite développer des exemples concrets. Stiglitz nous donne ici des exemples de traités établis entre les EtatsUnis et les pays d’Amérique latine notamment, il nous donne en premier l’exemple de l’Uruguay round. L’auteur utilise cet exemple pour en réalité dénoncer les pratiques injustes prises par les Etats-Unis qui vont se révéler bénéfiques uniquement pour leur commerce. Il parle du fait que les Etats-Unis prône une ouverture totale des économies et un libre-échangisme sans faille mais n’applique pas forcément ces mesures à l’intérieur même de son territoire: en effet, les Etats-Unis mettent en œuvre de nombreuses ruses afin d’éviter de voir leur marché intérieur inondé de produits étrangers qui pourraient concurrencer les leurs. On peut également citer les subventions pour l’agriculture, qui bien que totalement interdites dans les accords internationaux avec les pays de l’Amérique latine sont largement appliquées aux Etats-Unis même. Cette mesure fait diminuer les prix du marché et peut évidemment nuire à la compétitivité des agriculteurs de pays en développement car leur coût de production ne leur permet pas de baisser leur prix. On peut alors répliquer que l’Union Européenne pratique également le principe de subvention (avec notamment la PAC), cependant la réponse serait de préciser que l’UE n’est pas aussi investie dans le développement du libre-échange que le revendique les Etats-Unis. De manière générale, les Etats-Unis (par l’intermédiaire d’institutions internationales telles que le FMI par exemple) vont imposer leurs conditions aux pays en développement qui sollicitent leur aide, malheureusement, en agissant souvent dans leur propre intérêt. Stiglitz dénonce aussi les conditions de négociation des accords, c’està-dire que des techniques peu loyales telles que la mauvaise foi envers l’application des traités ou l’intimidation sont utilisées par les Etats-Unis afin de faire valoir leur intérêts avant tout. Le terme de « négociations musclées » utilisé par l’auteur est à ce sujet évocateur. L’exemple des brevets dans l’industrie pharmaceutique montre ainsi l’emprise et la position de pouvoir des Etats-Unis dans ces traités internationaux, puisqu‘ils privent clairement les autres pays d‘un savoir qui serait très bénéfique aux pays en développement qui ne peuvent pas accorder énormément de budget à la recherche et au développement. Un exemple montrant la mauvaise foi des Etats-Unis et leur démesure face à la peur de la concurrence est l’exemple du recours à des « mesures de sauvegarde » qui sont à la base réservées a la protection d’un pays face à une réelle menace venant des importations et menaçant le marché intérieur. On comprend aisément ici que considérant l’immense puissance commerciale des Etats-Unis une telle mesure est complètement disproportionnée par rapport au danger encouru. Les Etats-Unis et les crises dans le monde Stiglitz va ensuite montrer l’implication des Etats-Unis dans les différentes crises connues au travers du monde, comme la crise mexicaine ou les crises asiatiques, par l’intermédiaire d’organisations internationales telles que le FMI. Le FMI (Fond Monétaire International): le FMI est une institution internationale regroupant 185 pays, dont le rôle est de « promouvoir la coopération monétaire internationale, de garantir la stabilité financière, de facilité les échanges internationaux, de contribuer à un niveau élevé d’emploi et à la stabilité économique et de faire reculer la pauvreté ». Il fournit des crédits aux pays qui connaissent des difficultés financières telles qu’elles mettent en péril l’organisation gouvernementale du pays, la stabilité de son système financier (banques…), ou les flux d’échange de commerce international avec les autres pays. (définition de Wikipédia) Nous allons pourtant exposer ici le point de vue de l’auteur sur cette institution qui s’inscrit donc dans les courants de pensés hostiles aux mesures prises par le FMI, à travers des exemples donnés dans ce chapitre. En effet, il semble qu’une relation de causalité entre l’application des conseils du FMI et des crises financières existe. La crise asiatique: La crise financière en Asie de l’Est a commencé en mai 1997 par une attaque spéculative classique, qui a rompu l’ancrage du baht thaïlandais sur le dollar américain. On a constaté alors une contagion rapide aux devises malaise, philippine et indonésienne, ainsi que l’apparition de tensions intenses dans les systèmes financiers des pays en question (taux d’intérêt très élevés, effondrement des cours boursiers, risques de faillites massives dans le secteur bancaire et manufacturier). L’Indonésie et la Thaïlande semblent être les exemples des pires cas recensés dans la crise asiatique de 1997. Or, il semble que ces pays ainsi que d’autres ont connus de graves crises économiques après avoir suivi les prérogatives du FMI. En effet, l’octroi des aides internationales sont soumises a certaines conditions comme par exemple l’application d’une politique d’austérité dans les pays concernés, la privatisation des entreprises d’Etat (afin d’élaguer les entreprises qui pèsent sur le budget par leur déficits chroniques, soit de réaliser l’actif pour diminuer l’endettement pour les entreprises rentables), le combat contre la corruption, une ouverture aux IDE (Investisseur Direct à l’Etranger), ou encore la mise en place de réformes pour supprimer les entraves au développement économique. Les crises latino-américaines et notamment l’exemple de l’Argentine constituent d’autres arguments en défaveur des mesures préconisées par le FMI. Cependant, on peut voir qu’en réalité ce ne sont pas que ces mesures mêmes qui nuisent aux économies des pays en développement. En effet, la manière de les appliquer est pour beaucoup dans le déclenchement ou non des crises : on sait que le FMI est largement contrôlé par les pays développés du Nord (notamment les Etats-Unis), on peut alors penser qu’il y a conflit d’intérêt car les besoins des pays en développement pour ouvrir leur économie ne correspondent pas aux intérêts des pays développés. L’auteur précise que les décisions du FMI, concernant les politiques de réajustement, sont prises en grande majorité par le « consensus de Washington ». Le consensus de Washington: désigne une liste de dix prescriptions économiques recommandées aux économies en difficulté afin de promouvoir leur croissance proposée par John Williamson. Cette liste tente de résumer les positions et les prérogatives de la plupart des experts des institutions financières internationales (telles que la Banque mondiale, le Fond Monétaire International) et du Département du Trésor américain. Loin d’être effectivement consensuelle, cette liste, d’inspiration libérale, contient des points rejetés par de nombreux économistes, y compris libéraux (dont Stiglitz fait partie), ainsi que les alter mondialistes. Bien qu’un désir de multilatéralisme ait été le modèle prôné à la fin de la Seconde Guerre mondiale en matière de politique étrangère, on sait que les Etats-Unis ont agi et agissent souvent de manière unilatérale sans vraiment prêter attention aux décisions internationales, et donc dans leur propre intérêt et dans celui de leurs firmes multinationales. On peut citer ici l’exemple du déficit budgétaire pour illustrer cette idée : en effet on sait que le déficit budgétaire est totalement interdit par le FMI pour les pays en développement demandant une aide, cependant, d’une part on sait que les Etats-Unis ont un déficit colossal car le pays vit largement au dessus de ses moyens et doit dons emprunter de fortes sommes, de plus, pour que l’économie mondiale trouve son équilibre il est tout à fait normal de voir des économies en déficit qui répondent en réalité aux excédent d‘autres économies. Une des aberrations résultant de ces mesures injustes est l’exemple du flux de capitaux dans les pays ayant recours à l’aide internationale : en effet, avec la logique première du FMI, les économies des pays demandeurs, avec l’ouverture de leur marché financier aux IDE, devraient donc voir leur flux de capitaux entrants augmenter. Cependant, l’effet inverse est observé: les Etats-Unis, ayant un grand besoin de financement car vivant au dessus de leurs moyens doivent emprunter à l’étranger et ces « nouveaux » marchés financiers sont donc très attirants. Réflexion à part, les Etats-Unis n’utilisent pas leur emprunt pour aider les pays en difficultés dans le monde car ils sont les moins généreux des pays développés en matière d’aide extérieure, soit 0.1% du PIB américain (contre 1% par exemple pour les pays scandinaves). L’exemple de l’obligation de réserve internationale pour pouvoir emprunter à l’étranger est un autre paradoxe de la politique prônée par les institutions internationales : les pays emprunteurs doivent posséder l’intégralité de leur emprunt en réserve dans leur pays au risque de voir leur emprunt refusé. Ici, la logique est difficile à saisir. Autant d’exemples qui montrent les insuffisances évidentes des institutions actuelles. Pourtant, un désir de réformes s’est fait ressentir (notamment après le constat des échecs des politiques du FMI incarnés par les différentes crises énoncées précédemment): ces tentatives n’ont abouti à aucun résultat notable. Ce phénomène est sûrement dû à la peur des EtatsUnis de perdre leur main mise sur l’économie mondiale, qu’ils ont su mettre à leur avantage, en réformant ces institutions. On voit encore la mauvaise foi des Etats-Unis entrer en compte lorsque, par exemple, le Trésor a refusé une réforme sur la transparence du marché (qui est pourtant une condition de la CPP et donc une condition libérale) concernant notamment les paradis fiscaux. Ici, l’attitude du Trésor s’explique par une volonté de préserver les intérêts des firmes américaines. Dans cet exemple on peut voir une triste ironie du sort avec le fait que la « discrétion » de ces paradis fiscaux a finalement contribué au financement des attentats du 11 septembre 2001 (c’est un retournement de situation triste mais évocateur). On a vraiment l’impression d’une volonté des Etats-Unis de conserver leurs intérêts et qui finalement conduit à un immobilisme des politiques internationales. On voit cette idée grâce à l’exemple donné par l’auteur de la tentative d’établissement d’une sorte de FMI asiatique au niveau local contrôlé par le Japon. Le refus catégorique des Etats-Unis montre sans aucun doute le refus du pays à céder son emprise sur cette région stratégique du monde. Stiglitz va ensuite conclure sur un bilan de ce qu’aurait pu être la reconstruction du monde après la Guerre Froide comme on l’avait décrit à cette époque. Pour l’auteur, les Etats-Unis ont largement contribué et sont peut-être même la cause du désordre mondiale économique actuel. Stiglitz considère d’ailleurs que c’était le rôle même des Etats-Unis de remettre sur pied l’économie mondiale et d’y instaurer un nouvel ordre mondial afin de garantir l’égalité des chances à tous les pays du monde. Cependant, une amélioration peut être possible puisque Stiglitz donne des exemples tentatives de rectifications de ces injustices : l’exemple du Development Round, la remise en cause des mesures du FMI et l’augmentation du montant de l’aide internationale américaine. Pourtant il semble un peu tard pour les Etats-Unis de vouloir remettre sur pied leur image entachée par toutes les pratiques décrites, en effet, on peut voir la montée du terrorisme et particulièrement celui envers les Etats-Unis comme une manifestation d’un rejet du modèle américain. Chapitre 11 : Déboulonnons les mythes. Fiche réalisée par Béryl TROUSSEL Les investissements des années 1990 ont été essentiels pour créer la nouvelle économie mais l’euphorie débordante a conduit à un surinvestissement ; signe d’un gâchis de ressources. Dans l’immédiat l’Amérique n’en souffre pas mais toutefois des effets se manifestent déjà : moins de confiance de la part de l’opinion dans les marchés (marchés boursiers plus particulièrement) mais aussi dans l’Etat. Stiglitz nous dit qu’il faut tirer des leçons des erreurs commises. Les principaux responsables : le secteur privé et l’Etat. Nécessité de déboulonner c’est à dire percer à jour une série de mythes qui expliquent les succès des années 1990. Il insiste sur le fait que certains mythes ont en effet rendu service à court terme mais qu’ils se sont révélés en fin de compte nuisibles. Le mythe de la réduction du déficit. Idée selon laquelle la réduction d’un déficit va ramener la prospérité. Or la quasi-totalité des économistes recommandent une politique budgétaire expansionniste, alimentée si nécessaire par de gros déficits (les déficits peuvent être essentiels pour se relever d’une récession) Selon l’auteur il est important d’investir pour la croissance à long terme (surtout dans les nouvelles technologies même si cela provoque une augmentation du déficit budgétaire) et il insiste sur la nécessité que l’Etat, sur la durée, maintienne un budget en équilibre, voire en excédent. Le mythe de la guerre « bonne pour l’économie ». Beaucoup sont convaincus que la guerre est bonne pour l’économie. (Ils s’appuient sur l’exemple de la Seconde Guerre mondiale qui avait aidé l’Amérique à sortir de la Grande Dépression). Néanmoins, la guerre moderne n’exige pas de mobilisation donc les conclusions sont toutes autres (exemple de la Guerre du Golfe qui a sans doute aggravé la récession). L’effet stimulant que peut avoir les dépenses militaires est compensé par deux facteurs contraires : un climat d’incertitude et l’éviction d’autres dépenses auxquelles on renonce. Les guerres bien que parfois nécessaires (sécurité du pays) ne sont pas bonnes pour l’économie ni à court ni à long terme. Le mythe du héros. (C’est à dire « la prospérité est l’œuvre de nos héros économiques ») Ce mythe détourne l’attention de ce qui est réellement important et fragilise l’économie. En situation où la conjoncture est mauvaise, l’opinion publique va émettre des doutes sur la capacité de ses héros à faire des miracles, et ainsi en perdant confiance en eux elle perdra confiance en l’économie. Stiglitz ainsi que d’autres spécialistes de l’économie pensent que « nous prodiguons à nos dirigeants plus d’éloges et de reproches qu’ils n’en méritent ». On s’empresse d’attribuer le mérite d’une réussite quelconque aux politiciens qui l’acceptent volontiers mais si ils n’étaient pas là d’autres le feraient avec des résultats très proches. Au contraire d’autres croient au rôle crucial des « chefs ». Comme contre argument Stiglitz oppose le fait que les germes des succès et des échecs du jour ont été semés des années plus tôt dans la presque totalité des cas. Il est persuadé que les effets d’annonces de nos dirigeants sont au moins aussi important que les mesures elles mêmes. Le mythe de la main invisible d’ Adam Smith. Il insiste sur la force de ce mythe : les marchés libres et sans entraves aboutissent à des résultats efficients comme s’ils étaient conduits par une main invisible. Si on laisse les individus poursuivre leurs intérêts personnels alors ils semblent guidés par une main invisible qui mène à l’intérêt général. Jusque dans les années 1990, on pensait que la main invisible faisait avancer l’intérêt général. Or, selon l’auteur les intérêts particuliers n’ont nullement renforcé l’économie générale. Il prend pour exemple Michael Milken, l’inventeur des « obligations pourries » ; cela consistait à emprunter plus que de besoin avec ces obligations, pour masquer les problèmes ultérieurs. Cela était à son profit au dépend des souscripteurs d’obligations (fonds de pension de retraités etc. …). La logique Smithienne semblait suggérer que la morale n’avait aucun rôle à jouer. Toutes ces dérives économiques et financières ont eu une conséquence désastreuse pour l’économie : la perte de la confiance (pour Stiglitz ce qui devrait faire tourner le système économique c’est la confiance). Par exemple, la rupture des contrats en général, et implicites en particulier. Le mythe de la Finance. Dans les années 1990, la finance et ses financiers rencontrèrent un grand succès. L’opinion publique s’est alors juré de respecter la discipline du marché financier car « la finance savait ce qui était bon pour l’économie ». Or Stiglitz constate que les politiques inspirées par la finance amélioraient dans l’immédiat (court terme) les comptes, mais souvent en affaiblissant l’économie sur la durée. Au final il semblerait que celles-ci ont aggravé l’instabilité et réduit la croissance dans bien des cas. (La finance servait son intérêt davantage que l’intérêt général). L’auteur insiste sur l’argent gagné par Wall Street dans les années 1990 (avec les fusions, l’afflux des capitaux sur les marchés émergents, conseils, avec les opportunités créées par les déréglementations…..) De plus, la comptabilité truquée et la réduction de l’impôt sur les plus values ont alimenté la bulle, et la bulle a « nourri » Wall Street. A l’étranger, ce sont les contribuables qui ont payé les pots cassés. Aujourd’hui d’après l’auteur la finance a perdu son éclat et il souligne la nécessité de tirer une leçon de tout ceci « Ce qui est bon pour Wall Street peut être bon ou mauvais pour le reste de la société ; et les marchés financiers ont la vue courte ». Le mythe du Grand méchant Etat. Les problèmes de l’économie viennent de ce grand méchant Etat, qui force les Américains à payer des impôts écrasants et les accable de réglementations. Les conclusions de ce mythe sont claires : réduire l’Etat, diminuer les impôts, déréglementer. Or la déréglementation aboutit dans bien des cas à de nouvelles sources de conflits et des méthodes inédites pour manipuler les marchés (gaspillage de milliards de dollars comme par exemple avec la déréglementation de l’énergie en Californie). Le mythe selon lequel la baisse des impôts allait relancer l’économie mondiale n’a pas été vérifié dans les faits. L’époque Reagan de diminution des impôts n’a pas véritablement relancé la croissance et l’augmentation des impôts de l’époque Clinton n’a pas eu de conséquence sur celle-ci. Le mythe du capitalisme mondial. A l’étranger, les Etats Unis ont prêché un modèle de capitalisme dans lequel l’Etat est minimaliste, alors que les Américains étaient eux mêmes conscients de l’importance du rôle de l’Etat du point de vue des réglementations, des services essentiels (santé, retraite, éducation …). Au lieu d’encourager les autres pays à adopter des institutions similaires, Stiglitz nous dit qu’ils ont incité ces pays à privatiser. De plus, ces privatisations dans un monde libéral étaient encouragées pour faire entrer les capitaux sans aucune garantie pour les prêteurs. Le mythe du triomphe du capitalisme à l’Américaine. La chute du communisme a contribué à renforcer l’idée chez les Américains de la suprématie du modèle capitaliste et de l’économie de marché ainsi que la conviction qu’il était bon pour le monde entier : entreprise de conversion des pays étrangers. Stiglitz insiste sur le fait que ce modèle a beaucoup de mérites mais qu’il n’est pas le seul possible, et que certains pourraient mieux convenir à d’autres pays (exemple du système Suédois de prestations sociales qui fonctionne très bien). De plus chaque pays est différent et il est indéniable que certains modèles apportent des revenus inférieurs tout en assurant davantage de sécurité pour l’emploi et la santé. L’effondrement de l’économie-bulle et l’éclatement des scandales ont produit de violentes attaques et l’hostilité des pays du reste du monde contre le « retournement de fortune » et l’arrogance des Etats Unis. Cela s’est traduit par une prise de conscience des autres pays ; il existe beaucoup d’autres modèles d’économie de marché. Pour une stratégie à long terme. La stratégie et le programme du conservateur Bill Clinton n’ont pas été suivis d’effets durant son mandat de président des Etats-Unis, car très vite l’urgence l’a emporté. Il a du adopter un programme qui n’était pas le sien (éliminer le déficit, réduire les impôts des riches etc.…). Sans une vue à long terme le risque de faire des erreurs est bien plus fort. Stiglitz termine le chapitre en encourageant les Américains à former d’autres mythes qui soient fondés sur des réalités concrètes de l’économie actuelle, et qui intègrent les leçons des années 1990. Conclusion : A l'occasion de cette plongée au cœur des centres de décision de la plus grande économie de marché du monde, l'auteur procède à la démolition des divers mythes qui étaient au fondement des politiques économiques des Etats-Unis, mais aussi de nombreux autres pays occidentaux dans les années 1990 : la réduction du déficit ne relance pas l'économie, l'impact des guerres sur cette dernière est négatif ; il n'y a pas de héros économique (c'est la politique qui compte et non les hommes) ; la main invisible d'Adam Smith est invisible pour la bonne raison qu'elle n'existe pas ; la finance n'est pas la source de toute sagesse ; l'Etat n'est pas systématiquement mauvais... Enfin, fort de ses observations, Stiglitz esquisse les grandes lignes d'un idéalisme démocratique, vision d'avenir et stratégie à long terme. Joseph E. Stiglitz, Quand le capitalisme perd la tête Chapitre 12 : Vers un nouvel idéalisme démocratique : une perspective, des valeurs. Fiche réalisée par Caroline Huet Dans cet ouvrage, Stiglitz, prix Nobel d’économie en 2001, poursuit sa démolition du modèle libéral. Il fut le conseiller économique principal du président Clinton pendant 4ans. Cela lui permet de proposer une réponse à la question de la crise du modèle américain en 2001 avec l’éclatement de la bulle Internet. Il s’appuie sur les faiblesses des marchés, de l’Etat et des mécanismes économiques du pays du capitalisme. Le chapitre étudié ici est celui qui clôt le livre. Stiglitz nous donne enfin ici les grandes idées de son modèle : l’ « idéalisme démocratique », qui serait le modèle approprié à l’Amérique d’aujourd’hui. Une 3e voie pourrait être imaginée pour la politique américaine, entre le socialisme (« Etat envahissant ») et la droite de Reagan et Thatcher (« Etat minimaliste »). La politique qu’a menée Clinton a échoué pour 2 raisons : - trop de déréglementation et de réduction du déficit - peu d’importance donnée au rôle de l’Etat. Les objectifs de « l’idéalisme politique » sont : la justice sociale et le rétablissement des responsabilités individuelles et nationales. Il y a donc 2 niveaux : individuel et collectif. CE QUE NOUS NE VOULIONS PAS : Par opposition à la politique menée par Reagan puis par Bush I dans les années 90 qui était conservatrice avec peu d’impôts et d’Etat, l’ « idéalisme politique » propose : - l’intervention de l’Etat (dépenses et réglementation) dans des champs où son action est légitime comme l’éducation ou la protection des personnes âgées. - La recherche d’un équilibre marché/Etat qui n’est pas le même selon les pays et les époques. Cet équilibre est le meilleur moyen d’aboutir à une croissance durable et à l’efficacité du marché. Stiglitz prend l’exemple de l’environnement : si on laisse uniquement fonctionner le marché, il y a trop de pollution. Par son intervention l’Etat peut faire entendre les préoccupations publiques et faire baisser la pollution sans pour autant bloquer le marché. Ceux en faveur de l’Etat minimal sont qualifiés de « fanatiques » du marché, ils pensent que par le laisser-faire total, les marchés se stabilisent et sont efficaces. Mais cette théorie est fausse car la réalité est différente (asymétries d’informations, concurrence imparfaite…). Pour eux, l’Etat est problème et non solution : pourtant, empiriquement, les périodes de récession ont été plus longues quand l’Etat n’intervenait pas. Même Reagan et Bush I avaient compris que l’Etat était nécessaire sur certains plans, ils avaient par exemple augmenté les dépenses militaires pendant leurs mandats. LES DEFIS AUXQUELS DOIVENT FAIRE FACE LES DEMOCRATIES LIBERALES. Clinton est démocrate, il succédait, lors de son élection, aux républicains avec Bush I qui sont des conservateurs. Ils présentaient Clinton comme le « partisan du tout Etat et des impôts écrasants ». Le président démocrate a donc été confronté à plusieurs défis : expliquer ce qui n’allait pas dans l’idéologie conservatrice et offrir une autre perspective. formuler un programme de justice sociale s’adressant à tous mais aidant plus particulièrement les individus défavorisés. La « social security » ou l’aide à la recherche médicale en sont des exemples. Mais ces mesures ont échoué à cause du marché et des problèmes de redistribution. Les démocrates ont compris qu’une des causes de la pauvreté était due au manque d’éducation. Finalement républicains comme démocrates n’ont répondu que partiellement au problème des inégalités. L’EFFICACITE ET LA CROISSANCE Les démocrates promettent la croissance, la baisse du déficit, la baisse de l’intervention de l’Etat et une déréglementation « honnête ». Il y a 2 limites à ces promesses : - il y a eu beaucoup trop d’aides aux entreprises qui ont favorisé leur intérêt particulier. - Ces promesses s’éloignent trop de l’idéal de départ des démocrates dans lequel le marché est un moyen et non une fin en soi. Les objectifs du marché seul sont étroits, il vise surtout l’intérêt personnel. Pour Stiglitz, il est très important que l’économie soit la plus proche possible du plein emploi. C’est un des premiers devoirs de l’Etat. Or, aujourd’hui on est loin de cette situation car l’Etat ne s’y engage pas totalement et qu’il a peur de l’inflation. Années 90 : une réussite : baisse du chômage en même temps qu’une augmentation de la productivité et de la croissance. La diminution du chômage a encouragé la prise de risque, et cela a permis la hausse du niveau de qualification des individus entrant dans la vie active. LES VALEURS DE L’IDEALISME DEMOCRATIQUE. Il faut aller plus loin que la croissance et l’efficacité. Il faut aussi de la justice sociale, des valeurs politiques (démocratie, liberté), et des relations entre les individus et la collectivité. LA JUSTICE SOCIALE. Elle se compose de 4éléments : 1) l’égalité des chances Elle doit être renforcée afin de mieux utiliser les ressources humaines, chacun vivant ainsi au niveau de son potentiel. La croissance serait favorisée, respectant les principes d’efficacité et d’équité. 2) l’emploi Le travail est la plus grande chance de l’homme. L’emploi doit donc être un but avéré pour l’Etat. Pour atteindre le plein-emploi, il faudrait : - développer l’éducation et les programmes de formation qui facilitent la mobilité de l’emploi. - Mettre en œuvre des politiques macroéconomiques orientées vers le plein emploi. Le problème est que la BCE se soucie plus de l’inflation. 3) les moyens de l’autonomie. L’égalité des chances devrait se traduire par un minimum de sécurité économique (comme par exemple le Child Trust Fund qui avait été proposé par Blair). Les étudiants ne seraient ainsi pas criblés de dettes dès leur entrée dans la vie active. 4) l’équité intergénérationnelle et la durabilité. Ce dernier point concerne le souci du bien-être des générations futures (protection de l’environnement, des ressources naturelles, des infrastructures et renforcement des cultures.) LA POLITIQUE ET LE POUVOIR Le lien entre l’argent et le politique pose problème. Le financement des campagnes présidentielles américaines peut illustrer ce lien. Tant qu’il existe, les intérêts particuliers passeront avant l’intérêt général. Le pouvoir concerne aussi les médias et donc l’information. Ils favorisent et fragilisent (exemple de la Russie où la télévision était contrôlée par l’Etat) la diplomatie. Aux Etats-Unis, les médias auraient pu être le moyen de réduire le rôle des contributions financières lors des élections, mais au contraire on est aujourd’hui face à un véritable « marché politique ». Il faut renforcer la démocratie, en permanence. Pour cela, il faut passer par la société civile. Pour qu’elle participe activement elle doit être composée de personnes instruites en informées. Les ONG et Internet ont participé à ce renforcement. Il y a un « droit fondamental de savoir », qui permet aux droits comme la liberté d’expression et la liberté de la presse de jouer un rôle. Il faut limiter le secret gouvernemental, qui s’est au contraire accru. En 2000, la bulle Internet a éclaté et a ainsi accentué les inégalités. Or pouvoir économique est synonyme de pouvoir politique (exemple de la réduction des impôts de 2001 aux EU avec l’abolition de l’impôt sur les successions). L’INDIVIDU ET LA SOCIETE Le vrai combat de la société porte sur la nature de la société et sur sa relation avec l’individu. Les affrontements en ce qui concerne les impôts par exemple, ne sont que secondaires. Dans notre culture, l’individu est privilégié, tout en sachant qu’il dépend fortement des autres. L’ « idéal » conservateur est un individualisme pur et dur, mais la réalité est différente. L’Etat a un rôle important, par exemple quand il finance la recherche. L’Etat agit quand le marché est défaillant, même s’il n’arrive pas toujours à atteindre les objectifs qu’il se fixe. Mais il existe aussi des échecs du marché. Plus l’Etat est efficace, plus l’intérêt général sera satisfait. 1) les droits comme contraintes et comme objectifs. Le domaine où l’intervention de l’Etat est indispensable est celui de la protection de la liberté et des droits fondamentaux. Les droits sont les limites que l’ont impose à l’Etat, il ne peut les remettre en cause, mais c’est grâce à lui qu’ils peuvent être appliqués. 2) au-delà du marché et de l’Etat Le besoin d’agir collectivement s’est accru ces dernières années. L’Etat n’est pas le seul moyen, mais il est particulier car il a le pouvoir de contraindre. Les autres formes d’actions sont basées sur la volonté. Les ONG par exemple, qui sont des « porte-parole » et qui assurent certains services. 3) au-delà de l’égoïsme Au Etats-Unis, la main invisible de Smith n’est plus vraiment d’actualité. On est entré dans la logique du profit immédiat où confiance et loyauté sont laissées de côté. Les externalités négatives sont de plus en plus grandes, et l’Etat tente de les corriger par des normes de comportement qui distingue le bien du mal (exemple du tabagisme passif). Républicains et démocrates sont d’accord sur l’idée que l’Etat doit « orienter » ses citoyens sauf que les conservateurs croient à la théorie de Smith et les démocrates, non. Ainsi les entreprises se cachaient derrière la « morale » pour faire augmenter leurs profits. 4) le remodelage des individus Les années 90, avec tous les changements qui ont eu lieu aux Etats-Unis, ont remodelé les Américains. Les étudiants se sont plus tournés vers le commerce, qui rapportait beaucoup, que vers le service public. La 2nde modification fut le progrès dans l’économie, basé sur la science et la technologie. Malgré ce succès économique, les Etats-Unis empruntaient beaucoup. Les immigrés étaient ceux qui s’intéressaient le plus à la science et l’économie (les étudiants américains ne représentaient que 50% des diplômés dans ces matières). Ces changements de morale et de comportements ont touchés toute l’Europe, « l’égoïsme et l’immoralité » dont on accusait les Américains concernaient en fait tous les entrepreneurs suivant une logique de capitalisme à l’américaine, se concentrant plus sur leur propre intérêt. LA MONDIALISATION La mondialisation a posé ces questions (rôle de l’Etat, limites du marché, comportements des entrepreneurs) à plus grande échelle. Les règles du jeu sont fixées au niveau international et certains pays ont plus de poids que d’autres, et donc ces règles les touchent plus. Les Etats-Unis par exemple, encouragent l’Etat de droit au niveau mondial, du moment que ses effets restent conformes à leur volonté. La mondialisation économique a été plus rapide que la mondialisation politique. L’idée de démocratie est devenue l’idéal à atteindre, notamment sous la pression américaine. Pourtant, parfois, donner raison aux Etats-Unis n’est pas un choix. Les pays sont de plus en plus interdépendants. Le besoin d’action collective est donc encore plus important. De même, la justice sociale doit être une préoccupation mondiale. La mondialisation a aussi accentué certains dangers comme le terrorisme, car les frontières sont ouvertes. A long terme, les contradictions du monde occidental auront du mal à convaincre les jeunes du monde entier que c’est le meilleur modèle possible et à les empêcher de basculer dans des activités destructrices. C’est pourquoi nos sociétés ne doivent pas entrer en contradiction avec certaines valeurs comme l’équité.